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Services d'informatique durable

Résumé

La Coopérative d'informatique durable, ci-après la Coopérative, a un double objectif : 1) subvenir aux besoins informatiques des organisations à l'aide d'outils de l'informatique libre et 2) contribuer au bien commun logiciel. Pour ce faire, la Coopérative adopte les principes du coopérativisme ouvert, qui vise la participation au bien commun via des structures orgnisationnelles de type coopératif.

La Coopérative rassemblera en une coopérative de travailleurs (doublée d'une coopérative d'utilisateurs [coopérative de solidarité ?]) une équipe multidisciplinaire de personnes mûes par les convictions de développement informatique durable qui sous-tendent les communautés d'informatique libre, nommément le logiciel libre et la notion de patrimoine informatique. Une gamme complète de services informatiques implique l'existence d'une infrastructure informatique que la plupart des petites organisations ne peuvent se permettre. En fonction de la demande, de son stade de développement et de ses moyens financiers, la Coopérative offrira à terme des services d'infrastructure informatique à ses clients. Le matériel de la Coopérative sera localisé au Québec, ce qui évitera aux données de ses clients d'être soumises à des lois qui pourraient compromettre leur confidentialité. Sur le plan logiciel, les services d'infrastructure seront basés sur du logiciel libre.

Puisqu'elle désire faire du développement informatique de façon différente, la Coopérative s'efforcera de faire affaire avec des clients qui voient dans le logiciel libre non seulement une source d'économies potentielles, mais surtout un changement de paradigme qui les aidera à atteindre un niveau d'autonomie et d'indépendance technologique. Dans le présent contexte de crise, notamment économique et environnementale, nous estimons qu'une approche coopérative et résolument ancrée dans le bien commun logiciel peut présenter un attrait pour des clients en dépit du fait qu'elle sort du cadre économique plus traditionnel.

Thèse, antithèse et synthèse : choisir sa dépendance

Cantonnés dans leur rôle de consommateurs, les acteurs sociaux sont impuissants face à de nombreux éléments qui ont une influence directe sur leurs destinées. Pour le citoyen, le sentiment de précarité est d'autant renforcé que les ménages nord-américains sont fortement endettés et que l'austérité économique plane. Pour une organisation, l'arrimage à des technologies informatiques propriétaires force une dépendance envers des éditeurs de logiciels, au risque de voir certains de leurs processus d'affaires dépendre de logiciel propriétaire désuet.

La thèse, ou le postulat, qui sous-tend l'idée d'une coopérative d'informatique libre est celle de la mutualisation. Le recours aux outils de l'informatique libre permet en effet à des organisations de mutualiser leurs efforts en vue d'obtenir un résultat qu'ils pourront partager, plutôt que de mener leurs projets informatiques séparément. Le principal avantage de la mutualisation réside dans le partage des coûts, mais un autre attrait non négligeable, dans le cas d'un développement partagé, est de permettre de constituer une base de connaissances et d'expertise communes. Par exemple, qu'est-ce qui justifie que deux commissions scolaires, qui ne sont en principe pas en concurrence l'une par rapport à l'autre, payent pour un système informatique propriétaire différent (et parfois le même!) alors qu'ils pourraient collaborer, potentiellement avec d'autres commissions scolaires, à développer un système commun ? À l'heure des compressions annoncées dans tout le secteur public, n'est-il pas temps de choisir de dépendre des outils et des communautés d'informatique libre plutôt que des grands éditeurs qui nous maintiennent dans un strict rôle de client-consommateur ?

Il est utile de mentionner que la mutualisation implique deux éléments : l'utilisation, d'une part, mais également la contribution. Le modèle d'affaires d'un grand nombre de nouvelles entreprises dans le domaine de l'informatique, au Québec à tout le moins, mise essentiellement sur l'utilisation. De nombreuses "start-ups" utilisent du logiciel libre ou open source, parce que gratuit, pour créer un produit propriétaire avec une licence d'utilisation restrictive. Certaines de ces start-ups contribuent à la pile logicielle qu'ils utilisent, mais souvent de façon dérisoire et, surtout, très rarement dans l'optique de redonner au bien commun. Ce n'est pas le modèle d'affaires de la Coopérative.

La contre-partie de ce postulat, l'antithèse, est qu'à l'évidence le principe de mutualisation heurte de plein fouet certains axiomes de l'économie moderne, au premier plan le sacro-saint principe de concurrence, supposé garantir l'optimisation de la relation client-fournisseur. Le principe de mutualisation qui sous-tend l'informatique libre implique un changement dans la relation client-fournisseur, le premier n'étant plus le donneur d'ouvrage qui veut maximiser le retour sur son investissement et espérer en tirer un avantage concurrentiel et le second n'étant plus dans la position inverse, soit d'en donner le moins possible pour maximiser son profit. Dans un mode plus coopératif, client et fournisseur deviennent plutôt partenaires et à cet égard la relation entre les deux est davantage marquée au sceau de la collaboration que de la confrontation.

Une relation client-fournisseur fondée sur le logiciel libre amène à son tour une diminution du lien de dépendance entre le client et son fournisseur. De nombreux projets d'informatique, sinon la plupart, aboutissent à un résultat en deçà des attentes des clients ou trop cher aux yeux du fournisseur. Le client qui veut apporter des améliorations au produit issu d'une entente avec un fournisseur est dépendant de la bonne volonté de ce dernier de faire évoluer son produit, de l'adapter aux besoins changeants du client. Un fournisseur qui livre un logiciel propriétaire, c'est-à-dire que personne d'autre que lui ne peut modifier, tient ses clients en otage. Au contraire, une prestation de service qui résulterait en un produit informatique libre permet au client soit de faire évoluer lui-même le produit, soit d'en confier le développement à des tiers, potentiellement autres que le fournisseur original. La dépendance du client change, puisque les véritables moteurs des outils de l'informatique libre sont les communautés sous-jacentes, constituées de développeurs bien sûr, mais aussi d'utilisateurs, de traducteurs, de testeurs, etc. Le client peut devenir l'artisan de sa propre réussite en s'investissant en nature dans les communautés, mais également en fournissant à celles-ci des ressources : de l'argent, des locaux, de l'infrastructure informatique, etc.

Dans ce contexte, la solution que nous proposons, la synthèse, est celle d'une organisation fondamentalement égalitaire, la coopérative, comme véhicule de création de bien commun logiciel. En particulier, la Coopérative offrira, grâce à une infrastructure technologique agile basée sur les plus récentes technologies de virtualisation de l'informatique libre, un laboratoire de veille technologique au service de ses membres. La Coopérative espère créer un environnement à la fois créatif et stable permettant à des artisans du bien commun de vivre décemment dans un modèle de coopétition.