casella-gaubert/casella-gaubert_nouvelle-litterature.xml

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      <titleStmt>
        <title>La nouvelle littérature, 1895-1905</title>
        <author key="Casella, Georges(1881-1922)">Georges Casella</author>
        <author key="Gaubert, Ernest (1881-1945)">Ernest Gaubert</author>
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        <edition>OBVIL</edition>
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          <name>François Bompaire</name>
          <resp>Stylage sémantique</resp>
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          <name>Stella Louis</name>
          <resp>Numérisation et encodage TEI</resp>
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        <publisher>Sorbonne Université, LABEX OBVIL</publisher>
        <date when="2016"/>
        <idno>http://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/critique/casella-gaubert_nouvelle-litterature/</idno>
        <availability status="restricted"><licence target="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/">
    <p>Copyright © 2019 Sorbonne Université, agissant pour le Laboratoire d’Excellence «
        Observatoire de la vie littéraire » (ci-après dénommé OBVIL).</p>
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        <bibl><author>Georges Casella</author>, Ernest Gaubert, <title><hi rend="i">La Nouvelle Littérature,
            1895-1905<!-- : Écoles et manifestes. — La critique. — La poésie. — Le roman. — Le théâtre.
            — Les jeunes en province. — Dictionnaire bio-bibliographique, — Documents--></hi></title>,
              <edition>2<hi rend="sup">e</hi> édition</edition>, <pubPlace>Paris</pubPlace>,
            <publisher>Bibliothèque internationale d’édition, E. Sansot et Cie</publisher>,
            <date>1906</date>, 307 p. Source : <ref
            target="https://archive.org/details/lanouvellelitt00case">Internet Archive</ref>.</bibl>
      </sourceDesc>
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        <date when="1906"/>
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    <body>
      <div>
        <head>Introduction</head>
        <p><pb n="5"/>Même réduit aux proportions qu’il présente ici, un ouvrage sur la nouvelle
          littérature, fait à la fois de critique, de documents et de prophétie, ne laisse point que
          d’être un travail difficile, considérable et dangereux. <hi rend="i">Difficile</hi> car
          retrouver les dates de publications à tirage restreint, ces publications elles-mêmes,
          parmi l’amas de papier imprimé par la génération des « petites revues et des plaquettes »,
          n’est point une tâche aisée ; les auteurs n’ayant pas gardé le plus souvent la mémoire des
          dates, des formats, ou nous ayant à ce sujet fourni des renseignements erronés qu’il nous
          a fallu rectifier à grand’peine. <hi rend="i">Considérable</hi>, car la liste est longue
          de ceux qui entre dix-huit et trente-six ans on écrit des pages intéressantes, ont
          participé au mouvement littéraire de ce temps, si fécond <pb n="6"/>en cénacles, si
          fertile en personnalités curieuses ; <hi rend="i">dangereux</hi> enfin, parce que, malgré
          deux ans de recherches, nous avons commis des oublis inévitables et surtout parce qu’ayant
          combattu, nous aussi, dans les rangs de cette jeunesse, nous n’avons pourtant pas hésité à
          mettre de côté toute camaraderie, toute confraternité, pour présenter un tableau sincère
          et précis de cette « jeune littérature » dont on parle tant et qu’on connaît si peu.</p>
        <p>Notre livre ne témoigne d’aucun parti-pris. Pour en avoir approché, nous n’ignorons rien
          des défauts ordinaires aux cénacles dont chacun, tour à tour ou parallèlement, prétend
          refléter l’âme française et contenir son évolution définitive. Nous n’avons pas voulu
          faire de la réclame à telle ou telle marque au détriment de telle autre. Nous avons la
          conscience de n’être demeurés étrangers à aucun effort <hi rend="i">littéraire.</hi>
          Pareils au peuple qui demeure pour nous, à jamais, l’initiateur de la beauté classique,
          nous n’hésiterons pas à dresser des autels <hi rend="i">à un dieu inconnu</hi>, à
          reconnaître des beautés en dehors de celles qui s’élevèrent, selon nos particulières
          théories d’art. Mais qu’on ne nous blâme point, en une époque de confusion et d’anarchie,
          d’avoir réservé <pb n="7"/>nos meilleures louanges à ceux qui gardent fidèlement le sens
          de la tradition nationale : clarté, sobriété, mesure, méthode ; à ceux qui n’ont pas vêtu
          la déesse d’ornements étrangers, qui ne l’ont pas éloignée du grand chemin tranquille où
          passèrent, indifférents aux soucis de la politique éphémère et aux modes qui se fanent,
          les classiques.</p>
        <p>Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas souci de vérité humaine. Au contraire. L’art
          compris en dehors de la vie ne peut guère que délasser quelques esprits subtils et
          précieux. Cependant n’oublions jamais que l’art s’écarte également de l’instinct et de la
          prédication. Il est autre chose que la vie et autre chose qu’un enseignement. Il est
          seulement une source d’émotions spéciales à la fois différentes des émotions de la vie et
          de celles de la philosophie ou de la morale. Notre temps a mêlé tous les genres, a rompu
          toutes les barrières, dépassé toutes les limites que l’expérience et l’observation de
          vingt siècles avaient mises entre les divers modes de l’expression artistique. Le roman et
          la poésie ont voulu être de la peinture, de la musique, de la sociologie, etc… À ces
          croisements multipliés et peu raisonnables s’est abâtardie la sève littéraire d’un pays
            <pb n="8"/>qui reste cependant encore le premier, dans le domaine littéraire et
          idéologique. À ceux qui, dédaigneux des fortunes passagères, ont entrepris de renouveler,
          par une application plus stricte de la tradition ; la vieille vigueur française, nous
          réserverons notre approbation. Sans doute, ils ont été amenés par leurs théories à
          dédaigner certaines beautés, à s’interdire certaines façons de séduire, mais est-ce
          vraiment un mal dans un moment de production si intense ? D’autre part nous ne voudrions
          pas qu’on nous crut capables de confondre <hi rend="i">banalité</hi> et <hi rend="i"
            >simplicité, pastiche</hi> et <hi rend="i">tradition, impuissance</hi> et <hi rend="i"
            >classicisme</hi>. Il nous répugnerait autant de louanger un médiocre imitateur, un plat
          versificateur, que de méconnaître un tempérament original égaré dans des recherches
          malheureuses de style ou de pensées ?…</p>
        <p>Ce livre sur des jeunes hommes est écrit par des <hi rend="i">jeunes</hi>. À nous deux,
          nous avons à peine l’âge de M. Frapié que l’Académie Goncourt appelle encore un jeune. On
          nous pardonnera donc parfois la vivacité de nos jugements, notre ardente confiance. Rien
          que l’amour des lettres nous a soutenus. Depuis déjà sept ans nous avons tous deux
          participé à bien des groupements et des manifestations. <pb n="9"/>Notre espoir en une
          renaissance nationale s’en est fortifié. Sans pouvoir peut-être donner la côte de chacune,
          nous présentons ici les forces de la littérature de ce soir. Nous avons voulu ce tableau
          aussi complet que possible — l’expérience nous ayant appris que ce ne sont pas toujours
            « <hi rend="i">les petits prodiges</hi> » qui réalisent les œuvres les plus
          caractéristiques.</p>
        <p>Il ne nous appartenait pas de proscrire personne en dehors de quels bas producteurs à
          scandale !… ou de quelques niais prétentieux !</p>
        <p>On trouvera bien des noms inconnus au cours de cet ouvrage. Nous espérons qu’on s’y
          attendait. Il n’y avait pas lieu de tomber dans cette erreur qui fait appeler « jeunes »
          des écrivains illustres et âgés de plus de cinquante ans.</p>
        <p>Nous avons, volontairement omis encore ceux dont la notoriété eût exigé des
          développements incompatibles avec notre format.</p>
        <p>Nous avons eu le souci d’apprendre quelque chose à nos lecteurs. Surtout, nous
          désirerions que chaque fois qu’un succès signalera au public un nom nouveau, on pût
          chercher ici des notes sur ses débuts. Ce serait notre meilleure récompense que d’avoir
          deviné ceux qui seront l’honneur de la littérature de demain. Ce soin néanmoins ne nous a
          pas <pb n="10"/>fait négliger la gloire des jeunes maîtres ou des écrivains déjà notoires.
          C’est à ceux-là que nous recommandons les nouveaux venus ·</p>
        <p>Nous avons joint à notre travail un dictionnaire bibliographique, conçu selon une méthode
          que M. Ad. van Bever a popularisée et qui nous paraît excellente.</p>
        <p>Enfin, il nous faut remercier MM. les éditeurs Eugène Fasquelle, Calmann-Lévy, Pierre
          Valdagne, Alfred Vallette, E. Sansot, G. Moreau (de la Maison Larousse) pour
          l’empressement avec lequel ils nous ont fait tenir les renseignements ou les volumes qui
          nous étaient utiles. Nous remercions également les directeurs des journaux et revues qui
          ont annoncé cet ouvrage.</p>
        <p><hi rend="sc">Georges Casella</hi> et <hi rend="sc">Ernest Gaubert</hi>.</p>
        <p/>
        <p><hi rend="i">P. S.</hi> — Il est difficile de démêler, même pour nous, la part de chacun
          dans cet ouvrage, <hi rend="i">signé dans l’ordre alphabétique</hi>, cependant M. Ernest
          Gaubert a donné plus particulièrement ses soins aux chapitres des Écoles et Manifestes, à
          une partie de la Critique, à la Poésie, au Régionalisme, à la documentation
          bibliographique, M. Georges Casella à la Critique, au Roman et au Théâtre.</p>
      </div>
      <div>
        <head>Première partie. Écoles et manifestes</head>
        <div>
          <head>Les influences</head>
          <argument>
            <p>NATURISME, HUMANISME, RENAISSANCE CLASSIQUE. ANARCHIE ET RÉACTION. — NIETZSCHE ET
              MALLARMÉ. — BARRÈS ET ZOLA. — LE PONCIF SOCIAL. — POÉSIE SCIENTIFIQUE.</p>
          </argument>
          <p><pb n="13"/>La confusion est générale. Elle a gagné le domaine littéraire après
            l’action politique. À en croire les industriels, les économistes, les coloniaux, les
            commerçants, les agriculteurs, ils auraient les mêmes motifs de gémir et d’accuser
            l’anarchie universelle, destructrice des réserves morales du passé, de ses méthodes et
            de ses espoirs. On ne doit donc plus s’étonner de cette confusion des genres, cause
            première de notre décadence générale, <pb n="14"/>Encore ne faudrait-il point nous
            abuser sur les mots. Actuellement, il est impossible d’affirmer ce que présage la
            confusion dont on se plaint : décadence ou rénovation. Est-ce une société qui meurt,
            est-ce une société qui va naître ?… Avons-nous des précurseurs ou bien voyons-nous les
            dernières lueurs de l’esprit français ?</p>
          <p>La situation géographique de notre patrie, ses ressources intellectuelles, la force de
            nos atavismes, le bon sens indéfectible de la race permettent, néanmoins, les espérances
            les plus vastes. Il est difficile de prophétiser, il est plus consolant d’espérer.
            Constatons seulement, — puisqu’il est indéniable, — le malaise d’aujourd’hui.</p>
          <p>L’anarchie littéraire a été préparée par ceux-là mêmes qui sont, depuis, revenus aux
            méthodes sévères d’un art classique. Par réaction contre les pastiches, contre la pâle
            littérature des auteurs officiels, la jeunesse symboliste brisa les barrières, voulut
            aérer le palais des Muses. Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux,
            d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de
            la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais
            caduques.</p>
          <p>Comme toujours, l’Université consacre les réformes, à l’heure même où elles sont
            généralement abandonnées. Mais ce n’est point dans les livres quelle inspire, que le
            lettré cherchera le tableau de la nouvelle <pb n="15"/>littérature dont le caractère le
            plus apparent est une sorte d’inquiétude, un état de crainte permanente, de regrets, une
            tendance à revenir en arrière. Dans le désarroi universel des énergies, on ignore le but
            poursuivi, on redoute l’émotion pour rechercher la sensation et, depuis qu’on ne cesse
            de nous répéter qu’il faut aller vers la Vie, qu’il faut <hi rend="i">vivre</hi>, la
            quantité des œuvres artificielles n’a cessé d’augmenter. La nuance a détrôné la couleur,
            l’écriture a détrôné le style, les thèses et les systèmes ont chassé la vie. Aucune
            époque ne fut aussi pauvre en romans et en comédie de mœurs. Dans la hâte de tout savoir
            et de tout comprendre, on aboutit à l’abâtardissement unanime des genres.</p>
          <p>Et si même, — comme on le prétend à tort, — on ne lisait plus en France, il faudrait
            avouer que la faute en remonte aux écrivains.</p>
          <p>M. René Boylesve déclare (<hi rend="i">Gil Blas</hi>, 23 août 1904) :</p>
          <quote>
            <p>« La tendance la plus nette qui m’apparaisse est celle qui aboutit à tout confondre ;
              la politique avec le sentiment ; la raison avec la passion ; les pouvoirs entre eux ;
              l’oppression avec la liberté, l’art avec la science ; la littérature avec la peinture,
              avec la musique, avec la morale, avec la philosophie, avec la sociologie, voire avec
              la carrière littéraire !</p>
            <p>« Après 1870, Flaubert attribuait notre décadence au même vice, déjà ; il appelait
              cette confusion “fausseté” et il en voyait la cause dans un reste de romantisme, à
              savoir :</p>
            <p>« “La prédominance de l’inspiration sur la règle.” Je <pb n="16"/>ne veux pas
              discourir sur cette opinion qui ne me paraît pas dénuée de bon sens ; je me borne à
              constater d’une part : que le plus grand nom et le plus original que l’art du roman
              ait produit avec chance de durée, depuis Flaubert, est Maupassant, qui reçut de son
              maître la règle et ne s’en cacha point ; et, d’autre part, que jamais plus
              qu’aujourd’hui on ne poussa plus loin l’aversion d’une discipline, ni la croyance à
              l’inspiration individuelle. C’est que <hi rend="i">former</hi> son talent compte
              aujourd’hui pour peu de chose ; c’est un génie qu’il faut être d’emblée, et le préjugé
              court qu’un génie est nécessairement un esprit indompté, tumultueux, semblable aux
              éléments déchaînés, de préférence un peu fou…</p>
            <p>« Ce que je regrette aujourd’hui, c’est qu’aucune voix ne soit assez forte ou assez
              autorisée pour rétablir un peu d’ordre dans la confusion générale, remettre la
              littérature à sa place, et dans la littérature, apprendre, sans pédanterie et avec le
              ton persuasif d’une belle foi d’artiste, à discerner la beauté propre à chaque
              genre. »</p>
          </quote>
          <p>De cette confusion, la responsabilité se répand de Victor Hugo à M. Jules Lemaître et
            aux Parnassiens. Lorsque l’auteur des <hi rend="i">Contemporains</hi> déclare préférer à
            Bossuet <quote>« cette littérature de la seconde moitié du <num>xix<hi rend="sup"
                >e</hi></num> siècle, si intelligente, si inquiète, si folle, si morose, si
              détraquée, si subtile »</quote> et l’aimer <quote>« jusque dans ses
              affectations »</quote>, le trop intelligent critique justifie les erreurs qu’il
            condamnera bientôt.</p>
          <p>Louis Blanc écrivait en février 1839 dans <hi rend="i">la Revue du Progrès</hi> :
              <quote>« On a essayé de faire frémir à la fois <pb n="17"/>toutes les cordes de l’âme
              humaine, faute de pouvoir en faire résonner assez puissamment une seule »</quote>, et
            envisageant l’<hi rend="i">avenir littéraire</hi>, il prévoyait les désastres du
            romantisme. Aussi lorsqu’en 1897, à propos de M. F. Gregh, le rapporteur des prix à
            l’Académie, M. Gaston Boissier, constate que <quote>« plus personne ne se contente de
              son métier et ne peut s’empêcher d’empiéter sur celui des autres »</quote> il ne fait
            que confirmer la réalisation des craintes soulevées, cinquante ans plus tôt, par
            l’auteur de l’<hi rend="i">Histoire de la Révolution</hi>.</p>
          <p>Dans une étude de <hi rend="i">la Revue des Deux Mondes</hi>, M. René Doumic (<hi
              rend="i">Le Bilan d’une génération</hi>, 1902) développa avec des conclusions
            identiques une thèse semblable :</p>
          <quote>
            <p>« Réputé jadis pour son bon sens un peu court, et pour la lucidité de son esprit
              étroit, le Français se découvrit tout à coup une intelligence indéfiniment
              compréhensive. Nulle idée ne lui paraissait plus vraie ou fausse mais vraie et fausse
              tour à tour ou tout ensemble. Entre le bien et le mal, il n’apercevait plus
              d’opposition irréductible. Nulle part aucune distinction tranchée, mais seulement des
              nuances imperceptibles se résolvant l’une dans l’autre par une série de dégradations
              continues. Nulle assertion qui ne dût être aussitôt corrigée par l’assertion
              contraire. Une rhétorique nouvelle enseignait à ménager d’habiles transitions, en
              sorte que la fin de chaque phrase en détruisit le commencement. Entraîné d’un pôle à
              l’autre et sans cesse emporté dans un mouvement de pendule, l’esprit devenait
              incapable de se fixer, <pb n="18"/>c’est-à-dire de choisir, de conclure et de se
              décider. Il fallait tout comprendre, partant tout admettre. Un seul état d’esprit
              paraissait intolérable ; c’est ce qu’on appelait entre initiés “l’horrible certitude”.
              L’origine de ce mouvement remonte à Renan dont l’influence a si lourdement pesé sur
              cette génération pénétrée de son esprit. Il se plaisait alors à donner par les propos
              frivoles de sa vieillesse un démenti à une vie consacrée tout entière à la recherche
              laborieuse de la vérité. Pour sa part, il continuait de rester fermement attaché aux
              principes de la critique rationaliste et d’avoir la même foi inébranlable dans
              l’avenir de la science ; aux autres, il recommandait une philosophie de doute
              universel, d’indifférence sceptique, d’insouciance. De la philosophie, la contagion
              s’étendait à toute la littérature, roman, poésie, théâtre, et aux genres mêmes dont la
              définition répugne le plus au dilettantisme, tels que la critique. Il n’était plus
              question pour le Critique ni de juger ni de classer, mais de raconter les aventures de
              sa sensibilité à travers les livres. Où donc aurait-il pris le droit d’émettre un avis
              d’une valeur générale, réduit qu’il était à noter des impressions incertaines,
              changeantes, dépendant de mille causes variables, du caprice de son humeur et de l’air
              du temps ? Bien peu ont résisté à cet entraînement, au risque de s’entendre reprocher
              leur épaisseur d’esprit… »</p>
          </quote>
          <p>La négation des vérités platoniciennes ne laissa subsister que le culte de la forme. On
            sait à quel fanatisme les Parnassiens le poussèrent, se condamnant ainsi à la perfection
            stérile ou la mort.</p>
          <p>L’art classique ce fut le tourment de l’Unité, l’art parnassien ce fut l’absorbant
            souci du pittoresque <pb n="19"/>ou de l’éclat, la dernière fusée au ciel romantique, et
            par un de ces retours, plus fréquents qu’on ne croit en littérature, l’acheminement à
            cette uniformité dans le pittoresque qui n’était que l’exagération de l’unité classique,
            brisée par les disciples de Hugo.</p>
          <p>Le naturalisme, avec sa passion absorbante du frisson nouveau, échouait bientôt à la
            même erreur, se traînait entre les deux pôles du bizarre et du vulgaire, sans parvenir à
            nous révéler la vie ; car toutes ces écoles avaient oublié que pour traduire la vie, il
            faut la porter en soi d’abord, ensuite, par une connaissance précise de sa langue et de
            son métier, la révéler le plus simplement possible. La méthode classique subordonnait
            les détails à l’ensemble ; les romantiques, les parnassiens, les symbolistes, les
            naturalistes, — comme tous <hi rend="i">les artistes</hi>, — s’hypnotisèrent dans la
            contemplation du détail original. « L’harmonie des couleurs est d’un effet plus puissant
            que leur opposition brusque, mais c’est un effet plus difficile à obtenir. (Louis
            Blanc) » L’affaiblissement général de la culture « <hi rend="i">humaniste</hi> » masqua
            longtemps cette vérité générale aux yeux du public français<note resp="author">La <hi
                rend="i">Revue bleue</hi> et la <hi rend="i">Revue de Paris</hi> ont publié vers le
              même temps, l’une, les lettres de Boufflers, l’autre, les lettres de Flaubert. La
              comparaison n’est pas flatteuse pour l’auteur de <hi rend="i">Madame Bovary</hi>,
              M. de Boufflers nous montre comment écrivait <quote>« un <hi rend="i">honnête
                  homme</hi> »</quote>.</note>.</p>
          <p>Ce manque de culture générale sera le principal <pb n="20"/>défaut des jeunes écoles.
            Elles aussi prônaient la domination de l’inspiration sur la règle. Cependant, elles
            contribuèrent à réintégrer quelques vérités oubliées.</p>
          <p>Ce que le symbolisme avait voulu, M. Henri de Régnier l’a dit excellemment (<hi
              rend="i">Poètes d’Aujourd’hui</hi>, Mercure de France, août 1900).</p>
          <quote>
            <p>« Le poète cherchera moins à dire qu’à suggérer. Le lecteur aura moins à comprendre
              qu’à deviner. La poésie semble donc résigner son vieux pouvoir oratoire dont elle
              s’est servie si longtemps. Elle n’exige plus, elle suggère. Elle ne chante plus, elle
              incante. De vocale, si l’on peut dire, elle devient musicale.</p>
            <p>« Ce désir d’être plus suggestive que péremptoire est, je crois bien, l’invention
              capitale de la poésie d’aujourd’hui. C’est à cela qu’elle doit la plupart de ses
              qualités et de ses défauts. Cela explique ce qu’elle a acquis de vague, d’incertain et
              de mystérieux<note resp="author"><quote>« Les symbolistes sont des <hi rend="i"
                    >organisateurs</hi> ; ils <hi rend="i">s’intériorisent</hi> dans l’objet, <hi
                    rend="i">s’incorporent</hi> aux paysages perçus intérieurement. Par un violent
                  effort ils ont voulu se placer au centre même du réel, et par une sorte de <hi
                    rend="i">sympathie intellectuelle</hi>, communier avec la nature. Leur désir a
                  été d’exprimer immédiatement l’inexprimable, si j’ose dire, de fondre leur âme
                  avec la conscience universelle afin de noter, par une sorte d’auscultation
                  intellectuelle, jusqu’aux pulsations de la matière, jusqu’à la respiration du
                  monde. »</quote> Tancrède de Visan, <hi rend="i">Paysages Introspectifs</hi>,
                in-8º, 1904. Préface.</note>.</p>
            <p>« Le Symbole est le couronnement d’une série d’opérations intellectuelles qui
              commencent au mot même, passent par l’image et la métamorphose, comprennent l’emblème
              et l’allégorie. Il est la plus parfaite, et la plus complète figuration de l’idée.
              C’est cette figuration expressive <pb n="21"/>de l’idée par le Symbole que les Poètes
              d’aujourd’hui tentèrent et réussirent plus d’une fois. Ce très haut et très difficile
              désir artistique est tout à leur honneur. Par là, ils se rattachent à ce qu’il y a de
              plus essentiel en poésie. La visée est ambitieuse peut-être, mais il n’est point
              interdit de chercher haut, et même, si parfois la corde de l’arc se rompt, il est des
              buts qu’il est déjà méritoire d’avoir envisagé, même en pensée…</p>
            <p>« Les Poètes récents ont considéré autrement les Mythes et les Légendes. Ils en
              cherchèrent la signification permanente et le sens idéal ; où les uns virent des
              contes et des fables, les autres virent des symboles. Un Mythe est sur la grève du
              temps, comme une de ces coquilles où l’on entend le bruit de la mer humaine. Un Mythe
              est la conque sonore d’une idée… »</p>
          </quote>
          <p>Le symbolisme nous a donné, en outre d’une réforme poétique, une intelligence plus
            claire du rythme<note resp="author"><quote>« Le but a été encore ici de trouver le
                rythme individuel, je ne dis pas de chaque poète, mais de chaque poème…
                l’accompagnement musical uniquement et exclusivement propre à chaque vibration
                intime de l’âme… Le symbolisme nous a donné de belles, de fortes œuvres.
                M. H. de Régnier, dès aujourd’hui, est reconnu comme un maître… L’heure du
                symbolisme, en tant qu’école et crise révolutionnaire, est passée »</quote> (<hi
                rend="sc">G. Lanson</hi>, <hi rend="i">Histoire de la Littérature française</hi>,
              1904, page IIII). Ce n’est pourtant pas l’avis de M. Robert de Souza qui, dans <hi
                rend="i">Vers et Prose</hi>, avec beaucoup d’ingéniosité a pris à tâche de démontrer
              la survivance du Symbolisme.</note> et des moyens d’expressions de l’art. Entre la <hi
              rend="i">perfection vide</hi> du Parnasse et les obscénités des sous-Zola, il a arrêté
            la pensée des élites sur un art <pb n="22"/>souvent agaçant, souvent puéril, parfois
            condamnable, mais intéressant presque toujours, à coup sûr nouveau. Le symbolisme a
            augmenté la sensibilité esthétique de notre époque et, sans lui, le mouvement de
            renaissance latine ne se serait pas produit ou serait resté une simple continuation du
            lyrisme parnassien. Pour le rythme, l’expression, les naturistes eux-mêmes lui sont
            redevables encore.</p>
          <p>Après avoir vaincu, le symbolisme devait connaître la défaite :</p>
          <quote>
            <p>« Une nouvelle génération qui vient, rêve à son tour un art à sa convenance et à
              l’empreinte de son esprit. Son travail est commencé ; de nouvelles tendances se
              manifestent ; des réputations s’esquissent qui grandiront à leur tour. Que sera demain
              cette littérature de tout à l’heure ? Il est difficile de le dire. Tout ce qu’on peut
              affirmer, c’est qu’une belle activité apparaît parmi les jeunes gens. On fait beaucoup
              de vers en France à l’heure actuelle. Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les
              poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà
              pour eux la Poésie d’hier. Or, le reproche général que l’on fait au symbolisme et qui
              les résume tous en un mot : c’est d’avoir négligé la Vie. Nous avons rêvé : ils
              veulent vivre et dire ce qu’ils ont vécu, directement, simplement, intimement,
              lyriquement. Ils ne veulent pas chanter l’homme en ses symboles, ils veulent
              l’exprimer en ses pensées, en ses sensations, en ses sentiments. C’est le vœu des
              meilleurs d’entre les nouveaux venus, des Fernand Gregh, des Charles Guérin ou des
              Francis Jammes<note resp="author">Henri de Régnier (passim).</note>… »</p>
          </quote>
          <p><pb n="23"/>M. Saint-Georges de Bouhélier réagissait brusquement et préparait un
            manifeste tumultueux. <hi rend="i">Le Naturisme</hi> groupait MM. Maurice Le Blond.
            Eugène Montfort, Andriès de Rosas, Michel Abadie, Albert Fleury, Jean Viollis, Joachim
            Gasquet, Louis Lumet. Une ère de polémiques brutales, s’ouvrit alors. Le nouveau groupe
            publiait les <hi rend="i">Documents sur le Naturisme</hi> (11 n<hi rend="sup">os</hi>),
            puis la <hi rend="i">Revue Naturiste</hi> (2 séries). Au début, il fut soutenu
            partiellement par la revue toulousaine l’<hi rend="i">Effort</hi><note resp="author"
                >Cf. <hi rend="i">Observations sur le Naturisme.</hi> Mercure de France,
                t. <num>xxi</num>, pag. 304 et sv. Les fascicules suivants du <hi rend="i"
                >Mercure</hi> renferment un échange de protestations au sujet du naturisme. Ce mot
              avait pour parrain M. Van de Putte. Charles Maurras donnait Diderot comme le fondateur
              du naturisme. D’autres citent M. André Gide comme l’initiateur de ce
            mouvement.</note>.</p>
          <p>M. Maurice Le Blond (<hi rend="i">Essai sur le Naturisme</hi>), en fut le
            théoricien.</p>
          <quote>
            <p>« Nos aînés ont préconisé le culte de l’irréel, l’art du songe, la recherche du
              frisson nouveau. Ils ont aimé les fleurs vénéneuses, les ténèbres et les fantômes et
              ils furent d’incohérents spiritualistes. Pour nous, l’au-delà ne nous émeut pas, nous
              croyons en un panthéisme gigantesque et radieux. Ah ! comme ces gens nous semblent
              fades et puérils, avec leurs petits sadismes, leurs petites crises d’ascétisme. Et les
              âmes-sœurs, les vierges-cygnes qui constituaient dans leur tour d’ivoire toute la
              compagnie de nos Jules Bois, sont des amantes peu fécondes… en art surtout. Oui, comme
              cet art nous paraît suranné alors que les plus jeunes hommes tendent <pb n="24"/>à se
              passionner pour des Édens charnels, quand la matière divinisée semble reconquérir des
              croyants et à l’aube, semble-t-il, d’une renaissance païenne.</p>
            <p>« “Dans l’étreinte universelle, nous voulons rajeunir notre individu. Nous revenons
              vers la Nature. Nous recherchons l’émotion saine et divine. Nous nous moquons de l’art
              pour l’Art et de ces questions si vaines et stériles…”</p>
            <p>« Paganisme, Chrétienté, Génie national, auxquels nous devrons ajouter le mouvement
              scientifique (qui remontant aux époques immémoriales de Prométhée et de l’inventeur de
              la charrue, pour aboutir à Képler et Ampère, modifie tous les jours la nature par ses
              nobles découvertes), voilà les quatre grandes traditions que doivent rénover pour une
              définitive synthèse, les jeunes et candides esprits, soucieux d’une œuvre humaine,
              conforme à la nature<note resp="author">M. Maurice Le Blond, qui cite ici
                M. de Bouhélier en exemple, admirait trop les premiers essais de cet auteur, il y
                admirait même des inexactitudes et des ignorances invraisemblables qu’on a relevées
                souvent. En voici de moins connues : M. Le Blond s’enthousiasme pour cette phrase de
                M. de Bouhélier : <quote>« <hi rend="i">Une auberge embaumée et blanche, crépie à la
                    chaux poudreuse sous les roses ; un moulin dont</hi>
                  <hi rend="sc">les ailes battent les eaux</hi> (!!!) etc. »</quote> Jusqu’à présent
                un moulin qui a des ailes était considéré comme un moulin à vent pour les moulins à
                eau, ils sont actionnés au moyen de roues à palettes. M. Le Blond n’était pas mieux
                renseigné lui-même. Cf. <hi rend="i">Exposé du Naturisme</hi>, page 35. <quote>« <hi
                    rend="i">Poète : sois moins archéologue, idéologue ou érudit, laisse aux
                    spécialistes leurs parchemins, la Nature te convie à son épopée ! Tu t’exalteras
                    dans les tempêtes rythmiques d’un ouragan</hi> (?) <hi rend="i">Une moisson
                    avec</hi>
                  <hi rend="sc">ses faneuses</hi> (?? ?) dans la poussière d’or, si tu sais méditer,
                  t’enseignera des métaphysiques, etc. — »</quote>… Même ceux qui n’ont jamais mis
                les pieds hors de Paris, mais qui ont lu M<hi rend="sup">me</hi> de Sévigné (<hi
                  rend="i">Lettre à M. de Coulanges</hi>. 1671, 22 juillet), n’ignorent pas que les
                  <hi rend="i">faneuses</hi> sont des ouvrières qui tournent et retournent <hi
                  rend="i">les foins fauchés</hi> pour en activer le dessèchement et empêcher la <hi
                  rend="i">fermentation</hi> qui les aigrit et parfois les enflamme brusquement ; ce
                travail n’a rien de commun avec la moisson, qui est la récolte des blés et des orges
                et des seigles.</note>.</p>
            <p>« “La mission de l’art est de reconstruire des archétypes ; des paysages il fait des
              paradis et il ressuscite le Dieu Mort qui gît en chacun des hommes. Le poète ne crée
              rien. Et c’est l’eurythmie de la Nature qui détermine les rythmes de son
              harmonie.”</p>
            <p><pb n="25"/>« Il ne faut point qu’un poète fasse retentir dans les dures trompettes
              mugissantes, les bruissements doux de l’eau, des printemps, des fleurs. Mais le poète
              est lui-même cette pompeuse trompette qu’embouchent, tour à tour, les eaux et les
              fleurs.</p>
            <p>« “Toute chose est balancée et sonne selon un rythme. Ce n’est pas le poète qui crée
              le rythme, mais c’est le rythme essentiel des choses qui scande et dirige le
              poète.”</p>
            <p>« Si, comme nous l’avons vu, le poète est prédestiné, le poème aussi a ses lois, et
              il doit être consubstantiel à l’objet qu’il célèbre : car un hymne est un élément de
              la nature. Sa grâce est l’effet de son eurythmie. Il lui est docile comme une fleur et
              non moins qu’une étoile, les rocs. — Ah ! qui dira les lois de l’hydraulique,
              l’attraction et la répulsion, par quoi se nécessitent tel chant, et cette églogue, et
              cette puissante statue ?”… Un hymne comme un autre a ses lois. Le paysage le polarise
              et il subit les attractions<note resp="author"><hi rend="i">Discours sur la mort de
                  Narcisse</hi> (St-G. de Bouhélier.)</note>.</p>
            <p>« Ainsi le poème est nécessaire et supérieur à la nature, puisqu’il s’affranchit des
              visions contingentes et triomphe <pb n="26"/>de la mort. Il devient, à la fois,
              emblème, allégorie, symbole et réalité. Il ne se préoccupe que des types généraux. Il
              n’est point subjectif, proportionnée à la vision individuelle et étroite d’un seul,
              mais impersonnel. La rose chantée par le poète surpasse en grâce toute rose, elle est
              la rose véritable et réelle, et les merveilles de toutes les autres s’y cristallisent
              et y chantent. La théorie de l’Art-Miroir, préconisée par Émile Zola, se trouve ici
              outrepassée. L’art n’est plus, comme l’a promulgué le chef du naturalisme, la Nature
              vue à travers un tempérament, c’est la Nature elle-même qui se volatilise, se
              transverbe ou s’immobilise, selon que le musicien, le poète ou le peintre l’envisage.
              Ce n’est plus l’Art-Miroir qu’il faudrait dire, mais le Poète-Protée, qui revêt, tour
              à tour, et selon ce qu’il veut chanter, une forme nouvelle et une apparence
              imprévue.</p>
            <p>« Cette théorie universelle et frémissante, comme un tressaillement du vieux Pan,
              aura, en morale et en sociologie, d’importantes et prochaines conséquences. Mais c’est
              surtout dans la tragédie et dans le roman, qu’il faut en attendre d’immédiates
              réalisations. Sans futiles artifices, elle présentera une œuvre d’harmonie et de
              simplicité. Car dans le moindre frisson où se pâment les blés et les cœurs, le poète
              percevra une loi éternelle ; de la réalité il déduira le paradis et sur ce banal fait
              divers, que nous apporte le gris papier du jour, il bâtira une éclatante épopée… »</p>
          </quote>
          <p>M. Jean Viollis objectait :</p>
          <quote>
            <p>« Si M. de Bouhélier voulait <hi rend="i">strictement</hi> s’en tenir à sa théorie,
              il rendrait, par le fait même, impossible tout roman et tout théâtre. Elle m’apparaît
              cette théorie (la théorie naturiste) bien plutôt comme une lumineuse méthode
              d’interpréter la vie quotidienne, de <pb n="27"/>s’intéresser avec une égale
              allégresse aux successives représentations de l’heure et du jour — que comme un moyen
              de fixer dans leur détail la multiplicité des réalités vivantes… Où donc
              M. de Bouhélier trouverait-il les éléments d’un roman ? Tout au plus, pourra-t-il
              trouver des thèmes à méditations ; or, un roman ne fut et ne sera jamais, que je
              sache, une suite de méditations présentées en chapitres et groupées selon un certain
              plan d’unité dans leur ensemble. »</p>
          </quote>
          <p>En réalité c’était une révolte de la sensibilité contre la discipline<note
              resp="author">Cf. <hi rend="i">Eléments d’une Renaissance Française</hi> par Saint-G.
              de Bouhélier, in-18, Éd. de la Plume 1900 — <hi rend="i">Inutilité de la Calomnie</hi>
              (S. G. de Bouhélier) <hi rend="i">la Plume</hi> 1<hi rend="sup">er</hi> nov. 1898
                — <hi rend="i">Arabesques</hi>, par Adolphe Retté. Éd. de La Plume, in-18,
              1898.</note>. Venant après les excès du symbolisme, le naturisme parut en progrès ; en
            vérité, considéré dans le sens de l’évolution logique de la littérature française, il
            n’était pas moins dangereux. M. de Bouhélier déclarait :</p>
          <quote>
            <p>« Pour moi, si je chante la lumière, le précieux printemps ou les belles campagnes,
              je ne le fais jamais que dans l’extase. Car toute chose étant Dieu demande une grande
              ferveur.</p>
            <p>« Que mes poèmes soient des prières ! que tous mes écrits soient des odes ! Voilà
              toute mon aspiration. J’essaye de la réaliser. La forte patience de l’esprit me
              soutient. Je sais que seul un juste ouvrage peut posséder l’éternité Je m’applique à
              ce dur travail obstinément. »</p>
          </quote>
          <p>Ce style singulier et immodeste, ce panthéisme cessèrent rapidement d’être à la mode.
            En préface <pb n="28"/>des <hi rend="i">Chants de la Vie Ardente</hi> M. de Bouhélier
            renonce à l’empire. <quote>« Je ne demande qu’à être compté comme un franc et probe
                ouvrier<note resp="author">Les naturistes prirent part au Congrès de la revue
                catholique <hi rend="i">La Lutte</hi> (19 et 20 février 1898) à Bruxelles. Ils
                fondèrent le Collège d’Esthétique Moderne ; ils organisèrent des expositions de
                peinture, des conférences avec une activité un peu fébrile et une bonne volonté
                qu’on a trop oubliée. Le manifeste naturiste avait paru dans la <hi rend="i">Revue
                  Naturiste</hi> (mars 1897) et le <hi rend="i">Figaro</hi> 10 et
                14 janvier 1897).</note>… »</quote></p>
          <p>Parallèlement au naturisme s’était formé à Toulouse le groupe de l’<hi rend="i"
              >Effort</hi>, par la fusion des <hi rend="i">Essais de jeunes</hi> avec <hi rend="i"
              >Les Pages d’art</hi>. Le premier numéro parut en mars 1896. Il indiquait comme
            collaborateurs : G. Bidache, J.-R. de Brousse, Élie Clavel, Cœlio, E. Delbousquet,
            Fortuné, A. Demeure de Beaumont, Charles Guérin, Marc Lafargue, André et Maurice Magre,
            Raymond Marival, Jacques Nervat, G. Picard, Pierre Pouvillon, Sybaris, Gabriel Tallet,
            Verdier, J. Viollis. Plus tard à ces noms s’ajoutèrent R. A. Fleury, Léon Lafage, Jean
            Vignaud, G. Frejaville, François Perilhou, F. Pradel, etc…</p>
          <p>Ils ne dédaignaient pas les grands mots :</p>
          <quote>
            <p>« Nous ne sommes pas une coterie, nous n’organiserons pas des congrès, nous ne nous
              estomaquerons pas d’éloges réciproques, nous ne nous offrirons pas de mutuelles
              frairies, nous n’avons pas de grand homme de neige à pousser au soleil de la renommée,
              nous ne tenterons pas de restaurer sur des tréteaux de baladins les tables saintes de
              Cana, dans la secrète espérance d’y voir<pb n="29"/>surgir entre la poire et le
              fromage quelque nouveau messie qui nous ferait participer, sur le vain Thabor de la
              gloire humaine, au resplendissement de son éventuelle divinité.</p>
            <p>« Non ! nous voulons simplement dire ce qu’il nous paraît beau et nécessaire de dire.
              Et s’il nous arrive dans l’exubérance de notre jeune foi de prendre à notre insu des
              postures d’apôtres, l’on voudra bien nous pardonner, considérant que nos exagérations
              ne servant pas notre propre gloire ne peuvent provenir d’un hypocrite calcul mais
              plutôt d’un débordement de nos bonnes volontés. Oh ! nous savons que l’habileté
              suprême de Tartuffe est de crier au Tartuffe quand il voit passer un juste ; mais cela
              même ne nous décourage pas. Quant au ridicule, il ne peut effleurer que des âmes
              incapables de comprendre qu’il n’y a pas puritanisme, mais élémentaire probité à
              réagir contre le libertinage quand il se change en dégradation. Bien loin de nous
              tenir pour présomptueux, nul doute que les honnêtes gens ne tiennent à encourager
              notre tentative d’édification personnelle et sociale.</p>
            <p>« Constituons donc une jeunesse intègre et résolue ! Préparons-nous à bien tenir coup
              aux chocs qu’un avenir évidemment prochain nous réserve. Première génération adulte
              d’esprits formés par un socialisme dégagé des brumes utopiques et pénétré de claire
              science, il faut que nous portions témoignage par notre moralité meilleure, notre
              intellectualité plus nourrie, notre sensibilité toujours aussi vive mais mieux
              disciplinée des bienfaits que peut conférer à l’homme l’adhésion ardente et méthodique
              à une théorie rationaliste de l’Univers, de l’individu et de la Société<note
                resp="author">Presque tous les rédacteurs de cette revue étaient ou sont devenus
                fonctionnaires.</note> » (15 mai 1903).</p>
          </quote>
          <p><pb n="30"/>En 1898, l’<hi rend="i">Effort</hi> avait organisé un referendum <hi
              rend="i">sur le sens énergique chez la Jeunesse</hi>.</p>
          <p>Mais le groupe toulousain comme le groupe naturiste n’était uni que par les liens
            factices d’une haine commune envers le Symbolisme. Lorsque le Symbolisme abdiqua
            lui-même, l’erreur de ces jeunes hommes apparut et, seuls, ceux d’entre eux que
            désignait leur tempérament, continuèrent à écrire.</p>
          <p>L’ère des manifestes semblait définitivement close, lorsque dans le <hi rend="i"
              >Figaro</hi> du 12 décembre 1903, en réponse à un article de M. Claveau, M. F. Gregh
            prononçait le mot d’<hi rend="i">humanisme</hi>. Ce n’est pas une philosophie,
              <quote>« c’est avant tout une esthétique et même essentiellement une poétique<note
                resp="author">Cf. l’<hi rend="i">Humanisme</hi>, par G. Casella. Œuvre d’art
                international, janvier 1903.</note> »</quote>. Dans <hi rend="i">Gil Blas</hi>
            (19 février 1905) M. Fernand Gregh précise :</p>
          <quote>
            <p>— Oui, le nom rajeuni d’humanisme me paraît convenir, précisément, parce que, les
              nouveaux poètes veulent réaliser un art humain. Il ne s’agit pas, comprenez-moi bien,
              de fonder une école, mais d’exprimer une idée en une formule commode, et qui soit le
              moins inadéquate possible. D’ailleurs, qu’on les appelle, si l’on préfère renaissants
              classiques, ou même naturistes, ce qui importe, c’est moins un nom, que de réunir des
              individus faits pour se comprendre, s’aimer…</p>
          </quote>
          <p>Cette école en suscita, par antithèse, une autre. MM. Adolphe Lacuzon, Cubelier de
            Beynac et Adolphe <pb n="31"/>Boschot et quelques amis signaient à la <hi rend="i">Revue
              Bleue</hi> (16 janvier 1904) le manifeste de l’<hi rend="i">Intégralisme</hi>.</p>
          <quote>
            <p>« Le rôle de la poésie est d’agrandir la conscience humaine au-delà même des vérités
              contrôlées : la poésie réalisée est la forme transcendante du savoir. La poésie,
              phénomène subjectif, est la volupté de la connaissance. <hi rend="i">Intégralisme</hi>
              s’explique ainsi : exprimer la vie en fonction de la vie universelle. »</p>
          </quote>
          <p>En réalité ce n’était pas, comme on l’a cru, une poésie scientifique, mais une sorte
            d’intégration, et non de synthèse, l’aboutissement de l’harmonie universelle. Enfin de
            compte, les théories exprimées par M. A. Lacuzon, en termes moins solennels, se ramènent
            aux formules classiques de l’<hi rend="i">Hermès</hi> d’André Chénier<note resp="author"
                ><p>Bien qu’ils répudient le <quote>« <hi rend="i">sur les pensers nouveaux faisons
                    des vers antiques</hi> »</quote> et qu’ils affirment la nécessité d’images
                nouvelles.</p><p>D’autre part les <hi rend="i">néo-idéalistes</hi>
                  écrivent :</p><p><quote>« C’est qu’en vérité, il n’est nullement conforme à
                  l’esprit classique de vouloir couler la vie adorable d’aujourd’hui dans la formule
                  morte du classicisme. Suivons la nature, sans doute, mais la nature d’à présent et
                  non point celle de l’âge de Montchrétien ou de Bossuet. Adaptons notre art d’un
                  naturalisme élargi et vivifié par l’idéalisme aux exigences confuses et
                  momentanées du monde contradictoire qui houle et tourne. Mêlons l’incertitude de
                  l’analyse décriée à la belle sagesse des vérités acquises, comme le sel de nos
                  larmes anxieuses à l’harmonie décidément fade des généralités trop sûres.
                  Satisfaisons sans remords notre goût du rare autant que notre culte de
                  l’universel. Que l’inquiétude de la pensée ne nous empêche pas de nous réjouir si
                    M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles exprime mieux que d’autres la violence de sa
                  sensation. Que nos rythmes délicats et puissants s’éploient ou se lovent, sans
                  respect fétichiste pour la pure ligne dont se retrouve bien aisément la simplicité
                  connue. »</quote> Olivier C. de la Fayette. <hi rend="i">Poésie d’aujourd’hui,
                  L’Europe artiste</hi>, décembre 1904.</p><p>Cf. encore <hi rend="i">Le Colloque
                  pour la Poésie</hi> de M. G. Boissy, <hi rend="i">ibid.</hi>, nov. 1904, et la
                Préface des <hi rend="i">Poèmes Introspectifs</hi> de M. Tancrède de
              Visan.</p></note>.</p>
          <p><pb n="32"/>Le 15 avril 1903, <hi rend="i">La Renaissance latine</hi> publiait sous le
            titre « La Renaissance classique » la préface que M. Louis Bertrand destinait aux <hi
              rend="i">Chants séculaires</hi> de Joachim Gasquet. Avec plus de fougue que de mesure,
            avec plus d’enthousiasme que de sens critique, l’auteur du <hi rend="i">Sang des
              races</hi>, glorifiait le culte de la Tradition, de la terre et des morts, l’Âme, la
            Race, l’Épée. On s’étonna. Pourtant ce que M. Bertrand venait de crier, dix écrivains
            l’avait clamé en vain, au cours de ces dernières années. MM. Xavier de Ricard (<hi
              rend="i">Le Fédéralisme</hi>, 1875), Auguste Fourès, Péladan, Maurice Barrès, Charles
            Maurras, Amouretti, Jean Carrère, avec des talents inégaux sans doute s’étaient fait les
            champions de cette thèse. Ce qu’ils vantaient n’était pas à proprement parler une
            renaissance classique, mais une renaissance latine, le retour à la discipline, à
            l’harmonie, mais aussi le culte de l’inspiration personnelle, du lyrisme conforme aux
            aspirations de la race, le dédain des abstractions factices, du subjectisme vulgaire, du
            document spécial — en un mot les soucis classiques de l’âme, de <pb n="33"/>l’idée, de
            la race, de l’essentiel humain et de la vérité générale, augmentés d’une préoccupation
            de lyrisme facilement romantique<note resp="author">En réalité il y a de nombreuses
              conceptions différentes de la Renaissance latine. Il y a la conception scientifique de
              M. G. Tarde (Cf. l’<hi rend="i">Avenir Latin.</hi> Europe-Artiste, juin 1904) ; 2º La
              double conception monarchiste ou socialiste de Maurras ou de Xavier de Ricard ; 3º La
              conception purement félibréenne ; 4º La conception <hi rend="i">purement
                littéraire</hi> de ceux que la culture helléno-latine a rapprochés etc…</note> — et
            aussi des conceptions politiques divergentes.</p>
          <p>Ce genre un peu spécial de <hi rend="i">classicisme</hi> qui n’est ni celui de Bossuet,
            ni celui de Racine, ni celui de Fromentin, a son origine dans l’œuvre du plus grand
            poète européen : Frédéric Mistral. C’est de là qu’elle s’est infiltrée jusqu’à nous. <hi
              rend="i">Mireille, le Poème du Rhône, Les Îles d’Or</hi> ont eu leur retentissement
            aussi bien sur M. Charles Maurras que sur M. Joséphin Péladan.</p>
          <p>Car il y a deux sens au mot classique, ainsi que l’a marqué Sainte-Beuve :</p>
          <quote>
            <p>« Le mot c<hi rend="i">lassicus</hi> se trouve employé dans Aulu-Gelle et appliqué
              aux écrivains ; un écrivain de valeur et de marque, <hi rend="i">classicus assiduusque
                scriptor</hi>, un écrivain qui compte, qui a du bien au soleil… Un vrai classique,
              comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain,
              qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a
              découvert quelque vérité morale non équivoque ou ressaisi quelque passion éternelle…
              qui a rendu sa pensée, <pb n="34"/>ou son observation, sous une forme n’importe
              laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi, qui a parlé à
              tous dans un style à lui, et qui se trouve celui de tout le monde, dans un style
              nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges.
              Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins,
              mais il ne l’est pas… il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir l’équilibre
              “au profit de l’ordre et du beau”… »</p>
          </quote>
          <p>C’est aussi :</p>
          <quote>
            <p>« Les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une
              passion noble et d’une force légèrement voilée… écrivains modérés et accomplis… Cette
              théorie dont Scaliger a donné le premier signal chez les modernes est la théorie
              latine à proprement parler et elle a été aussi pendant longtemps la théorie française…
              Le chef-d’œuvre que cette théorie aimait à citer c’est <hi rend="i"
              >Athalie</hi>. »</p>
          </quote>
          <p>En somme, c’est ici la théorie de l’unité soutenue par Buffon dans le <hi rend="i"
              >Discours sur le style</hi>, et Sainte-Beuve conclut :</p>
          <quote>
            <p>« Il n’y a pas de recettes pour faire des classiques : ce point doit être enfin
              reconnu évident.</p>
            <p>« Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de sobriété, de correction et
              d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique,
              c’est croire qu’après Racine père, il y a lieu à des Racine fils, rôle estimable et
              triste, ce qui est le pire en poésie. Il y a plus : il n’est pas bon de paraître trop
              vite et d’emblée classique à ses contemporains ; on a <pb n="35"/>grande chance alors
              de ne pas rester tel pour la postérité. Fontanes, en son temps, paraissait un
              classique pur à ses amis ; voyez quelle pâle couleur cela fait à vingt-cinq ans de
              distance. Combien de ces classiques précoces qui ne tiennent pas et qui ne le sont que
              pour un temps ! On se retourne un matin, et l’on est tout étonné de ne plus les
              retrouver debout derrière soi. Il n’y en a eu, disait gaiement M<hi rend="sup"
              >me</hi> de Sévigné, que pour un <hi rend="i">déjeuner de soleil</hi>. En fait de
              classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands :
              demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels et perpétuellement
              florissants. Le moins classique, en apparence, des quatre grands poètes de Louis XIV
              était Molière ; on l’applaudissait alors bien plus qu’on ne l’estimait ; on le goûtait
              sans savoir son prix. Le moins classique après lui semblait la Fontaine ; et voyez
              après deux siècles ce qui, pour tous deux, en est advenu. Bien avant Boileau, même
              avant Racine, ne sont-ils pas aujourd’hui unanimement reconnus les plus féconds et les
              plus riches pour les traits d’une morale universelle ? »</p>
          </quote>
          <p>Néanmoins, malgré les erreurs qu’elle comporte, la théorie de M. Louis Bertrand semble
            prévaloir. Sainte-Beuve d’ailleurs l’eût approuvée puisqu’il déclare : <quote>« <hi
                rend="i">L’important, aujourd’hui, est de maintenir l’idée et le culte</hi> (du
              classicisme). »</quote></p>
          <p>La tâche a été rendue facile par les influences subies.</p>
          <p>M. Stéphane Mallarmé, sur lequel on s’est si généralement mépris fut le théoricien d’un
            classicisme rigoureux, et ceux qui l’écoutèrent savent quelle clairvoyance saine, quel
            sens infiniment averti de la <pb n="36"/>mesure et des limites de l’art, il possédait.
            Un temps, M. Maurice Barrès agit dans le même sens. « Le culte du moi » aboutissant au
            culte du souvenir et de la patrie, fut essentiellement classique. L’artifice des phrases
            ne doit pas nous induire en erreur. Le barrésisme est un développement de l’unité
            intellectuelle et morale du français. Épanouissement de la sensibilité dans les limites
            que nous tracent l’exemple du passé, les forces du présent, la logique du devenir humain
            et national.</p>
          <p>Ce qui fut mauvais et contraire à notre génie propre dans les influences reçues de
            l’étranger, une influence étrangère le neutralisa. Frédéric Nietzsche fit contrepoids à
            Tolstoï. Avec <hi rend="i">Zarathoustra</hi>, c’était, mêlée aux inquiétudes modernes,
            toute la lumière d’Hellas qui venait à nous, ses méthodes, son âme, ses erreurs, sa
            volupté précise. Au troupeau stupide, il opposa le conducteur de troupeau ; à
            l’adoration naturaliste de l’éphémère, il opposa le culte de l’inactuel ; à
            l’observation hésitante et méticuleuse du détail, la vision lyrique, la prescience du
            prophète. Il nous apprit surtout à discipliner les forces et les élans de la cité
            intérieure. Sa morale fut haute comme son esthétique, elles étaient <hi rend="i"
              >humaines</hi> dans le sens que la Grèce antique donnait à cette épithète, surhumaines
            par rapport à nous. Ses disciples eurent l’ivresse de la plastique idéale. À la religion
            de la pitié il substitua celle de l’énergie, du désir de dominer <quote>« La vertu qui
              donne »</quote>.</p>
          <p><pb n="37"/>Par Nietzsche, nous revenions au grand lyrisme du <hi rend="i"
              >Prométhée</hi>, de l’<hi rend="i">Ecclésiaste</hi>, d’Hésiode, aussi quelque peu à la
            déclamation et aux subtilités des philosophes Alexandrins. Il réveilla <quote>« la pitié
              pour les dieux souffrants et voilés »</quote>, source des forces dominatrices de
            nous-mêmes et des autres. Zarathoustra a contribué à annihiler chez nous la lourde
            hypocrisie sentimentale et germanique. Par là, son influence fut conforme aux
            aspirations françaises. Hugues Rebell le découvrit, M. Robert de Bonnières et surtout
            l’infatigable Henri Albert assurèrent une victoire nouvelle de la raison.</p>
          <p>Cependant Charles Maurras, nourri de Taine et d’Auguste Comte devait aboutir aux mêmes
            conclusions. Une affaire judiciaire et politique, après avoir bouleversé le pays, marqua
            une division nouvelle des esprits. Le romantisme de Zola se heurta aux partisans de la
            vérité française. La préface de M. Louis Bertrand consacre la victoire du goût français
            sur les enthousiasmes étrangers<note resp="author">Cf. un admirable article de
              M. Narsy : <hi rend="i">le Classicisme cosmopolite. L’Occident</hi>, octobre 1905, et
              les articles de M. Gohier depuis 1903.</note>.</p>
          <p>Mais, il ne faudrait point croire que cette victoire soit définitive ou complète. La
            confusion règne toujours. Les tentatives d’écoles ou de cénacles que nous avons
            signalées et qui sont caractéristiques, d’autres qu’il nous plaît d’oublier et qui sont
            le fait d’ambitions <pb n="38"/>passagères ou basses n’ont point réussi à grouper la
            jeunesse d’aujourd’hui, encore moins à la diriger. Aux collaborateurs de l’<hi rend="i"
              >Action Française</hi> d’un côté, à M. Marc Sangnier et ses amis du <hi rend="i"
              >Sillon</hi> d’un autre, s’opposent les jeunes rédacteurs de <hi rend="i">la Petite
              République</hi>, de l’<hi rend="i">Aurore</hi>, des <hi rend="i">Pages Libres</hi>, en
            politique et en littérature. Il n’y a plus de revue qui soit l’organe d’un groupement
            d’idées littéraires. Il n’y a que quelques cénacles d’amateurs ou de camarades sans
            opinions directrices. Aux anciennes querelles d’écoles, a succédé une fusillade de
            partisans isolés. C’est par cet état seul de la littérature actuelle qu’il faut
            expliquer le succès qui accueille les femmes de plus en plus nombreuses et qui
            écrivent.</p>
          <p>Deux courants généraux, trop généraux semblent pourtant avoir entraîné un certain
            nombre d’énergies.</p>
          <p/>
          <p>L’<hi rend="i">Art social</hi> a vite dégénéré en un poncif social, c’est-à-dire
            socialiste, car, jusqu’à présent, les pièces socialistes ont été les seules pièces
            sociales. Un insuccès complet fut la récompense de ces tentatives, souvent
            intéressantes. Toute œuvre d’art est sociale, par cela seul qu’elle est vivante ; toute
            œuvre tendancieuse, si elle l’est <hi rend="i">entièrement et clairement</hi>, est
            artificielle. Ces vérités évidentes demeurent encore incomplètement admises.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Le Régionalisme</hi> attire davantage les jeunes hommes. À ce jour, il n’y
            a pas de théorie précise <pb n="39"/>du régionalisme ou, du moins, il y en a mille ;
            c’est un groupement d’opposition qui convient au caractère français et qui obtiendra
            d’importants succès de détail. Nous doutons qu’il réussisse absolument ; pour cela il
            devrait avoir un <hi rend="i">credo</hi> ; ce serait la dispersion de ses adeptes.</p>
          <p/>
          <p>L’<hi rend="i">Art social</hi> et le <hi rend="i">Régionalisme</hi> ne sont que, par
            accident, de la littérature. Nous manquons d’une foi neuve et profonde, d’une tendance
            qui entraîne et divise les écrivains. L’art comme la vie a besoin de luttes pour
            s’exalter et s’accroître. Une foi confessionnelle, morale, politique ou esthétique est
            nécessaire. Sans elle, il n’y a que la sincérité individuelle qui est insuffisante.
            Certes, un grand nombre de nos meilleurs écrivains se rallie à la foi française, mais un
            nombre important de jeunes gens s’en éloigne. Cependant, le salut semble résider là. Par
            une culture raisonnée et profonde des énergies françaises, un écrivain peut se former
            entièrement et admirablement. Il serait temps d’abandonner nos petites psychologies, nos
            petites formules, nos petites pitiés et nos grands mots, et notre vague humanitarisme.
            Il y a une âme française d’aujourd’hui aussi enthousiaste, aussi franche, aussi vive
            qu’autrefois ; elle sourit davantage, mais elle ne souffre pas moins ; c’est la
            princesse au bois, qui ne dort plus, mais qui s’amuse dans l’attente du Prince Charmant.
            L’oisiveté et l’attente sont dangereuses. Qu’il <pb n="40"/>vienne, le maître de la
            pensée et du verbe, la jeune âme française lui obéira et le suivra. On a dit à tort que
            nous manquions de critiques, non, nous manquons davantage d’œuvres vivantes. En effet,
            par une erreur singulière des écrivains, à l’instant où l’amour semble de plus en plus
            vaincu par l’argent, la littérature est à peu près totalement sexuelle. À l’heure où les
            modes d’existence tendent à se diversifier, tous les écrivains dédaignent l’observation
            des mœurs, dans le roman et au théâtre, pour rabâcher éternellement les mêmes aventures
            de romanesque sentimental, de fantaisie vieillotte ou les mêmes évocations de
            rétrospective passionnelle. Le mépris des idées, la confusion des intentions nous mènent
            plus sûrement à l’uniformité. Depuis que chacun fait ou veut chercher du nouveau, toutes
            les œuvres se ressemblent. Le <hi rend="i">nouveau</hi>, c’est dans la culture de notre
            tradition que nous le trouverons, si nous sommes dignes de le trouver, mais dans une
            culture intelligente, active, féconde.</p>
          <p>Il faut savoir regarder, comprendre et sentir pour être un écrivain, mais cela ne
            suffit pas. Un observateur qui ne sait pas son métier d’écrivain, un écrivain qui n’a ni
            sensibilité, ni rectitude de vision sont des artistes incomplets. Malheureusement ce
            sont eux qui dominent…</p>
          <p>Et il y a ces graves symptômes.</p>
          <p>1º L’ignorance encyclopédique des jeunes écrivains, leur manque de culture
            générale.</p>
          <p><pb n="41"/>2º Le goût de la barbarie qui s’affirme. Une partie du public en est venue
            à préférer l’ébauche au travail achevé, à aimer les œuvres informes, mal composées, sous
            prétexte qu’elles sont plus proches de la vérité.</p>
          <p>M. Remy de Gourmont disait autrefois : <quote>« L’instinct abolit le génie… »</quote>
            Nous pourrions ajouter : « la France est un pays de tradition, d’élégance, de méthode…
            Elle a préparé la victoire d’un art aux lignes parfaitement délimitées… » Gardons-nous
            de l’oublier. Notre industrie et notre commerce sont morts, pour avoir oublié que notre
            industrie et notre commerce étaient commerce et industrie <hi rend="i">de luxe</hi>. Ne
            visons pas à <hi rend="i">la quantité</hi>. Toutes les productions françaises sont
            au-dessus de l’utilité immédiate. N’imitons pas les grossiers bariolages anglo-saxons.
            Nous sommes des latins !…</p>
        </div>
      </div>
      <div>
        <head>Deuxième partie. L’évolution des genres</head>
        <div type="chapter">
          <head>Chapitre I. La critique</head>
          <quote>
            <p><pb n="45"/>« La ressource des amours-propres offensés c’est une définition
              meurtrière de la critique. Pour eux, c’est l’infécondité et c’est l’Envie… Elle ne
              voit pas que les défauts dans les œuvres, elle y voit et fait voir aussi les beautés,
              souvent inaperçues autant que les défauts ; et, pour elle, ce n’est pas tout encore.
              Quand il n’y a ni beautés, ni défauts dans une œuvre, qu’au lieu de médiocre, elle est
              nulle, quand l’artiste n’a pas su lutter avec les difficultés de son sujet et qu’il a
              été accablé et anéanti par <pb n="46"/>elles, la critique refait à sa manière… elle
              devient inventive, elle crée<note resp="author">Barbey d’Aurevilly, <hi rend="i"
                  >Goethe et Diderot</hi>, page 209.</note>… »</p>
          </quote>
          <p>Notre époque, où manquent trop les esprits d’ensemble, dans le mépris où l’on tient les
            idées générales, nous donne, chaque jour, une définition nouvelle de la critique.</p>
          <p>Celle que nous avons citée nous paraît la plus <hi rend="i">française</hi>, la plus
            conforme à l’initiative, à la clarté, à l’intelligence qui sont caractéristiques de la
            race. Malheureusement, la plupart de nos contemporains n’ont retenu que les méthodes
            analytiques comme propres à la critique.</p>
          <p>Réduire le critique à n’être plus que le conseiller dogmatique, ou que le prophète
            enthousiaste, ou que le libelliste, ou même que le simple metteur en pages de documents,
            c’est, nous semble-t-il, comprendre imparfaitement ce rôle de critique. Et chose plus
            grave, c’est diminuer l’intérêt qui s’attache à ses jugements.</p>
          <p>La fatuité naïve et l’orgueil inhérent à tous ceux qui <hi rend="i">composent
              d’imagination</hi>, leur font regarder la critique comme une besogne inférieure. Le
            critique ne crée pas<note resp="author">On comprend d’autant moins une pareille sévérité
              et une telle assertion, dans la bouche d’écrivains qui émirent comme seule prétention
              de traduire, de copier la vie…</note>, disent-ils. Mais par ces temps d’imitation et
            d’industrialisme, par ces temps de bibelots littéraires, de précocité, de truquage et
            d’ignorance, <pb n="47"/>il se pourrait bien que les critiques intelligentes
            survécussent aux productions qui les motivèrent. La plupart des ouvrages de nos
            critiques d’aujourd’hui peuvent se relire et se relisent encore avec plaisir. De combien
            de romans ou de pièces, pourriez-vous en dire autant ?…</p>
          <p>Toutefois, nous serions mal venus à ne pas constater le désarroi apparent de la
            critique et son influence inefficace sur l’élite. De cette faiblesse, les causes se
            découvrent facilement :</p>
          <p>1º Le critique s’est laissé gagner par la confusion générale des lettres. Le critique
            qui, par définition doit être un esprit clair, méthodique, ami des dissociations
            d’idées, partisan de la différenciation, oublie, tout comme les autres, les limites
            propres au genre qu’il a choisi :</p>
          <p>2º Accablé par la quantité d’œuvres qu’il doit examiner, il n’a plus la lucidité
            nécessaire, le temps et la place de développer ses idées, d’examiner l’ensemble d’un
            roman ou d’une comédie. Presque toujours, il se borne à des remarques de détail, à des
            conseils vagues ou bien à une condamnation non motivée. Dès lors, moins précise, moins
            complète, la critique est devenue moins intéressante pour le public d’élite.</p>
          <p>Par un singulier raisonnement, on a contribué à discréditer la critique en la mêlant,
            dans les journaux quotidiens, aux réclames commerciales ou aux informations. Il convient
            d’insister.</p>
          <p><pb n="48"/>On se plaint généralement, parmi les jeunes, que les journaux « ne parlent
            pas assez » des livres nouveaux. Ils « en parlent trop » au contraire. La faute en est
            aux auteurs qui confondent le succès moral et la vente d’un livre. Il faudrait
            s’entendre une bonne fois.</p>
          <p>Inversement à l’opinion générale la vente d’un livre est en raison directe de son
            succès moral. Sans doute le snobisme, les duels, la curiosité des collégiens et des
            jeunes femmes, les relations mondaines ou politiques ne sont pas sans influer sur la
            vente d’un livre. Ces succès sont éphémères et ne portent que sur un seul titre, non sur
            un auteur. La plupart du temps d’ailleurs, le lecteur qui acheta le roman sur la foi
            d’une publicité de scandale se déclare volé et les éditeurs sont obligés, en mettant en
            vente le volume qui suit, à des frais plus grands pour un résultat moindre.</p>
          <p>Depuis dix ans, les quotidiens ont pris l’habitude d’accepter, contre argent,
            l’insertion d’articles de complaisance en faveur des livres nouveaux. Dès à présent, ce
            mode de réclame n’obtient que des résultats en désaccord avec la dépense faite. Ce mal
            d’ailleurs existait déjà il y a soixante ans<note resp="author">Nous ignorons si on les
              faisait payer alors, mais la plupart des journaux au début de 1839 sont remplis de
              communiqués et d’articles de complaisance en faveur d’un livre de M<hi rend="sup"
                >me</hi> Valdor.</note>. Il n’a fait que s’accroître. L’heure est proche où les
            éditeurs se contenteront d’annoncer le titre ou de publier une <pb n="49"/>sèche analyse
            de leurs ouvrages. Ce sera plus franc et plus habile. Les « prière d’insérer », les
            éloges de camarade ne trompent personne et il y a plus d’auteurs qui maudissent leurs
            panégyristes outranciers que de vrais méconnus gémissant du silence des critiques.</p>
          <p>Ce débordement de publicité nous le devons à l’invasion des amateurs. <hi rend="i">Ce
              n’est plus l’œuvre qui crée la personnalité de l’auteur, c’est la personnalité de
              l’auteur qui étaye un mauvais livre !…</hi></p>
          <p>D’ailleurs ce n’est point le devoir d’un critique de faire vendre un ouvrage.
            Certainement lorsqu’il signale les beautés, il incite ses lecteurs à connaître davantage
            le livre ou la pièce qui les renferme. Mais le plus souvent le critique s’adresse à
            celui qui a lu le livre et écouté la pièce, et c’est à ce spectateur, à ce lecteur qu’il
            doit donner de nouvelles raisons d’aimer ou de dédaigner l’ouvrage que tous les deux,
            connaissent de façon inégale.</p>
          <p>Le devoir du critique est de s’adresser directement à l’auteur et de lui signaler ses
            défauts ou d’encourager ses qualités. Il ne transformera en aucune façon la « manière »
            de cet auteur pour peu qu’elle soit personnelle, et l’auteur continuera à entretenir
            avec soin ses qualités et surtout ses défauts qui constituent sa « marque »<note
              resp="author"><quote>« Quand on signale une beauté de lui à un auteur, il répond : “À
                qui le dites-vous ?” et quand on lui signale une faute, il répond : “Vous n’y
                entendez rien, puisque vous n’êtes pas du métier” Et après tout, il a peut-être
                raison. »</quote><hi rend="sc">Émile Faguet</hi>, <hi rend="i">Menus propos sur la
                critique</hi>, 1903.</note>. Non, il ne s’attirera <pb n="50"/>même pas la
            reconnaissance de celui qu’il conseilla — au contraire — mais il aura mis en garde une
            génération neuve contre les travers des aînés, travers que les jeunes sont le plus
            portés à chérir. Le critique peut être l’éducateur d’une jeunesse intelligente
            (Sainte-Beuve a, de la sorte, dirigé les débuts des romantiques). Voilà son rôle. Nous
            ne le considérons différemment que parce que nous avons pensé que la critique pourrait
            rentrer en lutte avec la réclame déguisée — et nous avons tort. La critique peut entrer
            en lutte avec la <hi rend="i">littérature</hi> industrielle, mais avec la littérature
            seule ; se mesurer avec une publicité scandaleuse, c’est se diminuer, s’abaisser,
            s’anéantir. Les rares lecteurs qui s’inspireront des études sévères ne se soucieront
            plus des entrefilets tintamarresques des quotidiens<note resp="author">Il faut excepter
              certains journaux. <hi rend="i">Le Temps, les Débats, le Figaro, Gil-Blas</hi> et
              quelques autres ont toujours possédé un critique attitré et parfois plusieurs. À l’<hi
                rend="i">Écho de Paris</hi>, depuis 1903, M. Charles Foleÿ a repris la chronique
              littéraire, oubliée par Μ. E. Lepelletier. Surtout, il faut louer M. Léon Bailby
              rédacteur en chef de l’<hi rend="i">Intransigeant</hi> de son infatigable confiance
              dans le talent des jeunes et de sa volonté tenace à signaler les tentatives
              intéressantes.</note>. S’y trompe-t-on d’ailleurs ?… En vérité, s’ils poussent à
            l’achat d’un livre, c’est parce qu’ils vantent le côté érotique de ce livre — et c’est
            contre la pornographie <pb n="51"/>dont on fait un appât que le critique probe doit
            s’élever. Qu’il songe que Barrès et Victorien du Saussay n’ont pas la même <hi rend="i"
              >clientèle</hi>, ne peuvent pas l’avoir et que l’un ne saurait faire tort à l’autre,
            et qu’il agisse pour le renom de notre pays dont la grandeur littéraire est la plus
            belle gloire. Il créera ainsi deux catégories : dans l’une se rangeront les écrivains
            laborieux, décidés à la hautaine médiocrité, dans l’autre, les commerçants de lettres,
            patrons d’« usines littéraires » assimilés à des spéculateurs malhonnêtes. <hi rend="i"
              >Et le public ne saurait les confondre.</hi> Ainsi, l’aristocratie de l’intelligence
            sera sauvegardée et c’est la vraie tâche du critique et non pas d’enrichir les
            écrivains.</p>
          <p>La critique ne s’adresse qu’aux élites et sa portée est nulle sur le grand public et
            cela est si vrai que pour les gros lancements de romans populaires les éditeurs ont
            renoncé à l’article payé d’apparence critique pour revenir aux affiches. La littérature
            et la critique industrielles n’ont de portée que sur cette classe d’esprit qui a les
            goûts de la plèbe et les prétentions de l’aristocratie. Il y a là une bassesse de cœur
            qui se satisfait de bas écrits mais qui exige qu’on les lui vante à l’égal des
            chefs-d’œuvre. Il y a des gens qui achètent un livre et un journal comme une boîte de
            thé ou un phonographe ; ils veulent qu’on leur donne une prime avec la marchandise et
            qu’elle soit le produit à la mode. Ni les arts, ni les lettres ne descendront jamais à
            ce public. Le bon sens <pb n="52"/>des esprits droits, le bon goût des délicats ne
            restent pas les dupes des manœuvres commerciales d’un faux-artiste. Pourquoi les vrais
            écrivains leur envieraient-ils ces succès. Après l’article de M. Jules Lemaître, la
            vente de M. Georges Ohnet n’a pas baissé mais on s’est moins vanté de lire les <hi
              rend="i">Batailles de la Vie.</hi></p>
          <p>Des écrivains, dignes de ce nom<note resp="author">Cf. <hi rend="i">L’État présent de
                la Littérature</hi>, par M. Adolphe Retté. (Mercure de France, 1<hi rend="sup"
                >er</hi> nov. 1905).</note>, reprochent aux quotidiens d’avoir donné au public le
            dédain de la littérature. Il y a erreur. Ici, précisons, à nouveau. Le public des
            journaux appelle <hi rend="i">littérature</hi>, une sorte de lyrisme en prose. Ce que
            les directeurs refusent, ce que les lecteurs maudissent c’est surtout un certain ton
            poétique, une sorte de littérature fragmentaire, vaguement impressionniste dont l’<hi
              rend="i">Écho de Paris</hi> et le <hi rend="i">Journal</hi>, il y a sept à huit ans,
            saturaient leurs acheteurs. Mais qu’on apporte une œuvre vivante, <hi rend="i">même bien
              écrite</hi>, elle intéressera le public d’un journal à un sou.</p>
          <p>La littérature seule n’a pas de prise sur des gens qui lisent, en hâte, dans la fièvre
            de leurs courses ou les intervalles du service, au restaurant. Pour ce public, on a
            développé la critique anecdotique et la littérature de documents. L’étude « des milieux
            spéciaux » menace de tout submerger. C’est le dernier héritage du naturalisme
              <quote>« qui a réduit la fiction au <pb n="53"/>minimum, j’en infère que les écrivains
              ne se sentaient déjà plus capables d’inventer, ni leurs lecteurs de croire<note
                resp="author">Abel Hermant, <hi rend="i">Guy de Maupassant</hi>, Renaissance Latine,
                15 mars 1904.</note>… »</quote></p>
          <p>Si la critique n’a que peu de place dans les quotidiens, par contre elle déborde les
            revues. Et généralement elle y est intéressante, simplement parce qu’elle a la place de
            s’étendre et que c’est un mode qui ne souffre guère la sécheresse — ou alors il faut
            beaucoup d’esprit et de méchanceté. Dans les revues, elle est devenue un refuge, c’est
            le seul genre d’articles qu’on accepte d’un débutant — qui peut ainsi y apprendre des
            faits, y gagner des idées, en un mot, y faire un apprentissage utile et s’y dresser aux
            méthodes.</p>
          <p>Nous manquons de critiques, a-t-on dit, alors que nous n’avons guère que cela, mais
            presque tous manquent de liberté, emprisonnés entre la crainte de déplaire et leurs
            préjugés politiques ou moraux. <hi rend="sc">Mais, il semble bien qu’il en a toujours
              été ainsi.</hi></p>
          <p>En résumé, la confusion des genres qui a atteint la critique elle-même, la hâte
            résultante des ambitions plus vives, la multiplicité des livres nouveaux, la place plus
            restreinte qu’on lui accorde dans les journaux et l’abus des éloges payés, ont provoqué
            une crise de la critique plus apparente que réelle. Trop dogmatique, réduite à une seule
            note, l’éloge <pb n="54"/>ou le blâme, la critique a moins d’intérêt pour le public.
            Pour reprendre son autorité, il lui suffirait d’être plus sincère et plus audacieuse.
            Qu’elle n’attende pas qu’on lui rende sa place, qu’elle la réclame et qu’elle la prenne.
            Être sincère, c’est aujourd’hui, plus que jamais le moyen d’être fort<note resp="author"
              >M. J. Ernest-Charles a présenté au congrès de Liège un rapport contre la réclame
              malsaine et vénale des quotidiens et M. Mockel a fait adopter un vœu invitant les
              éditeurs à ne plus prêter la main à la publication d’articles payés. M. Paul André
              demande le rétablissement de la rubrique du critique, etc.</note>. Nous allons voir
            que cette audace a reçu sa récompense. D’ailleurs quel est l’écrivain de valeur qui
            s’indignera d’une critique loyale, seul le commerçant peut se plaindre d’atteinte portée
            à ses affaires. Mais celui-là ne nous préoccupe point.</p>
          <p>Il y aurait une distinction à faire entre les critiques qui sont aussi romanciers ou
            poètes et les critiques qui se vouent exclusivement à juger les œuvres d’autrui. Nous
            nous étendrons davantage sur ces derniers.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Remy de Gourmont</hi>. — Essentiellement combative à ses débuts, la
            critique symboliste a fait ses preuves. L’emphase brusque et mélancolique de Bernard
            Lazare, les paradoxes de morale dionysienne de Hugues Rebell, l’érudition appliquée et
            impartiale de Robert de Souza, la virulence orfévrée de Laurent Tailhade, l’impertinence
            amusée et la finesse <pb n="55"/>de M<hi rend="sup">me</hi> Rachilde, la subtilité de
            M. Gustave Kahn, le nietzscheïsme spirituel de M. André Gide, la netteté et l’émotion
            contenue de M. Henri de Régnier, les théories guelfes de M. Georges Polti, ont assuré au
              <hi rend="i">Mercure de France</hi>, et à l’<hi rend="i">Ermitage</hi>, après la <hi
              rend="i">Vogue</hi> de Gustave Kahn et la <hi rend="i">Revue Indépendante</hi>
            d’Édouard Dujardin, une place importante dans le mouvement des idées.</p>
          <p>M. Remy de Gourmont s’est placé à part. Il s’est fait le défenseur de la liberté des
            mœurs et de celle du style. Il est l’homme de la cité des livres. Parce qu’il craint de
            tomber dans la sensiblerie, il manque, parfois de sensibilité, mais il est d’autre part,
            un des rares hommes qui sachent raisonner aujourd’hui. À son propos quand on a parlé de
            l’influence nietzschéenne, il a fait remarquer très justement que Nietzsche n’aurait pas
            eu tant de succès, si sa pensée n’avait été pensée par des esprits orientés déjà comme
            le sien, si <hi rend="i">Zarathoustra</hi> n’avait été la traduction de la pensée d’une
            génération… L’anarchisme souriant, la logique rigoureuse, le bon goût sceptique de
            M. Remy de Gourmont contre-balancent bien des sectarismes. Il est comme la synthèse de
            la libre recherche. Son <hi rend="i">Problème du Style</hi>, ses <hi rend="i"
              >Épilogues</hi>, qu’ont une force durable, sa <hi rend="i">Culture des Idées</hi>, son
              <hi rend="i">Esthétique de la Langue Française</hi> ont des grâces saines, un aspect
            de vérité riante qu’on n’a pas coutume de rencontrer en de tels sujets. M. Remy de
            Gourmont prend à tâche de nous faire aimer tout ce <pb n="56"/>avec quoi les pédants
            nous brouillèrent. Son érudition de bon aloi et sans lourdeur sait être aimable avec
            ironie. Il craint de croire et, pourtant, il parle des poètes avec passion. Ses <hi
              rend="i">Livres des Masques</hi> — trop élogieux sans doute ; il le fallait alors —
            sont un document autant pour leur date que par l’habileté de la forme. La critique ici
            nous découvre des beautés souvent inaperçues. M. Remy de Gourmont est au-dessus des
            questions politiques qu’il méprise et son atavisme de noblesse terrienne lui donne
            quelque impertinence à cet égard. C’est l’homme qui dans la déroute des aristocraties
            est demeuré fidèle à celle de l’art, obstinément. Son éthique est celle de la Préface de
              <hi rend="i">M<hi rend="sup">lle</hi> Maupin</hi> ; <hi rend="i">l’art jamais ne doit
              être utilitaire</hi>.</p>
          <p>Dans un sens différent, MM. Maurras et Ernest-Charles s’opposent à M. Remy de
            Gourmont.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Charles Maurras</hi>. — En général, depuis dix ans, l’effort de la
            critique <hi rend="i">tend à ruiner l’influence romantique dans le livre et au
              théâtre</hi>, soit au profit d’un art social, soit au profit d’une renaissance
            classique, ou si vous le voulez d’une renaissance latine.</p>
          <p>L’idée latine devenue par infiltration, après la défaite méridionale du <num>xiii<hi
                rend="sup">e</hi></num> siècle et par la Renaissance et par suite aussi de
            l’influence royale, l’idée française de la force, de la tradition et de la clarté n’a
            pas trouvé de champion plus fidèle que M. Maurras.</p>
          <p>Obéissant à un instinct d’avide curiosité qu’il soumet à une discipline intransigeante,
            aux bienfaits <pb n="57"/>d’une méthode rigoureuse, M. Charles Maurras demeure un guide
            sévère et peu soucieux de paraître aimable. Il n’admet pas que le littérateur, dans un
            but d’art pur, se libère des soucis moraux et politiques de son époque. Il a lié à ses
            dogmes classiques l’idée monarchique. Il en est le défenseur spirituel et acharné. Avec
            les dons de dissociation qui l’apparentent à Voltaire dont il a la causticité et dont il
            emploie les sophismes, M. Charles Maurras se manifeste surtout logicien intelligent. Il
            avait donc le droit de s’inquiéter de l’avenir, de l’intelligence.</p>
          <p>Mais l’intelligence aujourd’hui n’est plus libre. L’argent l’asservit. L’intérêt de
            l’homme qui pense peut être d’avoir beaucoup d’or, mais l’intérêt de la pensée est de se
            rattacher à une patrie libre, telle que la peut seule maintenir l’héréditaire vertu du
            sang. Dans cette patrie libre, la pensée réclame pareillement de l’ordre, celui que le
            sang peut fonder et maintenir. Quand donc, l’homme qui pense aura sacrifié les
            commodités et les plaisirs qu’il pourrait acheter à la passion de l’ordre et de la
            patrie, non seulement il aura bien mérité de ses dieux, mais il sera honoré devant les
            autres hommes, il aura relevé son titre et sa condition. L’estime ainsi gagnée
            rejaillira sur quiconque tient une plume. Devenue le génie sauveur de la cité,
            l’intelligence se sera sauvée elle-même de l’abîme où descend notre art déconsidéré.</p>
          <p>M. Maurras s’écrie :</p>
          <quote>
            <p><pb n="58"/>« Le patriciat dans l’ordre des faits, mais une barbarie vraiment
              démocratique dans la pensée, voilà le partage des temps prochains : le rêveur, le
              spéculatif pourront s’y maintenir au prix de leur dignité ou de leur bien-être ; les
              places, le succès ou la gloire récompenseront la souplesse de l’histrion : plus que
              jamais, dans une mesure inconnue aux âges de fer, la pauvreté, la solitude, expieront
              la fierté du héros et du saint, jeûner, les bras croisés au-dessus du banquet, ou,
              pour ronger les os, se rouler au niveau des chiens. »</p>
          </quote>
          <p>Et pour sauver l’intelligence, il faut d’abord que l’intelligence veuille briser ses
            chaînes, qu’elle revienne à appuyer le triomphe de l’Épée, l’âme du sang et la race. Il
            faut choisir entre la Raison ou la Révolution, entre le classique et le romantique,
            entre la Tradition ou l’Esclavage…</p>
          <p>Historien des <hi rend="i">Amants de Venise</hi>, le styliste d’<hi rend="i"
              >Anthinea</hi>, le critique de la <hi rend="i">Gazette de France</hi> et de la <hi
              rend="i">Revue Encyclopédique</hi>, a réussi à créer un mouvement et à faire partager
            sa haine du romantisme. Il a donné, s’il ne l’a pas créé, une vive impulsion au
            mouvement fédéraliste. Le plus véhément remueur d’idées d’aujourd’hui, M. Charles
            Maurras, est un des derniers esprits vraiment français. En lui, il y a une âme
            passionnée pour la gloire de la Terre Natale et il est un des écrivains les plus purs de
            notre littérature.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. J. Ernest-Charles</hi>. — Lui aussi n’aime pas les romantiques, mais
            jusqu’à présent il s’est gardé de tout didactisme et il serait bien difficile de
            reconnaître <pb n="59"/>un dogme précis dans ses critiques. Il abhorre l’immoralité et
            la sensualité, il a écrit sur Paul Adam, Pierre Louÿs et Mirbeau des pages injustes. Et
            d’autre part, influencé par ses sympathies politiques, il a fait un éloge de M. Michel
            Corday. Adversaire du fatras, de l’obscurité, de l’érudition puérilement étalée, il
            confond dans une même réprobation M. Jean Moréas et M. Gaston Deschamps. Il y a beaucoup
            d’erreur dans sa critique, parce que M. Ernest-Charles y apporte les méthodes de la
            polémique politique par où il débuta, mais il est de bonne foi et son ambition est
            courageuse et noble. Ce qui l’étonnera le plus c’est qu’en fin de compte, il procède
            comme M. Brunetière, en prenant le contre-pied des idées du critique de la <hi rend="i"
              >Revue des Deux Mondes</hi> ; il songe trop à l’utilité morale de l’art. Ceci
            n’empêche pas que M. Ernest-Charles ne soit un des critiques les plus probes de ce temps
            et l’un des rares qui ait étudié les choses dont il discute. Écoutons-le fulminer contre
            les productions industrielles :</p>
          <quote>
            <p>« L’industrialisme exaspéré, viciant même des écrivains dignes de ce nom, est une des
              causes qui nuisent à l’influence, dans le monde, de notre littérature contemporaine,
              l’une des plus grandes si je ne me trompe, et je revendique l’honneur de l’avoir
              marqué l’un des premiers. »</p>
          </quote>
          <p>M. Ernest-Charles eût pu dire le premier. Accordons-lui ce qui est un honneur, en
            effet : c’est grâce à M. Ernest-Charles et à ceux qui le suivirent, que <pb n="60"/>la
            foule (?) des lecteurs ne se prend plus aux articles tintamarresques des quotidiens.</p>
          <p>M. Ernest-Charles manie une ironie terrible et il est difficile de penser qu’il la
            manie sans méchanceté. Voici quelques jugements de M. Ernest-Charles :</p>
          <quote>
            <p>— Il ne saurait être superflu de se demander encore si ce n’est pas précisément parce
              qu’il mourut fou qu’il est bien prouvé que Nietzsche fut véritablement un homme de
              génie.</p>
            <p>— (Marmontel.) Ah ! voici le véritable homme de lettres de tous les temps et de notre
              temps. Je ne lui connais guère qu’une supériorité sur nos contemporains les plus
              notoires et les moins estimés ; c’est qu’il est mort. Cela le rend bien
              sympathique.</p>
            <p>— (L’Académie Goncourt). Des hasards comiques ont réuni dans la plus disparate et la
              plus folle des académies quelques écrivains de mérites très différents et· quelques
              écrivailleurs sans idées et sans style qui ont été jusqu’ici les contempteurs de
              toutes les académies.</p>
            <p>— Tous les illettrés savent et au besoin prouveraient que le cardinal Perraud
              représente la littérature française à Autun.</p>
            <p>— Quant à Pierre Veber, je le crois capable de tout.</p>
            <p>— M. André Lichtenberger est égal à lui-même dans tous les sujets qu’il traite ;
              c’est probablement le seul reproche qu’on puisse lui adresser.</p>
            <p>— (Henry Bordeaux). Écrivain de bon ton, de si bon ton, il écrit un style pur,
              immaculé, virginal, que ne pollue aucun contact, un style propre, repassé, glacé, qui,
              en souvenir de Bourget, se fait blanchir à Londres — ou à Genève…</p>
          </quote>
          <p><pb n="61"/>M. Ernest-Charles éprouve du plaisir en écrivant de semblables choses et
            malgré nous, nous en éprouvons à les lire ! Sévère, mais parfois juste. Et remarquez
            qu’il y a dans ses <hi rend="i">Samedis littéraires</hi> quelques pages louangeuses.
            Mais, lorsque M. Ernest-Charles louange, il badine en même temps, afin qu’on ne le
            prenne pas trop au sérieux.</p>
          <p>Mais où M. Ernest-Charles est admirable c’est lorsqu’il parle de la langue française et
            lorsqu’il découvre une œuvre étrangère proclamant la précellence de notre langue,
            lorsqu’il combat le style trop hâtif. Ce radical est nationaliste à sa manière. Il a
            beaucoup des préoccupations de M. Maurras ; comme lui, il regrette l’abaissement moral
            des littérateurs, cet amour de l’or qui les pousse au-devant de leur propre servitude.
            Il a eu, à l’égard de M. Willy dont les procédés de réclame outrancière lui ont fait
            oublier les admirables qualités, des façons violentes d’apôtre chassant les marchands du
            temple.</p>
          <p>M. Ernest-Charles est le critique qui convient aux époques où l’on gouverne avec la
            gauche radicale. C’est le bourgeois éclairé, qui garde trop de confiance dans les vertus
            des classes dirigeantes. Il a loué Waldeck-Rousseau. Il aime la précision, la clarté,
            l’ouvrage bien fait. Il est curieux, intelligent, un peu trop géométrique. Son style est
            concis et son accent vif. On garde mémoire de ses jugements.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. André Beaunier</hi> est l’auteur d’un recueil d’études <pb n="62"/>sur
            la <hi rend="i">Poésie Nouvelle</hi> : en réalité une apologie du symbolisme. Normalien,
            rédacteur au <hi rend="i">Figaro</hi>, M. A. Beaunier est <hi rend="i">aisé</hi> dans
            ses essais. Il ne doute pas ; il n’affirme pas non plus de façon indiscrète. C’est un
            virtuose aimable, sans être superficiel, spirituel, parfois un peu sec. Il a la phrase
            agile de Voltaire ; un grand goût de nouveauté l’anime : il est excessivement habile à
            défendre ses admirations. C’est un avocat retors, persuasif. Critique épris de
            modernisme, il excelle à justifier ses amitiés. Il est regrettable qu’il ne continue
            point à écrire d’autres pages rapides, intelligentes, brillantes, simples comme celles
            des <hi rend="i">Notes sur la Russie, des Bonshommes de Paris</hi> et de la <hi rend="i"
              >Poésie Nouvelle</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">MM. Marius-Ary Leblond</hi> : Ils sont en opposition avec le mouvement de
            renaissance néo-classique qui triomphe. Bien qu’ils aient donné sur Leconte de Lisle des
            chapitres de critique très profonde, ils demeurent influencés des Goncourt.</p>
          <p>Dans le discours qu’il prononça le 2 mars 1894, au banquet Goncourt, M. Georges
            Clemenceau, plus ingénieusement que justement, voulut ramener <quote>« le chevalier de
              Marie-Antoinette »</quote> jusqu’à la théorie de l’humanité, de la pitié. <quote>« Il
              a tendu sa main fière à la fille Élisa et ne la peut plus retirer… »</quote>
            MM. Marius-Ary Leblond comme l’auteur du <hi rend="i">Grand-Pan</hi> ont voulu mêler à
            l’aristocratie — un peu affectée — du style, la démocratie des idées ; ils ont oublié
            les <pb n="63"/>pages amères des Goncourt et de Leconte de Lisle contre la Commune. Eux
            aussi ont voulu être <quote>« des travailleurs de la République de beauté
              sociale… »</quote> Avec une ténacité pleine de conviction, éclairée sinon impartiale
              <quote>« ils ont étudié <hi rend="i">la Société française sous la troisième
                République</hi>. Ils ont examiné l’évolution des types et des classes sociales à
              travers les œuvres de ce temps »</quote>.</p>
          <p>Tel qu’il est, ce précis d’Histoire contemporaine, dans sa spécialité nettement
            circonscrite, est une œuvre séduisante. En analystes consciencieux, Marius-Ary Leblond
            ont observé la méthode méticuleuse de la science expérimentale, sans faire abstraction
            de leur personnalité qui se révèle par une critique souvent nuancée d’ironie, mais
            toujours courtoise. Pour appliquer cette ironie, ils ont cru pouvoir se départir de leur
            respect envers la foule. Comprenne qui pourra ! Un exemple : Ils citent un livre de
            M. Henry Bérenger, <hi rend="i">la Proie</hi>, qu’ils déclarent un roman remarquable, et
            ils en donnent un extrait qui commence ainsi : <quote>« Lieutenant de dragons et
              vicomte, il monte à cheval et descend du <num>xv<hi rend="sup"
              >e</hi></num> siècle. »</quote> Le lecteur avisé songe aussitôt que si M. Bérenger a
            de l’esprit, il le doit à Rochefort. Ils saluent la disparition des aristocraties comme
            un gage de bonheur. Ils sont socialistes mais pensent-ils qu’il y ait dans la cité
            future une place pour les écrivains souvent précieux, toujours élégants, parfois
            compliqués qu’ils ont voulu être ?</p>
          <p/>
          <p><pb n="64"/><hi rend="sc">M. Eugène Montfort</hi>. — Rien ne laissait prévoir, il y a
            six ans, le critique délicat, original, nerveux, sobre que s’est révélé M. Eugène
            Montfort dans <hi rend="i">les Marges</hi>. Souriant, indulgent et précis, il a
            développé logiquement les tendances hésitantes de notre époque. Il a marqué ce que
            pouvait être le bon goût et ce qu’on devait aimer avec mesure et dans quelle mesure.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Marcel Boulenger</hi>. — Il est critique, d’un didactisme
            imperturbable, d’un dandysme qui est sûr de lui jusqu’à l’exaspération. Ce seigneur de
            lettres qui a l’horreur des grands mots et de l’enthousiasme, a des scrupules de
            professeur. À tout prix, il veut museler la licence syntaxique de nos écrivains. Il
            renvoie tous nos faux jeunes maîtres à l’école. Il rogne, il ligote, il emprisonne. Il a
            du chirurgien dans la façon de vous palper une œuvre. Il effraie. Mais c’est un critique
            qui sait ce dont il parle, qui connaît sa langue et l’histoire de sa langue, qui a du
            bon sens, et une conscience très haute de sa beauté, de son influence civilisatrice, et
            qui se lamente à regarder l’anarchie actuelle, la décadence prochaine.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Camille Mauclair</hi>. — Il <quote>« a touché à tout et l’on peut dire
              qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façon de
              sentir ou de penser auxquelles, il ne se soit prêté pour <pb n="65"/>nous en donner
              ensuite… sa notation propre et toujours intéressante<note resp="author"><hi rend="i"
                  >Poètes d’aujourd’hui</hi>. Ad. Van Bever et Paul Léautaud.</note>… »</quote></p>
          <p>Il est critique littéraire et critique d’art. Un de ses livres les plus complets, <hi
              rend="i">L’Art en silence</hi>, contient sur l’Esthétique de Stéphane Mallarmé, des
            pages d’une intelligence singulière, sa dernière « Étude », <hi rend="i">De Watteau à
              Whistler</hi> a soulevé une curiosité générale. L’œuvre vaste de M. Mauclair échappe
            au cadre de cette étude. Elle a reflété trop de beautés diverses pour que son évolution
            s’en puisse résumer succinctement. On dira cependant que la confusion actuelle qui règne
            dans les esprits n’a pas été sans écho dans l’œuvre de M. Mauclair.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Maurice Le Blond</hi>. — <quote>« <hi rend="i">Le romantisme avec tout
                ce qu’il contient de faux et d’outré sévit encore dans nos intelligences… il
                corrompt et brûle le sang de notre race… L’art de demain se distinguera sur tout par
                l’absence presque totale de ces techniques prétentieuses et subtiles… Les prochaines
                réformes littéraires aboutirent à un effort simpliste</hi><note resp="author"><hi
                  rend="i">Essai sur le Naturisme</hi>.</note>. »</quote></p>
          <p>Et comme les autres, M. Maurice Le Blond bat en brèche le romantisme pour aboutir à une
            apologie de Zola « romantique ». La lucidité un peu vide de sa critique, son ardente
            bonne volonté, des <pb n="66"/>facultés d’enthousiasme intelligent, un style clair,
            vivant n’ont pas empêché M. Maurice Le Blond de louer précisément ceux-là qu’il
            condamnait en principe ; de M. Retté à Émile Zola, il a admiré des romantiques. Il n’a
            pas voulu voir que Coupeau, que l’abbé Froment, que M<hi rend="sup">gr</hi> Rougon
            sortaient en ligne droite des <hi rend="i">Misérables</hi>, qu’ils étaient aussi faux,
            aussi vulgairement symboliques que Fantine, Jean Valjean, aussi loin de l’humanité que
            les Burgraves qui parlent par antithèses chez le grand Hugo. M. Maurice Le Blond qui est
            un esprit juste s’est laissé gâter par le vent des tendances sociales qui souffle sur
            les jeunes têtes. Mais, comme il est clairvoyant et soucieux de beauté, il comprendra
            sans doute en quelle maritorne mafflue, il risquerait de couronner la déesse immortelle
            qu’il a suivie d’abord.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Gabriel Trarieux</hi>. — Critique sévère, nuancée, combative. <hi
              rend="i">La Lanterne de Diogène</hi> est un recueil d’études d’apparence achevée. Avec
            un réel souci d’art plus vivant, plus humain — un peu didactique — M. Trarieux
            représente une tendance d’art caractéristique. Sa conférence sur <hi rend="i">La mission
              du Drame</hi> atteint une réelle hauteur de pensée — malgré quelques concessions aux
            erreurs de l’art démocratique.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="sc">M. Edmond Pilon</hi> — a étudié tour à tour les figures curieuses du
            passe et du présent. Ses <hi rend="i">Portraits français</hi> intéressent surtout par le
            style gracieux et <pb n="67"/>sûr, mais ses monographies de contemporains, bien que
            s’abstenant volontairement de dénigrer, n’en dénotent pas moins une clairvoyance peu
            commune, et, parce qu’il sourit souvent, il ne faudrait point conclure à l’indulgence
            aveugle de ce critique.</p>
          <p/>
          <p>C’est parmi ce passé vivant où M. de Régnier a entraîné tant de jeunes gens, vers les
            deux siècles héroïques et galants, que nous retrouverons Fernand Caussy, esthéticien
            méticuleux, trop méticuleux mais qui, sur Sénac de Meilhan, le Prince de Ligne et
            Choderlos de Laclos écrivit des pages sérieuses.</p>
          <p><hi rend="sc">M. Pierre de Bouchaud</hi>, maintenant, aux marbres de Versailles,
            préfère les marbres d’Italie, mais tour à tour ils eurent son admiration et provoquèrent
            ses livres concis et lyriques où la critique d’art et d’histoire se fleurit de poésie.
            Les travaux de <hi rend="sc">M. André Lebey</hi> s’apparentent mieux à l’histoire. <hi
              rend="sc">M. Léon Bocquet</hi>, pieusement, en poète et en compatriote, a conté la vie
            et analysé l’œuvre d’Albert Samain. <hi rend="sc">M. Émile Magne</hi> après <hi rend="i"
              >Bertrand de Born</hi> étudie <hi rend="i">Scarron et son milieu</hi>. Les <hi
              rend="i">Sentiments</hi>, de <hi rend="sc">M. Gilbert de Voisins</hi> rappellent les
              <hi rend="i">Prétextes</hi> d’André Gide. C’est la même critique incisive, d’une
            sensibilité peut-être artificielle, mais adroitement nuancée. Pour arriver à comprendre
            ainsi les œuvres et en jouir, une patiente et complète éducation artistique était
            nécessaire. <hi rend="sc">M. Adrien Mithouard</hi>, excellent <pb n="68"/>poète, auteur
            du <hi rend="i">Tourment de l’Unité</hi>, prêche le retour à la simplicité en art. <hi
              rend="sc">M. Jean Viollis</hi> s’est exercé, sous son nom et sous divers pseudonymes,
            à une critique violente, un peu étroite, critique de combat, souvent dogmatique, parfois
            purement scolastique. <hi rend="sc">M. Alphonse Séché</hi> tantôt seul, tantôt avec <hi
              rend="sc">M. Jules Bertaut</hi>, agence d’habiles monographies dramatiques. M. Jules
            Bertaut à la <hi rend="i">Revue Hebdomadaire</hi> fait preuve d’une conscience sans
            défaillance, d’un jugement sain dont on nous avait déshabitués. Hier ses <hi rend="i"
              >Chroniqueurs et Polémistes</hi> l’ont placé au premier rang et décèlent une
            sensibilité ironique et spirituelle. De <hi rend="sc">M. Philéas Lebesgue</hi>, poète et
            critique, on consultera avec fruit l’<hi rend="i">Au-delà des Grammaires</hi>. Les
            concises et précises études de <hi rend="sc">M. Jean de Gourmont</hi> valent qu’on s’y
            intéresse.</p>
          <p><hi rend="sc">M. Georges Polti</hi> est peut-être le seul qui garde le souci des <hi
              rend="i">idées générales</hi> dans la critique dramatique. On a trop oublié ses <hi
              rend="i">36 Situations dramatiques</hi> qu’on a tant pillé. Nul n’a plus que
            M. G. Polti, — avec une éducation très complète de l’intelligence scénique, — le sens de
            la continuité, de l’influence et des ressorts d’une idée dramatique, idée que le ciel,
            la race, la terre ont créée. <hi rend="sc">M. Gabriel Boissy</hi> défend avec une
            activité inlassable la renaissance du théâtre héroïque et tragique, la valeur
            moralisatrice de l’idéal latin et fonde même des théâtres pour y mettre en œuvre ses
            théories. L’héroïsme tragique avait déjà trouvé un défenseur dans <pb n="69"/><hi
              rend="sc">M. Paul-Louis Garnier</hi> dont on connaît les premiers enthousiasmes
            philosophiques et littéraires.</p>
          <p>L’esprit traditionniste royaliste, l’idéal classique de M. Maurras avait mis en <hi
              rend="sc">M. Georges Grappe</hi> ses espoirs les meilleurs. Il semble qu’il les
            réalisera en talent, sinon en idées.</p>
          <div>
            <head>Érudits et Bibliophiles</head>
            <p><hi rend="sc">M. Ad. van Bever</hi> a donné des éditions critiques de Jodelle,
              d’Agrippa d’Aubigné. Il a publié des morceaux choisis des conteurs libertins, les
              œuvres galantes des conteurs italiens. Son érudition est sûre, mais surtout curieuse,
              sa critique minutieuse. Il a contribué à créer une méthode bibliographique dont
              l’usage s’est généralisé. Les notices dont il a précédé ses rééditions suffisent à
              prouver que sa sensibilité n’est pas moindre que sa conscience d’érudit et qu’en plus
              de la patience, de la subtilité, de la méthode, il possède aussi les qualités du
              créateur. Il le faut d’ailleurs pour évoquer l’âme du passé et la faire revivre hors
              de la poussière des documents.</p>
            <p>M. A. van Bever a donné en outre (avec M. Paul Léautaud) une anthologie <hi rend="i"
                >les Poètes d’Aujourd’hui</hi> (1880-1900). Son exemple fut suivi par M. A.-<hi
                rend="sc">M. Gossez</hi> qui donna <hi rend="i">les Poètes du Nord</hi>, sur le même
              plan.</p>
            <p>Rappelons encore les travaux de M. de Gourmont <pb n="70"/>et les noms de MM. Dauze,
              l’habile et savant directeur de la <hi rend="i">Revue biblio-iconographique</hi>,
              Georges Vicaire, Champion, Pierre Dufay, G. de Dubor, Paul d’Estrées, Henri d’Alméras,
              Fernand Caussy, Paul-Louis Hervier ; Virgile Josz et Georges Riat sont morts
              d’hier.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="sc">M. Casimir Stryensk</hi><num>i</num>, qui s’est dévoué à la mémoire de
              Stendhal, <hi rend="sc">M. Roger Boutet de Monvel</hi> (<hi rend="i">Les
              Variétés</hi>) historien autant qu’essayiste, <hi rend="sc">M. Jean Mélia</hi>,
              devraient être compris dans cette étude, mais nous retrouverons ailleurs tous ces noms
              et d’autres — car les limites de l’essai sont vagues et le domaine de l’érudition se
              subdivise en tant de districts qu’il nous serait impossible de les connaître tous.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Journalistes</head>
            <p>Tout le monde fait du journalisme, peu ou prou, et malgré les justes récriminations
              des artistes, il se fait encore beaucoup de critique dans les journaux. Dans les uns,
              elle a revêtu la forme de l’interview, pour les autres, ils ont conservé leurs
              critiques attitrés. Ces derniers ne brillent pas en général par un souci fort apparent
              de découvrir des talents ignorés ou de guider le goût du public. <hi rend="sc"
                >M. Gaston Deschamps</hi> très certainement apporte dans ses feuilletons du <hi
                rend="i">Temps</hi> une sincérité visible, mais malgré toute sa bonne foi, nous
              devons avouer qu’il apparaît <pb n="71"/>comme très mal renseigné et d’une timidité
              qui confine à l’injustice.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="sc">M. Marcel Ballot</hi> (<hi rend="i">Figaro</hi>) se manifeste assez
              hostile aux débutants, cependant il a de l’érudition un esprit clair, et néanmoins
              subtil, et il a osé des vues originales qu’on n’a pas assez remarquées. Le <hi
                rend="i">Journal des Débats</hi> avec MM. A. Albalat, Chaumeix, et Chantavoine — qui
              ont de l’érudition, du goût, des mérites convenables, de l’esprit, — possède <hi
                rend="sc">M. Henri Bidou</hi> dont la causticité et la finesse valent qu’on s’y
              arrête, <hi rend="sc">M. Louis Lumet</hi> (<hi rend="i">Petite République</hi>), dont
              la bienveillance n’exclut point la perspicacité et qui sait se libérer du sectarisme
              particulier aux journaux politiques. <hi rend="sc">M. Charles Foleÿ</hi> (<hi rend="i"
                >Écho de Paris</hi>), plus intéressé par les travaux de philosophie et d’histoire
              que par les romans, <hi rend="sc">M. Léon Blum</hi> (<hi rend="i">Humanité</hi>), <hi
                rend="sc">M. H. Lapauze</hi> (<hi rend="i">Le Gaulois</hi>), érudit et curieux,
              suffisent à démontrer que la critique des quotidiens conserve encore une influence et
              des mérites. Tous ceux que nous venons de nommer sont d’autre part trop connus, pour
              qu’il soit utile d’insister et leur âge comme leur notoriété les place en dehors du
              cadre de cet ouvrage.</p>
            <p>Une mention spéciale doit être faite en faveur de <hi rend="sc">M. Léon Bailby</hi>,
              l’ancien directeur de la <hi rend="i">Presse</hi>, qui s’est fait suivre à l’<hi
                rend="i">Intransigeant</hi> par MM. Henry d’Alméras, Louis Paillard, H. de Bruchard,
              Flem, Paul-Louis Hervier, F. Méténier, E. Beaudu, Ch. Méré, <pb n="72"/>E. Casanova,
              D. H. Asselin, Doury, et de qui l’on connaît la bienveillance éclairée pour les
              débutants de valeur et dont le journal a toujours été ouvert aux tentatives nouvelles.
              En dehors de la critique directe, MM. Paul Acker et Albert Flament, se sont fait un
              nom.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="sc">M. Albert Flament</hi>, chroniqueur d’impressions quotidiennes, s’est
              instauré l’historien, le moraliste et le juge des fêtes, des livres et des âmes de ce
              temps. Sous le masque de six à sept pseudonymes, il rit et sourit des mœurs actuelles,
              mondaines, politiques et littéraires…</p>
            <p><hi rend="sc">M. Paul Acker</hi> s’est soigneusement gardé dans ses <hi rend="i"
                >Petites Confessions</hi> de tout dogmatisme et semble avoir voulu seulement passer
              pour un reporter. Mais il y a « la manière » et la sienne pleine de rouerie n’est
              point la plus indulgente bien qu’on en ait dit. Il excelle à tirer les aveux les plus
              sincères de ses interviewés. Il a, de plus, un souci très judicieux et très passionné
              de notre langue.</p>
            <p>Citons aussi, M. Maurice Reclus qui se signala à l’<hi rend="i">Humanité
                Nouvelle</hi>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Critiques d’Art</head>
            <p><hi rend="sc">M. Joséphin Péladan</hi> se place en avant de nos critiques d’art. Nul
              n’a plus sûrement que lui ni avec plus de franchise développé, une critique précise,
              basée sur des principes immuables, sur une <pb n="73"/>connaissance approfondie des
              chefs-d’œuvre éternels. L’homme qui a écrit <hi rend="i">la Dernière leçon de Léonard
                de Vinci</hi>, s’élève bien au-dessus de tous les <hi rend="i">nomenclateurs</hi> de
              salons qu’on décore du titre de critiques d’art — mais, ici, nous sortirions des
              limites prescrites à ce travail.</p>
            <p>Cependant nous ne négligerons pas <hi rend="sc">M. Achille Segard</hi> : Il avait
              publié deux volumes d’études à la fois sévères et fines, avait l’un des premiers remis
              à la mode les analyses biographiques et critiques. Son <hi rend="i">Itinéraire
                fantaisiste</hi> et surtout <hi rend="i">Les Volupteux et les Hommes d’Action</hi>
              ne doivent pas rester ignorés. Il abandonne la critique littéraire pour la critique
              d’art où il parvient à rester un honnête homme, ce qui, de nos jours, est malaisé. En
              effet, la critique d’art est le <hi rend="i">métier</hi> le plus envahi. Les illustres
              prédécesseurs ayant laissé à notre génération que l’ignorance domine, un nombre
              suffisant de clichés conventionnels, une troupe habile maniant ces mêmes clichés, a
              institué la critique payée, payée par des toiles de peintres et des croquis. Dès que
              ces jeunes hommes possèdent une collection, les voici prêts à crier que tel peintre a
              du génie pour le lancer et augmenter la valeur des toiles qu’ils conservent. C’est la
              spéculation la plus ouvertement effectuée.</p>
            <p>Il y a, toutefois de bons critiques d’art, parmi lesquels, certains pour échapper à
              ce reproche et conserver leur franc-parler, refusent les « souvenirs » et les
              « cadeaux. » Georges Lecomte, Charles <pb n="74"/>Morice, Frantz Jourdain, Camille
              Mauclair, Gabriel Mourey, Marius-Ary Leblond, Tristan Leclère (Klingsor), Pierre Hepp,
              J.-L. Vaudoyer, René Jean, Ch. Ponsonnailhe, etc.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Traducteurs</head>
            <p>C’est parmi les critiques qu’il faut ranger encore les jeunes écrivains qui ont
              influencé, en nous traduisant les maîtres étrangers, l’évolution des lettres. <hi
                rend="sc">M. Henri Albert</hi> s’est infatigablement dévoué à l’œuvre de Nietzsche,
              etc., et il a su faire œuvre personnelle en de nombreux essais. <hi rend="sc"
                >MM. Louis Fabulet</hi> et <hi rend="sc">Robert d’Humières</hi> à celle de Kipling,
                <hi rend="sc">M. H. D. Davray</hi> à celle de Wilde, de Wells, de Stevenson. <hi
                rend="sc">M. Maurice Strauss</hi> à celle de Meredith, <hi rend="sc"
                >M. Semenoff</hi> à celle de Gorki, Μ. <hi rend="sc">B. Kosakiewiecz</hi> à celle de
              Sienkiewicz, <hi rend="sc">M. Philéas Lebesgue</hi> (traducteur d’auteurs portugais).
                <hi rend="sc">M. Jacques de Coussanges</hi>, etc.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Histoire et critique historique</head>
            <p>On rencontre rarement des historiens parmi les jeunes hommes. Pourtant la génération
              dont nous avons tracé les débuts, manifesta de bonne heure son goût pour les études
              précises. Il n’entrait point dans le cadre de notre ouvrage d’apprécier les méthodes
              ou les travaux. Nous nous sommes bornés à les mentionner.</p>
            <p><pb n="75"/><hi rend="sc">M. Jacques Boulenger</hi>. — Avec un soin scrupuleux servi
              par un sens psychologique très averti ouvre les <hi rend="i">Comptes de Louise de
                Savoie</hi> et s’intéresse aux <hi rend="i">Protestants de Nîmes après l’édit de
                Nantes</hi>. <hi rend="sc">M. André Lebey</hi> s’applique à la biographie exacte du
                <hi rend="i">Connétable de Bourbon</hi>, à l’histoire de <hi rend="i"
                >Napoléon III</hi> ou aux avatars du <hi rend="i">Condotierre Castruccio
                Castracani</hi> ; <hi rend="sc">M. Henri d’Alméras</hi> s’adonne aux romans de
              l’histoire (<hi rend="i">Émilie de Sainte Amaranthe, Cagliostro, Fabre d’Églantine,
                Les Dévotes de Robespierre, Le Marquis de Sade</hi>).</p>
            <p>La question de l’évasion de Louis XVII hors du temple suscite une nuée d’historiens
              parmi lesquels <hi rend="sc">MM. Otto Friedrichs, Henri Provins</hi>, et <hi rend="sc"
                >Ad. Lanne</hi> se font spécialement remarquer.</p>
            <p>Citons aussi, <hi rend="sc">MM. Georges Riat, Georges Toudouze, Boussac, Philéas
                Lebesgue</hi>, etc.</p>
            <p>MM. G. Lenôtre, Frantz Funk-Brentano et G. H. Gausseron, Édouard Gachot ; Fr.Lolliée,
              Bord, V<hi rend="sup">te</hi> de Reiset, C<hi rend="sup">te</hi> Fleury, etc.,
              n’appartiennent plus à notre génération, surtout à cause de leur notoriété qui les
              place hors pair<note resp="author">Nous ne pouvons terminer cette étude sans
                mentionner la revue <hi rend="i">La Chronique</hi> (Ancienne <hi rend="i">Chronique
                  des Livres)</hi> excellent recueil de critique mensuelle que dirigeait M. P.
                Cagninacci dont M. Édouard Beaudu était secrétaire, et qui compta parmi ses
                meilleurs rédacteurs MM. R. G. Aubrun, G. Boissy, Hertz, Thévenin, etc…</note>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Éloquence</head>
            <p><pb n="76"/>Nous aurions peu de noms ou trop à citer en dehors de <hi rend="sc"
                >J. Paul Boncour</hi>, de <hi rend="sc">Moro Giafferi</hi>, <hi rend="sc"
                >G. Félix-Marchand</hi>, avocats et conférenciers littéraire et politique et nous ne
              voulons pas nommer les jeunes parlementaires pour n’être soupçonnés ni de
              flagorneries, ni de complaisance à l’égard d’un parti.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Philosophie</head>
            <p>Enfin, outre les thèses de doctorat ou d’agrégation nous ne connaissons pas de
              travaux philosophiques se rapportant à la période que nous étudions en dehors des
              études de <hi rend="sc">MM. Jules de Gaultier</hi> et <hi rend="sc">P. Lasserre</hi>
              sur Nietzsche, de <hi rend="sc">M. Brewster</hi> sur l’<hi rend="i">Âme Païenne</hi>,
              et des travaux de <hi rend="sc">MM. Édouard Dujardin, Gaston Danville, Remy de
                Gourmont</hi>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Critique sociale ou économique</head>
            <p><hi rend="sc">Voyages</hi>. — À l’écart des professionnels théoriciens de la
              politique socialiste ou des anarchistes universitaires, nous devons nommer <hi
                rend="sc">M. Henri Dagan</hi> dont l’intelligence large, éclairée, précise, le sens
              esthétique, l’enthousiasme sans sectarisme ont groupé autour de l’<hi rend="i">Œuvre
                Nouvelle</hi> quelques libres esprits. Nul n’a moins que lui de superstitions
              politiques <pb n="77"/>et son essai sur la <hi rend="i">Condition du peuple au
                    <num>xx<hi rend="sup">e</hi></num> siècle</hi> s’éloigne des banalités
              optimistes du journalisme et du Parlement. Ce n’est pas lui qui chassera les poètes de
              la cité future, car il les goûte avec discernement et tient compte de leur pensée,
              sans pour cela que sa méthode ou son érudition puissent être mises en défaut.</p>
            <p>Citons aussi <hi rend="i">Les Pages Libres</hi> de MM. Maurice Kahu et Guieysse, <hi
                rend="i">Les Cahiers de la Quinzaine</hi> de M. Péguy qui ont révélé des talents
              ignorés.</p>
            <p><hi rend="sc">M. Robert d’Humières</hi> nous a fait un tableau de l’<hi rend="i">Île
                et l’Empire de Grande-Bretagne</hi>. <hi rend="sc">M. René Puaux</hi>, qui est un
              poète, s’est fait en France le défenseur de l’indépendance finlandaise et nous lui
              sommes redevables de traductions et d’études sur la littérature de ce grand-duché.</p>
            <p><hi rend="sc">M. Henri Mazel</hi> avec la <hi rend="i">Synergie Sociale</hi> s’est
              affirmé de façon telle qu’il sort, par sa notoriété, des limites de notre travail.</p>
          </div>
          <div>
            <head>Conclusion</head>
            <p>Impressionniste et analytique, la critique nouvelle n’a pas de credo définitif ;
              cependant il semble qu’on pourrait obtenir d’elle une majorité sur le programme
              suivant : <hi rend="i">Retour à la raison, à la méthode</hi>, à <hi rend="i">la
                clarté, à la simplicité, Respect des traditions morphologiques de la langue, Guerre
                à l’esprit romantique.</hi> M. Paul Reboux a résumé ces tendances :</p>
            <quote>
              <p><pb n="78"/>« Notre devoir, à nous qui écrivons, est de ne point contribuer, sous
                le prétexte de nouveauté, à des écarts de goût qui faussent les jugements et
                troublent les intelligences.</p>
              <p>« Conservons, pour modèle unique, la vie, et pour unique aspiration la vérité. Tout
                ce qui touche à la vie peut se traduire en beauté. Il n’est pas une seule œuvre
                d’art qui ne prenne au foyer de la vie sa clarté première.</p>
              <p>« Soyons simples, soyons clairs, ne raffinons ni notre esprit ni notre
                sensibilité ; ne nous appliquons jamais à éprouver ce que les autres n’éprouvent
                point, car nos ouvrages échapperaient à la compréhension, et une œuvre d’art est
                destinée à être saisie pour être aimée.</p>
              <p>« Ne nous efforçons pas. Que rien ne révèle en nos écrits les difficultés que nous
                pûmes éprouver en les composant. Un artiste bien doué ne doit souffrir que pendant
                la gestation. Mais il doit créer avec facilité, pour que sa création porte les
                marques de l’ordre, de l’harmonie et de l’aisance, sans lesquels il n’est point de
                chef-d’œuvre.</p>
              <p>« Et surtout cachons notre art au lieu de l’exhiber en formules pompeuses et,
                vides. Ne croyons pas qu’il suffise d’être un novateur pour mériter des louanges.
                Prenons garde de substituer à ce que nous détruirions des esthétiques falotes et des
                productions éphémères ! »</p>
            </quote>
            <p>Ces paroles sont excellentes, mais prenons garde <pb n="79"/>cependant qu’elles ne
              nous rendent injustes. Il ne faut pas confondre <hi rend="i">simplicité</hi> et <hi
                rend="i">banalité, tradition</hi> et <hi rend="i">routine</hi>, médiocrité et
              classicisme. <hi rend="sc">N’oublions pas que c’est au nom de la simplicité et de la
                clarté que les pédants ont nié la beauté vraiment traditionnelle.</hi></p>
            <p>La critique de tous les temps a toujours justifié quelque peu sa réputation
              d’inintelligence et de routine, surtout lorsqu’elle était faite par des pédagogues.
              Aujourd’hui que les écrivains s’en mêlent qu’elle évite avec la ceinture dorée, son
              ancienne renommée.</p>
            <p>À propos d’un hémistiche de <hi rend="i">Bérénice</hi>, Voltaire écrit : <quote><hi
                  rend="i">c’est une Expression heureuse et neuve dont Racine enrichit la langue, et
                  que par conséquent on critiqua d’abord</hi></quote><note resp="author"><hi
                  rend="i">Œuv. Comp. de Voltaire</hi>. Paris, 1817. Littérature, t.  II.</note>.
              D’autre part, ceux qui ont ri de certaines expressions non moins heureuses apportées
              par les symbolistes ou les naturistes ignoraient souvent qu’on en pouvait trouver
              exemple chez les classiques (Cf. Voir des odeurs (Buffon, Le chien). — Entendre le
              silence (<hi rend="i">id.</hi>) — Que de fois le professeur qui chicanait un jeune
              poète sur ses audaces démontrait seulement qu’il ignorait l’usage des tropes de
              rhétorique, et que ce qu’il considérait comme une faute n’était qu’une « figure de
              mot ».</p>
            <p>Tout l’art du critique doit tendre à distinguer ce qui est conforme au génie d’une
              langue et non à <pb n="80"/>suivre le goût public ou la mode. L’art d’un Richepin est
              plus contraire que celui de Paul Claudel à l’âme de la race. — <quote>« Celui qui n’a
                égard en écrivant qu’au goût de son siècle, songe à sa personne plus qu’à ses
                écrits, dit La Bruyère. Il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette
                justice qui nous est refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la
                rendre… »</quote></p>
            <p>Certes, nous croyons défendre aussi la pensée classique et la tradition française, de
              clarté, de sobriété et de mesure, ce qui ne veut pas dire que nous louerons les pâles
              épigones et les imitateurs et les plagiaires<note resp="author">Et pour les nouveaux
                auteurs comme pour les plus grands ne faut-il pas toujours rappeler ce passage de
                Quintilien (<hi rend="i">Inst. Orat.</hi> X, 1). <quote>« Modeste tamen et
                  circumspecto judicio… pronuntiandum est, ne, (quod plerisque accidit) damnent quae
                  non intelligunt, etc… »</quote></note>. La beauté est fière, claire et nue, mais
              elle a ses caprices, ne l’oublions pas et ne la confondons pas avec cette
              quadragénaire qui la singe et qui n’ayant plus la force de courir les chemins nouveaux
              blâme sa rivale et tous ceux qui n’imitent pas sa marche chancelante.</p>
          </div>
        </div>
        <div type="chapter">
          <head>Chapitre II. La poésie lyrique</head>
          <p><pb n="81"/>Il est difficile de classer les poètes. Ils répugnent à tout ordre. Nous
            n’avons pas même la ressource de les diviser suivant qu’ils pratiquent le vers libre ou
            la prosodie traditionnelle, en effet beaucoup de poètes ont usé alternativement de ces
            deux métriques. Cependant on doit avouer que la défaveur du vers libre est allée en
            augmentant, de 1895 à 1905. En ce moment, il y a un arrêt. Quelques jeunes hommes
            groupés à nouveau autour de M. René Ghil ou de M. Paul Fort dans les revues <hi rend="i"
              >Les Écrits pour l’Art</hi> et <hi rend="i">Vers et Prose</hi>, tentent d’infuser un
            sang nouveau au vers libre dont M. Gustave Kahn se dit l’inventeur. Nous adopterons les
            dénominations générales des groupes, tout en prévenant le lecteur de leur élasticité.
            Nous ne les considérons guère que comme un simple artifice de typographie.</p>
          <div>
            <head>I. — Naturistes et Toulousains</head>
            <p><pb n="82"/><hi rend="b">M. Saint-Georges de Bouhélier.</hi> — <hi rend="i">Églé ou
                les Concerts Champêtres, Les Chants de la Vie ardente</hi> célèbrent avec l’héroïsme
              des hommes, la force des saisons, le tourbillonnement des énergies naturelles. De
              Bouhélier est une âme violente et troublée qui n’a soif que d’harmonie, M. Montfort le
              déclare :</p>
            <quote>
              <p>« … Son amour du rythme devait l’empêcher de s’accommoder du vers libre, dont la
                cadence plus composée, est imprécise encore. Il est revenu au vers classique pour
                ses strophes bien sonnantes et assurées. Et à juste titre il s’est peu servi de la
                rime, qui depuis les excès des Parnassiens, est devenue à nos oreilles tellement
                insupportable, qu’une rime riche maintenant nous paraît plutôt une faute de goût et
                un manque de beauté qu’une preuve d’art ou de sentiment. »</p>
            </quote>
            <p>Son âme, qui s’apparente parfois à celle des poétesses ultra-romantiques, se complaît
              dans des décors de nature idéalisée suivant le cœur de M<hi rend="sup">me</hi> de
              Staël. Il mêle à ses expansions lyriques des didactismes agréables, des leçons de
              morale antique :</p>
            <quote>
              <l>Tire un plaisir secret de l’amour et des larmes,</l>
              <l>                    De ses molles beautés</l>
              <l>Découvre sous chacun quelques-uns de ces charmes</l>
              <l>                    Qui font la volupté…</l>
              <l>………………………………………………………</l>
              <l><pb n="83"/>Sache-le, tu bâtis, sainte et spirituelle,</l>
              <l>                    Ta maison dans le vent,</l>
              <l>Toute blanche, elle est faite avec un bloc puissant</l>
              <l>Non de plâtre et de chaux, mais de chair et de sang</l>
              <l>                    Et de vie éternelle !…</l>
              <l>………………………………………………………</l>
              <l>Pan m’a dit : « Sois la voix de la terre et du monde.</l>
              <l>Vois, la forêt, pour toi, comme un luth retentit. »</l>
              <l>J’ai répondu : « Seigneur ! Seigneur Dieu ! me voici ! »</l>
              <l>Depuis, l’esprit de Pan souffle au sommet des monts !</l>
              <l/>
              <l>Or, j’ai chanté vos lois, ô laboureurs profonds !</l>
              <l>J’ai dit par quels bienfaits jaillissent les forêts,</l>
              <l>Les rochers, les grains noirs, le seigle et les genêts</l>
              <l>Du flanc mystérieux des antiques sillons !</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Michel Abadie</hi>
              <quote>« de qui l’œuvre illustre en nos rêves demeure inconnue<note resp="author"
                  >St. G. de Bouhélier.</note> »</quote>, est tour à tour grandiloquent, emphatique,
              pathétique et fastueux, comme on disait jadis, mais il vaut mieux que les lourdes
              louanges de ses amis ne tendent à le laisser croire.</p>
            <quote>
              <l>Ce matin, le Dieu d’ombre et de douceur m’a dit…</l>
              <l>Je greffe avec des chants sur les tendresses mortes,</l>
              <l>La tendresse des soirs où vivent les parfums,</l>
              <l>Et quand sonnent mes pas, les vergers un à un,</l>
              <l>Ouvrent pour m’appeler la candeur de leurs portes.</l>
              <l/>
              <l>Les baisers de ma bouche ont la force des fleuves,</l>
              <l>Et vers mon cœur qui bat dans l’herbe des ravins,</l>
              <l>Le froment de la plaine élève un chœur divin</l>
              <l>             Doux comme un bruit de harpes neuves,</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Albert Fleury</hi> a une sensibilité menue, frêle, exquise,
              influencée parfois de Verlaine. Il a <pb n="84"/>dit le charme enveloppant et imprécis
              des soirs. Sa poésie est douce, intime, aisée.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Pierre Camo</hi>, de sa terre natale a retenu le sens des couleurs,
              des parfums, l’harmonie voluptueuse des paysages. Nonchalant et régulier, son vers
              éminemment plastique, rappelle parfois Samain et Heredia.</p>
            <quote>
              <l>Dans son jardin, aimé des vents et des arômes,</l>
              <l>Où mûrissent, au feu des soleils automnaux</l>
              <l>La figue liquoreuse et les citrons royaux,</l>
              <l>Béatrice de Manissès vit loin des hommes.</l>
              <l/>
              <l>Sa demeure est auprès d’une vieux platane blanc</l>
              <l>Et d’un petit ruisseau bordé de lauriers rose ;</l>
              <l>Un lévrier d’Espagne à sa porte repose</l>
              <l>Pour défendre l’entrée aux visiteurs troublants.</l>
              <l/>
              <l>Béatrice promène une âme romanesque</l>
              <l>Dans un luxe d’objets arabes et persans,</l>
              <l>De tapis à ramage et de plats reluisants</l>
              <l>Dans le goût somptueux des hispano-mauresques…</l>
              <l/>
              <l>Béatrice de Manissès, à sa fenêtre,</l>
              <l>Parait avec l’aurore et le chant des oiseaux,</l>
              <l>Pour voir le jour venir sans changements nouveaux</l>
              <l>Et monotonément passer et disparaître.</l>
              <l/>
              <l>À l’horizon d’azur que rien ne vient changer,</l>
              <l>Elle aperçoit la ville aux murailles de briques,</l>
              <l>Avec les aqueducs gonflés d’eaux pacifiques,</l>
              <l>Et la tour sarrasine, et les bois d’orangers ;</l>
              <l/>
              <l>Plus loin, la même mer baigne les mêmes rives,</l>
              <l>Et Béatrice songe en regardant par là</l>
              <l>À l’amant qui partit du port de Malaga</l>
              <l>Sur un vaisseau chargé d’oranges et d’olives.</l>
            </quote>
            <p><pb n="85"/><hi rend="b">Maurice Magre</hi> est un poète, il n’est, peut-être, que
              cela, mais combien parmi ceux qui croient être davantage ne sont pas même cela. Car,
              Maurice Magre est <hi rend="i">instinctivement</hi> un poète. Il ne pouvait pas ne pas
              l’être et, précisément, les défauts dont on lui tient rigueur, et que nous signalerons
              (surtout son manque de mesure), témoignent en faveur de l’intensité lyrique de ses
              dons.</p>
            <p>Son inspiration la plus personnelle lui vient de son amour sincère des humbles, de
              son intelligence clairvoyante de la poésie quotidienne et surtout d’une grande
              simplicité d’émotion. Par là, il a mené la muse parmi des chemins neufs, dans les
              laboratoires et les usines, et lui a dicté des paroles durables (<hi rend="i">Le Poème
                de la Jeunesse</hi> ; <hi rend="i">la Chanson des Hommes</hi>).</p>
            <quote>
              <l>Et nous avons aussi promené notre effort,</l>
              <l>Sur les sombres sillons, parmi les champs immenses,</l>
              <l>Nous avons labouré devant les granges d’or,</l>
              <l>Rêvé les nuits d’hiver aux lenteurs des semences,</l>
              <l>Scruté, les matins gris, au fond des cieux voilés,</l>
              <l>Le voyage inconnu que font les pluies nouvelles,</l>
              <l>Nous avons fait monter de la terre éternelle,</l>
              <l>Le blé divin, le pain dont vit l’humanité…</l>
              <bibl>(<hi rend="i">La Grande Plainte</hi>).</bibl>
            </quote>
            <quote>
              <l>Avec ma part de ciel je créais des contours</l>
              <l>Le vent de mes poumons animait les bouteilles.</l>
              <bibl>(<hi rend="i">L’Adieu du Verrier</hi>).</bibl>
            </quote>
            <quote>
              <l>Les enfants pour fêter ton culte renaissant</l>
              <l>Répandaient des parfums, se couronnaient de branches</l>
              <l>Et la tête des rois tomba, sans que leur sang</l>
              <l>                 Tâcha ta robe blanche.</l>
              <bibl>(<hi rend="i">Ode à la République</hi>).</bibl>
            </quote>
            <p><pb n="86"/>Mais il y a aussi dans son œuvre de l’humanitairie, du wertherisme. Il y
              a de l’anarchie de cabinet particulier, du réalisme d’hôtel meublé, de la philosophie
              de loge de comédienne.</p>
            <p>Souvent tout un poème séduisant dès l’abord, ne résiste pas à une seconde lecture, on
              aperçoit cette originalité qui est à l’art original ce qu’une toilette de café-concert
              est à une toilette de bon goût. Et ces défauts sont encore plus apparents dans le
              théâtre actuel de Maurice Magre, toute son œuvre présente ainsi l’aspect du camp de
              Wallenstein. Il y a des troupes d’élite et des archers déguenillés, des bohémiens, des
              juifs, des singes et des filles. Mais elle est aussi, la Muse de Magre, comme Carmen,
              souvent en loques et pieds nus, bêtement sentimentale, et cependant lorsqu’elle danse
              avec du cuivre imitant l’or dans ses cheveux, elle domine les amants et les conduit
              jusqu’à la mort. Et lorsqu’elle laisse à découvert sa gorge brune et nue, qui donc
              songerait à ses vêtements disparates ou à son geste incorrect. Elle a toutes les
              grâces, toutes les audaces et toutes les fiertés, elle est la princesse errante, Peau
              d’Âne sur les routes. Et surtout à certains jours, sa voix est si pure et son cœur si
              profond qu’on reconnaît en elle, le sang des grands poètes, la voix des meneurs
              d’hommes. Dans ces instants, elle est bien une incarnation messianique ; ses paroles
              sont inédites et telles que les premiers lyriques de notre race les voudraient avoir
              dites.</p>
            <p/>
            <p><pb n="87"/><hi rend="b">M. Marc Lafargue.</hi> — Dans <hi rend="i">l’Âge d’or</hi>
              dénote une intelligence clairvoyante, un lyrisme un peu froid, légèrement artificiel.
              Ses qualités de critique très vives ne sont pas sans nuire à son enthousiasme. Mais il
              a des dons précieux d’émotion contenue, un amour trop raisonné de la nature.</p>
            <quote>
              <l>Recueillons-nous au sein de cette immensité.</l>
              <l>Dans la nuit de cristal où les astres gravitent,</l>
              <l>Regarde sur le ciel, dans les ombres limpides</l>
              <l>Les grands monts s’ériger avec sérénité.</l>
              <l/>
              <l>Au cœur mystérieux des noires sapinières,</l>
              <l>Les pâtres, comme nous, dans leurs beaux yeux profonds</l>
              <l>Mirent le mouvement des astres sur les monts,</l>
              <l>Assis au seuil fumeux des cabanes de pierres.</l>
              <l/>
              <l>L’azur silencieux est comme un sombre éther.</l>
              <l>L’air frais de la montagne a fait trembler ta chair.</l>
              <l>Mets ton châle sur tes épaules grelottantes.</l>
              <l/>
              <l>Il est doux de s’aimer dans la nuit. Vois le ciel</l>
              <l>Immense et vois les lys dans les ombres brillantes</l>
              <l>Et la pâle clarté des glaciers éternels.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Henri Muchart.</hi> — Dans la <hi rend="i">Revue Périgourdine</hi>,
              M. Henry Cellerier écrit sur ce poète (août 1903).</p>
            <quote>
              <p>« Parcourons la table des <hi rend="i">Balcons sur la Mer</hi> : chaque titre
                évoque une couleur ou une forme nettes. Ouvrons le livre : chaque mot — plus
                exactement, chaque épithète — vise à la détermination d’un détail réaliste :</p>
              <quote><l>Dans un angle, le bloc d’argent de la cascade</l>
              <l>Avec le jour blafard qui tombe du ciel bleu</l>
              <l>Se mêlent aux changeants et chauds reflets du feu,</l>
              <l>Comme un couchant fondu dans l’éclat des nuits noires.</l></quote>
              <p><pb n="88"/>« Il faut bien le reconnaître, cette strophe, qui a la dureté anguleuse
                d’un beau marbre bigarré, éblouit l’œil plus qu’elle ne parle directement à l’esprit
                ou au cœur. Muchart a rendu admirablement le pittoresque de son pays ; il ne l’a pas
                pénétré de cette pointe spirituelle dont palpitent les œuvres françaises. C’est un
                “barbare” qui ignore ou dédaigne les jeux de la pensée et les effusions du
                sentiment, pour s’adonner à la griserie des sens… »</p>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Emmanuel Delbousquet</hi> se souvient de René Ghil, de H. de Régnier,
              de Leconte de Lisle ; l’âme ardente, éclatante et sonore de sa province est en lui.
              M. Marc Lafargue a dit à son propos : <quote>« Delbousquet est Gascon, Toulouse est
                pour lui son centre intellectuel ; sa patrie c’est le pays qui va de la Garonne à
                l’Océan et aux Pyrénées. Ramiers et jardins de l’Âgenais, dunes de l’Océan, neiges
                du Béarn, voilà ses frontières. Passé la Gironde au nord, tout lui est étranger.
                Être bizarre, direz-vous, étroit, peu français, sans humanité. C’est une erreur. Nul
                n’est plus français. Il l’est à travers sa province. C’est elle, cette terre, qui
                met de l’ordre dans son esprit. Il reprend par sa belle vie le sens de la
                tradition ; il s’éprend naturellement de Racine et de Chénier ; il écrit
                d’admirables églogues d’une pureté classique ; il devient enfin, tous les jours,
                plus vigoureusement organisé. »</quote></p>
            <quote>
              <l><pb n="89"/>L’heure de volupté s’écoule, insaisissable,</l>
              <l>Comme l’eau qu’illumine un long rayon du soir,</l>
              <l>Et mon âme, sachant que tout est périssable,</l>
              <l>Comprend la vanité même du désespoir…</l>
              <l/>
              <l>Le chant du rossignol module sa tristesse</l>
              <l>Et lui donne l’extase ardente du sanglot ;</l>
              <l>Car tous les bruits du soir ont accru son ivresse :</l>
              <l>Chants, feuillages froissés, vent sonore sur l’eau.</l>
              <l>La voix pure, au lointain, des beaux pêcheurs de sable,</l>
              <l>Redit aux longs échos du fleuve un air ancien</l>
              <l>Au rythme d’or, tandis qu’ils tirent sur les câbles,</l>
              <l>Dans la limpidité du soir Languedocien,</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Jean Viollis</hi> débuta par <hi rend="i">la Guirlande des
              Jours</hi>, poèmes qui présagent le délicat et délicieux conteur que M. Jean Lorrain
              signala dans un article retentissant.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Jean Vignaud</hi> (<hi rend="i">L’Accueil</hi>) a su trouver des
              accents d’une tendresse lyrique émouvante et d’une harmonie sobre.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> et M. Nervat</hi> (J. Nervat et Marie Caussé)
              publiaient vers ce temps <hi rend="i">Les Cantiques du Cantique</hi>, dont Henri de
              Régnier disait qu’ils contiennent de fort jolis vers où alternent deux voix, l’une
              plus grave, l’autre plus tendre. Ce sont des vers d’amour. <quote>« Deux destins se
                sont rencontrés et unis pour les bons comme pour les mauvais jours. C’est pendant de
                longues fiançailles que ces vers ont jailli de deux âmes qui se sont penchées l’une
                vers l’autre pour se pénétrer »</quote>, dit la préface, <quote>« et, comme des
                enfants qui ont trouvé un beau papillon le montrent à tout <pb n="90"/>venant, au
                bout de l’épingle avec laquelle ils l’ont transpercé, elles ont fixé dans l’ombre,
                avec le rythme, le beau papillon de leur amour et fervemment, le portent à la
                clarté »</quote>. Aimons-en donc le vol double et les délicates diaprures, d’autant
              mieux que ces gracieuses strophes, nées de circonstances sympathiques, ont des
              qualités intrinsèques de simplicité et d’harmonie.</p>
            <p>Depuis, ils ont composé <hi rend="i">les Rêves unis</hi> (1905).</p>
            <p/>
            <p>Au groupe Toulousain, on rattache encore :</p>
            <p><hi rend="b">MM. Gustave Fréjaville</hi> (<hi rend="i">Près de Toi</hi>), <hi
                rend="b">Léon Lafage, Fernand Pradel, Georges Bidache, M. Touny-Lérys</hi> (<hi
                rend="i">Chansons Dolentes et Indolentes</hi>), <hi rend="b">M. Joseph-Marie
                Bosc</hi>, poète de la nature, très ému, très doux, très souple dont les vers sont
              pleins de parfums et d’eaux chantantes (<hi rend="i">Du Printemps aux Automnes</hi>),
                <hi rend="b">Roger Frêne</hi> (<hi rend="i">Paysages de l’Âme et de la Terre</hi>),
                <hi rend="b">Daniel Thaly</hi> (<hi rend="i">La Cité du Sud</hi>), <hi rend="b"
                >Georges Gaudion</hi> (<hi rend="i">Des Petits Pas sur le sable</hi>) et <hi
                rend="b">Louis Estève</hi>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>II. — Symbolistes</head>
            <p>Autour de <hi rend="i">la Revue Blanche</hi>, de l’<hi rend="i">Ermitage</hi>, du <hi
                rend="i">Mercure de France</hi>, de <hi rend="i">Vers et Prose</hi>, un certain
              nombre de poètes gardent toujours cette étiquette de symbolistes. — Nous avons même
              des néo-symbolistes. — Cependant il est difficile de classer M. Francis Jammes et
              M. Charles Guérin sous ce vocable.</p>
            <p/>
            <p><pb n="91"/><hi rend="b">M. Paul Fort.</hi> — <quote>« Ce poète est une perpétuelle
                vibration »</quote>, estime M. Remy de Gourmont. En effet nul n’a l’émotion plus
              facile et plus intense que le créateur des <hi rend="i">Ballades françaises</hi> :
                <quote>« c’est une manière de sentir autant qu’une manière de dire »</quote>.</p>
            <quote>
              <p>« Voici le frère de Jules Laforgue, a écrit le meilleur commentateur de son œuvre,
                M. Pierre Louÿs  : — un grand poète, un écrivain dont chaque ligne émeut, à la fois
                parce qu’elle est belle et parce qu’elle est profondément vraie, sincère et douée de
                vie… <hi rend="i">Les Ballades françaises</hi>, ajoute-t-il, sont de petits poèmes
                en vers polymorphes ou en alexandrins familiers, mais qui se plient à la forme
                normale de la prose, et qui exigent (ceci n’est point négligeable) non pas la
                diction du vers, mais celle de la prose rythmée. Le seul retour, parfois, de la rime
                et de l’assonance distingue ce style de la prose lyrique.</p>
              <p>« Il n’y a pas à s’y tromper, c’est bien un style nouveau. Sans doute M. Péladan
                  (<hi rend="i">Queste du Graal</hi>) et M. Mendès (<hi rend="i">Lieder</hi>)
                avaient tenté quelque chose d’approchant, l’un avec une richesse de vocabulaire,
                l’autre avec une virtuosité de syntaxe, qui espacent aisément les rivaux…</p>
              <p>« On trouve, d’ailleurs, des ancêtres aux méthodes les plus personnelles, et
                celle-ci serait mauvaise si elle était sans famille.</p>
              <p>« M. Paul Fort l’a fait sienne par la valeur théorique qu’il lui a donnée, par
                l’importance qu’elle affecte dans son œuvre et mieux encore par les développements
                  <pb n="92"/>infiniment variés dont il a démontré qu’elle était susceptible.</p>
              <p>« Désormais, il existe un style intermédiaire entre la prose et le vers français,
                un style complet qui semble unir les qualités contraires de ses deux aînés… »</p>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. André Gide</hi>, poète, critique, philosophe, moraliste, passe auprès
              de certains pour le fondateur du naturisme. En tous cas, il fut, avec le Bataille de
                <hi rend="i">la Chambre Blanche</hi>, l’initiateur d’une sensibilité nouvelle.
              Nietzschéen, il a subi à l’excès l’influence de <hi rend="i">Humain, trop Humain</hi>.
              Subtil, il se refuse aux argumentations des pédagogues, il répudie l’instinct dans
              l’art et semble l’estimer néanmoins. Ses vers ont une personnalité étrange.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Charles Guérin</hi>, avec <hi rend="i">le Cœur solitaire, le Semeur
                de Cendres</hi> et <hi rend="i">l’Homme intérieur</hi> a écrit la plus parfaite des
              œuvres de sensibilité qui, depuis Samain, Verlaine et Musset, ait gémi, près de nos
              cœurs. Cris d’angoisse, de doute, de sensualité inquiète, de religieuse souffrance,
              dans des rythmes d’une fluidité racinienne, d’une limpidité de source. M. Charles
              Guérin renouvelle les images traditionnelles.</p>
            <quote>
              <l>La ligne qui suspend à l’épaule ton sein</l>
              <l>Emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin.</l>
            </quote>
            <p>Nul n’a mieux que lui traduit le mystère des cœurs torturés. Il se cherche sans
              cesse, s’accuse, s’épouvante et se désole de ne pouvoir trouver l’apaisement de
              l’esprit…</p>
            <quote>
              <l><pb n="93"/>Ô morts ! il ne faut pas envier ce vivant</l>
              <l>Qui gémit comme un pin rebroussé par le vent.</l>
              <l>Alors que vous goûtez enfin, à jamais calmes</l>
              <l>L’incorruptible paix sous les fleurs et les palmes !</l>
              <l>Cet homme, cet enfant qui se jette à genoux</l>
              <l>Pour être, ô bienheureux défunts ! plus près de vous !</l>
              <l/>
              <l>Ce rêveur âprement s’enracine à la terre !</l>
              <l>L’insatiable feu des voluptés l’altère,</l>
              <l>Il ouvre son cœur vide à, la gloire ; il attend</l>
              <l>Comme une église où va tonner l’orgue éclatant :</l>
              <l>Il espère, il a soif d’aimer, il aime, il doute</l>
              <l>Et, buttant la fatigue, il traîne sur sa route</l>
              <l>L’effroi des jours qu’il faut pour atteindre en marchant</l>
              <l>Le bas du ciel rougi par le soleil couchant.</l>
            </quote>
            <p>Dans <quote>« l’éternel duel qui se livre en lui, entre les ardeurs d’une chair
                païenne et les élévations d’une âme catholique »</quote> (H. Bordeaux), M. Charles
              Guérin a su composer des poèmes simples, puissants, émouvants et clairs…</p>
            <quote>
              <l>Le soir léger avec sa brume claire et bleue</l>
              <l>Meurt comme un mot d’amour aux lèvres de l’été…</l>
              <l>………………………………………………………</l>
              <l>Le vaste clair de lune enchante ma douleur…</l>
            </quote>
            <p>Il a célébré, par un inoubliable poème, Francis Jammes.</p>
            <quote>
              <l>Reviendrai-je dormir dans ta chambre d’enfant,</l>
              <l>Reviendrai-je, les cils caressés par le vent,</l>
              <l>Attendre la première étoile sous l’auvent,</l>
              <l>Et respirer dans ton coffret en bois de rose,</l>
              <l>Parmi l’amas jauni des vieilles lettres closes,</l>
              <l>L’amour qui seul survit dans la cendre des choses ?</l>
              <l><pb n="94"/>Jammes, quand on se met à ta fenêtre, on voit</l>
              <l>Des villas et des champs, l’horizon et les neiges ;</l>
              <l>En mai tu lis des vers dehors, à demi-voix,</l>
              <l>L’azur du ciel remplit les chéneaux de ton toit…</l>
              <l>Demeure harmonieuse, ami, vous reverrai-je ?</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Charles-Henry Hirsch</hi> avant de nous narrer les exploits de <hi
                rend="i">le Tigre et Coquelicot</hi> et les aventures d’<hi rend="i">Eva
                Tumarches</hi>, se complaisait aux évocations de la légende. Il aima <hi rend="i"
                >Ivelaine, Priscilla, Oriane</hi>, les princesses fabuleuses aux yeux doux, les
              sorcières, les chevaliers, les nuits d’enchantement, les palais de songe, l’Orient
              miraculeux aux fruits de pierreries. M. de Régnier le louait pour <quote>« son Art est
                à la fois souple et transparent… M. Hirsch a puisé dans une eau mélodieuse avec une
                coupe de pur cristal »</quote>.</p>
            <quote>
              <l>Violaine !… comme elle est morte épouvantée !…</l>
              <l/>
              <l>Elle allait son chemin, par les choses fêtée.</l>
              <l>Elle cueillait ses jours en souriant, sans voir</l>
              <l>Qu’un peu d’elle mourait avec eux, chaque soir.</l>
              <l>Elle pleurait parfois sans savoir. Elle aimait</l>
              <l>Parce qu’il faut aimer, comme les fleurs de mai</l>
              <l>Ont une âme pour la donner à ceux qui passent.</l>
              <l>Toute candeur, elle ignorait même sa grâce.</l>
              <l>Sa bonté rayonnait sans qu’elle sût le bien :</l>
              <l>Quand ses mains pour le pauvre avaient rompu le pain,</l>
              <l>Le pain semblait plus blanc…</l>
              <l>                                                    Ah, tu l’aurais aimée !</l>
              <l/>
              <l>Par sa présence, la douleur était calmée.</l>
              <l>Ses yeux devinaient la souffrance pour guérir.</l>
              <l>Les mourants espéraient, au moment de mourir,</l>
              <l>Tant son regard versait de douceur infinie</l>
              <l>Sur le silence lourd des chambres d’agonie.</l>
            </quote>
            <p><pb n="95"/><hi rend="b">M. Tristan Klingsor</hi> (<hi rend="i">Squelettes fleuris,
                Schehérazade</hi>). —</p>
            <quote>
              <p>« Ce sont de merveilleux filigranes qui ramagent des satins passés. — L’imagination
                de M. Klingsor est joliment vieillotte. Son art est achevé, délicat original : Nous
                avons les chansons de M. Klingsor comme nous avons les ballades de M. Fort.</p>
              <p>« M. Klingsor est un orfèvre et un musicien, mieux même un orfèvre musicien, car il
                parfait des harmonies avec les nuances des mots ; nul plus sûrement que lui ne sait
                équilibrer les rythmes impairs.</p>
              <p>« L’éloge que je fais de M. Klingsor est pareil à une de ses chansons : il est
                court, mais je ne vois point qu’on y puisse rien ôter<note resp="author">Charles
                  Guérin.</note>. »</p>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Édouard Ducoté</hi> (<hi rend="i">Aventures, Renaissance, le Chemin
                des Ombres heureuses, la Prairie en fleurs</hi>), est un poète et un moraliste en
              même temps. La sagesse voluptueuse, pacifique et souriante de l’Hellas parle aux
              chemins des ombres, mais malgré son scepticisme doux, il a connu le doute et la
              douleur et la voix qui conseillait tout à l’heure le renoncement évoque aussi la
              tendresse et la passion.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. André Lebey</hi> traduisit les poésies de Sappho et se laissa gagner
              à toutes les formes successives que voulurent revêtir pour lui plaire, les Muses. Il
                <pb n="96"/>possède des dons très réels d’évocateur, mais il y a encore beaucoup de
              morale et de philosophie dans ses vers, avec une mélancolie incurable. Le mot, <hi
                rend="i">carpe diem</hi>, de l’insouciance helladique n’a pu chasser de son cœur les
              regrets et les craintes d’une hérédité catholique.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Francis Jammes</hi> a vu l’enthousiasme déborder autour de lui : <hi
                rend="b">« Il est d’une sincérité presque déconcertante… »</hi> déclare M. Remy de
              Gourmont à propos des balbutiements effacés et simulés de ce poète qui a les dons les
              plus rares sans doute mais qui a généralisé la niaiserie, une sorte de sensibilité
              puérile et vieillotte. Non, M. Francis Jammes n’a rien de commun avec la jeunesse
              d’aujourd’hui, il n’a pas d’âme, pas de syntaxe, pas d’ardeur. <hi rend="i">Le
                Triomphe de la Vie</hi> qui débute par un délicieux poème : <hi rend="i">Jean de
                Noarrieu</hi> finit par une pitrerie qui nous a suffisamment renseignés sur
              M. Jammes. Ce sera un jour l’étonnement des bibliophiles que cet humouriste ait pu
              passer pour un grand poète ; sa prose vaut mieux.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Henry Bataille</hi> (<hi rend="i">Le Beau voyage, la Chambre
                blanche</hi>) rayonne d’une sensibilité tremblante et mesurée. Son naturisme précéda
              celui de M. Bouhélier. Né sur le sol albigeois, au pied de <quote>« l’Aric poudreux où
                montent les bergers »</quote> où fréquentent les perdreaux rauques dans le vent
              fiévreux, il a réalisé une poésie vivante et vibrante, douloureuse et forte. <pb
                n="97"/>Maurice Magre saluait ainsi le premier recueil de M. Bataille (1898) :</p>
            <quote>
              <p>« Un petit livre tout blanc, tout tremblant, tout balbutiant » dit M. Marcel Schwob
                dans sa préface. Ce sont des vers simples et doux, de délicieux paysages de
                campagnes, de pénétrantes impressions de pluie sur les champs où de petites maisons
                grises, avec une sorte de résignation devant les choses. Mais ce que la <hi rend="i"
                  >Chambre blanche</hi> contient de précieux, ce sont les pièces où la note
                doucement sentimentale s’élève jusqu’à la beauté du sentiment pur :</p>
              <quote><l>J’accueille quand il veut le souvenir qui passe</l>
              <l>Je lui dis : « Mets-toi là… je reviendrai te voir… »</l>
              <l>Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place,</l>
              <l>Mais j’oublie quelquefois de revenir le voir.</l>
              <l>Ils sont ainsi beaucoup dans la vieille demeure.</l>
              <l>Ils se sont résignés à ce qu’on les oublie,</l>
              <l>Et si je ne viens pas ce soir ni tout à l’heure,</l>
              <l>Ne demandez pas à mon cœur plus qu’à la vie.</l></quote>
              <p>Tout le livre est comme la révélation d’une âme, une âme qui vibre et souffre à
                tous les contacts de la vie. L’on sent dans tous ces vers cette compréhension
                spontanée et inquiète de la nature que l’on trouve chez tous les grands poètes, chez
                Musset comme chez Verlaine.</p>
            </quote>
            <p>M. Henry Bataille est un poète du vers-libre. Comme M. Vielé-Griffin il demeure
              obstinément fidèle à cette formule à laquelle, il doit des effets heureux et des
              notations nouvelles.</p>
            <p/>
            <p><pb n="98"/>Parmi les néo-symbolistes :</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Tancrède de Visan</hi>, avec ses <hi rend="i">Paysages
                Introspectifs</hi> que précédait une curieuse et savante préface sur le symbolisme,
              a essayé de renouer la chaîne que les naturistes avaient rompue. Il y a apporté des
              dons de penseur plus que de poète.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Olivier de la Fayette</hi> nous a favorablement surpris par son <hi
                rend="i">Rêve des Jours</hi> où les deux muses, la traditionnelle et la symboliste
              font entendre tour à tour leurs rythmes. Une fraîcheur exquise, un lyrisme ému, une
              grande habileté au jeu des rythmes impairs nous font prévoir en M. O. de la Fayette
              l’un des bons poètes de notre temps.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Henri Ghéon</hi> publiait, en 1898 et 1899, <hi rend="i">Chansons
                d’aube</hi> et <hi rend="i">la Solitude de l’été</hi>. Il s’est tu depuis. Il
              convient de le regretter, car les premiers vers balbutiés et puissants de M. Ghéon,
              leur panthéisme, bien qu’ils fussent souvent de rythme trop incertain décelaient un
              tempérament.</p>
            <p>Citerons-nous encore <hi rend="b">M. Achille Segard</hi> (<hi rend="i">le Départ à
                l’Aventure</hi>), <hi rend="b">M. Henri Degron</hi> (<hi rend="i">Poèmes de
                Chevreuse</hi>), <hi rend="b">Charles Chanvin</hi>, etc.</p>
            <p>C’est aux symbolistes encore qu’il faudrait rattacher <hi rend="b">M. Edmond
                Pilon</hi> pour ses premiers vers (<hi rend="i">la Maison d’Exil</hi>) et <hi
                rend="b">M. Edmond Jaloux, M. John-Antoine Nau</hi>, dont les vers ont d’étranges
              couleurs, <hi rend="b">M. Valentin Mandelstamm, Gabriel de Lautrec</hi>, etc.</p>
          </div>
          <div>
            <head>III. — Indépendants</head>
            <p><pb n="99"/><hi rend="b">M. Georges Pioch</hi>, le violent et succulent auteur de la
                <hi rend="i">Légende blasphémée, Instants de Ville, Toi, la Bonté d’aimer</hi> a su
              trouver des accents ardents, souvent amples, parfois forcés, toujours éloquents.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Paul Hubert</hi> (<hi rend="i">Verbes Mauves, Aux Tournants de la
                Route</hi>), a la vision des garrigues en flamme et des vignobles d’or sous le
              soleil de midi, sous le poudroiement du crépuscule. Ses lumineuses évocations du pays
              natal ont la sincérité, l’éclat, le parfum.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Henry Bauquier</hi>, critique des poètes, est un poète païen.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Fernand Hauser</hi> (<hi rend="i">La Maison des Souvenirs, Le Château
                des Rêves</hi>) fut un poète délicat et quelque peu précieux, avant de devenir
              l’infatigable journaliste que l’on connaît.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. André Tudesq</hi>, dans <hi rend="i">la Vie</hi>, tout en demeurant
              fidèle à la technique parnassienne, donne pourtant une inquiétude hasardeuse, une
              fièvre bien d’aujourd’hui à la muse antique, aux formules immobiles de la
              tradition.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Pol Lœwengard</hi> fait précéder ses <hi rend="i">Fastes de
                Babylone</hi> d’une lettre de l’auteur sémite à Maurice Barrès, nationaliste. Il
              ranime le nationalisme <pb n="100"/>juif, sinon le rêve sioniste d’Éphraïm le
              Hongrois. Exilé, loin de la colline crayeuse de Moriah, où rien ne subsiste du temple
              de Schlemô le Sage, parmi l’uniforme laideur de nos villes grises d’Occident, il
              reprend la lyre des Nabis d’Israël. Suivant le rite voulu par « sa Terre et ses
              Morts », il exalte les voluptés ensoleillées de la Judée sanglante des Rois et des
              Prophètes. Malgré l’abus fréquent de la couleur et le trop de « Princesses de
              luxure », venues davantage de Jean Lombard que d’Ézéchiel, il faut lui reconnaître un
              emportement, une fougue trop rares désormais.</p>
            <p/>
            <p>C’est parmi les <hi rend="i">Indépendants</hi><note resp="author">Depuis se sont
                révélés MM. Abel Bonnard (<hi rend="i">les Familiers</hi> 1906). — A. Arnoux (<hi
                  rend="i">l’Allée des Mortes</hi>), etc…</note> que nous citerons trois des
              meilleurs poètes.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. André Rivoire</hi> a pour lui la tendresse presque féminine et les
              états d’âme extrêmement nuancés de <hi rend="i">les Heures pensives, le Songe de
                l’Amour, les Cendres des Heures</hi> :</p>
            <quote>
              <l>Regarde, la pitié des choses nous accueille,</l>
              <l>Et, comme nous dolente, en ce pâle décor,</l>
              <l>La sensibilité d’un lac frisonne encore</l>
              <l>Le long des bois flétris qui meurent feuille à feuille.</l>
              <l>Un peu de vent tressaille aux pentes des coteaux :</l>
              <l>Il fait froid. Dans le gris du ciel qui s’y reflète</l>
              <l>Ainsi qu’un arbre mort qui mire son squelette,</l>
              <l>Veux-tu que nous penchions notre aube sur cette eau ?</l>
            </quote>
            <p><pb n="101"/>Il a dit avec un charme nuancé les caresses :</p>
            <quote>
              <l>Nous ne mêlerons pas nos deux enchantements,</l>
              <l>Et nous ne serons pas ensemble des amants</l>
              <l>Trop enivrés tous deux pour songer l’un à l’autre ;</l>
              <l>Mais le plaisir de l’un tour à tour sera nôtre ;</l>
              <l>Nos corps épuiseront le bonheur de savoir</l>
              <l>Tour à tour seulement donner ou recevoir.</l>
              <l>Des cris silencieux empliront nos deux bouches ;</l>
              <l>Mais nous ne serons pas emportés ni farouches ;</l>
              <l>Nous saurons nous contraindre à l’effleurant baiser</l>
              <l>Qui domine sa hâte et craint, parfois, d’oser,</l>
              <l>Et, tardif à dessein, prolonge en ses paresses</l>
              <l>L’espoir toujours accrû des prochaines caresses.</l>
              <l>Nos mains lentes auront des caprices rôdeurs ;</l>
              <l>Nous nous posséderons de contours et d’odeurs,</l>
              <l>Et, plus que des amants, nous serons les complices</l>
              <l>Du même effort d’extase et des mêmes délices.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. André Dumas</hi> (<hi rend="i">Paysages</hi>) possède un talent très
              délicat et très sûr, sobre, en demi-teintes, une âme d’automne finement
              mélancolique.</p>
            <quote>
              <l>Novembre, dans le parc jaunissant, se précise.</l>
              <l>Les sentiers sont déserts. Seule, une femme assise</l>
              <l>Sur un vieux banc de bois que la mousse a verdi</l>
              <l>Rêve languissamment dans le soir attiédi.</l>
              <l>Chaque feuille qui tombe avec un lent bruit d’aile</l>
              <l>A l’air d’éparpiller un peu d’ombre autour d’elle,</l>
              <l>Et la tiédeur du parc, le charme agonisant</l>
              <l>De l’automne et la paix de la nuit qui descend</l>
              <l>Lui versent tant de trouble et de mélancolie</l>
              <l>Que, perdue en un rêve indicible, elle oublie…</l>
              <l>Le soir qui la remplit d’une molle torpeur</l>
              <l>S’incline lentement, par degrés, et, de peur</l>
              <l>D’interrompre le cours de son extase douce,</l>
              <l>On dirait qu’il s’applique à tomber sans secousse.</l>
              <l><pb n="102"/>Et l’ombre cependant s’étend sur le jardin</l>
              <l>Les dernières clartés se fondent, puis soudain,</l>
              <l>Comme pour mieux marquer la fin du crépuscule,</l>
              <l>Une brise s’éveille, et frissonne, et circule,</l>
              <l>Bruissante, à travers le parc silencieux.</l>
              <l>Et la pâle rêveuse alors, rouvrant ses yeux</l>
              <l>Qu’avait clos la langueur exquise de l’automne</l>
              <l>Voit que la nuit s’est faite autour d’elle, et s’étonne.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Henri Barbusse</hi> est ainsi jugé par M. Mendès :</p>
            <quote>
              <p>« C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant
                s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie. <hi
                  rend="i">Les Pleureuses</hi> viennent l’une après l’autre ; tous leurs yeux n’ont
                pas les mêmes larmes, mais c’est le même convoi, qu’elles suivent, le convoi,
                dirait-on d’une âme morte avant de naître… C’est bien une âme, oui, plutôt même
                qu’un cœur, qui se désole en ce poème, tant tous les sentiments, l’amour, les
                désespoirs, et les haines aussi, s’y font rêve… <hi rend="i">Les Pleureuses</hi>
                pleurent en des limbes, de souvenance où se serait reflété le futur. Et en cette
                brume de douceur, de pâleur, de langueur, rien qui ne s’estompe, ne se disperse, ne
                s’évanouisse, sans disparaître délicieusement… Pas de plainte qui ne soit l’écho
                d’une plainte qui fut un écho. Et c’est le lointain au-delà du lointain… »</p>
            </quote>
          </div>
          <div>
            <head>IV. — L’Humanisme</head>
            <p><pb n="103"/><hi rend="b">M. Fernand Gregh</hi> ne créa point une école à proprement
              parler. À la poésie éclatante et souvent vide du Parnasse, fluide, ésotérique du
              symbolisme le grave et douloureux et puissant poète qui évoquait, en d’admirables
              pages lyriques, le devoir que nous tracent les aïeux, M. Gregh a voulu opposer la
              poésie humaine.</p>
            <p>— Cette poésie <hi rend="i">humaine</hi>, caractéristique des tendances de la
              jeunesse, de l’écrivain qui le premier avait voulu concilier les rythmes nouveaux avec
              l’expression de la vie, M. Fernand Gregh l’a appelée la poésie <hi rend="i"
                >humaniste</hi>. Le mot est heureux, on a cru voir dans le manifeste de M. Gregh
                (<hi rend="i">Figaro</hi>, 12 décembre 1902) une tentative d’embrigadement qui
              n’était pas dans la pensée du poète. <hi rend="i">La Maison de l’Enfance, la Beauté de
                Vivre, les Clartés Humaines, l’Or des Minutes</hi>, réalisent heureusement le noble
              programme de l’auteur. (<hi rend="i">En même temps que des artistes, soyons des
                hommes…</hi> Nous ne sommes ni mystiques, ni sceptiques…).</p>
            <quote>
              <l>… Substance universelle ou Raison souveraine,</l>
              <l>Vaste inconnue où tient mon sort, qui que tu sois,</l>
              <l>Force qui m’auras fait naître et mourir, — reçois</l>
              <l>Dans l’humble vérité de cette heure sereine,</l>
              <l>Reçois en mon esprit, silencieux autel</l>
              <l>Où tremble ta lueur auguste qui dévie,</l>
              <l>Au mystère où bientôt aboutira ma vie</l>
              <l>Le consentement grave et tendre d’un mortel…</l>
              <l><pb n="104"/>… Rien ne pourra remplir cette âme aride et triste !</l>
              <l>Toute la gloire et tout l’amour sont superflus :</l>
              <l>Toujours elle voudra quelque chose de plus,</l>
              <l>Et, comme un grand feu mort qui brusquement rougeoie,</l>
              <l>Son désir renaîtra des cendres de sa joie !…</l>
            </quote>
            <p>On sent qu’il n’y a pas dans les idées énoncées par M. Gregh, un simple appel de chef
              d’école, il y a une grande et douloureuse émotion d’art et de vie. Répudiant les
              didactismes étroits, les subjectivités banales, M. Fernand Gregh gravit la colline qui
              domine la cité d’aujourd’hui sur laquelle s’éploie l’aurore. Et songeant au destin des
              hommes, aux joies éphémères de l’amour et de l’orgueil, il entame le chant Lucrécien
              avec un cœur blessé, mais toujours confiant dans la Bonté et la Beauté de Vivre.</p>
            <quote>
              <l>Des hommes ont meurtri d’un refus volontaire</l>
              <l>                   Ton cœur nu qui s’offrait,</l>
              <l>Ton cœur qui, ne pouvant demeurer solitaire,</l>
              <l>                   Se reprend à regret.</l>
              <l/>
              <l>Peut-être avaient-ils droit de le haïr ? Peut-être</l>
              <l>                   Est-il aussi trop nu ?</l>
              <l>Il blessait leur tristesse en laissant trop paraître</l>
              <l>                   Son orgueil ingénu.</l>
              <l/>
              <l>— Mais la vie après tout n’en est pas moins la vie.</l>
              <l>                   Et, dans l’éternité,</l>
              <l>La mort n’en mettra pas moins d’accord leur envie</l>
              <l>                   Avec ta vanité.</l>
              <l/>
              <l>Peuvent-ils empêcher d’ailleurs qu’un cher poème</l>
              <l>                   T’enlève ton souci,</l>
              <l>Et que, si plein d’erreurs sans doute et de torts même,</l>
              <l>                   Tu sois heureux ainsi ?</l>
              <l/>
              <l><pb n="105"/>Et n’as-tu pas, le soir, toute la paix possible</l>
              <l>                   Dans ta vieille maison ?…</l>
              <l>Et puis ne sens-tu pas, d’une force invincible,</l>
              <l>                   Que ton âme a raison ?</l>
            </quote>
          </div>
          <div>
            <head>V. — Les Parnassiens</head>
            <p>Les Parnassiens d’aujourd’hui ne ressemblent pas tout à fait à ceux d’hier. Ils ont
              conservé la métrique rigoureuse de Leconte de Lisle, mais ils ont élargi leur âme et
              leur sensibilité. M. Sébastien-Charles Leconte représente ce nouveau Parnasse avec
              éclat.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. S.-Ch. Leconte</hi> est aussi un intégraliste. L’art parfait, la
              noblesse idéologique des <hi rend="i">Bijoux de Marguerite</hi> et du <hi rend="i"
                >Sang de la Sirène</hi> sont dignes des plus nobles poètes de France :</p>
            <quote>
              <l>Mais le sang a voilé mes yeux, et rien ne luit</l>
              <l>Dans ces antres de pourpre, où l’éternelle nuit</l>
              <l>         Du Sort à jamais se prolonge.</l>
              <l>Antigone sévère et douce, je te suis,</l>
              <l>Devinant ta beauté sans la voir, car je suis,</l>
              <l>         L’Œdipe étrange de mon songe.</l>
              <l/>
              <l>Car je suis l’exilé de ma cité : le seuil</l>
              <l>Des palais de mon rêve à mon terrestre orgueil</l>
              <l>         Jeta le dernier anathème ;</l>
              <l>Je suis l’Aveugle-Roi de mon propre Destin,</l>
              <l>Le quêteur de l’énigme humaine, le lointain</l>
              <l>         Et sombre ancêtre de moi-même.</l>
              <l/>
              <l><pb n="106"/>Je suis très las, ô Femme ! Asseyons-nous auprès</l>
              <l>De la source qui chante en ses vasques de grès,</l>
              <l>         Au plus profond de la cépée :</l>
              <l>Là, désireux de faire immortels l’odieux</l>
              <l>Forfait de ma victoire et la haine des Dieux,</l>
              <l>         Du fer de l’inutile épée,</l>
              <l/>
              <l>J’inscrirai nos deux noms dans le calcaire, et pour</l>
              <l>Qu’à jamais favorable à notre grave amour</l>
              <l>         Soit l’infernale souveraine,</l>
              <l>Je dédierai, sur un simple autel de gazon,</l>
              <l>Et le glaive héroïque et la fauve toison</l>
              <l>         À la déesse souterraine.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Albert Lantoine</hi> dont Rodenbach disait à propos de son <hi
                rend="i">Eliscuah</hi> ! qu’il se résume <quote><hi rend="i">en des parfums, sur des
                  blessures</hi></quote> a une imagination curieuse, tourmentée, voluptueuse et
              précise : certains de ses poèmes : <hi rend="i">La Courtisane, Merodac le Fou, la
                Lapidation</hi> méritent de devenir classiques.</p>
            <quote>
              <l>Le prophète demande à l’Iahvé cruel</l>
              <l>Le mot qui fait mourir et le mot qui délivre</l>
              <l>Mais mes amants repus soulèvent leur poing ivre</l>
              <l>Vers le proclamateur du devoir criminel !</l>
              <l/>
              <l>Eh ! bien oui ! La Luxure et la Mort sont jumelles !</l>
              <l>C’est vrai ! Toute douleur se tait sous mon amour ;</l>
              <l>Et parfois la vie âpre et la laideur du jour</l>
              <l>S’éteignent pour qui dort au creux de mes mamelles.</l>
              <l/>
              <l>Sur mon ventre splendide offert pour le plaisir</l>
              <l>Comme un panier rempli de raisins et de pommes,</l>
              <l>Vieillards blancs ! guerriers bruns ! et vous blonds jeunes hommes !</l>
              <l/>
              <l>Venez rêver ! venez aimer ! — venez mourir !</l>
            </quote>
            <p><pb n="107"/>M. Albert Lantoine se rattache aussi à l’<hi rend="i">Intégralisme</hi>.
              En réalité les Intégralistes continuent Leconte de Lisle et Vigny. Ils ne le disent
              pas, mais on sent qu’ils ont conscience de continuer la vraie pensée de ces deux
              maîtres. D’ailleurs, à mieux réfléchir, nous ne croyons pas que les Parnassiens aient
              bien compris ou voulu comprendre Leconte de Lisle. Pour eux, Leconte de Lisle fut
                  <quote>« <hi rend="i">une forme de vers</hi> »</quote>, pour MM. Lantoine,
              Leconte, Lacuzon et ses amis, il est <hi rend="i">une âme.</hi></p>
          </div>
          <div>
            <head>VI. — L’Intégralisme</head>
            <p><hi rend="b">M. Adolphe Lacuzon</hi> déclarait (1902) dans la préface d’<hi rend="i"
                >Éternité</hi> :</p>
            <quote>
              <p>« Le don du Poète est une condition psychique supérieure, comme l’héroïsme.</p>
              <p>« Son existence ne correspond, chez l’individu, à aucun signe extérieur, et jamais
                ne justifia ces singularités d’attitude auxquelles la légende est si complaisante et
                les farceurs si fort enclins. L’homme à qui l’a dévolu le destin n’est pas un
                visionnaire halluciné qui butte aux réverbères comme aux arbres de la route. Il ne
                va point par la ville et la campagne, une main sur son cœur et les yeux au ciel.
                C’est un être comme chacun de nous, et les notions de l’existence sont en lui
                pareilles à celles de tous les mortels. Mais s’il est une particularité à laquelle
                il se <pb n="108"/>doive pourtant reconnaître, c’est à sa bonté, qui n’est autre que
                son amour de la vérité, c’est-à-dire de la sagesse, suivant l’acception antique :
                Σοφία. Il n’est pas non plus le rêvasseur ignorant, amant de la lune, dont parle
                quelquefois la chronique ; le chercheur de rimes dont l’ingénuité confine à la
                niaiserie. <hi rend="i">Homo sum, et nihil humani a me alienum puto.</hi> C’est à
                lui, tout le premier, qu’il faut appliquer cette devise. “Il doit tout savoir, et
                plus encore, s’écrie le bon Banville, car sans une science profonde, solide et
                universelle, c’est en vain qu’il chercherait le mot propre et la justesse de
                l’expression !” »</p>
            </quote>
            <p>Le poème qui prétend réaliser ou essaie de réaliser cette esthétique nous attire
              surtout par la réelle beauté des images. M. Lacuzon est, en tous cas, un artiste
              puissant, et, s’il n’avait autant l’air de s’en rendre compte à travers son œuvre, on
              admirerait celle-ci sans restrictions.</p>
            <quote>
              <l>… Je vois s’enfler la voile au fond de l’estuaire,</l>
              <l>Puis, derrière, au lointain, du côté de la plaine,</l>
              <l>Surgir, fondre et passer, l’ouragan pour haleine.</l>
              <l>Dans l’éclaboussement du sang crépusculaire.</l>
              <l/>
              <l>Et droits sur leurs chevaux cabrés qu’un rut enlève,</l>
              <l>Tes grands conquérants noirs, au profil surhumain,</l>
              <l>Qui déployant leur geste avec l’éclair d’un glaive</l>
              <l>Engouffrent dans la nuit leurs cavaliers d’airain !</l>
            </quote>
            <p>Les origines du monde sont ainsi expliquées en cinquante pages… Une impression
              vraiment profonde naît parfois de l’animation des tableaux évoqués ; <pb n="109"/>mais
              l’émotion n’y a aucune part. En résumé, <hi rend="i">Éternité</hi> est un poème
              largement écrit, dans une langue précise, imagée et sonore.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Adolphe Boschot</hi> débuta par une polémique (au sujet de la
              prosodie) avec M. Sully-Prudhomme. C’est encore un musicien et un critique musical.
              Tant de talents ne nuisent point à ses poèmes. On lui reproche ordinairement d’avoir
              voulu faire la fusion entre des tempéraments dissemblables, et ses <hi rend="i">Poèmes
                dialogues</hi> gardent trace d’un certain opportunisme, mais leur grâce chantante,
              leurs images imprécises charment souvent.</p>
            <quote>
              <l>Un matin de printemps, nous courûmes les bois</l>
              <l>Où les bourgeons ouvraient au jour toutes leurs lèvres.</l>
              <l>Nous allions, nous allions, comme si notre Rêve</l>
              <l>Nous avait entraînés en nous prenant les doigts.</l>
              <l/>
              <l>De la fraîcheur glissait tout autour de nos mains,</l>
              <l>De la douceur semblait murmurer sur nos lèvres,</l>
              <l>Et j’enlaçais, — car l’aube est encore du rêve, —</l>
              <l>Nos souvenirs d’amour dans l’odeur des jasmins.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Léon Vannoz</hi> : son vers est harmonieux, sa poésie assez peu
              impulsive, a souvent des allures didactiques ou d’un lyrisme conventionnel, mais sa
              langue est sûre, le rythme précis et il y a de la noblesse dans sa pensée et dans sa
              philosophie optimiste :</p>
            <quote>
              <l>Une vaste espérance oppresse la nature…</l>
              <l>La Psyché renaîtra sous une forme pure…</l>
            </quote>
            <p><pb n="110"/><hi rend="b">M. Cubélier de Beynac</hi> : lui aussi est didactique et
              conventionnel, c’est d’ailleurs le reproche qu’on doit faire à tous les intégralistes.
                <hi rend="i">Ils sont trop appliqués.</hi> D’autre part, ils ont conscience de leur
              devoir et une belle attitude hautaine. M. Cubelier de Beynac a de beaux élans et des
              strophes lapidaires.</p>
            <quote>
              <l>L’Homme terrifié d’être seul en ces aubes</l>
              <l>Peuple de dieux l’horreur muette de la Nuit.</l>
            </quote>
            <p>Pétrone avait dit :</p>
            <quote>
              <l>Primum in orbe terror fecit deos,</l>
            </quote>
            <p rend="noindent">ou encore :</p>
            <quote>
              <l>L’espoir comme un fanal aux portes de la Mort.</l>
            </quote>
            <p>Au fond ces poètes réalisent ce qu’avait rêvé Louis Bouilhet et ce que Leconte de
              Lisle avait tenté sur la fin de sa vie. Nous ne savons pas si le temps est avec eux,
              mais ils le confondraient avec l’espace. Et puis qu’importe… puisqu’ils ont du
              talent.</p>
          </div>
          <div>
            <head>VII. — L’École romane</head>
            <p>Les poètes qui la composèrent sont célèbres aujourd’hui pour la plupart, MM. Moréas,
              Ernest Reynaud, Charles Maurras. Si MM. du Plessys, Raymond de La Tailhède et Lionel
              des Rieux le sont moins c’est qu’ils sont plus jeunes et qu’ils n’ont <pb n="111"
              />rien fait pour capter une notoriété plus grande et dont ils sont dignes.</p>
            <p>L’archaïsme têtu, la pureté formelle, l’inspiration grave et ardente de <hi rend="i"
                >la Tour d’ivoire</hi> et de <hi rend="i">la Couronne des Jours</hi> de <hi rend="b"
                >M. Ernest Raynaud</hi> ont placé l’auteur de ces recueils parmi les meilleurs<note
                resp="author">Cf. <hi rend="i">Ernest Raynaud</hi>, par Fernand Clerget, Biblioth.
                de l’Association, Paris, 1905, in-18.</note>.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Raymond de La Tailhède</hi> s’est toujours tenu à l’écart,
              jalousement. Ses vers sonnent profond :</p>
            <quote>
              <l>Ta plaie est moins saignante encore que ton cœur,</l>
              <l>Archer qui ne vois point quelle flèche est maligne !</l>
              <l>Mêle le suc du lierre à celui de la vigne.</l>
              <l>Quel baume épuiserait sa bouillante fureur ?</l>
              <l/>
              <l>Hélène, aux murs troyens, blanche fille du cygne,</l>
              <l>Attend l’arc d’Héraclès pour nommer son vainqueur,</l>
              <l>Héros, presse tes pas et retiens ta douleur :</l>
              <l>Aux oreilles des dieux toute plainte est indigne.</l>
              <l/>
              <l>Fais trêve à ton sommeil engourdi de poison :</l>
              <l>Celui qui de tes maux porte la guérison,</l>
              <l>Le blond Néoptolème en ton antre se glisse.</l>
              <l/>
              <l>Tu le suivras : la rame a bondi sur la mer ;</l>
              <l>Mais avant qu’à tes pieds manque le sable amer.</l>
              <l>Brûle au feu de l’Amour les sarcasmes d’Ulysse.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Lionel des Rieux</hi>, est parfois dur dans sa versification et l’on
              regrette souvent qu’il se soit enfermé dans une cuirasse qui gêne son élan. Cependant
                <pb n="112"/>il a un sentiment très exalté de la beauté pure, un culte généreux de
              la tradition, l’intelligence des lignes harmonieuses. <hi rend="i">Les Amours de
                Lyristès, le Chœur des Muses</hi> rayonnent par de nobles strophes.</p>
          </div>
          <div>
            <head>VIII. — La Renaissance latine</head>
            <p>En 1901, M. Louis Bertrand signalait ainsi <hi rend="i">les Élévations Poétiques</hi>
              de M. Paul Souchon :</p>
            <quote>
              <p>« … Comme la langue de Lamartine encore (car le parallèle s’impose d’un bout à
                l’autre), la langue de M. Paul Souchon est d’une extrême simplicité, sauf en de
                rares passages où l’auteur se souvient trop d’avoir traversé les petits cénacles
                parisiens et où il se consume en de laborieuses et minuscules inventions verbales.
                En plein triomphe de la périphrase, le poète du <hi rend="i">Lac</hi> osa écrire ces
                vers d’une simplicité héroïque :</p>
              <quote><l>Regarde, je viens seul m’asseoir sur cette pierre</l>
              <l>                 Où tu la vis s’asseoir !</l></quote>
              <p>« M. Paul Souchon est coutumier de hardiesses toutes semblables. Les beaux vers
                ingénus abondent dans son recueil. Et cependant ils ne sont ni lâchés ni faciles. Je
                ne connais pas de poète contemporain, si ce n’est Emmanuel Signoret, qui rencontre
                aussi souvent la forme stricte et définitive d’une pensée poétique.</p>
              <p><pb n="113"/>« Mais ce qui paraît absolument neuf chez lui, c’est son dessein de
                faire entrer dans la poésie tous les thèmes de la vie moderne et, pour tout dire, de
                réconcilier l’art et la vie. Je sais qu’une foule de jeunes gens se piquent
                précisément de cela. Au rebours des romantiques, ils acceptent, disent-ils la vie
                moderne tout entière, et c’est elle qu’ils vont chanter. Mais il ne suffit pas de
                regarder les choses et la vie, il faut encore les voir d’un œil purifié de toute
                littérature. Comme disait le vieux peintre David à ses élèves : « Mes amis, il faut
                être bien humbles devant la naturel » Nos jeunes gens n’ont point cette humilité !
                La mémoire alourdie de formules apprises, ils sont comme les pseudo-classiques de
                1830, — les Casimir Delavigne et les Baour-Lormian, — qui traitaient des sujets
                romantiques dans le style et avec les habitudes d’esprit du <num>xviii<hi rend="sup"
                    >e</hi></num> siècle. M. Paul Souchon a échappé à cette erreur. Il ne prend
                point d’attitudes triomphales devant la nature. Il ne la considère point
                dédaigneusement, en rhéteur uniquement curieux des mots. Il est humble et docile
                devant elle. »</p>
            </quote>
            <p>M. Paul Souchon est digne des éloges de M. Bertrand. Venu des bords latins de cette
              terre provençale où flottent encore parmi l’harmonieux souvenir d’Hellas, ces images
              de beauté et ces méthodes précises qu’y apportèrent les colons phocéens et les
              architectes des camps proconsulaires, il reste fidèle au nombre, à la sonorité, à
              l’intégrité de la forme. Chez lui comme chez tous les poètes nés autour du <pb n="114"
              />Rhône, il faut noter aussi l’influence des grands lyriques provençaux, Mistral et
              Aubanel, ces chantres des déesses protectrices de la terre et instigatrices du désir.
              L’auteur de <hi rend="i">Nerto</hi> et des <hi rend="i">Isclo d’or</hi>, celui de <hi
                rend="i">La Migrano</hi> ont pesé sur la vision de Paul Souchon. Nous doutons qu’il
              veuille répudier un tel parrainage conforme à l’enseignement de sa race. Que de fois
              en ses vers M. Souchon pleura comme Ovide le lumineux mirage des villes d’or enfuies
              et de sa jeunesse errante parmi ces paysages de cinabre que Cézanne exalta par des
              toiles immortelles. M. Paul Souchon fut l’ami de ce grand et déjà oublié <hi rend="b"
                >Emmanuel Signoret</hi> dont les dons lyriques promettaient une œuvre
              importante.</p>
            <p>Nous en rappellerons ces strophes de l’<hi rend="i">Hymne à Jupiter</hi> :</p>
            <quote>
              <l>Vide sur leurs cités ton carquois insondable</l>
              <l>                        Apollon furieux ;</l>
              <l>Toi qui vis sur ma bouche et t’assieds à ma table</l>
              <l>Lève sur eux l’égide ô Pallas formidable !</l>
              <l>Toi leur père et le mien, brise sur eux tes cieux.</l>
              <l/>
              <l>Toi qui naquis du temps, père tu fus le nombre !</l>
              <l>                        Pour l’homme châtié</l>
              <l>Te voiles-tu de foudre et son cœur devient sombre ;</l>
              <l>Tes fils sans ton appui sculptent en vain dans l’ombre</l>
              <l>Pandore qui fléchit au poids de la pitié !</l>
              <l/>
              <l>Toi qu’abreuvas le lait de la chèvre Amalthée</l>
              <l>                        Monarque impérieux !</l>
              <l>Quand au sommet des monts tu clouas Prométhée,</l>
              <l>Ta prunelle de pleurs fut longtemps humectée</l>
              <l>Et ton cœur s’enivra d’un nectar douloureux</l>
            </quote>
            <p><pb n="115"/><hi rend="b">M. Joachim Gasquet</hi> lui aussi reçut l’investiture
              classique des mains de M. Bertrand, cependant ses premiers vers portent l’éclatant
              stigmate romantique <hi rend="i">L’arbre et les Vents</hi> parmi l’échevèlement
              d’images tumultueuses se ressent de Hugo.</p>
            <p>Bientôt cependant par-delà le maître des <hi rend="i">Chants du crépuscule</hi> et
                <hi rend="i">de la Légende des siècles</hi>, M. Joachim Gasquet écouta les voix des
              créateurs de la grâce et de la force française. Il avait rejeté très vite le
              sentimentalisme comme un vêtement étranger ; le mysticisme païen que le catholicisme
              nous a conservé, il ne s’en débarrasse point. Son naturisme exalté, sa philosophie
              passionnée s’accommodaient de l’enseignement des mystiques. Lui qui avait paru un
              instant à l’avant-garde des poètes individualistes qui mêlent anarchie et socialisme,
              esprit dionysien et solidarité sociale dans le plus réjouissant amalgame, s’excepta
              bien vite de cette erreur pour revenir au large chemin rectiligne de la tradition. Il
              brûla avec éclat ce qu’il adorait. <hi rend="i">Les Chants séculaires</hi> glorifient
              les meneurs d’hommes, aussi bien l’Impérator que le légionnaire, le consul farouche
              que le dieu aux yeux de femme, vainqueur de l’Inde.</p>
            <quote>
              <l>Le cœur de l’homme fort est plus beau que les cieux !</l>
            </quote>
            <p>La dure tyrannie lui parut créer à l’artiste des loisirs meilleurs que la
              condescendance des sociétés républicaines. Ce poète sera du retour des Princes.
              M. Maurras reconnut en lui un frère intellectuel. <pb n="116"/>Parmi les plus
              caractéristiques de maintenant son effort déjà notoire le place audacieusement des
              premiers.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Léo Larguier</hi> séduit dès l’abord. Dans la <hi rend="i">Maison du
                Poète</hi> et les <hi rend="i">Isolements</hi>, le métal des vers sonne avec une
              ampleur de vibration dont nous étions déshabitués depuis longtemps. Au tronc
              millénaire du laurier latin jaillit une branche vigoureuse et sereine. Entre des
              évocations de légende et d’histoire s’élancent de purs cantiques d’amour.</p>
            <p>Ce classique qui se voudrait impeccable et implacable, a été néanmoins touché par la
              mélancolie de René, par le mal d’Olympia, par l’ennui Baudelairien. Sa santé cependant
              résiste à ces maîtres. De petits tableaux de genre qui rappellent Heine, de larges
              apostrophes qui rappellent Ronsard nous avertissent que ce n’était là que l’abandon
              partiel d’un instant. Sur sa secrète douleur, sur sa passion profonde, le poète a
              poussé les volets. Il ne sait plus rien des contingences actuelles. Entre ses dieux et
              sa maîtresse nue, il chante avec orgueil ; mais souvent aussi il raille, il sourit, il
              conseille. L’éternel bon sens de sa race l’empêche de se croire la dupe de ses songes.
              Son lyrisme se pose sur des bases inébranlables, mais il dévoile aussi un cœur avide,
              pris d’un forcené besoin de tendresse et qui, s’il ne se désespère pas de savoir la
                <pb n="117"/>mort victorieuse de la beauté, se plaît au jeu divin des rythmes qui
              masquent mal son humanité chancelante.</p>
            <quote>
              <l>« Il pleut, cet homme seul en proie à cette étude</l>
              <l>Est noble de travail et beau de solitude.</l>
              <l>Tout bruit vient expirer à ses carreaux voilés,</l>
              <l>Avec le souvenir de ses jours en allés,</l>
              <l>Il vit là. Nul souci sur son cœur n’a de prise ;</l>
              <l>Il rêve en se levant à Virgile, à la brise</l>
              <l>D’un matin printanier par l’averse trempé</l>
              <l>Qui descendait joyeux les pentes de Tempé,</l>
              <l>L’imagination l’exile dans l’histoire.</l>
              <l>Il peut faire blanchir le vol d’une victoire</l>
              <l>Sur l’horizon marin des promontoires bleus.</l>
              <l>À la corne d’un bois il a surpris les dieux</l>
              <l>Sylvestres épiant le sommeil des meunières</l>
              <l>Dont la gorge s’enflait sous les vertes lumières</l>
              <l>Que tamisait un arbre au bord courant des eaux.</l>
              <l>Son livre est un musée où vivent des tableaux ;</l>
              <l>J’y sais des coins de ciel sanglant sur Salamine,</l>
              <l>Une ornière fangeuse où la trace divine</l>
              <l>Des sylvains est marquée ; une montagne, un champ</l>
              <l>Des palais sur un port doré par le couchant ;</l>
              <l>Quelques bandes de fer et de bronze bardées ;</l>
              <l>Le corps chaud d’ambre blond des papesses fardées,</l>
              <l>Des filles près d’un puits ; et j’y sais un jardin</l>
              <l>Où lui-même s’est mis contre le fût d’un pin</l>
              <l>Qui dans le noir fouillis de sa maîtresse branche,</l>
              <l>Retient comme un grand nid la pleine lune blanche.</l>
              <l>………………………………………………………</l>
              <l>Mon Despax, croyez-vous que ce soit le bonheur ?</l>
              <l>Je ne veux pas parler, ô mon ami, j’ai peur</l>
              <l>D’éveiller les soucis et tout ce qui me guette,</l>
              <l>Mais sachez que le cœur du paisible poète</l>
              <l>Est un morne désert par l’ouragan noyé,</l>
              <l>Labouré, noir de sang et du vent balayé,</l>
              <l><pb n="118"/>Et que dans la maison où j’ai posé des pommes</l>
              <l>Pour parfumer un peu les livres que j’aimais</l>
              <l>La paix que je voudrais ne s’arrête jamais,</l>
              <l>Et que je suis, ce soir, le plus pauvre des hommes.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Louis Le Cardonnel</hi>, lui, est un poète catholique. Soucieux même
              de conformer sa vie à ses chants, il a revêtu la robe sacerdotale. Il penche sa
              douceur de poète sur des agonisants et du même ton dont aux matins crayeux de ses
              vingt ans, il célébra la femme, prophétise aujourd’hui la gloire du Crucifié et
              prononce les paroles déliant sur terre et dans le ciel les âmes des pêcheurs. Ses <hi
                rend="i">Poèmes</hi> dans un temps de doutes et de blasphèmes ont la rafraîchissante
              sérénité de l’âme affranchie du doute et n’est-ce pas assez pour leur accorder un
              accent unique qui les classe en dehors de toute la poésie contemporaine ?</p>
            <p>Mystique, du même mysticisme qui enivrait les initiés d’Éleusis et les phallophores
              du cortège dionysien, <hi rend="b">M. Louis Payen</hi>, dans <hi rend="i">À l’Ombre du
                portique</hi> et les <hi rend="i">Voiles blanches</hi>, s’incline au passage des
              immortelles nues. Séculaire amant des amantes passées et des olympiennes en fuite, il
              guette à l’orée des bois nocturnes, la tunique virginale de Sélené courbée sur le
              sommeil d’Endymia ou encore la nudité cabrée de l’Aphrodite qui se lamente de la mort
              d’Adonis. Il a dit les mots symboliques d’Artémis à Actéon :</p>
            <quote>
              <l><pb n="119"/>                                    « Insensé, que fais-tu ?</l>
              <l>Ton geste sacrilège a tué le bonheur.</l>
              <l>J’aurais dû pour toujours, hélas ! rester sacrée</l>
              <l>Et voilée de désir aux brumes de ton cœur.</l>
              <l>Souveraine d’orgueil, dans ma nuit ignorée,</l>
              <l>J’entends monter vers moi les prières des hommes,</l>
              <l>Je devance leur marche, impalpable fantôme,</l>
              <l>Et je guide leurs pas au seuil des cieux fermés.</l>
              <l>Je suis la volupté qu’ils n’atteindront jamais,</l>
              <l>Tous les espoirs, toutes les joies et tous les rêves,</l>
              <l>Tout l’amour que pour eux filent les heures brèves…</l>
              <l>Mais nul ne doit cueillir la fleur de ma beauté,</l>
              <l>Car ma lèvre cruelle a le goût de la mort.</l>
              <l>Malheureux ! je maudis et redoute ton sort…</l>
              <l>Viens, regarde mes yeux : jamais plus les étoiles</l>
              <l>N’auront pour tes regards de regards accueillants ;</l>
              <l>Viens, touche mes deux mains : jamais tes doigts tremblants</l>
              <l>Du lointain idéal n’écarteront les voiles ;</l>
              <l>Que ta bouche goûte ma bouche ! jamais plus</l>
              <l>L’amour n’aura pour toi de fruits inattendus,</l>
              <l>Et le rêve sacré qu’on ne doit pas cueillir</l>
              <l>N’effacera jamais tes regrets inutiles.</l>
              <l>Les cieux seront muets et le monde stérile ;</l>
              <l>Ton geste sacrilège a tué le désir ! »</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Eugène Vaillé</hi> chante à la <hi rend="i">Gloire de la Luxure</hi>
              en rythmes libres et souvent heureux, et de lui il faut attendre de plus complètes
              manifestations.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Charles Derennes</hi> avec l’<hi rend="i">Enivrante Angoisse</hi>
              s’annonce d’une habileté dont la précocité effraie. La sûreté de la langue et du
              rythme est presque absolue. Il semble avoir dérobé à chaque maître son secret pour en
              composer de longues <hi rend="i">laisses</hi> de vers d’une harmonieuse souplesse sans
              monotonie. Il publiait <pb n="120"/>hier <hi rend="i">la Tempête</hi> qui a noblement
              réalisé tous les espoirs et qui compte des poèmes définitifs.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Émile Despax</hi> a donné, avec la <hi rend="i">Maison des
                Glycines</hi>, un des plus beaux recueils de poèmes parus depuis longtemps, et c’est
              celui-là même que l’on jugea indigne du prix Sully-Prudhomme ! Il y a dans la poésie
              de M. Despax une douleur tendre et voluptueuse, une souffrance cachée et hautaine, un
              cœur ardent qui se répand, s’exalte. Les premiers vers de ce jeune homme égalaient les
                <hi rend="i">Noces corinthiennes</hi>, les derniers sont personnels et parfaits.</p>
            <p>L’inspiration païenne et néo-classique de MM. Souchon, Larguier, Gasquet leur vient
              de leur atavisme latin. Le paganisme de Albert Erlande lui vient de l’étude. <hi
                rend="i">Hélène</hi>, le <hi rend="i">Jasmin</hi> se ressentent plus des lakistes et
              de Shelley que d’un mouvement intérieur spontané. M. Erlande est un poète dont on doit
              attendre beaucoup.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Louis Mercier</hi> est un poète traditionnel ; il célèbre la terre,
              les fruits, les herbes, les saisons, en des vers qui sont parmi les plus sincères que
              l’on fait aujourd’hui.</p>
            <quote>
              <l>Quand nous sentant, un soir, trop seuls dans la maison,</l>
              <l>Le besoin nous prendra de pleurer sans raison,</l>
              <l>Et que, malgré le feu, nous aurons froid peut-être,</l>
              <l>Ô mon Âme, en voyant, dehors par la fenêtre,</l>
              <l>Tomber la neige immense autour de la maison.</l>
              <l/>
              <l><pb n="121"/>Alors nous emplirons nos coupes cristallines</l>
              <l>Du vin des souvenirs mûris sur les collines</l>
              <l>Et nous évoquerons le jour cher et lointain</l>
              <l>Où nos pieds s’embaumaient aux arômes du thym,</l>
              <l>Lorsque nous descendions en chantant les collines.</l>
              <l/>
              <l>Et voici qu’en buvant, le soir, nos vins vermeils</l>
              <l>Nous croirons retrouver les beaux, les vieux soleils</l>
              <l>Qui luisaient aux coteaux ardents de la jeunesse…</l>
              <l>— Et nous nous sentirons envahis d’une ivresse</l>
              <l>Triste et joyeuse au souvenir des vieux soleils !</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M. Charles Vellay</hi>, qui débuta par des vers symboliques, aboutit à
              l’esthétique classique.</p>
          </div>
          <div>
            <head>IX. — Les groupes provinciaux</head>
            <p>On trouvera, plus loin, l’énumération de ces divers groupements poétiques. Cependant,
              il faut mentionner hors pair :</p>
            <p><hi rend="b">Les Poètes du <hi rend="sc">Beffroi</hi>.</hi> — Autour de la revue le
                <hi rend="i">Beffroi</hi>, dirigée d’abord par MM. A.-M. Gossez et Léon Bocquet puis
              par M. Bocquet seul, se sont réunis tous les jeunes poètes du Nord, <hi rend="b">Henri
                Delisle</hi>, poète élégiaque et civique (<hi rend="i">Heures, pour la Cité</hi>),
                <hi rend="b">Floris Delattre</hi> (<hi rend="i">Les Rythmes de Douceur</hi>), qui se
              souvient de Rodenbach, <hi rend="b">Roger Allard</hi> (<hi rend="i">La Divine
                Aventure</hi>), <hi rend="b">Théo Varlet</hi>, poète moderniste très curieux, <hi
                rend="b">Jules Mouquet</hi> (<hi rend="i">Nocturnes Solitaires</hi>), <hi rend="b"
                >Pierre Turpin</hi>, grand poète inconnu, l’admirable et vibrant auteur de la <hi
                rend="i">Lumière Natale</hi>, <hi rend="b">M. Léon Deubel</hi>, <pb n="122"/>poète à
              l’âme ardente, hésitante et blessée, qui, après des essais de rythmes bizarres est
              revenu au large chemin clair de la tradition, <hi rend="b">M. Edgard Malfère</hi> (<hi
                rend="i">Le Vaisseau solitaire</hi>), etc.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Léon Bocquet</hi> (<hi rend="i">Flandre</hi>) a célébré le sol natal
              et le ciel gris et tragique des villes d’usine. Ce qu’un Souchon ou un Gasquet ont
              fait pour le Midi Français, Léon Bocquet l’a tenté pour la région de Lille ; ce n’est
              pas toutefois, qu’il ne regrette le ciel de perle et les nets profils d’Athènes. Il
              annonce <hi rend="i">La Lumière d’Hellas</hi>.</p>
            <p>Tous ces poètes ont subi, plus ou moins profondément l’influence de Rodenbach, de
              Verhaeren ou plus encore d’Albert Samain. On pourrait diviser la France en régions
              poétiques et en région d’influence poétiques. Verlaine, Rodenbach, Samain et
              Baudelaire régneraient au nord de la Seine et tout autant en Picardie et Artois qu’en
              Lorraine.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">L’École de Nancy.</hi> — Le groupe lorrain comprend un grand poète :
              Charles Guérin dont nous avons déjà parlé et il comprend aussi de bons poètes. <hi
                rend="b">M. René d’Avril</hi> (<hi rend="i">Promenades dans l’Âme</hi>), un peu
              compliqué, un peu diffus, mais plein de trouvailles heureuses, <hi rend="b">M. Paul
                Briquel</hi> dont les <hi rend="i">Soirs d’Automne</hi> avaient quelque mélancolie
              artificielle, dont les <hi rend="i">Joies Humaines</hi> tressaillent d’une force mal
              dirigée mais réelle et qui promettent un poète vigoureux.</p>
          </div>
          <div>
            <head>X. — Les femmes et la poésie</head>
            <p><pb n="123"/>La revanche des Amazones se précipite. Il en vient de partout. Du monde
              et même du demi et même du nouveau monde. Il n’y a plus de frontières et il n’y a pas
              d’âge. Comme la plupart sont jeunes et jolies, parfois titrées, souvent riches, vous
              devinez les louanges ! D’autant qu’elles acceptent encore moins que les poètes hommes,
              les reproches des critiques. L’irritabilité foncière du poète se complique de vanité
              féminine et d’orgueil. On avait un salon, on a un éditeur ; on avait son jour, on a
              son critique. Ce qui est plus étonnant que ce gymkhana littéraire, c’est qu’elles ont
              souvent du talent.</p>
            <p>Un phénomène s’est produit : <hi rend="i">l’explosion de la sincérité féminine</hi>.
              Jusqu’à présent les femmes avaient considéré la passion, la vie, la morale, au point
              de vue imposé par le mâle. Désormais, elles se placent <hi rend="i">au point de vue de
                la femme</hi>. Nietzsche l’avait prévu. M<hi rend="sup">me</hi> Rachilde donna
              l’exemple. On la suivit dix ans plus tard. Avec la sincérité des femmes est née une
              sorte de lyrisme un peu court, savoureux, audacieux, agaçant, d’une sensualité précise
              et détaillée…</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Mathieu de Noailles</hi> publia, en 1901, <hi
                rend="i">le Cœur innombrable</hi>. L’un de nous écrivit alors le premier article de
              louanges en l’honneur du nouveau poète. Depuis… ç’a été une avalanche, un délire
              irraisonné <pb n="124"/>et irraisonnable, qui a éloigné de M<hi rend="sup">me</hi> de
              Noailles, beaucoup de ses plus sincères admirateurs. L’auteur de <hi rend="i">la
                Domination</hi> est un exemple à prendre. Victime du snobisme, elle n’obtiendra pas
              les hommages auxquels elle a droit, car beaucoup craindront — à la louer autant qu’il
              convient — d’être, eux aussi, taxés de snobisme. M. R. de Montesquiou déclare :</p>
            <quote>
              <p>« Bittô n’est pas chrétienne. Pas une seule fois elle ne prononce le nom de Dieu.
                Mais bien qu’elle les nomme souvent, Junon, Éros, Priapos, les dieux ne sont pour
                elle que de poétiques mythes. Sa déesse, la seule qu’elle invoque avec foi, c’est la
                Nature. Quand nous nous exclamons : “Seigneur !” elle s’écrie : “Nature !” Elle
                n’aime, elle n’adore que Gaïa, la Terre.</p>
              <p>« Son art maintenant. Il est, comme elle, vêtu à l’antique. À l’ancienne
                quelquefois, notamment dans cette charmante pièce <hi rend="i">Le Pays</hi>, qui
                résonne comme d’un accent de la Pléiade. Partout ailleurs, son vers résonne d’un
                timbre qu’il emprunte à cette épigraphe de Taine : “l’antiquité est la jeunesse du
                monde”. — On dirait une transposition de la poésie grecque, avec parfois une
                attitude de Chénier, une intonation de Keats. Ses strophes sont des frises de vases
                où jouent des bergers tendres et tristes, vivants et rêveurs, rieurs et sérieux.
                Elles sont enguirlandées de mélisse et de réglisse, de cityses et de citrons, de
                résine et de menthe dont elle excelle à pénétrer, à saturer ses poèmes, comme des
                sachets <pb n="125"/>avec un sens de l’olfactif qui aromatise le terme et donne à
                l’expression quelque chose d’odorant qui ne se rencontre avec cette intensité que
                dans le style de d’Annunzio. »</p>
            </quote>
            <p>Servie par une culture très classique et un sensualisme très païen, elle sait le prix
              de l’heure qui s’enfuit. La nature lui a montré, dans ses fleurs qui se fanent les
              champs que l’hiver flétrira, le ciel changeant et ses beautés instables, elle lui a
              montré l’ombre prochaine et lui a murmuré l’éternel « <hi rend="i">carpe diem</hi> ! »
              C’est la poésie de l’amour et de la mort, c’est la pensée amère qui secoue Iphigénie à
              l’évocation des ténèbres inférieures ! La mort, mais elle est dans chacun des poèmes
              de M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles, c’est la hantise baudelairienne, mais il
              semble que M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles l’accepte autant comme un encouragement
              que comme une crainte. Elle sourit, enivrée encore de l’amour, au fantôme funèbre et
              elle se retourne vers la vie, plus ardente, plus exaltée. Le culte de la nature mène à
              la sensualité la plus vive. L’Église l’a compris qui identifiait le faune à ses
              démons. M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles ne s’en épouvante point :</p>
            <quote>
              <l>Pauvre faune qui va mourir</l>
              <l>Reflète-moi dans tes prunelles</l>
              <l>Et fais danser mon souvenir</l>
              <l>Entre les ombres éternelles.</l>
              <l/>
              <l>Va et dis à ces morts pensifs</l>
              <l>À qui mes jeux auraient su plaire</l>
              <l>Que je rêve d’eux sous les ifs</l>
              <l>Où je passe petite et claire…</l>
              <l/>
              <l><pb n="126"/>Tu leur diras que je m’endors</l>
              <l>Mes bras nus pliés sous ma tête,</l>
              <l>Que ma chair est comme de l’or</l>
              <l>Autour des veines violettes.</l>
              <l/>
              <l>— Dis-leur comme ils sont doux à voir</l>
              <l>Mes cheveux bleus comme des prunes,</l>
              <l>Mes pieds pareils à deux miroirs</l>
              <l>Et mes deux yeux couleur de lune.</l>
              <l/>
              <l>Et dis-leur que dans les soirs sourds</l>
              <l>Couchée au bord frais des fontaines,</l>
              <l>J’eus le désir de leurs amours</l>
              <l>Et j’ai pressé leurs ombres vaines.</l>
            </quote>
            <p>Elle dira à la nature :</p>
            <quote>
              <l>« Voyez de quel désir, de quel amour charnel,</l>
              <l>De quel besoin jaloux et vif, de quelle force,</l>
              <l>Je respire le goût des champs et des écorces !</l>
              <l>— Je vivrai désormais près de vous, contre vous,</l>
              <l>Laissant l’herbe couvrir mes mains et mes genoux,</l>
              <l>Et me vêtir ainsi qu’une fontaine en marbre ;</l>
              <l>Mon âme s’emplira de guêpes comme un arbre,</l>
              <l>D’échos comme une grotte et d’azur comme l’eau ;</l>
              <l>Je sentirai sur moi l’ombre de vos bouleaux ;</l>
              <l>Et quand le jour viendra d’aller dans votre terre,</l>
              <l>Se mêler au fécond et végétal mystère,</l>
              <l>Faites que mon cœur soit une baie d’alisier,</l>
              <l>Un grain de genièvre, une rose au rosier,</l>
              <l>Une grappe à la vigne, une épine à la ronce,</l>
              <l>Une corolle ouverte où l’abeille s’enfonce… »</l>
            </quote>
            <p>Elle vaincra l’inquiétude du néant :</p>
            <quote>
              <l>Ô Mort de t’avoir crainte un jour, je me repens…</l>
              <l>Lance-moi ton lacet, des flèches et ton sable</l>
              <l>Et que je jette en toi la douleur et l’ardeur</l>
              <l>De ma raison malade et de mon mauvais cœur…</l>
            </quote>
            <p rend="noindent"><pb n="127"/>car, malgré tout son désir, la joie demeure
              insaisissable et le plaisir amer.</p>
            <quote>
              <l>Le rude et lourd baiser dont parlent les chansons,</l>
              <l>Ne guérit pas le mal dont vous étiez atteinte…</l>
              <l>Mon sein est puéril, mais mon cœur est farouche</l>
              <l>Damétas le sait bien à l’heure de l’accord</l>
              <l>Car la flûte est moins vive et chaude sous sa bouche</l>
              <l>Que ne l’est mon baiser qui s’appuie et qui mord…</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Henri de Régnier</hi> jusqu’ici n’a pas signé
              ses beaux vers, graves et profonds. Il faut le regretter.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">lle</hi> Renée Vivien</hi>, avec une culture classique
              aussi profonde que celle de M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles, mais avec un luxe
              moindre d’épithète, et un vocabulaire plus restreint marque un talent très vif dans
              ses <hi rend="i">Évocations, Cendres et Poussières, la Vénus des Aveugles</hi>. Sur un
              thème unique, la beauté des fleurs et des femmes, l’horreur de la brutalité et de la
              souillure, l’amitié saphique, la douceur de l’exil, de la nuit et du départ, les joies
              de l’orgueil, la jalousie, elle éparpille les ressources d’une imagination
              disciplinée, d’une sensualité obéissante et contenue :</p>
            <quote>
              <l>                                         … Ton visage est pareil</l>
              <l>À des roses d’hiver recouvertes de cendre,</l>
              <l>Et ton lit nuptial ignore le soleil,</l>
              <l>Ta chevelure ondoie au reflux des marées</l>
              <l>Comme l’algue marine et les sombres coraux</l>
              <l>Et tes lèvres désespérées</l>
              <l>Boivent la paix des eaux…</l>
              <l/>
              <l><pb n="128"/>Ô langueur de Lesbos ! charme de Mitylène</l>
              <l>Apprends-nous le vers d’or que ton râle étouffa…</l>
              <l>Les fleurs ont parfumé tes étranges mains creuses</l>
              <l>De ton corps monte ainsi qu’une légère haleine</l>
              <l>La blanche volupté des vierges amoureuses…</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">Ile</hi> Paule Riversdale.</hi> — Elle suit la route où
              fleurissent les violettes de M<hi rend="sup">lle</hi> Renée Vivien. La même
              inspiration, des qualités moindres, mais réelles et qui font espérer : (<hi rend="i"
                >Échos et Reflets</hi>).</p>
            <quote>
              <l>Ma bouche a possédé ta bouche féminine</l>
              <l>Et mon être a frémi sous tes baisers d’amant,</l>
              <l>Car je suis l’Être double et mon âme androgyne</l>
              <l>Adore en toi la vierge et le Prince Charmant…</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Lucie Delarue-Mardrus</hi> : Dès ses premiers
              vers M. Gasquet écrivait d’elle : (<hi rend="i">À Propos d’Occident</hi>).</p>
            <quote>
              <p>« Celle-ci, je la devine parée de modernité, mais, sous les plis égaux de ses
                grandes robes, portant une âme en feu comme la mer où Midi brûle. C’est :</p>
              <quote><l>« … Carmen blême de tragédie</l>
                <l>« Intime, les deux yeux dévorés d’incendie,</l>
                <l>« Tout le sanglot, tout le sursaut, tous les frissons,</l>
                <l>« Et le vent furieux rebroussant les moissons…</l></quote>
              <p>ou plutôt, s’il est vrai que ce cœur tout entier batte entre les pages blanches de
                cet unique livre, écoutez-en jaillir</p>
              <quote><l>Comme un rythme incessant la vie universelle.</l></quote>
              <p><pb n="129"/>« L’âme en démence a mal de se sentir pareille aux farouches marées.
                La grande voix de la mer se dresse dans l’espace comme une trombe de lumière et à
                pleine voix aussi, la poëtesse entonne alors l’hymne marin selon « l’incorruptible
                rite ».</p>
              <p>« L’âme fidèle, inguérissable du mal de ne pouvoir se taire, a retrouvé l’amie
                éternelle :</p>
              <quote><l>Toute seule devant ton flot pendant des heures,</l>
                <l>Je voudrais promener mon silence anxieux</l>
                <l>Et puisqu’il n’est jamais de larmes dans mes yeux</l>
                <l>M’écouter longuement pleurer lorsque tu pleures</l>
                <l>Ou bien, parmi la nuit, le fracas et le vent,</l>
                <l>À l’heure où la tempête est à son apogée,</l>
                <l>Crier en toi, sauvage, affolée, enragée,</l>
                <l>Les cheveux dénoués et les poings en avant.</l></quote>
              <p>« Et viennent les <hi rend="i">Paroles</hi>, meurtrières, désabusées, terribles et
                profondes, religieuses, décisives, mystérieuses, dont on ne parle pas, qu’il faut
                murmurer bouche à bouche avec l’Être ou le Néant.</p>
              <p>« Baudelaire l’avait prophétisé : “Au vent qui soufflera demain, nul ne tend
                l’oreille ; et pourtant l’héroïsme de la vie moderne, nous entoure et nous presse.
                Nos sentiments vrais nous étouffent assez pour que nous les connaissions. Ce ne sont
                ni les sujets ni les couleurs qui manquent aux épopées. Celui-là sera le peintre, le
                vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire
                voir et comprendre combien nous sommes grands et poëtiques dans nos cravates et nos
                bottes <pb n="130"/>vernies. Paissent les vrais chercheurs nous donner l’année
                prochaine cette joie singulière de célébrer l’avènement du <hi rend="i"
                >neuf</hi> !”</p>
              <p>« Les vrais chercheurs, ô caprice ! c’est, cette fois, pour ouvrir le siècle neuf,
                une femme de vingt ans. »</p>
            </quote>
            <p>Depuis elle a donné <hi rend="i">Ferveur</hi> et <hi rend="i">Horizons</hi>. Peu de
              poètes ont atteint comme elle aux limites exaspérées du songe et de la sensation. Son
              fatalisme orgueilleux, l’étrange et mystérieuse sensualité de ses strophes noyées
              d’ombre et de soleil, saisissent d’une émotion presque physique. Elle a encore la sens
              des attitudes plastiques.</p>
            <quote>
              <l>Ma chèvre, je tiendrai dans mes mains, si je peux</l>
              <l>                  Ta tête brusque et familière,</l>
              <l>Pour regarder changer de tout près dans tes yeux</l>
              <l>                  Cette pupille de sorcière.</l>
              <l/>
              <l>J’aurai blessant mes pieds, tes piétinants sabots</l>
              <l>                  Je te tiendrai par les oreilles ;</l>
              <l>Dans la lutte, nos deux vigueurs seront pareilles</l>
              <l>                  Et nos mouvements seront beaux.</l>
              <l/>
              <l>Et, parmi le soleil où, toi blanche et moi nue</l>
              <l>                  Nous irons nous heurtant du front</l>
              <l>Ma tête bien nattée et ta tête cornue</l>
              <l>                  L’une à l’autre se sculpteront.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">lle</hi> Nicolette Hennique</hi> a une vision très
              particulière de la mythologie, elle ne s’embarrasse guère ni des noms, ni des rites,
              — elle n’hésite guère devant le néologisme ou l’archaïsme et pourtant elle a su créer
              des poèmes étranges, agaçants d’abord, <pb n="131"/>mais dont on ne saurait nier le
              charme. Elle est habile aux jeux du rythme, le manie avec dextérité et lui donne des
              souplesses insoupçonnées. Il y a dans <hi rend="i">Des Héros et des Dieux</hi> du
              meilleur et du pire</p>
            <quote>
              <label type="head">LE REPOS DE CÉRÈS</label>
              <l>La terre se contracte, et sans bruit, sans parfum,</l>
              <l>Calaïs fait tomber au ras des routes nues</l>
              <l>Les feuilles qui, naguère écloses par les nues,</l>
              <l>Vêtaient si clairement d’ombre l’été défunt.</l>
              <l/>
              <l>Le paysage est brut, semble morne de vivre</l>
              <l>En l’air jaunâtre et gris de cette aube… Pleuvoir !</l>
              <l>Où pleut-il, ô Zéphyre ? Et l’on commence à voir</l>
              <l>Sur l’herbe des talus étinceler le givre…</l>
              <l/>
              <l>Une troupe d’oiseaux jaillit de l’horizon ;</l>
              <l>Puis une autre : elle forme un triangle… Puis d’autres,</l>
              <l>Vers ce champ terminal où furent des épeautres,</l>
              <l>S’abattent d’un jet lourd, pêle-mêle, à foison…</l>
              <l/>
              <l>Le bétail, désormais, va rester aux étables,</l>
              <l>Et la herse qui fait les glèbes végétables,</l>
              <l>La charrue et le roule attendront sous l’auvent</l>
              <l>Que le froid ait cessé de galoper le vent…</l>
              <l>Il cessera ; fuyez la crainte ; patience !</l>
              <l>À la bonne Cérès gardez votre fiance,</l>
              <l>Votre aide heureuse, vos espoirs, un cœur pareil :</l>
              <l>Car toujours du même or et toujours de soleil,</l>
              <l>Lasse de nous donner avec la sève blonde</l>
              <l>Le pain quotidien dont se nourrit le monde,</l>
              <l>Elle repose au cœur de la bise profonde.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Catulle Mendès</hi> n’a pas imité l’art de son
              mari ; au contraire. Elle se rapproche davantage des poètes qui ont succédé au
              Parnasse.</p>
            <p><pb n="132"/>Son émotion profonde s’exprime en vers nuancés, frissonnants : (<hi
                rend="i">Les Charmes</hi>).</p>
            <quote>
              <l>J’ignore de vos yeux le regard qui fait mal,</l>
              <l>Vos bras impérieux enlacent ma faiblesse,</l>
              <l>Vous savez d’une voix de fougue et de mollesse</l>
              <l>Faire du flot de rêve un grand flot baptismal.</l>
              <l/>
              <l>Vous me jurez votre bonheur initial,</l>
              <l>Et que de moi vous vient la force et la noblesse</l>
              <l>Du génie, et qu’en vous mon seul sourire laisse</l>
              <l>Comme un dépôt sacré tout l’espoir nuptial.</l>
              <l/>
              <l>Vous parlez de mourir de mon ingratitude ;</l>
              <l>Vous aimez à me voir souffrir d’inquiétude ;</l>
              <l>Vous m’offrez tous les vœux qui vous sont adressés.</l>
              <l/>
              <l>Silencieusement j’écoute le poème…</l>
              <l>Heureuse et douloureuse, ô mon amant, je sais ;</l>
              <l>Vous pensez à l’amour, et c’est moi qui vous aime.</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Hélène de Zuylen de Nyevelt</hi>, pourrait se
              réclamer des théories de M. Lœwengard. Le déroulement ensoleillé des images bibliques,
              la faveur jalouse qui parle au cœur des nabis d’Israël est en elle. Son vers est
              clair, net, d’un beau dessin, d’un rythme subtil et ses strophes précises.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Valentine de Saint-Point</hi>, descendante de
              Lamartine, porte la confirmation de ce glorieux atavisme au sein de ses <hi rend="i"
                >Poèmes du Vent et de la Mer</hi> pleins de strophes d’un lyrisme éclatant, précis,
              audacieux.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Lucie Félix Faure-Goyau</hi> (<hi rend="i">La
                Vie nuancée</hi>), témoigne de ce récent mouvement néo-chrétien <pb n="133"/>auquel
              nous devons M. Louis Le Cardonnel. Avec un lyrisme moindre, plus de sécheresse, une
              sorte de virilité mystique à laquelle les femmes ne sont pas accoutumées, elle émeut
              notre raison, élève notre cœur. Au milieu du concert orphique et aphrodisiaque des
              autres poétesses, elle se place résolument sous l’égide du stoïcisme catholique.</p>
            <quote>
              <l>Ah ! comme tout s’attriste à plaisir dans mon rêve !</l>
              <l>Là, contre la maison, s’allonge le soleil.</l>
              <l>Chaque rose inclinée en mon cœur tient conseil,</l>
              <l>Et feuille à feuille meurt dans l’ombre qui se lève…</l>
              <l/>
              <l>La petite pendule a réveillé les heures</l>
              <l>Et fait en son tic-tac battre l’éternité !</l>
              <l>— Notre cœur autrefois de même en vérité ? —</l>
              <l>Prononces-tu mon nom le soir lorsque tu pleures ?</l>
              <l/>
              <l>Minuit, dans le satin de tentures vieil or,</l>
              <l>Répand les flots de lune et nimbe la fenêtre.</l>
              <l>Il fait soudain grand’nuit tout au fond de mon être !</l>
              <l>Pourrais-je donc ce soir te regretter encor ?….</l>
            </quote>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">lle</hi> Jane Dortzal</hi>, au privilège de son illustre
              beauté, ajoute la renommée plus durable de ses poèmes : (<hi rend="i">Vers
                l’infini</hi>).</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Fernand Gregh</hi> s’est à peine affirmée par de
              trop rares publications de vers en de jeunes revues. Mais on sent et espère en elle un
              poète voluptueux et tendre qui comptera parmi les meilleurs.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Marie Dauguet</hi> nous fut présentée par
              M. Remy de Gourmont : c’est un poète naturiste subtil et simple à la fois.</p>
            <p/>
            <p><pb n="134"/><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Marie Weyrich</hi> se souvient de
              Baudelaire dans ses <hi rend="i">Jardins du Soir</hi>, <hi rend="b">M<hi rend="sup"
                  >me</hi> Cécile Périn</hi> a de la grâce et de la force. <hi rend="b">M<hi
                  rend="sup">me</hi> Pierre de Bouchaud</hi> (Cardeline) est plus connue pour ses
              romans. Le poète seul mériterait déjà longuement notre attention.</p>
            <p>Chaque jour le nombre des poétesses augmente. La poésie descend à être un sport
              mondain. Nous avons signalé les vrais talents, — nous en avons oublié peut-être, mais
              on comprendra aussi qu’il ne nous était pas possible de tenir compte ici de relations
              mondaines ou politiques. La critique n’a d’égard qu’au talent<note resp="author"
                >Depuis que ce livre est écrit, s’est révélée M<hi rend="sup">lle</hi> André
                Corthis.</note>.</p>
          </div>
        </div>
        <div type="chapter">
          <head>Chapitre III. Le roman</head>
          <p><pb n="135"/>Pour une partie du public français, le roman constitue l’unique production
            littéraire de notre temps. Après avoir été, durant trois siècles<note resp="author"
              >Cf. Voltaire. <hi rend="i">Le siècle de Louis XIV.</hi> App. Catalogue des écrivains,
              article : M<hi rend="sup">me</hi> de Villedieu. <quote>« … Au reste on est bien
                éloigné de vouloir donner ici quelque prix à tous ces romans dont la France a été et
                est encore inondée. Ils ont presque tous été, excepté <hi rend="i">Zaïde</hi>, les
                productions d’esprits faibles qui écrivent avec facilité des choses indignes d’être
                lues par des esprits solides ; ils sont même pour la plupart dénués d’imagination ;
                et il y en a plus dans quatre pages de l’<hi rend="i">Arioste</hi> que dans tous ces
                insipides écrits qui gâtent le goût des jeunes gens. »</quote> Voilà une opinion qui
              réjouira M. Ernest-Charles.</note>, le genre inférieur, le roman a tout envahi. Rien
            ne lui est étranger. Devenu comme les langues d’Ésope, ce qu’il y a de meilleur ou de
            pire, il a eu toutes les audaces, toutes les prétentions ; il a véhiculé jusqu’au grand
            public les hypothèses de la science et les lieux-communs de l’histoire. On assure qu’il
            a dépassé sa <pb n="136"/>prospérité et que la décadence approche. Il semble, en effet
            que, depuis quelques mois, les éditeurs réduisent la publication des romans et nous ne
            connaissons plus les tirages énormes dont Zola, Droz ou Daudet tirèrent fortune.</p>
          <p><hi rend="i">Quo Vadis</hi> et <hi rend="i">Aphrodite</hi> ont été les derniers succès
            de librairie. De cette déchéance les causes sont les mêmes que pour la critique ou le
            théâtre et se compliquent encore de ce que nous appellerons <hi rend="i">l’invasion des
              primaires</hi>. En effet, s’il est une forme littéraire, un genre qui ne doive pas
            être instructif, documentaire ou social, c’est le roman. La définition même du genre
            l’écarte des ambitions morales ou politiques. Hélas ! on en est venu à décorer du titre
            de roman des œuvres sans intrigue, entièrement lyriques ou entièrement documentaires ;
            alors que ce genre paraît entièrement destiné à des récits d’aventures ou à des
            peintures de mœurs ! Mais l’accroissement de l’<hi rend="i">amateurisme, les plagiats
              naturalistes, le reportage d’actualité, la réclame éhontée des industriels, la
              confusion universelle des genres, l’invasion de l’esprit primaire</hi><note
              resp="author">Cf. <hi rend="i">L’école d’Aujourd’hui</hi>, par M. Georges Goyau. Très
              remarquable et judicieuse étude, 2 vol. Perrin, 1905-1906.</note> n’ont pas peu
            contribué à rabaisser le roman français.</p>
          <p>La mise en vente demeure considérable<note resp="author"><p>M. Henry Bordeaux parle de
                40 000 livres nouveaux par an. Dans ce chiffre il faudrait comprendre les budgets de
                l’État et des grandes villes, les publications administratives particulières aux
                ministères, au parlement, aux préfectures, les ouvrages de piété, les manuels
                techniques ou d’enseignement etc… En réalité la production des romans a diminué, si
                l’on compare aujourd’hui avec le temps où Savine et Dentu publiaient trois ou quatre
                romans par jour. Il paraît annuellement de 350 à 400 romans. M. Henry Bordeaux écrit
                plus justement : <bibl>(<hi rend="i">Les Écrivains et les Mœurs</hi>,
                1901)</bibl></p><quote><p>« D’où vient cette manie d’écrire ? De la vanité des uns
                  et de l’industrie des autres. Autrefois, les auteurs plus rares et d’ailleurs
                  poussés par une vocation irrésistible qui rencontrait pour s’affirmer les
                  obstacles les plus pénibles, tels que la faim, l’hôpital, le mépris public et la
                  haine des sots, finissaient par grouper autour de leurs œuvres, dans l’ensemble du
                  pays, une classe d’amateurs instruits et intelligents, qui savouraient dans la
                  lecture un plaisir de dilettante et se contentaient d’avoir du goût. Aujourd’hui,
                  il n’y a plus d’amateurs. Tous les amateurs, sans exception, écrivent et portent
                  triomphalement leurs manuscrits chez les libraires. »</p></quote><p>Néanmoins,
                voici la statistique officielle pour l’année 1838. Il a été imprimé à Paris
                6 603 ouvrages français, latins, grecs, italiens, allemands, etc….</p><p>976
                estampes ou lithographies.</p><p>173 plans ou cartes géographiques.</p><p>1053
                ouvrages de musique.</p><p>Cette année M. Néaubre a donné 10 <hi rend="i"
                  >nouvelles</hi> pièces au théâtre, MM. Anicet, Dennery et Laurencie 8, Vanderbuch
                et Lubize 7, Bayard, Dumanoir. Cogniard, Courcy, Desnoyers, Duport, et Connon, 6,
                etc…</p><p>En librairie ont paru durant les deux derniers mois : <hi rend="i"
                  >Souffre Douleur</hi>, de Emm. Gonzalès. <hi rend="i">La Belle au Bois
                  Dormant</hi>, de A. Houssaye, <hi rend="i">L’Inconstance</hi> de H. Lucas, <hi
                  rend="i">Mephis</hi> de Μ<hi rend="sup">me·</hi> Flora-Chasal-Tristan, <hi
                  rend="i">Les Loups-Cerviers</hi>, de Lamothe-Langon, <hi rend="i">Acté</hi> de
                Alex. Dumas, <hi rend="i">Arthur</hi> de Eugène Sue, etc… On le voit, c’est encore
                des livres dont on se souvient le mieux.</p></note>. Il est <pb n="137"/>difficile
            de démêler les tendances générales de ces œuvres disparates dont les meilleures ne sont
            point les plus connues. Il semble cependant qu’on veuille <pb n="138"/>réagir contre le
            pessimisme naturaliste, contre le romantisme et qu’on oppose, à l’idéalisme minutieux et
            subtil des slaves, une sorte d’idéalisme latin. On peut noter avec la vogue du roman
            historique un retour au roman héroïque. Le roman symboliste achève son éphémère,
            brillante et curieuse floraison. Le roman dit <hi rend="i">moderne</hi> mêle à la
            peinture des mœurs quelques prétentions de philosophie, d’ironie ou même de
            polémique.</p>
          <div>
            <head>I. — Le roman provincial</head>
            <p>Il se pourrait que les études provinciales sauvassent le roman de la médiocrité où il
              tombe. Pour peu qu’on revienne aux belles et saines traditions de l’époque où l’on
              saluait l’apparition du <hi rend="i">Bouscassié</hi> et de la <hi rend="i">Fête Votive
                de saint Bartholomée-Porte-Glaive</hi> de Cladel, où l’on aimait véritablement le
              sol que l’on décrivait, le roman retrouvera une beauté simple, sans procédés et pourra
              éveiller en nous la curiosité de notre France que nous connaissons mal. <hi rend="i"
                >Jacquou le Croquant</hi> fut considéré comme un chef-d’œuvre, il y a cinq ans,
              lorsqu’il nous apporta toute la chaude saveur d’une province, lorsqu’il nous conta la
              vie d’un paysan qu’aucune influence n’avait détourné, arraché à sa terre et à ses
              morts. Ce livre de <hi rend="b">M. Eugène Le Roy</hi>, dont le premier roman <hi
                rend="i">le Moulin du Frau</hi> passa inaperçu, mettait en scène des individus <pb
                n="139"/><quote>« semblables à ces personnes aux manières simples qui sans tant de
                politesse, montrent leur âme à nu »</quote>. C’était un repos, après tant de
              portraits parisiens compliqués ou qui veulent paraître compliqués. <hi rend="i"
                >Jacquou le Croquant</hi> se relevait d’un accent âpre, d’un bouillonnement de
              révolte qui marquait quelque chose de nouveau, après les idylles de Ferdinand Fabre.
              Ce roman venait directement du grand mouvement fédéraliste ou félibréen. Par des
              termes du terroir, il renouvelait la langue victorieuse d’oïl. Certes le vrai roman
              provincial, seule la langue originelle le pourrait traduire et on connaît
              l’extraordinaire éclat, la couleur puissante du <hi rend="i">Valet de Ferme</hi> de
                <hi rend="b">Batisto Bonnet</hi> (traduct. Alphonse Daudet) du <hi rend="i"
                >Bagatouni</hi> de <hi rend="b">Valère Bernard</hi> (trad. Paul Souchon) ou du <hi
                rend="i">Courandier</hi> d’<hi rend="b">Hugues Lapaire</hi>, cependant fidèle à la
              fois à la tradition terrienne et à la suprématie française. M. Eugène Le Roy composait
              des œuvres auxquelles rien n’est comparable, par la sincérité ou le style.</p>
            <p>Inimitable, d’une harmonie uniforme qui confine à la monotonie, d’une exactitude
              faite de sobriété et de minutie, <hi rend="b">M. René Boylesve</hi> apportait au roman
              provincial (<hi rend="i">M<hi rend="sup">lle</hi> Cloque</hi>, la <hi rend="i"
                >Becquée</hi>, l’<hi rend="i">Enfant à la Balustrade</hi>) le style de la <hi
                rend="i">Princesse de Clèves</hi>, des dons d’analyse subtils et nombreux, une grâce
              souriante, une élégance faite d’ironie et d’émotion contenue, et surtout un cœur
              intelligent et indulgent.</p>
            <p/>
            <p><pb n="140"/><hi rend="b">M. Emmanuel Delbousquet</hi> n’a pas suivi la coutume des
              jeunes provinciaux qui viennent gâcher à Paris leur talent naturel, en écrivant des
              études de grande ville pour lesquelles l’expérience fait défaut, M. Emmanuel
              Delbousquet a peint, avec un coloris, une puissance d’évocation digne de Villiers de
              l’Isle-Adam, de hautes fresques tragiques sur l’horizon des landes de Gascogne, son
              pays. Ce sont presque des romans lyriques que l’<hi rend="i">Écarteur</hi> et <hi
                rend="i">Le Mazareilh</hi>.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Pierre de Querlon</hi>, a donné à son dernier livre, <hi rend="i"
                >Céline, fille des champs</hi>, le cadre des campagnes riches. Son talent le
              désignait pour rendre les émotions simples des paysans et les descriptions paraissent
              avoir dans <hi rend="i">Céline</hi> plus d’ampleur que dans les <hi rend="i">Joues
                d’Hélène</hi> et la <hi rend="i">Liaison fâcheuse</hi>.</p>
            <p/>
            <p>La <hi rend="i">Vertu du Sol</hi> de <hi rend="b">Marcel Mielvaque</hi> est un des
              livres importants de ces dernières années tant par la fidélité des détails sur la vie
              d’une nouvelle M<hi rend="sup">me</hi> Bovary dans un pays de vignobles et de petites
              propriétés que par les idées qui se dégagent de cette intrigue et font de ce livre
              plus et moins qu’un roman, une sorte de manuel de sociologie et psychologie
              régionaliste d’une force et d’une portée considérables.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="i">Le Servage</hi> d’<hi rend="b">Édouard Ducoté</hi> nous a appris que ce
              poète était aussi un observateur cruel. Cette vie d’enfant désenchanté et brutalisé,
              cette éducation <pb n="141"/>sentimentale d’une âme timide dans un milieu hostile est
              mieux observées.</p>
            <p/>
            <p>Le <hi rend="i">Résultat d’un Huis-Clos</hi> de <hi rend="b">Paul Mathiex</hi>, les
                <hi rend="i">Armures de cendres</hi> de <hi rend="b">Jean Poujade</hi>, la <hi
                rend="i">Toile d’araignée</hi> de <hi rend="b">A. Vidal</hi> (nouvelles) renferment
              des pages curieuses.</p>
            <p/>
            <p>Citons encore <hi rend="b">M. Edmond Jaloux</hi> avec les <hi rend="i">Sangsues</hi>,
                <hi rend="b">M. Antonin Lavergne</hi> avec <hi rend="i">M. le Maire</hi>, et <hi
                rend="i">Tantoune</hi> qui nous rappellent toute la cautèle hypocrite de la
              Province. Les nouvelles du pays bourguignon (<hi rend="i">Le Choix d’une
                Maîtresse</hi>) de <hi rend="b">M. Pierre Vernou</hi>, savoureuses et chaudes d’une
              langue forte et simple, digne de Maupassant, les délicates, nerveuses, spirituelles,
              franches et colorées compositions de <hi rend="b">Léon Lafage</hi> qui est peut-être
              notre meilleur « nouvelliste ».</p>
            <p>En résumé, le roman provincial peut sembler supérieur au roman parisien en ce qu’il
              n’emploie aucune habileté nécessaire pour atteindre le grand public. Le succès d’un
              roman provincial est toujours de bon aloi puisqu’il ne résulte que du charme que l’on
              éprouve à lire une copie de la saine réalité. Ce succès reste à la louange de l’auteur
              qui aura dédaigné les procédés trompeurs, et du public qui aura aimé la beauté
              véritable.</p>
          </div>
          <div>
            <head>II. — Le roman social</head>
            <p><pb n="142"/>M. Camille Mauclair a dit des Rosny qu’ils étaient les seuls romanciers
              sociologues. En effet, ils semblent avoir été les véritables précurseurs de cette
              forme de roman qui tenta depuis les débutants, épris d’idées humanitaires. <hi
                rend="i">Le Bilatéral, Les Âmes perdues, L’Impérieuse Bonté</hi> et surtout <hi
                rend="i">Sous le Fardeau</hi> furent les véritables romans sociaux. Alors que <hi
                rend="i">Germinal</hi> était surtout une épopée en prose sans tendances définies,
              les livres de J.-H. Rosny s’inquiétaient de l’humanité tout entière, avec ses
              instincts et ses gestes inutiles. La théorie de l’évolution lente chère aux Rosny,
              devait pourtant plaire aux socialistes, et une sorte de fatalisme dominateur qui se
              dégage de leurs œuvres, un esprit de discussion trop subtil éloignaient d’eux le
              peuple. J.-H. Rosny pensent que ce n’est pas par le peuple que peut se faire une
              évolution progressive, mais par la bourgeoisie. Cette théorie logique ne pouvait les
              rendre sympathiques au gros public<note resp="author">Cf<hi rend="i">.
                  J.-H. Rosny</hi>, par G. Casella, in-18, Sansot, éditeur.</note>.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">André Couvreur</hi>, dans les <hi rend="i">Dangers sociaux</hi>, s’est
              fait éducateur et moraliste. Il a procédé par antithèses violentes, ce qui est le
              défaut des romans à thèse en général. Dans la conception de son œuvre, André Couvreur,
              s’éloigne de la vérité : au <pb n="143"/>contraire, l’exécution est d’une sûreté
              inattaquable ; et l’on voit dans ses livres grouiller des foules véritables avec leurs
              instincts collectifs, éternels et changeants. Nous n’éprouvons, à vrai dire que des
              sentiments excessifs, mais avec quelle intensité !… Maintenant, quelle part de
              sincérité devons-nous trouver dans une œuvre dont les détails n’existent que pour la
              démonstration d’une idée ?… Nous ne pouvons pas plus discerner cette sincérité que
              dans les <hi rend="i">Rougon-Macquart</hi> où l’intrigue définie démontrait un
              principe. Pourtant, sa croyance profonde en l’avenir social nous éclaire sur la
              conscience d’André Couvreur. Chacun de ses livres est un bienfait, et les défauts que
              nous y rencontrons sont peut-être à ses yeux les qualités les plus fortes, parce
              qu’ils sont des moyens, parfois volontairement naïfs, de mettre en relief les tares
              qu’il combat. C’est pourquoi André Couvreur est éducateur et moraliste. Ce que fait
              Brieux, au théâtre, Couvreur l’a tenté par le livre.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Michel Corday</hi> est aussi un fervent de Brieux. Les livres sont
              d’une audace louable. Il a fait preuve dans <hi rend="i">Demi-fous</hi> d’un plus
              grand souci de la phrase. M. Michel Corday est aussi un moraliste.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Camille Mauclair</hi> est un curieux. <hi rend="i">Les Mères
                Sociales</hi> sont une attaque contre la morale de la famille. Lui aussi M. Mauclair
              indique le remède. Car il ne serait pas un sociologue s’il ne fournissait un moyen de
              transformer la société.</p>
            <quote>
              <p><pb n="144"/>« On a souvent reproché à M. Mauclair d’avoir laissé sa prime
                intellectualité s’étioler dans l’ombre instable de Barrès. Pourtant il ne semble pas
                que la philosophie spéculative de celui-ci ait détourné de sa voie naturelle
                l’esprit inquiet et combatif du jeune disciple. Il apparaît, au contraire, que cette
                influence — subie non sans orgueil naguère — dota le poète des <hi rend="i"
                  >Sonatines d’Automne</hi> d’une excellente méthode de raisonnement. Ici, nulle
                trace de dilettantisme barrésien. Aussi bien en dédiant cette œuvre à J.-H. Rosny,
                M. Camille Mauclair a entendu s’honorer d’une évidente filiation. Le soleil rosnyen
                luit pour tout le monde, et bien avant les <hi rend="i">Mères Sociales</hi>, plus
                d’un écrivain altruiste y a réchauffé sa vacillante inspiration<note resp="author"
                  >André Malécot, <hi rend="i">Revue dorée</hi>, 34-VI-200,
                Décembre 1902.</note>. »</p>
            </quote>
            <p>Malgré M. Camille Mauclair, M. André Couvreur et malgré les efforts de M. Michel
              Corday, le roman social paraît être en défaveur. Pourquoi ?… Il y a moyen d’étudier
              les questions les plus graves sans être ennuyeux.</p>
            <p>On peut considérer comme un roman social (social à la façon de M. Mirbeau à qui le
              livre est dédié, c’est-à-dire satirique), <hi rend="i">Héros d’Afrique</hi> de
              Ch.-Henry Hirsch, mais M. Hirsch satisfait d’avoir des paysages à décrire et une
              peuplade nègre à imaginer, s’est laissé aller à écrire un délicieux roman d’aventures,
              avec de l’énergie de-ci de-là, et une idée directrice, noble et généreuse.</p>
            <p><pb n="145"/>Enfin <hi rend="b">M. Georges Pioch</hi> (<hi rend="i">L’Impuissance
                d’Hercule</hi>), <hi rend="b">M. Jean Vignaud</hi> (<hi rend="i">Les Amis du
                Peuple</hi>), <hi rend="b">Jean Viollis</hi> (<hi rend="i">La Récompense</hi>), <hi
                rend="b">Louis Lumet</hi> (<hi rend="i">La Fièvre, le Chaos</hi>), avec un style
              ardent et clair, des dons de composition et d’évocation très particuliers, <hi
                rend="b">Henry de Bruchard</hi> (<hi rend="i">La Fausse Gloire</hi>), etc., avec des
              préoccupations différentes allaient au peuple et nous contaient ses misères, et la vie
              de ceux qui le dirigent ou espèrent le diriger. Les livres de M. Lumet sont
              certainement, parmi les œuvres de jeunes, les plus réussies dans ce genre.</p>
          </div>
          <div>
            <head>III. — Le roman historique</head>
            <p>Plus que l’exemple de la <hi rend="i">Thaïs</hi> d’Anatole France, de <hi rend="i"
                >Salammbô</hi> ou du <hi rend="i">Roman de la Momie</hi>, le succès imprévu d’<hi
                rend="i">Aphrodite</hi> a décidé depuis dix ans la renaissance du roman historique.
              Certes les œuvres ne manquaient pas avant celle de M. Pierre Louÿs qui évoquaient les
              fastes du passé, mais M. Pierre Louÿs a apporté du nouveau qu’on a beaucoup imité : ce
              que M. Remy de Gourmont appelle : <quote><hi rend="i">le romanesque
                sensuel</hi></quote><note resp="author">R. de Gourmont. <hi rend="i">Le I<hi
                    rend="sup">er</hi> livre des Masques</hi>.</note>. Ni le sobre et clair épisode
              du <hi rend="i">Vieux de la Montagne</hi> de M<hi rend="sup">me</hi> Judith Gautier,
              ni les rutilantes fresques de M. Léon Cahun qui égale Élémir Bourges ne respiraient
              cette atmosphère de mort et de volupté <pb n="146"/>qui flotte autour des amies de
              Chrysis. Il manquait, pour plaire à notre époque, dans les ouvrages précédents, ce
              symbolisme clair, cette nervosité, cette inquiétude et cette ironie qu’on trouve à
              chaque page d’<hi rend="i">Aphrodite.</hi> Nous voulons retrouver sous la khlamyde
              dorienne ou l’armure espagnole, des âmes et des cœurs d’aujourd’hui. Trop froids ou
              d’une énergie trop haute nous paraissaient des héros de M<hi rend="sup"
              >me</hi> Gautier, descendants directs des créations de Chateaubriand. Dans <hi
                rend="i">Salammbô</hi> nous n’admirions guère que la prodigieuse maîtrise du
              styliste et l’art achevé de la composition. Depuis Démétrios, les personnages du roman
              historique restent nos contemporains. La psychologie rétrospective, nous n’y croyons
              guère.</p>
            <p>Mais il ne faudrait pas rapprocher le succès d’<hi rend="i">Aphrodite</hi> de celui
              de <hi rend="i">Quo Vadis</hi>. Ce dernier roman nous rappelle seulement que, si nous
              relisions Alexandre Dumas, nous y goûterions quelque plaisir et que nous avons tort de
              négliger les romans historiques des éditeurs catholiques. Ils sont pour la plupart,
              plus agréablement faux, plus ingénieusement compliqués, plus féconds en maximes
              banales, en mots historiques controuvés et en détails pathétiques que la traduction du
              polonais Sienkiewicz<note resp="author">Toutefois les <hi rend="i">Chevaliers
                  Teutoniques</hi>, livre infiniment supérieur à <hi rend="i">Quo Vadis</hi>,
                intéressent par leur allure héroïque et guerrière.</note>.</p>
            <p>Les seuls romans qui essaient de rendre la manière de vivre d’une époque parmi son
              décor propre <pb n="147"/>sont ceux de <hi rend="b">M. Maurice Maindron</hi> (<hi
                rend="i">Saint-Cendre, Blancador l’Avantageux, M. de Clérambon</hi>). À l’attrait du
              pittoresque, au charme d’une langue riche et forte, ils ajoutent tout l’intérêt que
              leur vaut l’érudition sérieuse de leur auteur. Mais, bien que les épisodes en soient
              plaisants, les détails fort audacieux, ces livres ne sont guère dans le goût de
              l’heure et leur saveur est un peu forte pour les faiblesses d’à présent. Pour le
              public, il convient de le regretter. Mieux peut-être que notre affirmation, ce seul
              fait qu’ils n’ont pas suscité d’imitateurs, indique l’indifférence malheureuse où
              « les jeunes » de ce temps tiennent les recherches de M. Maurice Maindron. Par contre
              le ton à la fois ironique et moralisateur, la nonchalance sensuelle de M. Pierre
              Louÿs, son style lucide, d’une si insaisissable fluidité lui ont valu une suite
              nombreuse. De la <hi rend="i">Chimère</hi> de M. Louis Dumont à la <hi rend="i"
                >Dernière Journée de Sappho</hi> de M. Gabriel Faure et au <hi rend="i">Péplos
                vert</hi> de M. Maurice Waleffe pour ne compter que les ouvrages où subsiste un
              souci d’art, la liste est longue des romans qui se souviennent d’<hi rend="i"
                >Aphrodite.</hi> Μ<hi rend="sup">me</hi> Jane de la Vaudère et Félicien Champsaur le
              peuvent dire<note resp="author">Les romans de M<hi rend="sup">me</hi> Bertheroy
                continuent seulement le genre illustré par M<hi rend="sup"
              >me</hi> Gautier.</note>.</p>
            <p>Nous savons bien que dans cette reconnaissance du roman historique, il faudrait
              peut-être faire hommage à MM. J.-H. Rosny de l’influence qui leur est due. <pb n="148"
              />Cette renaissance, ils l’avaient prévue, eux qui furent — en un temps de naturalisme
              vulgaire — les seuls et derniers apôtres du romanesque et les créateurs du roman
              préhistorique.</p>
            <p>Des tentatives parallèles de celles de M. Louÿs ou différentes au contraire nous ont
              donné toute une série de volumes dont on louera probablement encore, après même que la
              mode aura tourné, l’écriture. Ce sont les contes de Marcel Schwob, si pleins d’une
              atmosphère étrange de crypte souterraine, de fards milésiens, de jeunes corps
              amoureux, si ruisselants d’eaux, de miroirs, de gemmes, rappelant à la fois les encens
              du temple, les toiles de Rochegrosse et Gustave Moreau et cette angoisse qui flotte
              sur les ruines solitaires au crépuscule : les contes de Jean Lorrain, avec leurs
              gnomes, leurs fées, leurs éphèbes équivoques, leurs princesses d’ivoire et d’ivresse,
              leur frisson d’inconnu, leur ombre nostalgique et peuplée de fantômes luxurieux. C’est
              après les reconstitutions de Jean Moréas (<hi rend="i">les Contes de la Vieille
                France</hi>), <hi rend="i">la Messaline</hi>, de Jarry, d’une si subtile orfèvrerie
              de mots et de syntaxe précieuse ; la <hi rend="i">Nichina</hi> d’Hugues Rebell,
              plaidoyer contre la morale moderne, à la façon de Louÿs, mais avec en plus la
              truculence exaspérée du verbe et une brutalité énorme, les sobres et délicats romans
              de Pierre de Querlon : <hi rend="i">La Maison de la Petite Livia</hi>. — <hi rend="i"
                >Les Amours de Leucippe et Clitophon</hi><note resp="author">En coll. avec
                Charles Verrier.</note>; <pb n="149"/>les contes de M. A. Ferdinand Hérold et ceux
              où M. Remy de Gourmont a mis une perversité souriante et une morale anarchiste.</p>
            <p>Si dans le <num>xvii<hi rend="sup">e</hi></num> siècle, où moissonne M. Henri de
              Régnier de si riches épis et compose des gerbes lourdes de froment français sont
              situés <hi rend="i">Le Bon Plaisir, La Double Maîtresse, les Aventures de
                M. de Bréot</hi>, le <num>xviii<hi rend="sup">e</hi></num> siècle a trouvé dans <hi
                rend="b">M. Eugène Demolder</hi>, un peintre qui après avoir étudié la Hollande de
              Rembrandt (<hi rend="i">La Route d’Émeraude</hi>), excelle à reproduire le règne des
              élégances de Versailles dans un livre (<hi rend="i">Le Jardinier de la Pompadour</hi>)
              digne d’un Pierre de Nolhac qui serait romancier.</p>
            <p>Si le <hi rend="i">Couvre-Feu</hi> de <hi rend="b">M. Constantin Photiadès</hi> se
              réclame à la fois de M<hi rend="sup">me</hi> de la Fayette et de M. Henri de Régnier,
              la <hi rend="i">Philosophie Galante de M. de Valcourt</hi>, par <hi rend="b">Paul
                Dollfus</hi>, serre davantage encore le style et la morale des mémoires galants.
              Reconstitutions et pastiches nous entraînent par-delà les âges, de Sparte (L’<hi
                rend="i">Amant légal</hi> du comte A. du Bois) à Mitylène (<hi rend="i">Sapho</hi>
              de Nonce Casanova) avec de longs détours dans la légende.</p>
          </div>
          <div>
            <head>IV. — La fantaisie et le conte moral</head>
            <p>C’est encore M. Pierre Louÿs qui a suscité la renaissance du roman fantaisiste. (Les
                <hi rend="i">Aventures du roi Pausole</hi>). Estimant que rien n’était mieux dans la
              tradition des lettres françaises, M. Pierre Louÿs osa <pb n="150"/>publier en
              feuilleton un roman hors du temps et de la réalité. L’exemple fut suivi : le roman
              poétique nous est revenu, avec <hi rend="i">Pour l’amour du laurier</hi> de <hi
                rend="b">M. Gilbert de Voisins</hi> au style original et d’une belle pureté et qui
              rappelle, sans détruire la personnalité de l’auteur, le <hi rend="i">Diable
                amoureux</hi> de Cazotte, les <hi rend="i">Centaures</hi> de M. André Lichtenberger,
                <hi rend="i">Merveilles et moralités</hi> de Édouard Ducoté où persiste comme un
              écho de la sagesse antique, comme un reflet de la grâce légère de Lucien de
              Samosate.</p>
            <p/>
            <p>Le <hi rend="i">Mariage de Don Quichotte</hi>, de <hi rend="b">P.-J. Toulet</hi>,
              unit la philosophie voluptueuse de Crébillon à l’esprit picaresque.</p>
            <p/>
            <p>Le conte moral et le roman allégorique né du <hi rend="i">Gulliver</hi> de Swift et
              du <hi rend="i">Candide</hi> de Voltaire ont eu des continuateurs avec <hi rend="i"
                >Pantalonie</hi> de <hi rend="b">Camille de Sainte-Croix</hi>, les <hi rend="i"
                >Lettres de Malaisie</hi>, de <hi rend="b">Paul Adam</hi>, les romans
              demi-fantaisistes de <hi rend="b">M. Delacour</hi> (l’<hi rend="i">Évangile de Jacques
                Clément</hi>, le <hi rend="i">Roy</hi>, le <hi rend="i">Pape rouge</hi>). Le rire
              amer de Villiers de l’Isle Adam et le tragique de Barbey d’Aurevilly persistent
              ici.</p>
            <p/>
            <p>Les <hi rend="i">Contes des yeux fermés</hi>, d’<hi rend="b">Alphonse Séché</hi>,
              sont des rêves. Mais, ce ne sont pas des rêves <hi rend="i">racontés</hi> comme nous
              en connaissons tant ; ici, il y a quelque chose de plus en <hi rend="i"
                >originalité</hi>, quelque chose de moins en littérature. C’est, en quelque sorte,
              de la photographie de rêves. On ne peut imaginer rien de plus curieux et de plus
              étrange. Jamais, jusqu’ici, <pb n="151"/>on n’était arrivé à nous donner à ce point
              l’exacte impression de cette hallucination. Nous avions, en les lisant, l’illusion
              complète du <hi rend="i">rêve pendant le rêve</hi>. Le <hi rend="i">procédé</hi>
              littéraire est presque tout scientifique, on devine à quelles observations, à quels
              efforts l’auteur s’est astreint pour arriver à bien connaître le mécanisme du rêve,
              pour s’en rendre maître et réussir à nous donner ces contes saisissants de vérité.
              Sans conteste, ce livre est unique en son genre.</p>
            <p/>
            <p>Après les romans scientifiques des frères Rosny (les <hi rend="i">Xipéhuz, Un autre
                Monde</hi>, le <hi rend="i">Cataclysme</hi>, etc.), qui bien avant Wells avait
              instauré cette forme romanesque, les écrivains n’ont pas hésité à nous mener hors de
              l’espace et de la réalité. C’est beaucoup Wells qui a causé cette renaissance
              passagère et nos romanciers ne semblent avoir retenu de l’auteur de la <hi rend="i"
                >Guerre des Mondes</hi> que ses procédés d’invention, que son amour de fantastique.
              Il y avait une autre préoccupation dans l’œuvre scientifique des Rosny qui examinait
              surtout l’angoisse des hommes devant les problèmes inconnus<note resp="author">Le <hi
                  rend="i">Horla</hi> de Maupassant était surtout une hallucination, et <hi rend="i"
                  >les deux Paradis d’Abder-Râman</hi> de Jules Tellier sont un exercice d’ironie
                sur les religions.</note>. <hi rend="i">L’Orient Vierge</hi> de Mauclair est mieux
              qu’un roman fantastique parce qu’il est influencé des Rosny et les <hi rend="i">Contes
                dans la Nuit</hi> de <hi rend="b">Frédéric Boutet</hi> ont une tenue philosophique.
              Il faut citer à part la <hi rend="i">Morte irritée</hi> de François de Nion et <pb
                n="152"/><hi rend="i">Le Réveil de l’Âme</hi> de J. de Taillenay qui développait
              l’idée de la survivance des morts, l’étrange voyage de <hi rend="i">Julius
                Pingouin</hi> que M. Boutet nous conta et qui sont à la fois de l’Edgar Poë et du
              Mark Twain, les contes de Bernard Lazare, <hi rend="i">La tourmente d’Or</hi>,
              d’Albert Leune, l’<hi rend="i">Eldorado</hi> de Paul Brulat, enfin cet extraordinaire
                <hi rend="i">Parfum de Volupté</hi> de Gaston Danville. Tous ces romans se réclament
              à la fois du conte moral, du merveilleux scientifique, du roman d’aventures.</p>
          </div>
          <div>
            <head>V. — Le roman militaire</head>
            <p>On a voulu beaucoup prouver et le roman militaire est en général le roman
              antimilitariste. Dès lors on devine ses défauts et ses erreurs. Nous ne parlerons pas
              des volumes à scandale ou des histoires de filles à soldats dont on ignore déjà la
              vogue récente. Que nous importent les duels, les mises à la retraite ou les procès qui
              actionnaient la vente de récits dont nous ne nions pas la sincérité, mais dont nous
              constatons le style (!).</p>
            <p>La Grande Muette a fait beaucoup trop parler d’elle et encore plus écrire à son
              sujet. L’officier romancier est une nouvelle catégorie qui affirme à nouveau la
              confusion des genres, des méthodes et des devoirs dont nous souffrons. Dans la <hi
                rend="i">Société française sous la troisième république</hi>
              <hi rend="b">MM. Marius-Ary Leblond</hi>
              <pb n="153"/>ont étudié l’officier à travers le <hi rend="i">Roman moderne</hi>. Nous
              avons peu d’études impartiales sur l’armée. Cependant la <hi rend="i">Rouille du
                Sabre</hi> de <hi rend="b">M. Eugène Morel</hi> doit figurer hors-pair, par sa
              sobriété, son impartialité, son style. L’existence monotone dans une garnison
              provinciale y revêt une apparence exacte, vivante, navrante. Citons <hi rend="i">La
                Caserne</hi> de <hi rend="b">M. Albert Lantoine</hi>, d’un style si étrange et si
              coloré, <hi rend="i">Un An de Caserne</hi>, de <hi rend="b">Louis Lamarque</hi>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>VI. — Le roman symboliste</head>
            <p>Il naquit antérieurement à l’époque qui nous occupe ici, mais ces meilleures œuvres
              sont récentes :</p>
            <p/>
            <p><hi rend="i">Les Chevaux de Diomède</hi>, ce très absurde, très exquis et très
              profond roman de <hi rend="b">M. R. de Gourmont</hi>, <hi rend="i">L’Ornement de la
                Solitude</hi> d’<hi rend="b">A. Fontainas</hi>, <hi rend="i">Les Pierres qui
                pleurent</hi> de Henry Bourgerel, <hi rend="i">Les Contes de Poupée</hi> de A. van
              Bever, <hi rend="i">Les Reflets du Miroir</hi> de Gaston Danville, <hi rend="i">La
                Possession</hi><note resp="author"><quote>« M. Charles-Henry Hirsch est le poète de
                  la légende. Délicieux et fins, ses vers sont comparables à ces fruits d’Orient
                  qu’ils évoquent en le charme des nuits. Ils sont souples et gracieux comme des
                  palmes, nuancés en d’infinies harmonies L’auteur d’<hi rend="i">Yvelaine</hi> aime
                  les soirs d’enchantement, les palais de songe, les sources maléfiques envoûteuses
                  des fleurs, les mystères des nuits d’orage où crient les voix sous les gibets, les
                  souvenirs qui dorment au fond des mémoires et qui font frissonner les enfants.
                  Aussi le titre de son nouveau volume : <hi rend="i">la Possession</hi>, ne doit-il
                  un instant tromper le lecteur. Salomé, par dessus les âges, sur l’azur du ciel de
                  Galilée, belle comme la rêva Gustave Moreau, belle comme au jour où elle demanda
                  la tête de Jean, s’empare de l’imagination maladive de Pierre Servain, être chétif
                  et disgracié, grandi parmi les objets pieux, statuettes et missels. Par la
                  séduction fatale de la Sirène, dans l’illusion qui emplit ses yeux, <hi rend="i"
                    >le possédé voit</hi> d’illusoires paysages et les carènes des vaisseaux et la
                  princesse d’Orient devenue humble gardienne de chèvres. Le présent tombe au fond
                  de la mémoire et le rêve se continue, obsédant les heures ; sa chaîne se forme,
                  anneau par anneau, et la lande, et la grève, et la mer d’Armor disparaissent sous
                  les pas de Salomé. Pierre Servain oublie son bonheur, sa jeune femme, Claire,
                  jolie assez et sans volonté, simple et toujours un peu étonnée, qui s’enfuit avec
                  un quelconque rapin auréolé de gloire pseudo-militaire. Exploité par un roué
                  mendiant, Servain s’enfonce de plus en plus dans la vie de la légende, vers la
                  démence, vers la possession de la fille d’Hérodias. Autour de lui, l’existence
                  provinciale va son cours monotone ; des physionomies fixent le regard ; des types,
                  un instant, nous arrêtent, observés et décrits avec justesse. L’impression est
                  navrante et grise, comme celle de certaines pages du Flaubert de l’Éducation
                  sentimentale. Ce Pierre Servain est un faible qui passe à côté du bonheur, être
                  sans volonté que guette la folle ; Claire est un petit oiseau sans cervelle, une
                  médiocre intelligence et un bon cœur peut-être… Et tout cela est si vrai ! Malheur
                  à qui n’a pas le courage de suivre le conseil de la Gisèle de Paul Adam et qui ne
                  sait faire deux parts de sa vie, une pour le rêve, et l’autre pour les <hi
                    rend="i">autres</hi> ! L’intelligence de la femme ?… une fable… Une froide
                  ironie, une pitié attendrie, une tristesse adoucie se mêlent au fond de l’âme de
                  l’auteur ».</quote> Ernest Gaubert : <hi rend="i">Chronique</hi> (<hi rend="i"
                  >L’Aube Méridionale</hi>, juin 1899.)</note> et <hi rend="i">La Vierge aux
                Tulipes</hi>, <pb n="154"/>de Ch.-Henry Hirsch, le premier qui fait revivre Salomé
              dans le décor breton est plein de contraste saisissant de la légende et du réalisme,
              le second qui procède ouvertement par symboles : la petite Antge représente la
              campagne hollandaise, simple, pure, Loyé Gladys, la cité d’Amsterdam, la volupté
              fausse et perverse ; le héros, partagé entre ces héroïnes revient à la simplicité.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Rachilde</hi> dont la réputation de perversité
              repose sur une équivoque n’a écrit que des romans symboliques. Ceux qui crurent
              s’offrir des voluptés inédites sous couvert de littérature ont été trompés. <pb
                n="155"/>Exquisément, avec un geste gamin, tendre et peureux, avec l’horreur de
              divulguer à la foule une pensée hautaine, elle composa d’imagination des histoires
              d’amour qui symbolisaient des conflits d’idée. L’Eliante Donalger de <hi rend="i">la
                Jongleuse</hi> n’est qu’une des faces multiples de l’imagination. Comme les deux
              frères de <hi rend="i">Hors Nature</hi> n’expriment que le conflit de la Vie et du
              Rêve. Scholl disait <quote>« La boue de Paris fait des taches noires sur les pantalons
                blancs et des taches blanches sur les pantalons noirs… »</quote> Ceux qui n’ont fait
              que lire les titres des romans de Rachilde lui ont créé à tort une réputation de
              romancier naturaliste<note resp="author">Cf. <hi rend="i">Rachilde</hi>, étude par
                Ernest Gaubert, <hi rend="i">Mercure de France</hi>, 1<hi rend="sup"
                >er</hi> avril 1905.</note>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>VII. — Les humoristes</head>
            <p><pb n="156"/>M. Gabriel de Lautrec (<hi rend="i">Mercure de France</hi>, mars 1900) a
              défini ainsi l’humour :</p>
            <quote>
              <p>« Le premier humoriste en date fut Socrate, après le Serpent. Car on dira que
                l’humour peut être parfois son propre jeu, et parfois au contraire l’expression
                amusante d’une sérieuse pensée. Nul ne discute si Socrate est un merveilleux
                théoricien. Mais il faut lui savoir gré, connaissant la sagesse humaine, d’avoir
                compris que l’ironie est maîtresse du monde. Ses dialogues ont l’air d’une gageure
                contre le lecteur…</p>
              <p>« Il représente un état d’âme un peu maladif et tourmenté, comme tous les états
                d’âme modernes, aux multiples inspirations. Il ne faut pas oublier qu’il a pris
                naissance sous des cieux brumeux et moroses, où le rire est parfois un effort. Aussi
                tous les procédés, même les plus énergiques, sont approuvés qui secouent la
                tristesse et le sommeil. — L’humoriste, s’il est nécessaire, agitera le squelette
                d’ivoire au festin de Trimalcion. Le macabre est entré, semble-t-il, depuis peu dans
                la littérature, mais s’y est fait vite un nom honorable. Il n’est pas d’effet plus
                sûr que de gambader sur un cercueil…</p>
              <p>« C’est une tournure d’esprit vers toutes les impressions. C’est une disposition
                égale et soudaine à la tristesse comme à la joie ; mais la joie est souvent <pb
                  n="157"/>mélancolique et la tristesse s’échappe en des gestes bouffons et
                rassurants. Des recherches subtiles de pensée fatiguent presque le lecteur. Des
                naïvetés profondes le désarment. Le même écrivain flétrira rigoureusement les
                cruautés banales de l’existence, puis se complaira avec indulgence et sans
                arrière-pensée aux joies faciles de chaque jour. Certes, il n’est pas aisé de noter
                les qualités essentielles qui font qu’un auteur est un humoriste, car cette
                fantaisie diverse est chez les uns cruelle, chez les autres triste, bouffonne chez
                celui-là, correcte et discrète chez celui-ci… »</p>
            </quote>
            <p>Les humouristes sont les plus connus peut-être des écrivains contemporains. Quelle
              vogue n’ont pas obtenue les œuvres de Courteline que Mendès compare à Molière ! <hi
                rend="b">Tristan Bernard</hi> avec ses comédies et les merveilleuses et
              émerveillantes histoires de ses <hi rend="i">Amants et Voleurs</hi>, un <hi rend="i"
                >Mari pacifique, Les Mémoires d’un jeune homme rangé</hi>, <hi rend="b"
                >M. Franc-Nohain</hi>, <hi rend="i">poète de genre</hi> comme les petits maîtres
              hollandais furent peintres de genre ; l’inimitable et cocasse et divin Franc-Nohain,
              le Thackeray et l’Addison français, le poète de <hi rend="i">Flûtes</hi>, la <hi
                rend="i">Chanson des Trains et des Gares, La cuisinière bourgeoise</hi> ; le conteur
                d’<hi rend="i">Au Pays de l’instar</hi>, l’historiographe du fonctionnaire de la
                III<hi rend="sup">e</hi> République et du gendarme, M. Franc-Nohain qui n’a pas la
              place qu’il mérite et qui dans une époque où l’on cherche ceux qui instruisent n’est
              pas compris. Il n’amuse pas, il enseigne. Écoutez-le. Dans les humoristes nous
              classerons aussi le romancier <pb n="158"/>de l’<hi rend="i">Inimitable</hi>, de ce
              douloureux, amer, <hi rend="i">Holocauste</hi>, ce livre où la sottise du temps n’a
              voulu voir que des portraits alors qu’on eût dû y écouter l’aveu qui sanglote et le
              cœur qui se martyrise lui-même. <hi rend="b">M. Ernest La Jeunesse</hi>, tour à tour
              trop prôné et trop dédaigné, dont le talent d’assimilation s’est calomnié par trop
              d’habileté et qui a écrit <hi rend="i">Cinq ans chez les sauvages</hi> et <hi rend="i"
                >Demi-Volupté.</hi>
              <quote>« Il a lu des livres, beaucoup de livres ; et, miracle ! tous ces livres ne
                l’ont pas troublé. Il voit, à travers eux, l’âme de leurs auteurs avec une netteté
                qui effraie un peu, et déroute, par la complication, par la disposition variée de
                mille détails. Ce sont des visions parfois géantes, avec des raccourcis de
                perspective, et une farouche précision d’ironie ; certains ont comme un faux air
                d’apocalypse ; M. La Jeunesse est le saint Jean de l’ironie. La clarté de sa
                critique n’y gagne pas toujours ; telles visions sont confuses, quoique précises.
                M. La Jeunesse entasse, avec un tact assez subtil mais avec un art consommé
                d’architecte, les petits détails sur les jugements spéciaux ; le tout est solide,
                mais écrase le lecteur par son abondance et sa multiplicité. M. La Jeunesse veut
                être personnel, il y réussit ; mais il tombe parfois dans une originalité assez
                  disparate<note resp="author">Jean Viollis, l’<hi rend="i">Effort</hi>,
                  septembre 1906.</note>. »</quote></p>
            <p>Parmi les humoristes, aussi, M. Frédéric Boutet. <hi rend="i">Les victimes
                grimacent</hi> et l’<hi rend="i">Homme sauvage.</hi> Parmi les humoristes encore le
              moraliste <hi rend="b">Claude Berton</hi>
              <pb n="159"/>(<hi rend="i">Au coin d’un bois, La conversion d’Angèle</hi>) et <hi
                rend="b">Μ. P.-J. Toulet</hi> (<hi rend="i">Tendres ménages, Mon amie Nane</hi>).
              Citons encore <hi rend="b">Curnonsky</hi>, le collaborateur de Willy, <hi rend="b"
                >Armory</hi> (<hi rend="i">En Débauches</hi>), il ne faudrait pas non plus oublier
                <hi rend="i">Penses-tu réussir</hi> et <hi rend="i">Aimienne</hi> de <hi rend="b"
                >Jean de Tinan</hi>, trop tôt disparu, et dont l’ironie sentimentale ne fut pas sans
              influence sur ses amis. <hi rend="b">M. Henri Austruy</hi> avec l’<hi rend="i"
                >Eupantophone</hi> et l’<hi rend="i">Ère Petit paon</hi> inaugure une ironie
              mi-scientifique, mi-philosophique fort curieuse et attachante.</p>
          </div>
          <div>
            <head>VIII. — Le roman lyrique</head>
            <p>C’est de tous les genres le plus mal défini… <hi rend="i">Jocelyn, les chansons de
                Bilitis</hi>, et le <hi rend="i">Visage Émerveillé</hi> sont des romans lyriques qui
              ne se ressemblent guère. Néanmoins nous grouperons sous ce nom Le <hi rend="i">Visage
                Émerveillé</hi> de la <hi rend="b">Comtesse Mathieu de Noailles</hi> dont M. Henry
              Ghéon écrit : (<hi rend="i">Ermitage</hi>, 1904, octobre). <quote>« Rien de plus
                souple, de plus brisé, de plus subtil et de plus strict que la prose de la petite
                nonne imaginaire du <hi rend="i">Visage Émerveillé</hi>. On s’aperçoit que la
                sonorité intéresse infiniment moins Madame de Noailles que la saveur des mots et que
                le rythme. Pour ce qui est du rythme, voici une révélation ! elle corrobore tout ce
                que j’ai dit de l’<hi rend="i">Ombre des jours</hi>. Il faut le proclamer, Madame de
                Noailles écrit ses plus beaux poèmes en prose. Car, n’allons pas reprocher à ces
                libres fictions <pb n="160"/>qu’elle nomme romans, pour “faire comme tout le monde”,
                leur étrangeté, leur invraisemblance, leur “à-priorisme” absolu. Je le répète, ses
                romans sont ses vrais poèmes. Mettons que dans les vers il y ait une trouvaille par
                strophe ; dans sa prose il y en a une par mot : une trouvaille “poétique”. D’une
                simple fantaisie comme le <hi rend="i">Visage Émerveillé</hi>, les plus beaux de ses
                vers s’éclipsent. »</quote></p>
            <p/>
            <p><hi rend="i">La Mère et l’Enfant, La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie</hi> de <hi
                rend="b">Charles-Louis Philippe</hi>, d’un lyrisme intime si touchant, si grave, si
              douloureux ; <hi rend="i">Chair</hi> de <hi rend="b">M. Eugène Montfort</hi>, <hi
                rend="i">Sylvie</hi> du même. Les trois petits romans fort surfaits de <hi rend="b"
                >M. Francis Jammes</hi> (<hi rend="i">Clara d’Ellebeuse, Almaïde d’Entremont, Pomme
                d’Anis</hi>) et son <hi rend="i">Roman du Lièvre</hi> appartiennent en partie au
              roman lyrique. Ils ont un charme de vieillesse mélancolique, la grâce fanée des
              anciennes étoffes, l’attrait d’une masure perdue et dont les toiles brillent à la
              rosée, dans un massif lointain de platanes et de cèdres… Leur lyrisme hésitant et vif
              tout ensemble, leur mélange d’ingénuité et de réalisme, leur manque absolu de mesure
              et de goût leur ont valu une vogue éphémère. Ils méritaient plus et moins.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="i">La Terre Éternelle</hi> de <hi rend="b">Paul-Louis Garnier</hi> est par
              essence le roman lyrique. Un souffle soutenu, une incroyable richesse d’images, un
              délire verbal qui se continue sans interruption marquent ce poème en prose. Nous
              citons :</p>
            <quote>
              <p><pb n="161"/>« Au-delà de la rude clarté des landes rouges, au-delà des peuples
                d’oliviers, vers les confins de la mer bleue, jaillissait dans la splendeur géante
                et lourde qui couronnait l’entassement de ses âges, Marseille ! Mon cœur chantait
                dans le bruit lumineux des houles. L’Océan lointain des toits et des murailles de la
                ville luisait comme un pays héroïque et fabuleux. À voir ainsi grandir dans l’heure
                ardente le tumulte de ces forces de vie, on eût dit une symphonie éclatante et
                cuivrée ! Mais j’écoutais déjà venir des clameurs confuses, et quand je pénétrai
                dans tes murs, je reçus en moi la lumière de ta beauté, ô ville radieuse et
                violente, intarissable source de naissances et de joies, femelle aux seins de soleil
                et d’amour, aux entrailles ivres et palpitantes et torturées de remous passionnées,
                ville au sexe de feu ! »</p>
            </quote>
            <p>Et cette ardeur se perpétue durant trois cents pages, témoignage de qualités lyriques
              peu communes.</p>
          </div>
          <div>
            <head>IX. — Le roman artistique</head>
            <p>C’est une forme nouvelle intermédiaire entre le poème et le roman. <hi rend="b"
                >M. Gabriel Faure</hi> dans une lettre au <hi rend="i">Gil Blas</hi> en définit la
              formule et énumère les principales réalisations. Nous citons :</p>
            <quote>
              <p>« Notre collaborateur Jules Bois vient de recevoir la lettre suivante de <hi
                  rend="b">M. Gabriel Faure</hi>, que nous publions bien volontiers, car ce jeune et
                brillant <pb n="162"/>écrivain, auteur de la <hi rend="i">Dernière journée de
                  Sapho</hi>, de l’<hi rend="i">Amour sous les lauriers roses</hi>, donne lui-même
                des exemples charmants de ce « roman artistique » dont il nous apporte ici une brève
                esquisse :</p>
              <quote>
                <label type="salute"><hi rend="n"><hi rend="sc">Mon cher confrère</hi>,</hi></label>
                <p>J’ai suivi très soigneusement les feuilletons que vous avez consacrés à la vie
                  littéraire contemporaine, et je viens de lire, avec un intérêt tout particulier
                  vos deux articles sur le roman. J’approuve presque toutes vos idées ; et, si je
                  vous adresse ce mot, ce n’est point pour m’inscrire en faux contre vos
                  conclusions, mais pour vous signaler une omission que, j’en suis sûr, vous aurez à
                  cœur de réparer.</p>
                <p>Vous n’avez pas dit un mot du roman que j’appellerais volontiers « artistique »,
                  et dont le <hi rend="i">Lys Rouge</hi> me semble le parfait et fort illustre
                  modèle. Certes, j’admire autant que vous les autres formes du roman
                  (psychologique, social, historique, etc.), et je n’en méconnais point le très
                  grand intérêt. Mais, à côté de ces œuvres, qui veulent soutenir une thèse,
                  combattre des idées, en un mot exercer une action, ne croyez-vous pas qu’il y a
                  place pour le roman d’art, lequel ne songe qu’à divertir le lecteur, à lui faire
                  passer une heure agréable, en lui racontant, dans la meilleure langue possible,
                  une histoire, véridique ou non, dont tout l’intérêt est dans le beau décor d’art
                  ou de nature qui l’enveloppent ? Vous allez me reprocher de prêcher pour mon
                  saint ; mais, vraiment, de quoi parlerait-on, si ce n’est de ce que l’on connaît,
                  et que défendrait-on, sinon ce que l’on aime ?</p>
                <p>Un genre littéraire ou s’illustrèrent des hommes comme Flaubert, Anatole France,
                  Barrès et d’Annunzio, auquel nous devons des œuvres comme <hi rend="i"
                    >Bruges-la-Morte</hi>, le <hi rend="i">Passé Vivant</hi> et <hi rend="i"
                    >Domination</hi> — je cite au hasard celles qui ire viennent à la mémoire — me
                  semble avoir droit d’entrée dans votre citée littéraire. Et je m’étonne même que
                  celui qui écrivit les nobles vers de<hi rend="i"> Hippolyte couronné</hi> et tant
                  de belles proses, ne lui ait pas réservé une place d’honneur.</p>
              </quote></quote>
            <p><pb n="163"/>Ajoutons à ces noms ceux d’<hi rend="b">Albert Erlande</hi> (<hi
                rend="i">Jolie Personne, Le Paradis des Vierges sages</hi>), de <hi rend="b">M<hi
                  rend="sup">me</hi> Valentine de Saint-Point</hi> (<hi rend="i">Un Amour</hi>).
                — <hi rend="b">Jules Garat</hi> (<hi rend="i">La Sonate de Hændel</hi>). — <hi
                rend="b">Alexandre Macedonski</hi> (<hi rend="i">Le Calvaire de Feu</hi>).<hi
                rend="i"> Une Femme m’apparut</hi> de M<hi rend="sup">lle</hi> Vivien, <hi rend="i"
                >L’Être Double</hi> de Μ<hi rend="sup">lle</hi> Riversdale, <hi rend="i">Le Cher
                Sujet de</hi> P. Jaudon, peuvent se classer ici.</p>
          </div>
          <div>
            <head>X. — Le roman exotique</head>
            <p>Nous connaissons mal notre littérature coloniale, et nous ignorons à quel point elle
              est abondante. L’Anthologie que préparent Marius-Ary Leblond comblera, espérons-le,
              cette lacune. Ne serait-il pas excellent de distribuer ce livre dans les écoles ?
              Nulle œuvre ne saurait mieux exalter notre patriotisme : car c’est une des formes les
              plus belles du génie français que cet instinct colonisateur qui fut toujours chez nous
              une qualité non seulement essentielle, mais <hi rend="i">primordiale.</hi> L’étude de
              la littérature et de l’art des siècles écoulés le prouve d’une manière éclatante. Et
              ce sera sans doute le sujet de l’ouvrage qu’annoncent les Leblond : la <hi rend="i"
                >Révélation de l’exotisme</hi>, où ils prétendent notamment établir que le
              romantisme fut beaucoup moins inspiré de l’Allemagne que provoqué par un désir
              d’expansion orientaliste.</p>
            <p>Dans leur Anthologie, Marius-Ary Leblond rendent <pb n="164"/>un pieux hommage à
              leurs devanciers. Ils vantent particulièrement Fromentin, dont les livres sur
              l’Afrique sont des chefs d’œuvres, et Pierre Loti qu’ils admirent bien qu’ils aient
              une vision opposée à la sienne, et moins fatale. Parmi les plus récentes productions,
              ils mettent au premier rang, le <hi rend="i">Sang des Races</hi> de Louis Bertrand qui
              est à leur avis, la plus substantielle composition sur les mœurs algériennes.</p>
            <p><hi rend="b">Pierre Loti</hi>, avec le <hi rend="i">Mariage de Loti, Ramuntcho,
                Madame Chrysanthème, Azyadé</hi>, le <hi rend="i">Roman d’un spahi, Vers
                Ispahan</hi>, est un des maîtres de l’exotisme.</p>
            <p>Il faut aussi classer ici M. Félix Dubois, auteur de <hi rend="i">Tombouctou la
                Mystérieuse</hi>.</p>
            <p>La place que mérite <hi rend="b">M. Victor Barrucand</hi> dans la littérature
              exotique est considérable non seulement par son roman occidental <hi rend="i">Avec le
                Feu</hi>, mais parce qu’il dirige l’<hi rend="i">Akbar</hi> où il traite avec une
              grande force de dialectique les questions de l’assimilation des races en Algérie et de
              la pénétration française au Maroc. C’est dans l’<hi rend="i">Akbar</hi> que par les
              soins de Victor Barrucand parurent les notes d’<hi rend="b">Isabelle Eberhardt</hi>,
              cette femme étrange dont la vie est un roman palpitant, qui vécut en Algérie sous le
              costume arabe et trouva la mort dans la catastrophe d’Aïn-Sefra. Ces notes forment un
              volume, <hi rend="i">Dans l’ombre chaude de l’Islam</hi> ou dans une zouïya marocaine,
              Isabelle Eberhardt est mise en scène. Beaucoup d’artistes exotiques connurent cette
              « vagabonde au grand cœur ». <pb n="165"/>M. Arnaud, le poète des <hi rend="i">Feux
                dans la Brousse</hi>, M. Marival, auteur de <hi rend="i">Chair d’Ambre</hi> (1900)
              et de <hi rend="i">Le Çof</hi> (1902) à propos des incidents de l’affaire Margueritte,
              et le critique M. Mahaut, et le peintre des déserts, Maxime Noiré.</p>
            <p>En dehors de ce groupe, citons M. Jean Rodes, auteur d’<hi rend="i">Heures
                d’Égypte</hi> (Ollendorff) et d’<hi rend="i">Adolescents</hi> (<hi rend="i">Mercure
                de France</hi>), le premier Français civil entré à Figuig et qui fut correspondant
              du <hi rend="i">Matin</hi> pour la guerre russo-japonaise ; M. Chazeray, qui écrivit
                <hi rend="i">L’Oued-Mehlhouf</hi> et une sorte de composition lyrique intitulée <hi
                rend="i">Le Potier d’argile.</hi> Sorte d’Erckmann-Chatrian algérien, il composa,
              soit sous son nom, soit sous celui de <hi rend="i">Père Robin</hi>, une foule de
              contes et de dialogues pleins de finesse, de bonne humeur, d’ironie et de verve ; et
              enfin, <hi rend="b">M. Louis Bertrand</hi>, dont on n’oublie pas les solides et forts
              romans : <hi rend="i">Le Gardien de la Mort, La Cina, Le Rival de don Juan, Pepete le
                bien-aimé</hi>. <quote>« Celui-ci se défend énergiquement de faire de l’exotisme et
                prétend rechercher à travers la complexité algérienne le type et la mentalité
                persistantes de la race latine dont il voudrait l’unification morale. Mais ceci
                n’est qu’une direction intellectuelle qui ne peut altérer en rien le talent du
                pittoresque romancier. »</quote></p>
            <p>M<hi rend="sup">me</hi> Myriam Harry qui est le seul romancier exotique qui rappelle
              Loti, dans <hi rend="i">Passage de Bédouins</hi> et <hi rend="i">Petites Épouses</hi>
              a publié récemment un roman d’une rare puissance, la <hi rend="i">Conquête de
                Jérusalem.</hi></p>
            <p><pb n="166"/>Et il ne faut pas oublier <hi rend="b">M. Paul Vigné d’Octon</hi> qui
              essaya — sans doute pour réagir contre l’exotisme de Paul Bonnetain qui n’était guère
              qu’une amplification du roman naturaliste — de mêler quelque lyrisme à ses nombreux
              volumes mi-pathologiques, mi-psychologiques : <hi rend="i">Chair Noire, Au Pays des
                Fétiches, Fauves Amours</hi>, l’<hi rend="i">Amour et la Mort, Martyrs Lointains,
                Terre de Mort</hi>, le <hi rend="i">Journal d’un Marin</hi>, etc., ni Francis
              Jammes, dont l’exotisme est spécial et touchant, ni <hi rend="b">André Gide</hi> qui a
              décrit Biskra et le désert, ni <hi rend="b">Claude Farrère</hi> dont les troublantes
                <hi rend="i">Fumées d’opium</hi> vont révéler le nom, et dont les <hi rend="i"
                >Civilisés</hi> sont une œuvre des plus fortes et des plus personnelles, ni <hi
                rend="b">Paul Claudel</hi> enfin, qui rapporta de Chine des notes qui formeront une
              œuvre remarquable telle que nous devons l’attendre de l’auteur de la <hi rend="i"
                >Connaissance de l’Est</hi><note resp="author">Cf. Francis de Miomandre, <hi
                  rend="i">l’Exotisme d’Aujourd’hui</hi> Revue Illustrée, 1906.</note>.</p>
            <p>Quand nous aurons cité sans ordre, <hi rend="b">Jacques et Marie Nervat</hi> auteurs
              de <hi rend="i">Célina Landrot</hi> (mœurs calédoniennes), <hi rend="b">Georges
                Ducrocq</hi> auteur de<hi rend="i"> Pauvre et Douce Corée</hi>, <hi rend="b">Paul
                Reboux</hi>, l’évocateur de la <hi rend="i">Maison de Danses</hi>, nous reviendrons
              à Marius-Ary Leblond qui semblent s’être consacrés au roman colonial.</p>
            <p>En effet les auteurs de l’Anthologie, nés aux colonies méritent une large place.</p>
            <p><pb n="167"/>Leur dernier livre, les <hi rend="i">Sortilèges</hi>, est, certes, leur
              œuvre la plus complète. Il ne faut pas l’envisager comme un ensemble de nouvelles,
              mais comme une étude divisée des quatre grandes races coloniales, présentée chacune
              dans un petit roman dont l’intrigue est caractéristique des mœurs quotidiennes.
              Chacune de ces parties présente un caractère qui est la synthèse d’une race :
              Moutousami, Talata, Compère et Cafrine. Le portrait de Compère n’est pas loin d’être
              un chef-d’œuvre. Le Chinois, pris seul, est ici dessiné avec une habileté saisissante.
              Après la mélancolique destinée de l’Indien, les dramatiques irrésolutions de la
              Malgache, passionnée de jalousie, l’histoire de Compère est tragique, celle de Cafrine
              est joyeuse ; elles symbolisent l’esprit chinois et l’esprit cafre. L’optimisme, la
              joie saine et franche, c’est ce que Marius-Ary Leblond veulent réaliser dans le roman
              contemporain qu’ils ont raison de trouver trop triste. Les livres modernes poussent au
              découragement, à la lassitude, ils décrivent avec complaisance l’universelle
              neurasthénie. Le <hi rend="i">Zézère</hi>, la <hi rend="i">Sarabande</hi> ou les <hi
                rend="i">Sortilèges</hi>, font évoluer dans un décor de lumière des êtres heureux de
              vivre, même au fort des plus réelles souffrances sociales ou amoureuses.</p>
            <p>Le fatalisme, qui plane sur les <hi rend="i">Sortilèges</hi>, ne traduit que
              l’instinct même du Chinois, du Malgache, du Cafre ou de l’Indien, qui se replient sur
              eux-mêmes en présence des races étrangères. Il est le <pb n="168"/>malaise, la
              faiblesse ethnique contre quoi notre influence peut réagir. Il n’a rien de commun avec
              le fatalisme de Pierre Loti, qui n’exprime que sa propre résignation, individuelle,
              devant la mort ? Pourquoi s’est-on désintéressé de l’exotisme ? Les Leblond pensent
              qu’il faut en chercher la source dans l’attitude des Naturalistes absorbés à réagir
              contre le clinquant oriental des fictions romantiques. Cantonnés dans les études de
              mœurs parisiennes ou provinciales, <quote>« ils ne veulent pas percevoir tout ce que
                l’exotisme a de social et d’altruiste en ce qu’il est une solidarité par la
                sensibilité avec les autres races, dites inférieures de l’univers »</quote>.</p>
            <p>L’œuvre colonisatrice ne devient-elle pas admirable lorsqu’elle s’efforce à faire
              pénétrer le génie français dans les pays indigènes ? Ce génie, le plus large et le
              plus complexe, n’est-il pas le plus adaptable ? Wells et Novicow se plaisent à le
              constater. Wells prévoit même — M. Gabriel Tarde l’avait prévu avant lui, — au cours
              de ses <hi rend="i">Anticipations</hi>, le moment où la France aura conquis sur les
              pays européens la plus complète suprématie intellectuelle. Or, c’est de ces sortes de
              victoires que découlent la grandeur morale et l’importance géographique d’une nation.
              Comment cette influence ne s’étendrait-elle pas aux races coloniales qui sont, les
              unes, très profondément françaises, les autres prêtes à le devenir ? Les Leblond
              affirment que l’assimilation de ces races <pb n="169"/>aux mœurs européennes est
              parfaitement réalisable et logique : le tout est d’employer à la faire pratiquement
              l’énergie dont on use pour attaquer les tentatives maladroites.</p>
            <p>Le Français voyage peu. Il se désintéresse d’un extérieur inconnu. En dehors d’un
              cercle de villes où il a coutume de retrouver ses habitudes, il lui déplaît de
              s’aventurer. Nous nous félicitons de rencontrer des voyageurs comme MM. Georges de La
              Salle, Pierre Mille, Raymond Recouly, Giffard, Villetard de Laguérie, Ludovic Naudeau,
              Jean Rodes, qui rapportent les documents les plus précieux pour notre curiosité. Une
              des grandes nécessités de la colonisation est de forcer la France à prendre conscience
              de la complexité de l’univers. M. Maurice Barrès distingue une dissemblance entre deux
              races européennes (<hi rend="i">Au service de l’Allemagne</hi>), et conseille aux
              Français de rester en Alsace pour <hi rend="i">imposer</hi> notre esprit et nos mœurs.
              Ne pensez-vous pas que cet esprit s’imposera à plus forte raison sur des races
              hésitantes, puisqu’il apportera les germes d’une civilisation ? À rester chez soi, à
              jouir de la fortune d’un pays, on laisse son cerveau s’ankyloser. L’exercice est
              nécessaire à l’intelligence comme aux muscles. La France est comme un cœur trop lourd,
              gonflé d’un sang riche qu’il faut laisser circuler librement par des artères
              nouvelles.</p>
          </div>
          <div>
            <head>XI. — Romans de femmes</head>
            <p><pb n="170"/>Le vieux pêcheur des <hi rend="i">Noces Corinthiennes</hi> n’a pas tout
              à fait tort de s’écrier :</p>
            <quote>
              <l>« La femme est avide et fertile en paroles ! »</l>
            </quote>
            <p>Ne faut-il pas rechercher l’origine de l’envahissement des lettres par les femmes
              dans une décadence passagère de roman, venue</p>
            <p>1º De l’industrialisme ;</p>
            <p>2º De l’abus des descriptions mondaines, légères, élégantes, ironiques, etc.</p>
            <p>La force étant absente des romans actuels, les femmes devaient être tentées d’en
              écrire. Elles y réussirent tout aussi bien que la plupart des écrivains à la mode, et
              elles hâteront peut-être la rénovation du roman en ceci qu’elles en écriront
              elles-mêmes d’excellents, et qu’elles obligeront les romanciers à chercher une autre
              forme plus énergique et plus puissante. D’ailleurs, les femmes ont de tout temps
              envahi la littérature. Voici, à titre de document, les noms des <hi rend="i"
                >principales</hi> femmes de lettres de 1800 à 1900 :</p>
            <quote>
              <p>« M<hi rend="sup">me</hi> de Genlis. — M<hi rend="sup">me</hi> de Stael. — M<hi
                  rend="sup">me</hi> Cottin. — M<hi rend="sup">me</hi> de Montolieu. — M<hi
                  rend="sup">me</hi> Sophie Gay. — M<hi rend="sup">me</hi> de Duras. — M<hi
                  rend="sup">me</hi> d’Hautpoul. — M<hi rend="sup">me</hi> de Krudener. — <pb
                  n="171"/>M<hi rend="sup">me</hi> Georgette Ducrest. — M<hi rend="sup">me</hi> de
                Souza. — La Contemporaine. — M<hi rend="sup">me</hi> la duchesse d’Abrantès.
                — George Sand. — M<hi rend="sup">lle</hi> Hortense Allart. — M<hi rend="sup"
                >me</hi> Mélanie Valdor. — M<hi rend="sup">me</hi> Jenny Bastide. — M<hi rend="sup"
                  >me</hi> Dupin — M<hi rend="sup">lle</hi> Émile de Girardin. — M<hi rend="sup"
                  >me</hi> H. Armand. — M<hi rend="sup">me</hi> Charles Reybaud. — M<hi rend="sup"
                  >me</hi> Ancelot. — M<hi rend="sup">me</hi> Desbordes-Valmore. — M<hi rend="sup"
                  >me</hi> Ulliac-Tremadeure. — M<hi rend="sup">me</hi> Élisa Volart. — M<hi
                  rend="sup">me</hi> Amable Tastu. — M<hi rend="sup">me</hi> la comtesse Merlin.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> d’Aboville. — M<hi rend="sup">me</hi> la comtesse Dash.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> Jane Dubuisson. — M<hi rend="sup">me</hi> Eugénie Éva.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> Sophie Panier. — M<hi rend="sup">me</hi> Hermance
                Lesguillon. — M<hi rend="sup">me</hi> Sophie Crombach. — M<hi rend="sup"
                >me</hi> Alida de Savignac. — M<hi rend="sup">me</hi> Aurélie de Soubiran. — M<hi
                  rend="sup">me</hi> Edmond Adam. — (Juliette Lambert). — M<hi rend="sup"
                >me</hi> Urbain Rattazi, (princesse Marie de Solms). — M<hi rend="sup"
                >me</hi> Clémence Badère. — M<hi rend="sup">me</hi> Roger de Beauvoir. — M<hi
                  rend="sup">me</hi> Gustave Haller. — M<hi rend="sup">me</hi> Gyp (comtesse de
                Martel). — M<hi rend="sup">me</hi> Rachilde. — M<hi rend="sup">me</hi> Henry
                Gréville. — M<hi rend="sup">me</hi> Daniel Lesueur (Jeanne Loiseau). — M<hi
                  rend="sup">me</hi> Marie Lafon. — M<hi rend="sup">me</hi> la comtesse Rostopchine.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> J. de la Vaudère. — M<hi rend="sup">me</hi> Marni.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> Judith Gautier. — M<hi rend="sup">me</hi> de Peyrebrune.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> V. Laya. — M<hi rend="sup">me</hi> Gabrielle Réval.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> Bentzon. — M<hi rend="sup">me</hi> Marc de Montifaud.
                  — M<hi rend="sup">me</hi> Caro. — M<hi rend="sup">me</hi> Camille Perl, etc.<note
                  resp="author">Cf. Philibert Audebrand, Romanciers et Viveurs, Calmann-Lévy,
                  1904.</note> »</p>
            </quote>
            <p>Que de noms oubliés déjà figurent dans cette énumération si incomplète. Nous ne
              pourrons étudier <pb n="172"/>chacune des romancières nouvelles. Elles forment une
              majorité dans les lettres nous ne nommerons encore que les principales.</p>
            <p><quote>« Ce qui fait, — dit Stendhal — que les femmes, quand elles se font auteurs,
                atteignent rarement au sublime, c’est que jamais elles n’osent être franches qu’à
                demi : être franches serait, pour elles, comme sortir sans fichu. »</quote> Ceci
              n’est plus vrai de nos jours. M<hi rend="sup">me</hi> Rachilde, la première, osa être
              sincère. On l’a suivie. Le succès actuel de la littérature féminine n’est dû qu’à la
              franchise — on aurait dit jadis l’impudeur — avec laquelle les femmes se représentent.
              Lorsque les <hi rend="i">psychologues</hi> s’attardaient à dépeindre une héroïne
              légère ou perverse, on se révoltait contre ce parti pris, ce manque d’indulgence…
              Certes Stendhal exagérait volontiers son dédain pour les femmes artistes, et les <hi
                rend="i">pensées</hi> réunies par les soins de M. Jules Bertaut sont à ce sujet un
              document curieux. Mais quand il déclare : <quote>« La fidélité des femmes dans le
                mariage lorsqu’il n’y a pas d’amour, est probablement une chose contre
                nature »</quote> ou <quote>« la seule chose que je voie à blâmer dans la pudeur,
                c’est de conduire à l’habitude de mentir… »</quote> il exprime la thèse que
              développent le plus complaisamment nos femmes de lettres.</p>
            <p>Nous avons déjà cité M<hi rend="sup">me</hi> Rachilde, la comtesse de Noailles M<hi
                rend="sup">me</hi> Nervat. Les femmes qui écrivent ont une tendance à <hi rend="i"
                >se raconter</hi> ou à faire croire qu’elle se racontent que la littérature
              objective n’est pas faite <pb n="173"/>par les femmes. Leur incurable romantisme, que
              M. Maurras leur reproche tant, les en éloigne. <hi rend="i">La Nouvelle Espérance et
                la Domination</hi> de M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles affectent l’allure de
              confessions.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Claude Ferval</hi> (baronne de Pierrebourg) a
              tenté le roman philosophique dans <hi rend="i">Le plus Fort</hi>. Elle l’a tenté avec
              succès. Ce livre, bien qu’écrit un peu lourdement, mérite de retenir l’attention. Il
              ne manque pas de puissance, et la lutte psychologique qu’il étudie est d’un éternel
              intérêt. Le dernier roman de Μ<hi rend="sup">me</hi> Claude Ferval : <hi rend="i">Vie
                de château</hi>, <quote>« est des plus hardis »</quote> avec son héros dont
              l’honneur « conjugal » ne devient chatouilleux qu’après fortune faite<note
                resp="author">Georges Lecomte, <hi rend="i">Enquête sur le prix Goncourt,
                  Presse</hi>, 6 décembre 1904.</note>.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Marcelle Tinayre</hi>, qui écrivit <hi rend="i"
                >Hellé</hi> et l’<hi rend="i">Aventure de François Barbazange</hi>, tient surtout sa
              réputation du succès de <hi rend="i">la Maison du Péché.</hi></p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> de Régnier</hi> (<hi rend="b">Gérard
                d’Houville</hi>) est l’auteur de deux romans, l’<hi rend="i">Inconstante</hi> et <hi
                rend="i">Esclave</hi>.</p>
            <p>L’inconstante, — Gillette — est un caractère parce qu’elle n’en a pas. Elle est, au
              fond, très séduisante, très femme, et elle constitue un type gracieux, bien observé,
              qui n’est pas loin d’être parfait. On sent exister Gillette dans l’<hi rend="i"
                >Inconstante</hi>, on voit moins les autres personnages. <pb n="174"/>Défaut
              féminin. Les femmes ne peuvent guère mettre en relief plus d’un personnage. Elles
              composent leurs romans avec maladresse. Celui-ci n’est pas tout à fait sans harmonie,
              mais il y a des longueurs. Le chapitre où les deux femmes, à la campagne, se confient
              leurs amours est trop étendu et trop en dehors du sujet. L’histoire rétrospective de
              Gillette ne paraît pas non plus à sa place. Mais l’écriture est souple, large,
              cadencée, prenante. Elle fait prévoir ce second livre, où l’on voit la femme sous un
              autre aspect, ce livre plus profond et plus humain, plus douloureux aussi, <hi
                rend="i">Esclave</hi>.</p>
            <p><hi rend="i">Esclave</hi> est un des meilleurs livres publiés récemment. Il a le
              mérite d’une grande audace et d’une véritable originalité. Il est écrit dans un style
              limpide, imagé qui apparente M<hi rend="sup">me</hi> de Régnier aux plus purs
              écrivains classiques. À force de s’exclamer que l’opinion est favorablement disposée
              envers les femmes du monde, on se croit obligé de diminuer leurs œuvres en les
              plaisantant. Certes, on aurait tort de considérer <hi rend="i">Esclave</hi> comme un
              roman, mais c’est une nouvelle qui, un peu moins développée, eût été parfaite. Les
              livres parfaits se comptent ou plutôt ils ne se comptent guère… Écoutons les femmes
              disserter sur l’amour et chérissons ces silhouettes gracieuses que dessine M<hi
                rend="sup">me</hi> de Régnier : elles portent au visage le reflet d’une âme
              véritable.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">lle</hi> Judith Cladel</hi> a débuté par les <hi
                rend="i">Confessions d’une Amante</hi>
              <pb n="175"/>qui sont à rapprocher des meilleures pages de M<hi rend="sup"
              >me</hi> Marni.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Colette Willy</hi> dont on sait la collaboration
              aux œuvres de son mari a réuni en volume les plus exquis <hi rend="i">dialogues de
                Bêtes</hi>. Ce livre pourrait bien être un chef-d’œuvre.</p>
            <p>Les bêtes, dans ces dialogues, s’expriment en un langage délicieux et coloré.
              Qu’elles paressent quand <hi rend="i">le dîner est en retard</hi>, ou qu’elles songent
              devant <hi rend="i">le premier feu</hi>, qu’elles s’effarent pendant <hi rend="i">le
                voyage</hi> ou qu’elles échangent de puériles <hi rend="i">sentimentalités</hi>,
              elles disent les choses les plus exquises et les plus émouvantes. Je ne sais pourquoi
              nous eûmes envie d’étudier ce livre avec le plus grand sérieux. Mon Dieu ! peut-être
              parce qu’il s’en dégage une philosophie douce, une mélancolie pénétrante et parce que
              certaines pages sont admirables. Voici comment Toby-Chien voit sa maîtresse :
                <quote>« Elle s’assied dans le mouillé, regarde en avant d’elle comme si elle
                dormait ; ou bien se couche à plat ventre, siffle, et suit une fourmi dans l’herbe ;
                ou arrache une poignée de serpolet et la respire ; ou appelle les mésanges et les
                geais, qui ne viennent jamais d’ailleurs. Elle porte un arrosoir lourd qu’elle verse
                en mille fils d’argent glacé, qui me donnent le frisson, sur les roses ou dans le
                creux de ces petites auges de pierre, au fond du bois. Tout de suite je m’y penche
                pour voir la tête du bullbringé venir à ma rencontre, et pour y boire l’image <pb
                  n="176"/>des feuilles… Quelquefois, accroupie, acharnée, elle gratte la terre,
                peine, sue, et je m’anime tout autour, dans la joie d’une besogne utile qui m’est si
                familière… Qui m’expliquera le peu de fermeté de ses desseins ? Voilà qu’elle tombe
                sur son derrière, brandissant une herbe à racine chevelue, et s’écrie : “Je la
                tiens, la rosse !” »</quote></p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Claude Lemaître</hi> (<hi rend="i">Le Cant,
                L’Aubaine, Cadet Oui-Oui</hi>) garde, en ce temps de confessions réalistes, une
              sentimentalité nuancée, délicate, un art très sincère d’analyse et de composition.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Georgette Leblanc</hi>, a pris une excellente
              place dans la littérature féminine, dès son premier livre. <hi rend="i">Le Choix de la
                Vie</hi> c’est la simple histoire de la rencontre de deux femmes : l’une élégante et
              lettrée, l’autre un peu primitive, jolie, naïve et malheureuse. Transformée,
              « civilisée », cette jeune paysanne reprend conscience d’elle-même et devenue
              « indulgente » pour la beauté des autres, admiratrice même de cette beauté et par
              conséquent délivrée du souci d’être mal jugée, indépendante enfin, armée d’une
              conception de l’honneur plus personnelle et plus fière que celle qui lui était
              imposée, elle connaît des bonheurs insoupçonnés, une quiétude profonde et douce.</p>
            <p>On peut reprocher à M<hi rend="sup">me</hi> Georgette Leblanc d’avoir choisi une
              héroïne trop banale et chez qui il ne pouvait être intéressant d’éveiller une
              personnalité. Mais M<hi rend="sup">me</hi> Georgette Leblanc répondra sans doute <pb
                n="177"/>que, comme Jean-Jacques Rousseau le pensait pour les hommes,
                <quote>« toutes les femmes sont nées naturellement bonnes »</quote>, que les
              conventions seules les ont habituées à de la méfiance ou à de l’envie, et qu’une
              tendresse continue doit faire renaître tous les bons instincts qui sommeillent en
              elles. Elle répondra aussi que le fait d’être sans caractère constitue un
              « caractère » spécial, et que tous les personnages sont intéressants lorsqu’ils
              dégagent de la beauté.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M<hi rend="sup">lle</hi> Yvonne Vernon</hi>, auteur d’un émouvant,
              enthousiaste, lumineux et harmonieux recueil d’impressions (<hi rend="i">Terres de
                Lumière</hi>), a repris le roman provincial dans <hi rend="i">Claire Maret</hi>.
              Minutieusement, avec un don d’<hi rend="i">analyse</hi> très pénétrant qui la fait <hi
                rend="i">originale</hi> parmi les femmes qui écrivent, elle sait se garder du
              lyrisme inopportun et noter les seuls détails caractéristiques.</p>
            <p/>
            <p>Les rares souplesses lyriques, le don d’images nettes, qui sont représentatives de
                <hi rend="b">M<hi rend="sup">lle</hi> Renée Vivien</hi> poète, revivent dans <hi
                rend="i">La Dame à la Louve</hi> et <hi rend="i">Une Femme m’apparut</hi> avec son
              mépris pour la force virile et sa même piété pour la Vénus de Mytilène. L’<hi rend="i"
                >Impossible sincérité</hi> de <hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Hélène de Zuylen
                de Nyevelt</hi> marque un poète douloureux et humble devant l’éternel mystère des
              âmes étrangères l’une à l’autre. Il faut mettre hors de pair, <hi rend="i"
                >Hiésous</hi> de Pierre Nahor (Émilie Lerou). <hi rend="b">M<hi rend="sup"
                >lle</hi> Paule Riversdale</hi> a donné l’<hi rend="i">Être Double</hi>. On n’a pas
              assez remarqué l’<hi rend="i">Inaccessible</hi>, un inquiétant aveu sur le mystère de
              la <pb n="178"/>volupté et l’énigme des sens ? C’est peut-être le plus <hi rend="i"
                >féminin</hi> des romans modernes, le plus amèrement sincère, l’appel le plus
              désespéré qu’a jeté <hi rend="b">M<hi rend="sup">me</hi> Bertrand de Jarzé</hi>.</p>
            <p>Nous n’avons pas prétendu citer ici toutes les femmes romancières, si nous nous
              souvenons de M<hi rend="sup">me</hi> J. H. Caruchet, dont l’<hi rend="i"
                >Ensemencée</hi> prouvait une observation aiguë et nerveuse, de M<hi rend="sup"
                >me</hi> Danielle d’Athez qui écrivit d’aimables romans, que de femmes oubliées au
              cours de cette étude qui ont peut-être du talent et certainement du génie.</p>
          </div>
          <div>
            <head>XII. — Le roman de la vie contemporaine et le roman psychologique. Les
              romanciers</head>
            <p>Dans cette brève revue des genres où nous avons omis le roman psychologique et le
              roman de la vie moderne, « le roman » sans sous-titre, nous avons oublié de nombreux
              auteurs. D’autres n’ont pas été suffisamment caractérisés qui cultivèrent plusieurs
              genres. Nous allons essayer de définir les principaux de ces écrivains. <hi rend="i"
                >Il est évident que nous ne mentionnons point ceux dont la réputation est antérieure
                aux limites de notre travail.</hi></p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">René Boylesve</hi>. Romancier et conteur léger, il débuta par des
              pastiches, des « <hi rend="i">Novelle</hi> ». Il a été un des premiers à ne plus
              écrire des pages psychologiques, <pb n="179"/>mais il a animé ses personnages d’une
              mimique — un peu compliquée — et telle qu’il est facile pour le lecteur de déduire, à
              cause d’elle, le caractère de ces personnages. Les livres de M. René Boylesve, comme
              la <hi rend="i">Becquée</hi>, le <hi rend="i">Parfum des Îles Borromées, Mademoiselle
                Cloque, Le Bel Avenir</hi> ou l’<hi rend="i">Enfant à la Balustrade</hi>, survivront
              sans doute. On a souvent dit que M. Boylesve présentait ses héros à la façon de Balzac
              et qu’on les voyait trop bien pour les oublier. Dans son dernier livre, l’<hi rend="i"
                >Enfant à la Balustrade</hi> qui n’est qu’un recueil de sensations enfantines, on
              peut s’étonner de l’ironie savante dont fait preuve un jeune observateur aux jugements
              si rapides et si exacts. Le héros n’écrit-il pas : <quote>« Cette pudeur soudaine à
                prononcer un nom est une nuance sentimentale que les enfants saisissent très bien,
                etc… »</quote> (p. 189). M. Boylesve a pressenti la critique qui devait lui être
              faite.</p>
            <p>Très érudit, très curieux, tout en esquissant des portraits typiques, en racontant
              une intrigue quelconque — volontairement banale et qui bouleverse des existences —
              M. Boylesve a symbolisé les angoisses d’un enfant devant la vie, son désir d’un idéal,
              et son cri douloureux et puéril vers la statue qui domine les foules, est la
              conclusion nécessaire, profonde et ne prouvant rien.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Camille Mauclair</hi>. Après avoir tenté les formes les plus audacieuses
              et jusqu’au lyrisme dans l’<hi rend="i">Orient Vierge</hi>
              <pb n="180"/>et aux contes philosophiques et légendaires (<hi rend="i">Les Clefs
                d’Or</hi>), M. Camille Mauclair a écrit les <hi rend="i">Mères Sociales</hi> qui est
              un excellent livre — et que l’Académie Goncourt n’a pas couronné. — L’intelligence de
              M. Camille Mauclair le pousse à soutenir des thèses, à développer un sujet par
              arguments plutôt qu’à le raconter<note resp="author"><quote>« Est-ce que le règne des
                  conteurs est passé ? »</quote> se demande avec jubilation M. J. Ernest-Charles,
                adversaire du roman. (<hi rend="i">Samedis</hi>, 1<hi rend="sup">re</hi> série,
                Perrin.)</note>. Il est trop rapidement séduit par les Idées, voilà ce qui explique
              le chemin accompli depuis <hi rend="i">Éleusis</hi>. De la cité intérieure il est allé
              à la cité future. Dès le <hi rend="i">Soleil des Morts</hi>, on pouvait prévoir
              l’évolution finale de cette intelligence souple, riche, subtile. D’où ses
              contradictions plus apparentes que réelles. Il aboutit au socialisme. Lui-même ne peut
              affirmer qu’il s’y maintiendra. N’importe, M. Camille Mauclair peut se vanter d’être
              un des plus dévoués « serviteurs de la Beauté » et pour parler avec Nietzsche, il
              demeure plus « inactuel » qu’il ne pense.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Robert Scheffer</hi> est de la génération symboliste. Si nous l’avons
              rangé parmi les jeunes, c’est que comme Camille Mauclair et René Boylesve, il est
              resté l’homme des jeunes revues et l’ami de la jeunesse. C’est là une qualité, et nous
              ne leur en faisons pas reproche. Leurs noms sont assez estimés aujourd’hui pour qu’ils
              n’aient plus besoin de solliciter <pb n="181"/>la jeunesse. C’est donc une belle
              sympathie qui les attire vers les générations nouvelles.</p>
            <p>Robert Scheffer est un écrivain compliqué. Il n’a jamais été simple. Il a beaucoup de
              talent et il en aurait plus encore s’il n’obéissait pas à son style. Ses livres
              n’émeuvent pas. Ils dépeignent, avec élégance, des choses factices. Le <hi rend="i"
                >Péché Mutuel</hi> et <hi rend="i">M<hi rend="sup">me</hi> Larme</hi> sont des tours
              de force. Robert Scheffer est un déformateur prestigieux. Cependant sa dernière œuvre,
              les <hi rend="i">Frissonnantes</hi>, est un recueil de nouvelles fortes, harmonieuses,
                <hi rend="i">vivantes</hi> et colorées. Néanmoins <hi rend="i">Grève d’Amour</hi> et
                <hi rend="i">Le Prince Narcisse</hi> nous paraissent caractériser mieux ses goûts et
              sa manière discrète, souriante, voluptueuse, affable et compliquée. C’est du
              dix-huitième siècle avec une pointe de « chinoiserie ».</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">André Couvreur</hi>. Lorsque Bourget fait parler ses héros, il nous
              explique selon la méthode psychologique, par des déductions les paroles prononcées.
              Mais toutes les déductions sont réfutables. Les personnages de Couvreur nous sont
              présentés différemment. Nous les connaissons soudain par une description rapide qui
              saisit les traits principaux du visage, l’aspect sain ou maladif des individus, et qui
              est la commentaire d’un diagnostic. Dès lors, nous devinerons leurs instincts, et
              leurs gestes nous avertiront de leurs pensées. Ils sont esclaves d’un tempérament.
              Cette littérature est trop directement influencée <pb n="182"/>de Moreau de Tours, et
              plus près de nous, de Raymond, Dejerine ou Grasset. M. André Couvreur, dans les <hi
                rend="i">Dangers Sociaux</hi>, a fait souvent œuvre de conférencier. Il le fait
              d’ailleurs avec autorité, et son style, qui semble s’être allégé ces temps derniers,
              n’a jamais manqué de force. Son dernier livre, <hi rend="i">Caresco surhomme</hi>, est
              une débauche d’imagination. Cela reste un peu vague comme portée.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Henry Bordeaux</hi> : Il est déjà officiel et célèbre. On lui a reproché
              sa monotonie qui n’était qu’un excès d’harmonie. Après le <hi rend="i">Pays
              Natal</hi>, il a montré par le <hi rend="i">Lac Noir</hi> qu’il pouvait, tout comme un
              autre, prétendre à la couleur. C’est un écrivain honnête dans tous, les secs. Il a le
              respect de la tradition morale et littéraire. On peut d’abord ne pas apprécier toute
              la force contenue de son talent. Il vous oblige à le relire. Il a quelques-uns des
              dons de Fromentin, avec moins de chaleur. Le critique est notoire. M. Henry Bordeaux
              est un des maîtres de ce soir.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Paul Brulat</hi> : M. d’Alméras nous a raconté les débuts de M. Paul
              Brulat, Cette existence, assez tumultueuse, est bien celle que devait vivre l’auteur
              de l’<hi rend="i">Eldorado</hi>.</p>
            <p>Malheureusement engagé dans la débâcle romantique et dans l’erreur naturaliste,
              M. Brulat est capable d’une œuvre supérieure à <hi rend="i">la Gangue</hi>, cette
              réalisation de la préface de <hi rend="i">Lucrèce Borgia</hi>. <pb n="183"/>Saurait-on
              reprocher à M. Paul Brulat d’avoir été souvent d’une sincérité trop crue dans ses
              peintures ?… M. Paul Brulat est un artiste violent. Il ne sait se contenir, et il nous
              a révélé dans l’<hi rend="i">Eldorado</hi> l’évolution de ses croyances sociales.
              M. Paul Brulat fut un peu anarchiste. Il se rit aujourd’hui des rêves utopiques qui
              proclament l’égalité de tous les hommes, et, certes, c’est une idée bizarre et
              poignante que celle de ce vaisseau abandonné en mer, livré aux vagues furieuses d‘un
              orage, et dont les passagers deviennent égaux devant la mort. Toutes les morales
              disparaissent. Les mauvais instincts seuls font agir les hommes. La force brutale
              terrifie et domine en despote. Le bateau devient une île où se meut un monde primitif.
              Et c’est un symbole énorme, exagéré, d’un stupéfiant relief.</p>
            <p/>
            <p>Ceux-ci sont déjà en dehors de la « jeunesse littéraire ». Ce sont des cadets, sinon
              des aînés. Celui qui devait indiquer une voie nouvelle et qui disparut trop vite
              est :</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Jean de Tinan</hi>. <quote>« Ce fut un vrai jeune homme que ce Jean de
                Tinan qu’une mort prématurée enleva aux lettres sans qu’il ait eu le temps de leur
                donner l’œuvre que promettait son talent précoce en espérances qui, déjà se
                réalisaient… … Il ne partageait des contemporains d’<title>Hernani</title> ni leur
                exaltation, ni leur intolérance, ni leur truculence, <pb n="184"/>ni leur
                mélancolie. Il n’était ni satanique, ni byronien, ni moyenâgeux, ni clair de lune…
                Jean de Tinan, au contraire, aimait la vie quoi qu’on ait pu dire d’elle, et bien
                résolu à ne point la prendre sur sa mauvaise réputation et à l’éprouver par
                lui-même, en jeune homme, quitte ensuite à la juger en homme<note resp="author"
                  >Henri de Régnier, <hi rend="i">Figures et Caractères</hi> (Mercure de France,
                  1904).</note> »</quote>, cet amour de la vie le poussa à réagir contre le
              romantisme. Il fut le créateur d’une sorte d’ironie sentimentale et d’un style trop
              rapide, mais si exact à évoquer les éphémères de l’âme et de Paris. <hi rend="i"
                >Penses-tu, Réussir</hi> et l’inachevée <hi rend="i">Aimienne</hi> ont eu des
              imitateurs ! Il aurait fait école…</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Pierre de Querlon</hi> : <quote>« mort si prématurément le 7 juin 1904 à
                l’âge de vingt-quatre ans, laissa la matière de trois volumes… Vivre peu, vivre
                bien, intensément, se condenser en un art très pur de fond et de forme, très humain,
                mais aussi élégant que possible (car il n’avait pas le temps de commettre des fautes
                de goût), telle était la religion de cet écrivain charmant. Et près de lui, la main
                sur son épaule on devine la petite Livia, une silhouette légère, aussi vivante,
                aussi souple, aussi naturellement danseuse qu’il était naturellement poète. On la
                voit comme la fille de son cerveau ; elle sort de sa petite maison où demeure un
                escabeau mystérieux, siège toujours vacant offert aux haltes funèbres de la <pb
                  n="185"/>trahison… ou de la mort. La grande traîtresse est en effet venue
                s’asseoir au foyer de la petite Muse, la folle du logis qui dansait s’est couchée
                sous des linges blancs, fleur gisant dans la neige, et le poète n’est plus. Ils sont
                partis pour le pays de l’éternel hiver… ou de la gloire, cet éternel printemps<note
                  resp="author">Rachilde, <hi rend="i">Romans</hi> (Mercure de France, 101, I,
                  1905).</note>. »</quote></p>
            <p>M. Pierre de Querlon s’est complu à observer l’humanité par le gros bout d’une
              lorgnette. Et il a ri des gestes diminués, des pensées diminuées, des décors diminués.
              Doucement ironique, il copia le paysage japonais qu’il aperçut. Il le fit avec talent,
              avec beaucoup de talent, se joua des phrases jolies qui donnent aux sentiments
              profonds des allures d’écoliers en maraude, et nous conta une petite histoire qui
              n’avait l’air de rien, et qui était toute la vie.</p>
            <p>M. Pierre de Querlon était d’une originalité précoce.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">J. A. Coulangheon</hi>. M. Jules Claretie a dit de lui dans le <hi
                rend="i">Temps</hi> : <quote>« J’avais vu couronner ce jeune homme au Concours
                Général. J’avais lu ses premiers vers (M<hi rend="sup">me</hi> Bartet les possède).
                Il avait écrit une excellente étude des mœurs des petites villes, <hi rend="i">Les
                  Jeux de la Préfecture</hi>. Il rêvait de faire, comme on dit, <hi rend="i">du
                  théâtre</hi>, et ses premiers essais annonçaient un observateur, des succès
                futurs. Beaucoup de mélancolie, une sensibilité douloureuse, des traits à <pb
                  n="186"/>la Flaubert, un pessimisme attendri caractérisaient ce jeune homme.
                Anatole France lui dédiait une des nouvelles de son dernier volume, <hi rend="i"
                  >Riquet</hi>, celle qui vient après <hi rend="i">Crainquebille</hi>. La jeune
                littérature perd une force. »</quote> J. A. Coulangheon — qui a subi l’influence
              d’Anatole France, — laissa trois volumes, l’<hi rend="i">Inversion sentimentale, Les
                Jeux de la Préfecture</hi> et <hi rend="i">Le Béguin de Gô</hi>. Ce dernier parut
              neuf jours avant sa mort. C’était un esprit fin, ironique, assez âpre parfois et
              saturé de littérature. Ses ouvrages sont pleins de talent, et il n’est pas douteux que
              bientôt sa personnalité se fût affranchie et qu’il eut donné des œuvres très
              remarquables.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Jean-Louis Talon</hi> est mort le 14 mai 1904 au Sanatorium de Dienne
              (Calvados). Un livre lui valut une réputation, <hi rend="i">La Marquesita</hi>. C’est
              un roman d’une puissance étrange d’évocation. Toute l’Espagne moderne avec son aspect
              bigarré, ses joies bruyantes et populaires, ses haines tragiques, revit ici. M. Ernest
              La Jeunesse, en termes émus a salué la disparition d’un bon romancier poète.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">G. Binet-Valmer</hi> : Il fut le fondateur d’une excellente revue : <hi
                rend="i">La Renaissance Latine</hi>, qui essaya de reprendre, hélas ! en vain le
              grand programme de Castelar, au point de vue éthique, littéraire et politique. Il a
              donné deux romans que l’élite a fort vantés, <hi rend="i">Le Sphinx de Plâtre</hi>, et
              le <hi rend="i">Gamin Tendre</hi>. Ce <pb n="187"/>dernier obtint à la fois la faveur
              publique et l’attention des philosophes, comme M. Tarde, des universitaires, comme
              M. Faguet. Depuis deux ans M. Binet-Valmer n’a rien publié. Il n’imite pas la hâte
              dangereuse des jeunes gens. Souhaitons que son prochain livre, les <hi rend="i"
                >Métèques</hi>, soit une belle œuvre. Il récompensera son attitude sans concession,
              sa dignité d’écrivain, à une époque veule, lâche et désordonnée.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Marcel Boulenger</hi> : Il suffit de se reporter au chapitre <hi
                rend="i">La Critique</hi> pour connaître les théories d’art de M. Marcel Boulenger.
              M. Marcel Boulenger est un heureux. La chance lui a vite souri. Le succès est venu à
              lui, — et c’est justice.</p>
            <p>M. Marcel Boulenger est un « jeune », et bien que ce qualificatif ait été jusqu’alors
              employé pour désigner les inconnus quelque vieux qu’ils fussent, M. Marcel Boulenger a
              trente ans. Il a publié quatre romans délicieux où ne se trouve nulle métaphysique
              compacte — ce qui dénote de la modestie — et qui ont le rare mérite d’être écrits en
              français. M. Marcel Boulenger, qui connaît notre belle langue et l’étudie tous les
              jours, ne s’est jamais montré critique tendre à l’égard des solécismes d’autrui.
              Peut-être eut-il tort : il est des romanciers qui doivent ne pas trop songer à la
              forme, mais achever leur œuvre, si énorme qu’elle puisse être. Cependant il faut
              féliciter M. Marcel Boulenger de se soucier du style assez pour nous donner des livres
              parfaits à ce point de <pb n="188"/>vue et qui permet d’en présager d’autres
              semblables. La différence entre <hi rend="i">Le Page</hi> et <hi rend="i"
                >Couplées</hi> est frappante. Les fâcheuses assonances qui émaillaient ce livre-là
              ont disparu dans ce livre ci, et la tournure des phrases est maintenant plus aisée et
              plus alerte.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Saint-Georges de Bouhélier</hi> : on sait que M. Saint-Georges de
              Bouhélier est le dernier chef d’école et qu’il compte de fervents disciples. L’école
              naturiste a produit d’excellents artistes, parmi lesquels MM. Maurice Le Blond et
              Eugène Montfort. M. Saint-Georges de Bouhélier débuta fort jeune et causa une
              révolution dans les lettres. Son audace, sa franchise et peut-être aussi son orgueil,
              lui valurent de nombreux ennemis, mais il faut reconnaître que le chef des naturistes
              répondit chaque fois aux attaques par de nouvelles œuvres, et il faut louer cet
              écrivain tenace et laborieux. Ses romans, un peu confus, ont de l’intérêt, de
              l’émotion, de la sincérité. <hi rend="i">Lucie, fille perdue et criminelle</hi>, est
              le meilleur.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Charles-Louis-Philippe</hi> : avec une large pitié fraternelle, un cœur
              infiniment troublé, une sensibilité riche d’images neuves et de perpétuelles
              associations d’idées et de mots originales, se faisait l’historien des âmes
              craintives, des existences perdues et désemparées : <hi rend="i">Bubu de Montparnasse,
                le Père Perdrix, Marie Donadieu</hi> : Il faut le citer.</p>
            <quote>
              <p><pb n="189"/>« — Ah ! petite Margot, tu es charmante et douce. Tu as l’une des âmes
                les plus belles, parmi les femmes que j’ai rencontrées. Tu ris avec ta petite bouche
                et tes jolies dents. Tu embrasses les hommes comme du bon pain. Tu fais tout ce que
                l’on veut. On peut te dire des paroles touchantes, car tu as l’air de les sentir. Tu
                as des petits seins fermes et ronds qui me font penser aux seins de mes petites
                amies d’autrefois qui avaient seize ans. Tu es si petite que l’on ne te prend pas au
                sérieux. Petite Margot ! petite Margot ! Petit jouet, petite femme, voici quelle
                sera ta destinée.</p>
              <p>« Et j’ai pensé à toi avec de la pitié. Tu es semblable à la brebis qu’un boucher
                mène à l’abattoir et qui, ne sachant pas où elle va, est heureuse de marcher. Petite
                Margot, ton boucher est un gros boucher rébarbatif qui s’appelle : la Société. Il
                attache des petites femmes à sa grosse corde et les conduit à la mort. Il leur tond
                leur pauvre laine chaude, il les soulève, il les couche et il les tue. Et quelque
                jour, sur une table de dissection, des carabins, en ricanant, ouvrent leur ancien
                corps vivant de petites Margot de quarante sous… »</p>
            </quote>
            <p><hi rend="b">Marius-Ary Leblond</hi> : Dira-t-on les frères Leblond comme on dit les
              frères Rosny ou les frères Margueritte, comme on a dit les frères Goncourt ? Ce sont
              surtout des romanciers coloniaux et ils sont en passe de compter parmi les meilleurs
              romanciers coloniaux <pb n="190"/>français. Nous les étudions plus spécialement dans
              le chapitre réservé à l’exotisme. L’Académie Goncourt ne leur a pas donné son prix,
              malgré l’opinion de l’élite qu’une enquête nous a fait connaître, enquête qui leur
              valut l’unanimité des suffrages et qui permit à M. J.-F. Raffaelli d’écrire cette
              belle page :</p>
            <quote>
              <p>« Je me suis enivré à la lecture du <hi rend="i">Zézère</hi>, des frères Marius-Ary
                Leblond, et de leur <hi rend="i">Sarabande.</hi> Le premier de ces livres me semble
                un petit chef-d’œuvre !</p>
              <p>« J’ai beaucoup réfléchi sur le Beau et j’ai cru pouvoir conclure que toute beauté
                se codifie sous la forme d’un rythme : nous avons du génie si nous avons, à quelque
                moment, créé un rythme, en art, en littérature, en morale, en tout. — Et si ce
                rythme est en harmonie avec le rythme des mondes qui s’évitent, c’est-à-dire avec
                l’ordre éternel.</p>
              <p>« Les Marius-Ary Leblond, créoles, nous ont apporté un rythme inconnu chez nous. Ce
                sont des créateurs. Leur forme, la couleur de leurs sentences, le mouvement de leurs
                phrases nous laissent dans l’esprit un rythme nouveau qui est un progrès acquis par
                nous et que nous leur devons.</p>
              <p>« Mon vieil ami Edmond de Goncourt, à la mémoire duquel je garde tant d’affectueux
                respect, aurait aimé se retrouver physiquement dans le plus grand des frères Leblond
                et retrouver son frère dans le plus jeune. »</p>
            </quote>
            <p><pb n="191"/><hi rend="b">Charles-Henry Hirsch</hi> : Nous avons vu M. Hirsch,
              romancier symboliste. Nul ne pouvait croire qu’il atteindrait au succès près du grand
              public. Or, il a publié <hi rend="i">Eva Tumarche, La Demoiselle de Comédie, Le Tigre
                et Coquelicot, Pantins et Ficelles</hi>, des romans réalistes et ironiques qui
              apportaient du nouveau. Il a vu les milieux dits <hi rend="i">excentriques</hi> avec
              le regard d’un Nietzschéen, et il nous les a présentés simplement avec un humour
              ingénu, bien français et bien personnel. Ça ne paraissait pas littéraire tout d’abord,
              et puis on s’aperçut que c’était de la littérature très habile et très complexe. Dans
              un quotidien du matin qui fut jadis littéraire, M. Charles-Henry Hirsch reste un des
              derniers littérateurs.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">André Lebey</hi>. Le précoce enfant des lettres, des <hi rend="i"
                >Premières Luttes</hi> est surtout un historien, du moins il semble, après son <hi
                rend="i">Essai sur Laurent de Médicis</hi> et son <hi rend="i">Connétable de
                Bourbon</hi>, qu’il doive se consacrer surtout à l’histoire. Ce n’est pas que ses
              romans n’aient de fort remarquables qualités, l’<hi rend="i">Âge où l’on s’ennuie</hi>
              et les <hi rend="i">Pigeons d’Argile</hi> sont des livres qui ne pouvaient passer
              inaperçus. La critique a été unanime à reconnaître leur originalité, et l’harmonie de
              leur style. Mais précisément parce que M. André Lebey apporte dans l’histoire ses
              qualités de romancier et qu’il sait « présenter » ses personnages et les faire se
              mouvoir dans des décors habilement reconstitués, c’est parce que c’est <pb n="192"/>un
              merveilleux évocateur que nous souhaitons qu’il se consacre exclusivement à
              l’histoire.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Eugène Demolder</hi> après cette éblouissante, ardente et puissante
              évocation de la Hollande de Rembrandt, la <hi rend="i">Route d’Émeraude</hi> nous a
              donné un roman excellent, le <hi rend="i">Jardinier de la Pompadour</hi>.</p>
            <p>M. Eugène Demolder a décrit des coins de province d’un réalisme archaïque et
              délicieux. Tiennette Lampalaire, la tante Monneau, et le pittoresque Agathon Piedfin
              sont d’extraordinaires silhouettes.</p>
            <p>Certaines pages sont troublantes et la crudité des phrases paysannes n’est pas
              déguisée, mais quels savoureux <hi rend="i">Noëls</hi> M. Demolder a dénichés dans les
              chansons de jadis ! Et puis la fin est d’une mélancolie poignante… M. Demolder nous
              fait presque regretter que nos pères aient fait la Révolution puisqu’ils ont détruit
              tant de croyances légères et de mœurs précieuses, comme ils ont tué nos amis Jasmin et
              Martine… Il faut lire le <hi rend="i">Jardinier de la Pompadour</hi>, on revit toute
              l’ancienne élégance et tout le charme du passé.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">Pierre Villetard</hi> : On avait aimé le premier livre de M. Pierre
              Villetard, <hi rend="i">M. et M<hi rend="sup">me</hi> Bille</hi>, on s’étonne
              aujourd’hui de ne pas l’avoir assez remarqué. <hi rend="i">La Maison des sourires</hi>
              montre tout à fait ses belles qualités que l’on avait seulement devinées, Le livre <pb
                n="193"/>de M. Pierre Villetard est d’une enveloppante suggestion. Il s’en dégage
              une volupté spéciale, un peu mystérieuse. Pas d’audaces blâmables… Un très bon livre,
              d’un style harmonieux et souple encore que dominé par quelques influences. Mais nous
              verrons bientôt M. Pierre Villetard, romancier personnel, nous donner l’œuvre que nous
              sommes en droit d’attendre et qui le classera parmi nos meilleurs écrivains.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">A. Gilbert de Voisins</hi> : C’est un des stylistes les plus précis de
              la jeune génération. Sa phrase, un peu complexe, se balance avec une harmonie
              particulière. M. A. Gilbert de Voisins est surtout un artiste. La partie psychologique
              de la <hi rend="i">Petite Angoisse</hi> paraît faible à côté des évocations savantes
              de <hi rend="i">Pour l’amour du Laurier</hi>. M. A. Gilbert de Voisins est un peintre,
              un « descriptif », c’est aussi un ironiste. Sa dernière œuvre est, dit Rachilde,
                <quote>« un tour de force »</quote>. C’est peut-être là son défaut. La littérature
              de M. A. Gilbert de Voisins est encore trop de <hi rend="i">la Littérature</hi>, mais
              les admirables qualités qu’elles décèlent nous font espérer l’œuvre digne de
              l’écrivain que M. A. Gilbert de Voisins <hi rend="i">doit être</hi>.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">P.-J. Toulet</hi> : P.-J. Toulet est l’un de nos écrivains les plus
              spirituels. Il anime des fantoches de telle sorte que nous les voyons évoluer et qu’il
              semble que chacun d’eux ait été par instants notre compagnon <pb n="194"/>de route.
              Nane est une délicate et futile compagne. On n’ignore pas que c’est un jouet et on lui
              donne quand même Un peu de son cœur, et voici que l’on se prend à souffrir et qu’on
              raille cette souffrance pour avoir l’air « bien parisien ». Soyons Parisiens à
              l’exemple de P.-J. Toulet et nous pourrons soutenir ce vieux renom d’esprit
              particulier et de finesse qui nous a valu la complaisante admiration des deux mondes.
              Rachilde affirme que vouloir citer les jolis mots de P.-J. Toulet, c’est vouloir
              recopier ses livres. Conseillons donc au public de lire, aux heures de lassitude, <hi
                rend="i">Tendres Ménages</hi> ou <hi rend="i">Mon Amie Nane</hi> de P.-J. Toulet.
              Ils y puiseront une douce philosophie, et lorsqu’ils auront compris que la femme est
              une enfant capricieuse et encombrante, ils réfléchiront aux dangers du
              sentimentalisme, ils penseront que l’ironie est seule consolante — et ils partiront,
              hélas ! à la recherche de la troublante Nane, parce que Toulet en la raillant l’a
              dotée de l’inconstance, de la souplesse, du mensonge, de la niaiserie et de la grâce
              qui sont les grands charmes féminins.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Albert Boissière</hi> (<hi rend="i">Une Garce, Les Trois Fleurons de
                La Couronne, M. Duplessis veuf</hi>) continue la grande tradition de Maupassant et
              de Flaubert. C’est un naturaliste non pas attiédi mais discipliné. Il y a de l’humour,
              de la vie, de la couleur et de la force dans ses romans.</p>
            <p/>
            <p><pb n="195"/><hi rend="b">M. André Beaunier</hi> a publié <hi rend="i">Les Trois
                Legrand</hi> et cet inoubliable <hi rend="i">Roi Tobol</hi>. C’est un normalien qui
              se défend d’être sensible.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Paul Reboux</hi>, avec <hi rend="i">Maison de Danses</hi>, roman de
              couleur précise et de composition habile. M. Albert Erlande, avec <hi rend="i">la
                Tendresse</hi><note resp="author"><quote>« <hi rend="i">La Tendresse</hi>. Une telle
                  passion est d’un maniement fort délicat, or ce sont des âmes faibles que nous
                  présente l’auteur. Animées d’un sentiment franc elles eussent été heureuses, mais,
                  chez un être que la maladie ou l’analyse rongent, la tendresse n’est qu’une source
                  de liquides sanglots. — Voilà qui est très joli, mais les romans où de pareils
                  sujets sont développés ont, à l’ordinaire, le défaut d’être ennuyeux comme la
                  grêle en hiver. Comment M. Erlande a-t-il pu, par un trait de singulière audace,
                  intéresser son lecteur et, plaisamment, le divertir avec le spectacle de cette
                  intrigue qui se noue et se dénoue, élégante comme le fil de fumée grise d’une
                  cigarette ? Je vais vous le dire : l’auteur nous fait, en un beau style, un récit
                  bien vivant… Il n’en faut pas davantage pour commander aux rires et aux pleurs.
                  Mon Dieu ! ce n’est que l’histoire d’une femme délaissée et qui meurt dans un beau
                  jardin, c’est tout ! mais on n’achève que les yeux humides ce marivaudage dans la
                  pénombre d’une tombe. »</quote> A. Gilbert de Voisins. (<hi rend="i">La
                  Renaissance Latine</hi>, 1902).</note> et <hi rend="i">Jolie Personne</hi>,
              Valentin Mandelstamm, avec<hi rend="i"> l’Amoral, Suzannah, Mémoires d’un Grand de la
                Terre</hi>, et surtout <hi rend="i">Jim Blackwood Jockey</hi>, Delbousquet, avec le
                <hi rend="i">Mazareilh</hi>, Georges Pioch, avec l’<hi rend="i">Impuissance
                d’Hercule</hi> ont pris une belle place dans la littérature nouvelle.</p>
            <p>Il va sans dire que, si nous ne nous sommes pas attardés aux noms de M. Georges
              Lecomte, G. Eekhoud, Hugues Rebell, Beaubourg, etc., c’est que <pb n="196"/>nous
              considérons que leur réputation, venue au lendemain de l’enquête de Jules Huret, est
              déjà trop lointaine pour que nous considérions leurs talents comme représentatifs de
              l’esprit contemporain. Nous les avons groupés néanmoins dans le classement que nous
              avons fait et qui est peut-être trop libre et trop rapide à notre gré.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Paul Léautaud</hi> ne peut se réclamer que de quatre devanciers :
              Jérôme Cardan, Jean-Jacques Rousseau, Restif de la Bretonne et Stendhal. Il est
              surtout plus près des <hi rend="i">Mémoires de M. Nicolas</hi> et on dirait qu’il a
              voulu refaire à l’envers <hi rend="i">La Vie de mon Père</hi>. M. Léautaud a fait
              crier au scandale et au chef-d’œuvre. À juger sainement, il semblerait que, dans un
              temps où les femmes s’obstinent à vouloir être sincères, l’auteur du <hi rend="i"
                >Petit Ami</hi> n’ait pas voulu leur laisser le monopole de la franchise. Cette
              franchise dans <hi rend="i">Le Petit Ami</hi> et dans <hi rend="i">In Memoriam</hi>
              est complète sinon excessive. C’est une confession qu’on devine absolue et sans
              retour, parce qu’on sent que l’auteur s’y intéresse. Un style négligé avec correction
              et intention y, traduit des aveux tels que le <num>xviii<hi rend="sup"
              >e</hi></num> siècle les eût aimés, mais que notre époque d’hypocrisie romantique les
              goûtera difficilement. À de telles audaces naturelles correspond une grande
              aristocratie d’intelligence.</p>
            <p/>
            <p>Nous citerons encore <hi rend="i">La Souillure</hi> de <hi rend="b">Louis Payen</hi>,
              étude âprement sincère et délicieuse tour à <pb n="197"/>tour, <hi rend="i">Le
                Consolateur</hi> de <hi rend="b">M. Henry Ghéon</hi> si simplement étrange et d’un
              style si nu et si net, <hi rend="i">le Détroit</hi> de <hi rend="b">Jean
              Madeline</hi>, et de <hi rend="b">M. Charles Régismanset</hi>, un roman qui vaudrait
              par son audace tranquille d’être rapproché du <hi rend="i">Petit Ami. La femme à
                l’Enfant</hi> de M. Régismanset envisage l’enfant au point de vue de l’émoi
              instinctivement sexuel. Ce n’est point un livre obscène ou curieux, c’est une œuvre
              troublante et douce. Pas même le regard de Stendhal amoureux de sa mère Henriette
              Beyle <quote>« alors qu’elle saute par-dessus le lit de son fils pour atteindre plus
                vite le sien »</quote> ou de sa tante M<hi rend="sup">me</hi> Camille Gagnon dont il
              avait entrevu, alors qu’elle descendait de voiture, <quote>« la peau blanche à deux
                doigts au-dessus du genou »</quote>. M. Régismanset a composé un roman plus subtil,
              plus équivoque et plus profond.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Albert-Émile Sorel</hi> paraissait continuer les théories
              naturalistes dans <hi rend="i">Pour l’Enfant</hi>, mais depuis semble vouloir revenir
              au roman psychologique.</p>
            <p/>
            <p>En 1903, l’Académie Goncourt donna son prix à <hi rend="b">M. John-Antoine Nau</hi>,
              romancier bizarre, original, dont la <hi rend="i">Revue Blanche</hi> avait donné
              quelques nouvelles exotiques, pour sa <hi rend="i">Force Ennemie</hi>, étude de
              psycho-physiologie morbide. Depuis, il a publié le <hi rend="i">Prêteur d’Amour</hi>,
              singulière confession de faiblesse et d’ardeur, création d’un type nouveau de névrosé,
              alors qu’on devait croire qu’il n’y avait rien à découvrir en ce domaine.</p>
            <p/>
            <p><pb n="198"/><hi rend="b">M. Henri Malo</hi> nous amuse avec <hi rend="i">Ces
                Messieurs du Cabinet</hi>, très curieuses révélations sur l’entourage immédiat d’un
              ministre, <hi rend="b">M. G. de la Rochefoucauld</hi> dont l’<hi rend="i">Amant et le
                Médecin</hi> a dû son succès autant à sa valeur propre qu’à la notoriété historique
              et mondaine de son auteur. On lit les romans honnêtes, un peu gris, mais si émouvants
              et si tendres et d’une composition si habile de <hi rend="b">M. Jacques des
                Gachons</hi> ; les pamphlets sous forme romanesque de <hi rend="b">M. Fernand
                Kolney</hi> ; cette admirable <hi rend="i">Initiation au Péché et à l’Amour</hi>
                d’<hi rend="b">Édouard Dujardin</hi>, l’auteur trop oublié des <hi rend="i">Lauriers
                sont coupés</hi>, petit livre qui donnait la vraie formule du roman moderne et qui
              n’a pas d’analogue dans notre littérature. <hi rend="i">Margot d’Été</hi> et <hi
                rend="i">Chonchon</hi> de <hi rend="b">Charles Merki</hi>, <hi rend="i">Terre
                Promise</hi> d’<hi rend="b">Eugène Morel</hi>.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Marcel Batilliat</hi> : romancier mystique et sensuel, d’une
              sensualité débordante, vibrante, mortelle et musicale. De la tendresse, de la névrose,
              du sadisme parmi l’écho d’un orchestre wagnérien. <hi rend="i">Chair-Mystique</hi>, la
                <hi rend="i">Beauté, Versailles aux Fantômes, la Joie</hi> sont des romans d’une
              intrigue simplifiée, mais d’une volupté absorbante et complexe. M. Gourmont a parlé de
                <quote>« religiosité sexuelle… »</quote> Le style de <hi rend="i"
                >Chair-Mystique</hi>, gâté de néologisme, est allé en s’épurant.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Claude Anet</hi> a écrit <hi rend="i">Les Bergeries</hi>. <hi
                rend="b">M. Romain Rolland</hi> est l’auteur de <hi rend="i">Jean Christophe</hi>,
              une <pb n="199"/>œuvre inégale et puissante encore inachevée mais qui annonce
              « quelqu’un » qui pourrait bien être celui qu’on attend.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="i">N. B.</hi> — Nous n’ignorons pas qu’il nous eut été possible d’obtenir
              peut-être un classement de la plupart des écrivains d’aujourd’hui en tenant compte de
              leurs goûts ou des influences subies. Malicieusement observerait-on — d’autant plus
              qu’ils sont jeunes — que beaucoup parmi ceux dont nous avons parlé ont souvent
              beaucoup lu et beaucoup trop retenu. Ce classement serait possible qui diviserait
              ainsi les romanciers ; par exemple : La <hi rend="i">Suite de Mérimée</hi>, la <hi
                rend="i">Suite de Stendhal, l’École de Gérard de Nerval</hi>, les <hi rend="i"
                >Lecteurs de Restif de la Bretonne, La suite de Flaubert</hi>, etc… De pareilles
              divisions ont l’avantage de manifester autant l’érudition et la perspicacité du
              critique que le manque d’originalité des auteurs. Notre âge nous interdisait de tels
              procédés qui peuvent amuser un Aristarque moins jeune et plus désabusé que nous…</p>
          </div>
          <div>
            <head>XIII. — Primes et prix</head>
            <p>Depuis quelques années, les primes d’encouragement se sont multipliées en faveur des
              jeunes littérateurs. Il n’y avait autrefois que les fondations académiques. Maintenant
              les journaux et les cercles leur font concurrence. Certes l’Académie Française
              paraissait <pb n="200"/>mieux désignée pour connaître des talents nouveaux que
              certains groupements mondains ou politiques, et nous devons constater pourtant que le
              public attache plus d’intérêt à ces couronnes récentes qu’à celles que distribue
              l’institut. Cela tient d’abord à l’importance des sommes et surtout à ce que
              l’Académie consacre des réputations et ne les établit pas. L’Académie Goncourt, en
              outre, n’a pas tenu compte de certains scrupules. Jusqu’à présent les prix n’osaient
              aller aux ouvrages entachés d’érotisme. La liberté des mœurs de nos personnages ne
              pouvait être admise quai Conti.</p>
            <p>Sur les trois lauréats de l’Académie Goncourt (MM. J.-A. Nau, L. Frapié, Claude
              Farrère), deux surtout méritaient leur gloire et on ne peut qu’applaudir
              l’indépendance qui présida à ces jugements.</p>
            <p>Un jury de femmes réuni par la maison Hachette, au Journal <hi rend="i">La Vie
                Heureuse</hi>, attribua cinq mille francs à <hi rend="i">La Conquête de
                Jérusalem</hi> de M<hi rend="sup">me</hi> Myriam-Harry (1904) et pareille somme en
              1905 au <hi rend="i">Jean-Christophe</hi> de M. Romain Rolland. Après nous avoir
              prouvé qu’elles ont du talent, les femmes prouvent qu’elles ont de l’intelligence, peu
              de parti-pris et beaucoup de jugement.</p>
            <p>La Société des Gens de Lettres a été moins heureuse dans ses attributions du Prix
              Sully-Prudhomme. Elle semble avoir délibérément choisi des médiocres.</p>
            <p>Divers autres prix, comme celui de <hi rend="i">la Presse</hi> (à <pb n="201"
              />M. Reboux par sa <hi rend="i">Maison des Danses</hi>) témoignent d’une impartialité
              moins rare qu’on ne croirait chez nos contemporains.</p>
            <p>L’Académie Française, fidèle à sa mission, n’a pas refusé l’<hi rend="i"
                >exequatur</hi> aux meilleurs poètes et romanciers d’aujourd’hui : MM. Gregh,
              Guérin, Larguier, Rivoire, Le Cardonnel, M<hi rend="sup">me</hi> de Noailles, Émile
              Despax, etc.</p>
          </div>
        </div>
        <div type="chapter">
          <head>Chapitre IV. Littérature dramatique</head>
          <p><pb n="202"/>Il n’y a pas beaucoup de littérature dans les pièces qui se jouent chaque
            soir à Paris et il y a peu de jeunes auteurs joués, ce qui explique la brièveté de ce
            chapitre.</p>
          <p>Sur l’art dramatique d’aujourd’hui, il n’y a qu’un cri : le théâtre français est en
              décadence<note resp="author">Si nous ne parlons pas ici de M. François de Curel, c’est
              que sa réputation est trop justement établie pour qu’il soit nécessaire d’y revenir.
              Notons qu’il a eu la plus complète et la plus heureuse influence sur le théâtre de
              demain. Cf. <hi rend="i">François de Curel</hi>, par Roger Le Brun, Sansot et C<hi
                rend="sup">ie</hi>, 1905, in-18.</note>. Ici, se vérifie, une fois de plus, la
            vérité des paroles de M. Charles Maurras. Les auteurs dramatiques vont au succès
            c’est-à-dire à l’argent en flattant le mauvais goût public et en l’exagérant, et, comme
            le théâtre rapporte infiniment plus d’argent que le roman, il est descendu plus bas. Les
            auteurs dramatiques ont même inventé une expression : <hi rend="i">Ce n’est pas du
              théâtre</hi> pour dire « voilà une pièce littéraire, <pb n="203"/>originale, morale,
            qui ne fera pas d’argent », et une autre expression, « C’est du théâtre » pour dire
            « voilà une pièce banale, faite avec des ficelles qui ont déjà servi et dont on est sûr,
            évocatrice d’émotions mille fois soulevées, d’une morale sans élévation, d’une gaieté
            vulgaire, d’une langue prétentieuse ou peu sûre, mais cette pièce ira à la
            centième ».</p>
          <p>Durant les deux siècles qui dominent notre littérature et la littérature de l’Europe la
            supériorité française s’établit au théâtre par la comédie de mœurs et la tragédie. Plus
            tard, mais avec une autorité moindre, le drame romantique fit sonner le pur métal de ses
            tirades éclatantes et déplacées. Depuis, nous en sommes tombés à la comédie de
            sentiment, au tragique larmoyant et bavard qui de La Chaussée, lequel savait au moins le
            français, s’abaisse encore jusqu’à Brieux, nous sommes tombés au vaudeville morne, à la
            farce niaise, à des compromis entre le music-hall, la maison close et le vaudeville qui
            n’ont même plus l’intérêt de chacun de ces genres si l’on peut dire. Nous avons eu les
            pièces à terreur, les pièces à surprises macabres, de la parade italienne de Ruzzante
            nous descendons au drame chirurgical, l’ancienne scène à effet du mélodrame servie,
            seule, avec beaucoup d’épices et sans sauce. Du tragique olympien d’Eschyle au tragique
            de M. Méténier. Et qu’on nous entende, ce n’est pas le fond de ces pièces que nous
            condamnons, c’est le procédé, le style, la composition, <pb n="204"/>leur caractère de
            faits divers qui les situe en dehors même des productions françaises. La tragédie a
            évolué entre M. Rostand et M. Méténier<note resp="author">Les drames de M. A. de Lorde
              doivent être mis à part La <hi rend="i">Dormeuse</hi> est la meilleure pièce du genre
              et peut-on dire le modèle, parce qu’elle est la moins compliquée.</note>. La comédie
            entre M. Bisson et M. Grenet-Dancour.</p>
          <div>
            <head>I. — Le drame romantique</head>
            <p><quote>« <hi rend="i">Jonglerie des mots, néant brutal du sens</hi> »</quote>, c’est
              un universitaire qui juge ainsi M. Richepin (Jean) ; qu’eût-il dit de M. Jacques
              Richepin ? Tout le monde est d’accord, le drame romantique est sans pouvoir sur le
              public et ses derniers bourreaux, à quelques exceptions près, ne savent même plus
              l’art des beaux vers inutiles. Le succès même de l’<hi rend="i">Aiglon</hi> ou <hi
                rend="i">Cyrano</hi> ne doivent plus nous faire illusion. C’est la dernière lueur
              avant l’ombre définitive, le dernier surgeon, la dernière poussée de sève au tronc de
              l’arbre mort. L’esthétique caduque du romantisme ne s’anime plus, même au contact des
              jeunes énergies. <hi rend="i">La Cavalière, Cadet-Roussel, Falstaff, Derceto</hi>
              n’auraient même pas l’excuse des rythmes sonores. Malgré M. Catulle Mendès qui prône
              encore un théâtre de rêve, mâtiné de Marivaux, de Tabarin et d’Eschyle, le public, qui
              accepta tant de médiocres mélos, n’accepte plus les personnages chaponnés de
              Shakespeare. Ni pantalonnade, ni bonbons à la cantharide. Pourtant il ne faut pas <pb
                n="205"/>tout condamner impitoyablement. Quelques jeunes hommes autour de M. Maurice
              Magre ont organisé le théâtre des Poètes qui ne joua guère que des drames romantiques
              — un peu différents de ceux de M. Richepin et meilleurs. Grâce à une versification
              moins vaine, ils obtinrent certains effets heureux.</p>
            <p/>
            <p>« Les Poètes » jouèrent l’<hi rend="i">Or</hi> de M. Magre, <hi rend="i">Imperia</hi>
              de <hi rend="b">M. J. Valmy-Baysse</hi>, <hi rend="i">La Peur d’Aimer</hi> de <hi
                rend="b">G. Fréjaville</hi>, <hi rend="i">Louis XVII</hi> de <hi rend="b"
                >G. Fauchois</hi>, <hi rend="i">Le Matamore</hi> d’<hi rend="b">Arnyvelde</hi>. Le
              théâtre de Maurice Magre continue le romantisme wagnérien, les autres pièces, toutes
              historiques — on le remarquera — ont des orientations différentes. L’<hi rend="i"
                >lmpéria</hi> de J. Valmy-Baysse tente une synthèse de la Renaissance Italienne, et
              se rapproche également du romantisme et du symbolisme. Le <hi rend="i">Louis XVII</hi>
              de Fauchois et l’<hi rend="i">Exode</hi> du même sont des pièces décidément bien mal
              écrites. Les deux autres marivaudages peuvent plaire à M. Mendès. L’entreprise de
              M. Magre a échoué mais elle a fait connaître des auteurs qui, malgré leur erreur
              initiale, comptent au nombre des réformateurs. M. Valmy-Baysse, auteur d’agréables
              poèmes, et dont on doit attendre de bonnes pièces a organisé au Théâtre-Trianon des
              récitations de poèmes précédées de conférences. MM. Payen et Vuillermoz l’avaient
              précédé par une initiative semblable.</p>
            <p>Un double courant nous éloigne du romantisme :</p>
            <p>I. La Renaissance du théâtre idéaliste et de la <pb n="206"/>tragédie, due à la
              renaissance du théâtre de plein air.</p>
            <p>II. L’avènement de la tragédie moderne, la réalisation du tragique quotidien rêvé par
              les Goncourt<note resp="author">Nous mentionnons hâtivement les tentatives du Théâtre
                de l’Œuvre qui révèlent surtout des écrivains de la génération précédente, et celle
                du Nouveau-Théâtre qui joua le <hi rend="i">Rembrandt</hi> de MM. Virgile Josz et
                Louis Dumur. Cf. Saint-Antoine : <hi rend="i">Le Théâtre Symboliste.</hi>
                L’Ermitage, 1894, tome II, p. 152.</note>.</p>
          </div>
          <div>
            <head>II. — La tragédie</head>
            <p>Elle a été surtout mise en valeur par le théâtre de plein air dont M. Paul Mariéton
              a, le premier, assuré et préparé le développement. D’autre part c’est aux Symbolistes
              (au théâtre d’Art de M. P. Fort et aux chefs-d’œuvre de Maeterlinck), à la longue
              persévérance, l’intelligence extrême de M. J. Péladan qu’il faut faire honneur de la
              renaissance idéaliste qui nous a mené à la tragédie. C’est parmi les essais incomplets
              du théâtre symboliste et les tragédies d’hier, qu’il faut chercher des indications sur
              notre avenir dramatique.</p>
            <p/>
            <p>La <hi rend="i">Victoire</hi> de Saint-Georges de Bouhélier, <hi rend="i"
                >Phyllis</hi> et <hi rend="i">le Dieu Nouveau</hi> de Paul Souchon, L’<hi rend="i"
                >Hydre</hi> de Charles Méré, <hi rend="i">Dionysos</hi> de J. Gasquet nous montrent
              ce que sera ce théâtre historique, idéaliste, idéologique, <pb n="207"/><hi rend="i"
                >vivant</hi> conflit de sentiments éternels, différent néanmoins du théâtre
              classique.</p>
            <p>M. Gabriel Boissy écrit :</p>
            <quote>
              <p>« … D’une succession de faits, un fait majeur s’impose : les lettres françaises,
                sommeillantes ou vagissantes depuis l’époque romantique, entrent aujourd’hui en
                effervescence ; un nouvel âge se prépare par les efforts convergents d’un groupe
                nombreux d’esprits toujours jeunes ou de jeunes esprits. En eux seuls l’on sent cet
                idéal supérieur, ce besoin impérieux qui les unit malgré toutes les dissemblances de
                  <hi rend="i">manière</hi>, malgré les rivalités individuelles et les pousse à une
                action commune et presque inconsciente pour constituer et imposer un Art grandiose
                et nouveau. Cet Art a choisi, comme principale expression, l’expression théâtrale et
                dans cette expression plus spécialement, la forme tragique<note resp="author">Nous
                  devons à la tragédie la parfaite <hi rend="i">Iphigénie</hi> de J. Moréas, la
                  troublante et profonde <hi rend="i">Sémiramis</hi> de Péladan. Cf. Préface de la
                    <hi rend="i">Phyllis</hi> de Souchon, Mercure de France, 1905, in-18.
                  — G. Boissy, <hi rend="i">Les chorégies d’Orange.</hi> La Chronique,
                  septembre 1905. — <hi rend="i">La Tragédie</hi>, Mercure, août 1904. — Grande
                  Revue, août 1905.</note>.</p>
              <p>« … Je rappellerai seulement les nombreuses représentations méridionales : à
                Orange, sous l’impulsion initiale de M. Paul Mariéton, puis de M<hi rend="sup"
                  >me</hi> Caristie-Martel et de M. Silvain ; à Nîmes, à Cauterets, par les efforts
                de MM. le D<hi rend="sup">r</hi> Meillon et Labruyère ; je signalerai aussi les
                théâtres régionaux fondés par <pb n="208"/>MM. Pottecher à Bussang (Alsace) ;
                Anatole le Braz, en Bretagne ; Gabriel Nigond, en Berry ; et enfin les tentatives de
                MM. Georges Dumesnil en Dauphiné ; P. Corneille, à la Motte-Sainte-Heraye (Poitou) ;
                Cloarec, à Ploujean ; Léon Le Clerc et R. de la Villehervé, en Normandie et <hi
                  rend="i">le Théâtre Antique de la Nature</hi> d’Albert Darmont à Champigny la
                Bataille.</p>
              <p>« … Parallèlement à ces réalisations, un grand nombre d’études, les unes
                théoriques, les autres critiques, ont été publiées ; des conférences ont été
                faites : ainsi s’est peu à peu étendue et essayée la Volonté novatrice qui, bientôt,
                régnera. L’une de ses dernières et non des moindres manifestations a été la série de
                spectacles donnée par le <hi rend="i">théâtre de l’Œuvre</hi>. L’Œuvre s’était
                consacrée jusqu’ici au drame scandinave, drame idéologique, puissant mais froid,
                profond mais inesthétique. Avec une intelligence dont il faut le louer, M. Lugné-Poë
                s’est employé, puisque les lieux officiels ou boulevardiers restent ignares, dans le
                sens nouveau. Tandis que les autres théâtres s’obstinent aux banalités et aux
                redites, en un mois M. Lugné-Poë a offert à Paris trois œuvres de manières
                différentes, de nature éminemment originales, mais toutes trois exubérantes de la
                jeune et régénératrice sève : <hi rend="i">la foi en l’idéalité des formes
                  parallèles à l’idéalisme des pensées</hi>.</p>
              <p>« … Par ses poèmes, par ses nouvelles tragédies, M. Joachim Gasquet s’est imposé
                comme l’un des plus personnels et des plus hauts poètes de l’actuelle <pb n="209"
                />Renaissance. À la tête de cette nouvelle et hautaine phalange, parce qu’il fut le
                premier et reste le plus original, marche l’auteur de la <hi rend="i"
                  >Prométhéide</hi>, d’<hi rend="i">Œdipe et le Sphinx</hi>, de <hi rend="i"
                  >Sémiramis</hi> et de <hi rend="i">Babylone</hi>, M. Péladan. Bien qu’il soit très
                italien, M. d’Annunzio a tant emprunté à la France qu’il participe, par les <hi
                  rend="i">Victoires mutilées</hi>, à notre effort, accompagné d’une multitude
                d’autres poètes supérieurs ou remarquables : MM. Catulle Mendès, avec sa <hi
                  rend="i">Médée</hi> (d’ap. Euripide) ; Jean Moréas avec <hi rend="i"
                  >Iphigénie</hi> et <hi rend="i">Ajax</hi> (d’ap. Euripide et Sophocle) ; Suarès,
                avec la <hi rend="i">Tragédie d’Elektre et d’Oreste</hi> (publiée aux <hi rend="i"
                  >cahiers de la quinzaine</hi>) : Albert Samain, avec <hi rend="i">Polyphème</hi>,
                Mécislas Golberg avec un <hi rend="i">Prométhée repentant</hi> : Ricciotto Canudo
                avec le <hi rend="i">Délire de Clytemnestre</hi> et le <hi rend="i">Bûcher
                  d’Hercule</hi> ; Jules Bois avec <hi rend="i">Hippolyte couronné</hi> (que reprend
                l’Odéon) ; Louis Bertrand avec une <hi rend="i">Sophonisbe</hi> ; Gabriel Nigond
                avec <hi rend="i">Samson et Dalila</hi> et même M. Rivollet, adaptateur qui sait
                avec art réduire les belles œuvres : dans un ordre quelque peu différent, mais
                parallèle, voici MM. Édouard Schuré, le maître du <hi rend="i">Théâtre de
                l’âme</hi> ; Élémir Bourges avec la <hi rend="i">Nef</hi> ; André Gide avec le <hi
                  rend="i">Roi Candaule et Saül</hi>, Maurice Magre, Valmy-Baysse, Gabriel Trarieux,
                Ernest Gaubert qui prépare une <hi rend="i">Électre</hi>, René Fauchois, Olivier de
                La Fayette, Arnyvelde, d’autres que j’oublie, d’autres que j’ignore, d’autres enfin,
                qui attendent l’heure où se manifester… »</p>
            </quote>
            <p>Dans le prologue de <hi rend="i">Dionysos</hi> J. Gasquet se réclame <pb n="210"/>de
              l’enseignement orphique et affirme son intention de renouer le drame philosophique et
              religieux. Au contraire M. Paul Souchon en avant-dire de <hi rend="i">Phyllis</hi>
              nous fait présenter son désir de créer une tragédie moderne. Ces tendances
              dissemblables, M. de Bouhélier, confusément, il est vrai, les avait pressenties et les
              mêlait en sa <hi rend="i">Tragédie du Nouveau Christ</hi> et dans <hi rend="i">la
                Victoire</hi>, œuvres inégales, manquées, énorme effort égaré dans le vide mais qui
              dénote une ardeur considérable, un tempérament audacieux.</p>
            <p>En dehors de ce courant, il faut noter diverses tentatives qui n’ont pas trouvé
              l’impressario intelligent ou aventureux. <hi rend="i">Les cuirs de Bœufs</hi> et <hi
                rend="i">Compère Renart</hi> de M. Georges Polti, l’auteur des <hi rend="i">36
                situations dramatiques</hi> qu’on a tant pillées depuis.</p>
          </div>
          <div>
            <head>III. — Théâtre satirique et philosophique</head>
            <p>C’est le théâtre dit <hi rend="i">injouable</hi>, parce qu’il paraît trop plein de
              pensées ou de paroles neuves et éternelles aux frivolités de notre public. Nous ne
              partageons pas pourtant l’opinion des gens de théâtre qui condamnent à l’avance la
              réalisation sur la scène de ces œuvres. Les drames de Shakespeare et de Wagner au
              point de vue métier — comme on entend ce mot aujourd’hui — présentaient des
              difficultés autrement ardues.</p>
            <p><pb n="211"/>M. <hi rend="b">Paul Claudel</hi> défie l’analyse : M. André Gide le
              juge ainsi : <quote>« M. Claudel a-t-il songé peut-être à cet étrange et beau titre, à
                “l’Arbre de la Croix” ? — Il se dresse à l’extrémité de ses drames. Il forme centre
                du quinconce. On est tout stupéfait, de quelque côté et par quelque chemin qu’on y
                vienne, de se retrouver à son pied. Ces chemins mènent tous à Rome. Mais ces chemins
                sont étrangement beaux. — Nous connaissions depuis longtemps déjà <hi rend="i">Tête
                  d’Or</hi> et <hi rend="i">La Ville</hi> ; une version très différente, de ce
                dernier drame avait paru plus récemment dans <hi rend="i">Le Mercure</hi> ; <hi
                  rend="i">L’Échange</hi> avait paru dans <hi rend="i">L’Ermitage</hi>, l’an passé ;
                  <hi rend="i">La jeune Fille Violaine</hi> et <hi rend="i">Le Repos du Septième
                  Jour</hi>, inédits encore, malgré d’admirables parties, sont moins bons. — Réunis
                d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance
                d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner
                aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est
                étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux,
                agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et
                sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et
                violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer
                quelques-uns. »</quote></p>
            <p/>
            <p>La <hi rend="i">Dame à la Faux</hi> de <hi rend="b">M. Saint-Pol-Roux</hi>, constitue
              un drame étrange, éloquent, le plus complet <pb n="212"/>chaos des métamorphoses,
              au-delà et au-dessus des formules admises, en plein ciel d’émotion de pensée que
              M. Degron admirait :</p>
            <quote>
              <p>« La <hi rend="i">Dame à la Faulx</hi>, c’est la Mort, — la “Vendangeuse aux doigts
                d’Octobre”. Bravée, menacée, elle prend sa revanche, mettant son plaisir âpre à
                torturer ceux qui s’approche d’elle. Laide d’abord, belle ensuite, elle est
                l’attirante… Et c’est ainsi que <hi rend="i">Magnus</hi>, l’homme — la Beauté, la
                Perfection, la Vie — tombe à ses pieds, tranché par son coup de faulx, après avoir
                donné tous les baisers d’amour à sa vierge aimée, à <hi rend="i">Divine</hi>, pâle
                fleur de lis qui meurt, elle aussi, peut-être parce qu’elle ressemblait trop à
                l’Aurore !</p>
              <quote>
                <l>Depuis l’Aube des temps je plane sur la vie,</l>
              <l>Tel un oiseau de proie aux serres de démon.</l>
              <l>L’humanité, qui va sous mon signe asservie,</l>
              <l>J’en saccage à mon gré les troupeaux de limon.</l>
              <l/>
              <l>Mon appétit sans borne a pour gueules les tombes</l>
              <l>Dont les fines et mobiles dents sont des vers.</l>
              <l>Il me faut chaque jour d’énormes hécatombes,</l>
              <l>Je mange tous les soirs un morceau d’univers…</l>
              </quote>
              <p>« Voici la <hi rend="i">Dame à la Faulx</hi> qui parle :</p>
              <p>« Enfin, écoutez l’amante, Divine, soupirer à son amant :</p>
              <quote>
                <l>                                  Maître,</l>
                <l>        N’es-tu pas ma raison d’être ?…</l>
                <l>Prends-moi devant les hommes, prends-moi devant Dieu !</l>
                <l>Couche-moi sur l’enfer, couche-moi sur les cieux !</l>
                <l>Je suis l’esclave entière à ton service</l>
                <l>Et qui sera selon ta chair et qui sera selon ton âme ;</l>
                <l>Et mon âme et ma chair veulent ce que tu veux,</l>
                <l><pb n="213"/>Que tu daignes m’aimer saintement à genoux</l>
                <l>Ou traîner dans la boue l’or ingénu de mes cheveux !</l>
                <l>Cherches-tu la sagesse ? cherches-tu le vice ?</l>
                <l>                        Commande !</l>
                <l>Je me ferai ton ange ou me ferai ta chienne,</l>
                <l>                         Et, tienne,</l>
                <l>Je consens à souffrir et consens à mourir</l>
                <l>Dans l’holocauste heureux de mon être asservi,</l>
                <l>Si la souffrance de mon âme doit t’orner de joie,</l>
                <l>Si la mort de ma chair doit te garder la vie !</l>
              </quote>
              <p>« Que vous dirai-je de plus ?… Les côtés admirables du livre ? Cortège de la folie,
                Mort de Divine. Entrée de la Dame dans le palais de Magnus, la Mort de Magnus ;
                Beautés poignantes, Scènes d’angoisse et d’amour, qui vous ravissent et vous
                bouleversent, hurlantes d’humanités !… »</p>
            </quote>
            <p>Le <hi rend="i">Roi Bombance</hi> de <hi rend="b">M. F. T. Marinetti</hi>, a la
              truculence de couleurs, d’odeurs et de sens d’une kermesse flamande. C’est tour à tour
              la <hi rend="i">Fête du Village</hi> de Téniers, l’<hi rend="i">Enfer</hi> de Dante et
              le fouillis archaïque, sinistre, mélancolique et profond d’une composition d’Albert
              Durer et le rire énorme de Rabelais. Satire des éternels retours de l’appétit
              populaire, satire des vices, des désirs de la foule, satire des meneurs d’homme, le
                <hi rend="i">Roi Bombance</hi> grouille d’une vie innombrable et puissante. Les dons
              fougueux du poète de <hi rend="i">Destruction</hi> et de la <hi rend="i">Conquête des
                Étoiles</hi> s’y épanchent avec une libéralité sans mesure, mais quel amphithéâtre
              suffirait à un tel déroulement symbolique et précis des passions de l’estomac
              universel.</p>
            <p/>
            <p><pb n="214"/><hi rend="b">M. Ricciotto Canudo</hi> est difficile à classer. Ses idées
              très originales, son lyrisme philosophique transportés au théâtre (<hi rend="i">Le
                Délire de Clytemnestre</hi>), sont à retenir. Il veut représenter l’idéal
              méditerranéen avec plus de souci de pensée que d’action dramatique !</p>
            <p>L’<hi rend="i">Antonia</hi> de M. Éd. Dujardin, les <hi rend="i">Flaireurs</hi> de
              Van Lerberghe, <hi rend="i">Madame la Mort</hi> de Rachilde datent, en dehors de notre
              étude.</p>
            <p>On déclare également <hi rend="i">injouables</hi> : le <hi rend="i">Saül</hi> de
              M. Gide qui n’a pas été joué et le <hi rend="i">Roi Candaule</hi> qui le fut. De la
              première de ces pièces on peut affirmer qu’elle est un chef-d’œuvre <hi rend="i"
                >;</hi> de la seconde qu’elle plut à un public d’élite, malgré les erreurs de
              l’interprétation. Théâtre moral, parfaitement possible devant un vrai public, d’un
              intérêt plus soutenu qu’on ne peut l’avouer, <hi rend="i">Saül</hi> et le <hi rend="i"
                >Roi Candaule</hi> seront jouées régulièrement quelque jour et lors, on s’étonnera
              de l’inintelligence de notre critique actuelle. Les tragédies morales de
              M. Édouard Ducoté (<hi rend="i">Circé</hi>, le <hi rend="i">Barbier du Roi Midas</hi>,
              etc…), s’apparentent à celles de M. André Gide. Elles ont des qualités parallèles de
              clarté, de style net, de grâce, de pensée souriante. Celles de M. H. Ghéon (Le <hi
                rend="i">Pain</hi>, l’<hi rend="i">Eau de Vie</hi>) sont plus âpres. Citons encore
                l’<hi rend="i">Hypathie, Pigmalion et Daphné</hi> de M. Gabriel Trarieux, Les <hi
                rend="i">Amazones</hi>, les <hi rend="i">Amants d’Arles</hi> de M. Henri Mazel, ce
              défenseur obstiné de la gloire latine.</p>
          </div>
          <div>
            <head>IV. — Le drame social</head>
            <p><pb n="215"/>Il y a eu, vers 1896-1899, toute une poussée vers le théâtre social<note
                resp="author"><hi rend="i">Enquête sur la question sociale au théâtre.</hi> Revue
                d’Art Dramatique, janvier, février, mars 1898.</note>. L’insuccès devait rapidement
              éteindre les ardeurs de la jeunesse. <quote>« L’avenir du théâtre est là »</quote>,
              déclarait M. Maurice Le Blond. <quote>« Non seulement je crois qu’un auteur peut
                évoquer une synthèse intense des luttes sociales du temps présent, mais j’estime
                encore qu’il le doit, affirmait M. Viollis. »</quote> Les faits ont démenti cette
              belle assurance.</p>
            <p>M. Antoine produisit la <hi rend="i">Guerre au Village</hi> de M. G. Trarieux. Nous
              eûmes encore le <hi rend="i">Domaine</hi> de <hi rend="b">M. Lucien Besnard</hi> et
                l’<hi rend="i">Affaire Grisel</hi> du même, le <hi rend="i">Chemin des Ruines</hi>
              de Jean Thorel, les tentatives de M. Lucien Gleize, de M<hi rend="sup">me</hi> Marni
              pour aboutir au théâtre de M. Jean Jullien (la <hi rend="i">Poigne</hi> et l’<hi
                rend="i">Oasis</hi>) et à la <hi rend="i">Clairière</hi> ou aux <hi rend="i">Oiseaux
                de Passage</hi> de MM. Donnay et Descaves.</p>
            <p>Ce qui manqua surtout à l’épanouissement du drame social, ce fut une scène et un
              public. Antoine seul ose de temps à autre quelque tentative de ce genre. En dehors de
              cet acteur, il n’y a plus que le Cercle « des Escholiers » et « l’Œuvre » ? C’est peu
              pour tant d’ambitions. Récemment M. Pottecher, <pb n="216"/>devant des auditeurs
              sincères et vraiment populaires, a essayé à Bussang le pouvoir de la comédie sociale.
              Il n’a qu’à continuer.</p>
          </div>
          <div>
            <head>V. — La comédie de mœurs et de caractère</head>
            <p>Le bilan est simple<note resp="author">Il est évident que nous ne parlons pas du
                théâtre d’auteurs illustres et consacrés comme Henri Lavedan et Jules
                Lemaître !</note>. L’<hi rend="i">Indiscret</hi> de M. Edmond Sée, <hi rend="i"
                >Maman Colibri</hi> d’Henry Bataille, les <hi rend="i">Affaires sont les
                Affaires</hi>, de M. Mirbeau, les <hi rend="i">Ventres Dorés</hi>, de M. Émile
              Fabre… et puis, une peinture de mœurs factices, de mœurs irréelles, qui nous valent,
              de par le monde, la réputation d’un peuple uniquement préoccupe de problèmes sexuels
              et surtout d’adultère.</p>
            <p>Pourtant la génération qui suit ces deux maîtres, Becque et G. de Porto-Riche nous a
              donné MM. Edmond Sée, André Picard, Henri Bataille. Les deux premiers n’ont pas fourni
              encore toute leur mesure, mais comptent déjà, le dernier a écrit peut-être les seules
              comédies de ce temps qui ont chance de survivre avec celles de M. Émile Fabre.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Henry Bataille</hi>. Il débuta par <hi rend="i">Ton Sang</hi> qui qui
              posait un problème éternel et moderne et la <hi rend="i">Lépreuse</hi>, évocation de
              légende et de sentiment. Dans toutes les pièces qui suivront il unira le poète au <pb
                n="217"/>psychologue, le rêve à la vérité la plus stricte et par là il sera plus
              vrai que tant d’autres. Sa sensibilité subtile éclaire son observation. Il y voit avec
              son cœur ; sa vérité n’est pas celle du statisticien ni celle du photographe ; sa
              préoccupation du détail ne nuit pas aux effets de l’ensemble, le <hi rend="i">Masque,
                Maman Colibri</hi>, la <hi rend="i">Marche Nuptiale</hi> réalisent le théâtre
              d’aujourd’hui le plus intense, le plus sobre, le plus vrai que nous ayons eu depuis
                <hi rend="i">Amoureuse</hi>, depuis Porto-Riche et depuis Jules Renard.</p>
            <p/>
            <p><hi rend="b">M. Émile Fabre</hi> : C’est un Balzacien. Sa vérité est plus extérieure
              que celle de M. Bataille. Il n’est point poète. Il est tragique, puissant, pessimiste.
              De son <hi rend="i">Timon d’Athènes</hi> aux <hi rend="i">Ventres Dorés</hi>, c’est de
              la peinture de caractère, intense et amère. Il est revenu aux procédés classiques.
              Chez lui, rien qui ne concoure à l’action ou à la pure intelligence des caractères.
              C’est un Balzacien dont le style est plus net et plus simple.</p>
          </div>
          <div>
            <head>VI. — Comédie fantaisiste conte dramatique</head>
            <p><hi rend="b">M. Franc-Nohain</hi> par <hi rend="i">Vingt mille âmes se</hi> révélait
              peintre exact et assuré des mœurs provinciales ; par <hi rend="i">La Fiancée du
                Scaphandrier, Papa les P’tits Bateaux, Aux temps des Croisades</hi>, etc…, il
              renouvelait la fantaisie et la poussait aux limites où elle atteint à la fois la
              comédie d’observation et la satire <pb n="218"/>philosophique. <hi rend="b">M. Alfred
                Jarry</hi> avec <hi rend="i">Ubu-Roi</hi> créait une formidable caricature du
              bourgeois qui atteignait aux cauchemars rabelaisiens et aux imaginations de Swift. <hi
                rend="b">M. Roger Le Brun</hi>, dans <hi rend="i">Le Bonheur des Hommes</hi>
              essayait le drame moderne le plus simple et le plus émouvant, parce qu’éternel, la
              révolte du sang et l’orgueil du sacrifice. On sait quel délicieux conte dramatique
              nous a présenté <hi rend="b">M. André Rivoire</hi> avec <hi rend="i">Il était une
                Bergère</hi> et le comique de <hi rend="b">MM. Edmond Guiraud, Pierre Soulaine</hi>
              mérite qu’on s’y arrête.</p>
            <p>La confusion n’est pas moindre au théâtre que dans le roman ou la poésie. Ici,
              encore, bien qu’elle ait survécu dans les journaux, la critique dramatique doit
              accepter une part de responsabilité dans la décadence de notre théâtre. À force de
              complaisances — d’autant que certains critiques sont aussi des auteurs — elle a
              diminué elle-même son autorité et nous avons pu juger, lors d’un incident récent, le
              cas que les directeurs faisaient d’elle.</p>
            <p>Cependant il semblerait ici, comme partout, qu’il y eut un retour vers la simplicité
              et la vérité. M. Édouard Schuré déclare :</p>
            <quote>
              <p>« Or, parmi les temples nécessaires, il n’en est pas que notre temps appelle d’un
                plus impérieux désir que le théâtre.</p>
              <p>« Le théâtre, ce miroir de la vie, est un mouleur formidable de l’âme des foules et
                même de l’âme de l’élite. Car il agit sur l’être humain tout entier : <pb n="219"
                />sens, âme, esprit ; et il agit par un exemple, par une action éloquente, aussi
                réelle et plus intense que la vie. Son influence est capitale dans le bien comme
                dans le mal. S’il n’est pas une école de beauté, de vérité et de renaissance, il
                devient fatalement une école de laideur, de mensonge et de mort. Qu’il soit
                l’esclave du luxe, de la frivolité et de la spéculation industrielle, comme dans
                notre société aveulie, et le théâtre ne sera guère autre chose que le reflet
                chatoyant et trompeur des vices, des ignorances et des lâchetés d’une époque. Mais
                placez à son centre l’âme consciente avec tous ses pouvoirs, faites rayonner à son
                foyer incandescent la divine Psyché, déployez ses ailes — et le théâtre sera le
                miroir de la vie meilleure, l’éducateur du peuple, l’initiateur qui conduit l’homme
                à travers la forêt de la vie et les mirages du rêve au sommet des plus hautes
                vérités. Le théâtre actuel est l’image docile et passive de l’histoire et de la
                société ambiante. Le théâtre de l’avenir remoulera l’homme et la société à son
                image. Car il sera le temple de l’idée, le foyer ardent de l’Âme consciente, libre
                et créatrice. »</p>
            </quote>
            <p>Sans doute. Mais il y a place pour deux théâtres, Corneille et Molière, la peinture
              du meilleur et du pire. Toute renaissance se résumera ici : Tragédie<note
                resp="author">Dans une remarquable étude (<hi rend="i">La Tragédie
                  contemporaine</hi>), M. Charles Méré développe des théories intéressantes sur
                l’avenir et la vie de la tragédie moderne. (<hi rend="i">La Chronique</hi> 1905,
                in-16 carré.)</note>, <pb n="220"/>tragédie élargie aux ressources et aux
              embellissements du théâtre de plein air : comédie de mœurs. Il n’y a place sur la
              scène que pour le poète et l’observateur. D’ailleurs le music-hall n’empiétera pas sur
              le théâtre ; il a une place importante à prendre dans le domaine de la beauté, mais
              elle est surtout artistique et non littéraire.</p>
          </div>
        </div>
        <div type="chapter">
          <head>Chapitre V. Le mouvement régionaliste. <lb/>Les jeunes en province</head>
          <p><pb n="221"/>La littérature provinciale n’était pas jusqu’à ces dernières années la
            littérature de la province. Les jeunes hommes que leur situation de fortune, leur
            emploi, leur famille forçaient à habiter, loin de Paris, malgré leur goût pour les
            lettres n’avaient d’yeux que pour le boulevard de la capitale. L’homme qui se refusait
            aux gloires fiévreuses de la ville unique, apparaissait comme une exception. On l’eut
            même volontiers taxé de folie. D’ailleurs ses compatriotes étaient les premiers à faire
            payer, par le mépris, au jeune provincial son outrecuidance d’écrire et de se vouloir
            faire imprimer. La Province recevait sa littérature toute faite de Paris avec les
            chapeaux, les robes, les catalogues de nouveautés et les ministères.</p>
          <p>Le Félibrige au même temps qu’il apportait l’idée d’une renaissance latine commença le
            premier à secouer cet esclavage. Mais, ici, il ne s’agissait que d’une tentative
            particulariste. Le génie de Mistral, <pb n="222"/>d’Aubanel, de Roumanille, de Félix
            Gras fut salué par les Parisiens avec un mélange de déférence et d’ironie. Les
            départements continuaient à acclamer, sans critique, toutes les mauvaises pièces en
            tournée et à admirer les fonctionnaires de passage.</p>
          <p>La politique devait modifier peu à peu cette passivité et la faire tourner en une sorte
            d’attitude agressive et souvent injuste. À partir de 1890, ce fut la Province qui
            dirigea la politique et peu à peu le Midi domina. Pour les nécessités électorales, les
            journaux provinciaux s’étaient fondés. Rapidement, ils acquirent une influence énorme,
            un tirage inconnu de la plupart des organes parisiens. <hi rend="i">La Dépêche du Nord,
              Le Lyon-Républicain, la Petite Gironde, Le Petit Troyen, Le Petit Ardennais, L’Éclair
              de Montpellier, Le Nouvelliste de Lyon, La Dépêche de Toulouse, Le Phare de la Loire,
              Le Petit Marseillais</hi>, etc.</p>
          <p>L’esprit local, les manies urbaines, flattées et affichées ne se cachèrent plus. La
            Province osa être elle-même en politique, plus lentement elle essaie de l’être en
            littérature.</p>
          <p>En 1875. M. Louis Xavier de Ricard publia <hi rend="i">Le Fédéralisme</hi>. Avec
            Auguste Fourès, Jourdanne et quelques autres, ils glorifiaient leurs atavismes, le culte
            de la terre. Ils revinrent à célébrer la pensée et la politique albigeoise, à l’heure où
            la Bretagne s’affirmait plus bretonnante et la Provence, plus provençale. M. Maurice
            Barrès et M. Charles Maurras devaient, quinze ans plus tard, entraîner dans le
            régionalisme <pb n="223"/>toute une jeunesse inquiète, et qui, lasse du renanisme
            sceptique, cherchait un appui, se cherchait elle-même ses origines, ses racines, les
            moyens de se développer et de grandir.</p>
          <p>La manie des petites revues, de Paris gagna la province. Rien ne pouvait être plus
            favorable à une renaissance de l’esprit provincial.</p>
          <p>Ce furent :</p>
          <p>À Montpellier <hi rend="i">Chimère</hi> (Coll. Paul Redonnel, Charles Brun, J. Loubet)
            et <hi rend="i">La France d’Oc</hi>.</p>
          <p>À Toulouse, <hi rend="i">L’Effort</hi> (1896), fusion des <hi rend="i">Essais de
              Jeunes</hi> et des <hi rend="i">Pages d’Art</hi> (Voir les Écoles et les Manifestes).
            En 1901, <hi rend="i">La Revue Provinciale</hi> lui succéda (Ch. Bellet, Roger Frêne).
            Dans cette même ville, le groupe catholique (Armand Praviel, Pierre Fons, Joseph Aubès)
            fondait <hi rend="i">L’Âme Latine</hi>. Ce périodique très vivant préconisa le retour au
            classicisme littéraire et à la tradition nationale catholique et monarchiste. Depuis peu
              <hi rend="i">Poésie</hi> de MM. Estève, Gaudion, Touny-Lérys.</p>
          <p>À Aix-en-Provence paraissent <hi rend="i">Les Gerbes</hi>, revue de tendances opposées
            à celles que défendirent dans cette même ville, <hi rend="i">Les Mois Dorés</hi> et <hi
              rend="i">Le Pays de France</hi> de Joachim Gasquet et Marie Demolins.</p>
          <p>À Marseille, <hi rend="i">Méditerranéenne</hi> (de E. Jaloux), <hi rend="i">La Revue
              Phocéenne</hi> (de A. Patrickios), <hi rend="i">La Revue Impressionniste</hi>.</p>
          <p>À Lyon, MM. Louis Payen, Émile Vuillermoz, Paul Lœwengard, Louis Raynaud, Michel Puy,
              <pb n="224"/>M. Brisac composaient <hi rend="i">Germinal</hi> (1899-1901) ; — <hi
              rend="i">La Terre Nouvelle</hi> (1900-1901) de M. Aurenche, et <hi rend="i">La Revue
              Jeune</hi> de M. José Colb eurent un destin éphémère — et ont eu pour leur succéder
              <hi rend="i">La Houle</hi> (Henry Béraud, etc…) et <hi rend="i">Athéna</hi>.</p>
          <p>À Béziers, Jean de la Hire, Pierre Hortala, Marc Varenne, Ernest Gaubert fondaient en
            janvier 1898 <hi rend="i">L’Aube Méridionale</hi> (1898-1900). En octobre 1898, elle
            émigrait à Montpellier où paraissait déjà <hi rend="i">La Coupe</hi> (1895-1898), de
            Richard Wémau, Louis Payen, Loubet, etc… <hi rend="i">L’Aube méridionale</hi> organisa
            le premier congrès des Poètes<note resp="author">Cf. E. Gaubert : <hi rend="i">Congrès
                des Poètes</hi> (Mercure de France, octobre 1899).</note> ; — <hi rend="i">L’Aube
              Méridionale</hi> publiait (avril 1899), un numéro spécial des <hi rend="i">Jeunes
              Poètes du Midi</hi>. Le <hi rend="i">Titan</hi>, de MM. H. Rigal et M. Labarre, lui
            succéda en 1901. Actuellement MM. Lacrie et Pontier font paraître à Montpellier <hi
              rend="i">L’Action méridionale</hi>.</p>
          <p>À Lille, M. Léon Bocquet, l’auteur de <hi rend="i">Flandre</hi>, recueil de poèmes
            inspirés par le décor natal, a groupé autour du <hi rend="i">Beffroi</hi> une importante
            pléiade de poètes : MM. Roger Allard, J. Mouquet, Th. Varlet, F. Éon, Léon Deubel,
            Floris Delattre, etc…</p>
          <p>À Nancy se publie la <hi rend="i">Grange lorraine</hi>, qui mêle en ses sommaires au
            nom de M. Charles Guérin, l’admirable et délicat poète du <hi rend="i">Cœur
              solitaire</hi> et de l’<hi rend="i">Homme intérieur</hi>, les noms de MM. Paul
            Briquel, <pb n="225"/>René d’Avril, etc. Dans cette même ville paraît encore la <hi
              rend="i">Lorraine artiste</hi>.</p>
          <p>À Reims, la <hi rend="i">Revue littéraire de Paris et de Champagne</hi>, sous la
            direction de M. J. René Aubert organise des conférences, des expositions de peinture.
            Cette revue, rapidement accrue, présente le tableau le plus complet du mouvement
            provincial (coll. F. Fagus, H. Bauquier, F. Clerget, H. Delahaye, Jules Romain,
            M. Golberg, etc…).</p>
          <p>À Troyes, la <hi rend="i">Brise</hi>.</p>
          <p>À Strasbourg, la <hi rend="i">Revue Alsacienne Illustrée</hi> de M. Buchez.</p>
          <p>À Colmar, la <hi rend="i">Revue d’Alsace</hi>.</p>
          <p>À Dijon, la <hi rend="i">Gerbe</hi>.</p>
          <p>À Toulouse encore, la <hi rend="i">Revue des Pyrénées</hi> et <hi rend="i"
              >Occitania</hi>.</p>
          <p>À Rennes, l’<hi rend="i">Hermine</hi> de Louis Tiercelin et la <hi rend="i">Jeune
              Bretagne</hi>.</p>
          <p>À Carcassonne, la <hi rend="i">Revue Méridionale</hi> de MM. Rouquet et A. Mir.</p>
          <p>À Nîmes, la <hi rend="i">Revue du Midi</hi>.</p>
          <p>À Abbeville, la <hi rend="i">France Littéraire</hi>.</p>
          <p>À Valenciennes, M. Florian Parmentier dirige l’<hi rend="i">Essor
            Septentrional</hi>.</p>
          <p>À Metz, l’<hi rend="i">Austrasie</hi>.</p>
          <p>Au Havre, la <hi rend="i">Province</hi> de MM. de la Villehervé et A.-M. Gossez
            inaugure la publication en fascicules des <hi rend="i">Provinces poétiques</hi>,
            anthologie complète de toute la production de ces dernières années. <pb n="226"
            />M. Émile Magne collaborait à Brive à la <hi rend="i">Brise</hi>.</p>
          <p>À Saint-Étienne, la <hi rend="i">Revue forézienne</hi> de MM. Fournier-Lefort, Louis de
            Romeuf, Olivier de la Fayette, le poète du <hi rend="i">Rêve des Jours</hi>.</p>
          <p>À Blois, la <hi rend="i">Vie Blésoise</hi> de M. Hubert-Fillay<note resp="author">Ces
              revues organisèrent des représentations populaires de pièces classiques ou nouvelles
              et des récitations de poèmes.</note>.</p>
          <p>La <hi rend="i">Revue périgourdine</hi> de M. Cellerier, la <hi rend="i"
              >Clavellina</hi> (Perpignan) de MM. Saisset, Orliac, etc., <hi rend="i">Gallia</hi>
            (Gaillac) de M. Touny-Lérys, l’<hi rend="i">Ardèche littéraire</hi> de M. Jean Volane,
            etc., ont brillé d’un éclat trop bref. N’importe, elles méritent de ne pas être
              oubliées<note resp="author">Il vient de se fonder une société des écrivains régionaux.
              Adresser toute communication à M. Michel Epuy, à Bauvène-Chalençon
            (Ardèche).</note>.</p>
          <p>À Nîmes, M. Paul Guiraud un romancier estimé et M. P. Jouve rédigent la <hi rend="i"
              >Chronique mondaine</hi>.</p>
          <p>Voici, à titre d’exemple, le programme d’une ces jeunes revues<note resp="author"><hi
                rend="i">Action méridionale</hi>.</note> : celle-ci <quote>« prétend refléter l’âme
              nouvelle de la jeunesse, ses préoccupations sociales sans s’inféoder à aucune
              politique, son souci d’art national, simple, vigoureux, méthodique, suivant le sens de
              l’esprit latin. Elle défendra, en art, la simplicité vigoureuse des classiques et
              réagira contre le romantisme. Enfin elle estime l’action au-dessus de l’art purement
              formel »</quote>.</p>
          <p>On le voit ce n’est point d’une ambition vulgaire ! mais les hauts projets conviennent
            à notre âge. Ces <pb n="227"/>périodiques, ces groupements ont eu une influence heureuse
            sur la jeunesse de ce temps. Presque tous sont affiliés à la Fédération régionaliste
            française. Beaucoup de ces écrivains, d’ailleurs, sont aussi affiliés au Félibrige et,
            bien qu’ayant écrit en français, ont souvent aussi écrit en langue d’oc. Parfois, comme
            M. Delbousquet, ils apportent par un choix d’expressions locales plus de couleur à la
            langue nationale. Sans distinction d’esthétique et de pensée politique, tous ces jeunes
            hommes sont mus par un même amour envers leur pays, par un même désir de donner une vie
            propre à leur province. Ils ne pensent pas pouvoir mieux honorer leur région qu’en lui
            dédiant leurs poèmes, qu’en décrivant ses aspects et ses mœurs dans leurs romans.
            Heureuse réaction contre le snobisme imitateur des romans boulevardiers !…</p>
          <p>La littérature provinciale s’est enrichie d’énergies nouvelles. Par un échange
            incessant d’idées et de collaboration entre ces divers groupements et Paris s’est créé
            un minimum de pensées communes qui suffit à rallier toutes ces revues autour du drapeau
            de la décentralisation. Certes, il ne faudrait pas croire à une entente parfaite, à un
            succès définitif<note resp="author">Ces revues n’ont d’ailleurs pas une importance
              égale. À l’exception du <hi rend="i">Beffroi</hi>, presque toutes les tentatives de
              s’adjoindre une maison d’éditions ont échoué jusqu’à présent. Il nous faut aussi noter
              la <hi rend="i">Terre d’Oc</hi> (Toulouse), <hi rend="i">Provensa</hi> (Avignon),
              etc.</note>, <pb n="228"/>à une unanime ambition, non ; mais leurs conférences, les
            récitations de poèmes organisées par elles dans les théâtres municipaux des grandes
            cités provinciales, par leurs enquêtes, par les livres qu’elles ont éditées, par la
            facilité qu’elles donnent à des jeunes gens de se faire connaître, ces revues ont acquis
            une influence. Isolé jadis dans un milieu réfractaire aux idéologies comme aux lettres,
            le provincial qui pense et qui s’hypnotisait dans l’adoration de Paris et le désir de
            quitter au plus vite le sol natal a dès à présent la facilité de s’affilier à un des
            groupements que nous venons de nommer et où il trouvera toutes sortes d’avantages moraux
            et des raisons plus grandes d’aimer les arts et d’aimer aussi sa région. Les jeunes
            revues provinciales ont eu une influence littéraire autant que morale. Par cela même
            qu’elles propageaient le culte du pays natal, le goût de l’action, la recherche des
            méthodes naturelles d’évolution, elles éloignaient la jeunesse d’un art obscur, subtil
            où elle avait failli se perdre — (après y avoir d’ailleurs au début connu des beautés
            nouvelles). — Ici, nous n’avons qu’à constater cette floraison des provinces nouvelles.
            Elle nous assure encore que la sève n’est point tarie qui animait, jusqu’à l’héroïsme et
            la beauté, la France<note resp="author"><p>Il ne faut pas oublier les revues belges de
                langue française.</p><p>À Bruxelles : <hi rend="i">L’Art Moderne, Le Thyrse,
                  Durendal, le Jeune Effort, L’Idée Libre, La Belgique Artistique et Littéraire,
                  Jadis, L’Essor Littéraire</hi>, etc…</p><p>À Liège : <hi rend="i">Vallonia</hi>,
                etc… Sans compter les revues disparues, <hi rend="i">La Jeune Belgique, Le Coq
                  Rouge, Comme il vous plaira</hi>, etc…</p></note>.</p>
          <p><pb n="229"/>Paris possède aussi ses revues régionalistes (<hi rend="i">Revue
              Septentrionale, La Province</hi>, etc.) Cf. <hi rend="i">Revue Universelle
              Larousse</hi>, nº du 1<hi rend="sup">er</hi> sept. 1905 (<hi rend="i">À Travers la
              France</hi>) mais surtout l’<hi rend="i">Action Régionaliste</hi> (de Charles-Brun,
            secrét. Paul Redonnel) qui est l’organe officiel d’un groupement actif que préside
            M. L.-Xavier de Ricard et auquel M. Charles-Brun a su donner une importance chaque jour
            plus grande. <hi rend="i">La Fédération Régionaliste Française</hi> organise des
            congrès, des tournées de conférence, des réunions amicales.</p>
          <p>Elle veut agir dans le triple domaine de l’économie politique, de la littérature et des
            arts.</p>
          <p>MM. Paul Boncour, J. Plantadis, J. Beaurepaire-Froment (l’actif rédacteur en chef de
              <hi rend="i">La Tradition</hi>), Mihoura, A. Daudé-Baucel (secrétaire de l’<hi
              rend="i">Union Coopérative</hi>), Angot des Rotours, Émile Magne — et bien d’autres,
            aidés d’aînés illustres, prennent la parole dans ses réunions périodiques. <hi rend="i"
              >La Fédération Régionaliste Française</hi>, si elle n’a encore réalisé qu’une faible
            partie de son vaste programme, a du moins préparé un terrain d’entente entre un grand
            nombre de jeunes écrivains et cela seul lui eut mérité déjà d’être signalée ici.</p>
          <p>Le lecteur a déjà rencontré la plupart des noms <pb n="230"/>cités ici, au cours de cet
            ouvrage. Presque tous ces jeunes hommes sont des poètes. M. A. Grimaud a réuni leurs
            vers dans une anthologie : <hi rend="i">La Race et le Terroir</hi> (1905, Cahors).
            Généralement ils ont gardé le culte de la tradition française et se complaisent à
            célébrer leur région. Entre autres nous citerons ce sonnet de M. Pierre Fons, le poète
            de l’<hi rend="i">Heure Amoureuse et Funéraire</hi>.</p>
          <quote>
            <label type="head">À LA CITÉ DE CARCASSONNE</label>
            <l>De la tour de Justice à la tour du Trésaut,</l>
            <l>Le soir apaise enfin l’horizon solitaire ;</l>
            <l>D’implacables destins ont désolé ces terres,</l>
            <l>Mais leur fière beauté garde encor des vassaux.</l>
            <l/>
            <l>Seul le soleil, tentant quelque suprême assaut,</l>
            <l>Ensanglante à présent la Lice et Saint-Nazaire ;</l>
            <l>Où les cerviers du Nord tous en vain s’écrasèrent,</l>
            <l>Des femmes lentement rêvent près des berceaux…</l>
            <l/>
            <l>Douce monte une nuit orientale et chaude…</l>
            <l>Montfort, ton œuvre est morte et sa cendre est à l’Aude,</l>
            <l>Les midis à leur tour ont chassé tes effrois…</l>
            <l/>
            <l>Et, — la lune courbée en profil de tartane, —</l>
            <l>Tout le ciel étoilé tend un blason d’orfrois</l>
            <l>Qui figure l’orgueil de la Terre occitane !</l>
          </quote>
          <p>Ce fragment du <hi rend="i">Poème à la Servante</hi> de Pierre Hortala.</p>
          <quote>
            <l>— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne</l>
            <l>Où dorment les aïeux, où ma place m’attend,</l>
            <l>Et descendre moi-même au fond, pieusement,</l>
            <l>Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne,</l>
            <l><pb n="231"/>Et j’ai pleuré……………………………</l>
            <l>Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire,</l>
            <l>Pastoure qui chantais dans les seigles d’été,</l>
            <l>J’ai compris ton amour maternel, ta bonté,</l>
            <l>L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire,</l>
            <l>Servante dont les doigts noueux étaient câlins…</l>
            <l>Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante,</l>
            <l>Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi…</l>
            <l>Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois :</l>
            <l>Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ;</l>
            <l>Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva</l>
            <l>Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine</l>
            <l>C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla</l>
            <l>L’atavisme endormi de ma race lointaine,</l>
            <l>L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol</l>
            <l>Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !…</l>
          </quote>
          <p>Et nous rappellerons les strophes du mélancolique évocateur des Landes de Gascogne,
            Marc Varenne dont les trop rares vers publiés apportaient dans la nostalgique évocation
            du sol natal une note personnelle.</p>
          <p>Et nous regrettons de ne pouvoir, étant donné le plan de cet ouvrage, signaler les
            poètes occitans ou bretons. Nous en connaissons comme Joseph d’Arbaud, Jaffrennou,
            Prosper Estieu, Antoine Perbosc, Charloun Rieu qui sont parmi les plus grands<note
              resp="author">Cf. les articles de M. Jules Véran (<hi rend="i">Éclair de
                Montpellier</hi>) (1900-1906).</note>.</p>
        </div>
        <div type="chapter">
          <head>Chapitre VI. Conclusions</head>
          <p><pb n="232"/>Avant de conclure, nous ne croyons pouvoir mieux faire que citer les
            principaux passages de la préface dont Alfred de Musset fit précéder la première édition
            de ses comédies et qu’il supprima dans les autres :</p>
          <quote>
            <p>« Goethe dit quelque part, dans son roman de <hi rend="i">Wilhelm Meister</hi>,
              « qu’un ouvrage d’imagination doit être parfait, ou ne pas exister ». Si cette maxime
              sévère était suivie, combien peu d’ouvrages existeraient, à commencer par <hi rend="i"
                >Wilhelm Meister</hi> lui-même !</p>
            <p>« Cependant, en dépit de cet arrêt qu’il avait prononcé, le patriarche allemand fut
              le premier à donner, dans les arts, l’exemple d’une tolérance vraiment admirable.
              Non-seulement il s’étudiait à inspirer à ses amis un respect profond pour les œuvres
              des grands hommes, mais il voulait toujours qu’au lieu de se rebuter des défauts d’une
              production médiocre, on cherchât dans un livre, dans une <pb n="233"/>gravure, dans le
              plus faible et le plus pâle essai, une étincelle de vie….</p>
            <p>« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de
              distraction, de pures superfluités, où l’<hi rend="i">agréable</hi>, ce bouffon
              suranné, oublie innocemment son confrère l’<hi rend="i">utile</hi>, il me semble que
              si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de
              critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable
              de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie. En effet,
              tout homme qui écrit un livre est mû par trois raisons : premièrement, l’amour-propre,
              autrement dit, le désir de la gloire ; secondement, le besoin de s’occuper, et, en
              troisième lieu, l’intérêt pécuniaire. Selon l’âge et les circonstances, ces trois
              mobiles varient et prennent dans l’esprit de l’auteur la première ou la dernière
              place ; mais ils n’en subsistent pas moins.</p>
            <p>« Si le désir de la gloire est le premier mobile d’un artiste, c’est un noble désir,
              qui ne trouve place que dans une noble organisation.</p>
            <p>« Quelque mépris, quelque disgrâce qu’il puisse encourir, il n’en est pas moins vrai
              que l’artiste pauvre et ignoré vaut souvent mieux que les conquérants du monde, et
              qu’il y a de plus nobles cœurs sous les mansardes où l’on ne trouve que trois chaises,
              un lit, une table et une grisette, que dans les gémonies dorées et les abreuvoirs de
              l’ambition domestique.</p>
            <p><pb n="234"/>« Si le besoin d’argent fait travailler pour vivre, il me semble que le
              triste spectacle du talent aux prises avec la faim doit tirer des larmes des yeux les
              plus secs.</p>
            <p>« Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du
              travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à
              l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à
              Dieu…</p>
            <p>« Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits,
              qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis. Tout le monde
              sent qu’il y aurait un parfait ridicule à venir dire aux gens : Voilà un livre que je
              vous offre : vous pouvez le lire et non le juger. La seule chose qu’on puisse
              raisonnablement demander au public, c’est de juger avec indulgence.</p>
            <p>« On m’a reproché, par exemple, d’imiter et de m’inspirer de certains hommes et de
              certaines œuvres. Je réponds franchement qu’au lieu de me le reprocher on aurait dû
              m’en louer. Il n’en a pas été de tous les temps comme il en est du nôtre, où le plus
              obscur écolier jette une main de papier à la tête du lecteur, en ayant soin de
              l’avertir que c’est tout simplement un chef-d’œuvre. Autrefois il y avait des maîtres
              dans les arts, et on ne pensait pas se faire tort, quand on avait vingt-deux ans, en
              imitant et en étudiant les maîtres. Il y avait alors, parmi les jeunes artistes,
              d’immenses et respectables familles, et des milliers de mains travaillaient sans
              relâche à suivre les mouvements <pb n="235"/>de la main d’un seul homme. Voler une
              pensée, un mot, doit être regardé comme un crime en littérature. En dépit de toutes
              les subtilités du monde et <hi rend="i">du bien qu’on prend où on le trouve</hi>, un
              plagiat n’en est pas moins un plagiat, comme un chat est un chat. Mais s’inspirer d’un
              maître est une action non seulement permise, mais louable, et je ne suis pas de ceux
              qui font un reproche à notre grand peintre Ingres de penser à Raphaël, comme Raphaël
              pensait à la Vierge. Oter aux jeunes gens la permission de s’inspirer, c’est refuser
              au génie la plus belle feuille de sa couronne, l’enthousiasme ; c’est ôter à la
              chanson du pâtre des montagnes le plus doux charme de son refrain, l’écho de la
              vallée…</p>
            <p>« Il m’a toujours semblé qu’il y avait autant de noblesse à encourager un jeune
              homme, qu’il y a quelquefois de lâcheté et de bassesse à étouffer l’herbe qui pousse,
              surtout quand les attaques partent de gens à qui la conscience de leur talent devrait,
              du moins, inspirer quelque dignité et le mépris de la jalousie. »</p>
          </quote>
          <p>Nous avons tenu à donner ces fragments dont la finesse et la vérité sont aujourd’hui
            trop oubliés des critiques et des auteurs. A. de Musset a raison entièrement et par ce
            qui touche à l’imagination, il pourrait voir qu’on n’a jamais plus imité qu’aujourd’hui
            et que ce temps passionné pour la recherche fiévreuse du nouveau n’a trouvé vraiment que
            cela, <quote>« l’imitation de seconde main »</quote>. — On copie ce qui n’était déjà
            qu’une imitation ! Châteaubriand disait :</p>
          <quote>
            <p><pb n="236"/>« … Dans ce siècle de lumières, l’ignorance est grande. On commence par
              écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie. Les véritables gens de
              lettres gémissent envoyant cette nuée de jeunes auteurs qui auraient peut-être du
              talent s’ils avaient quelques études. Il faudrait se souvenir que Boileau lisait
              toujours dans l’original et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide
              grecs. Dieu nous ramène au siècle des pédants ! Trente Vadius ne feront jamais autant
              de mal aux lettres qu’un écolier en bonnet de docteur… » (<hi rend="i">Itinéraire de
                Paris à Jérusalem</hi>).</p>
          </quote>
          <p>Que dirait-il aujourd’hui où le succès de quelques médiocres sans culture encourage les
            jeunes écrivains à mépriser la lecture ! Nous avons même eu cet exemple d’un écrivain
            qui se vantait de ne pas lire<note resp="author">Peut-être entendait-il par-là la
              production actuelle. Dès lors, il serait plus difficile de le blâmer !</note>  !…</p>
          <p>À ce manque de culture générale on devra tout d’abord attribuer la confusion dont on se
            plaint, unanimement. En ce sens, les groupements eurent leur utilité. Les symbolistes
            entre autres se distinguaient par une culture sérieuse, des connaissances littéraires
            supérieures à celles des écrivains qui les raillaient. Nous ne voulons nommer personne,
            mais nous conseillons à un lecteur oisif d’établir une petite statistique, après
            enquête, des auteurs lettrés et de ceux qui croient découvrir le monde, avant de savoir
            marcher. Les plus froides compositions, les plus artificielles <pb n="237"/>compilations
            des lettrés sans âme, n’avaient jamais atteint la médiocrité de certains vagissements
            d’âmes sans lettres, que nous avons vu acclamer récemment !…</p>
          <p>Louis Blanc voulait voir dans la Révolution et depuis lors dans la Société française,
            deux mouvements : l’un dérivant de Voltaire, l’autre dérivant de Rousseau. Cette
            théorie, quoique légèrement factice, aurait en littérature la qualité de tout éclaircir.
            Si l’on personnifie, en Voltaire, la Raison critique, indépendante, saine, la logique et
            l’ironie, l’esprit de réforme contenu dans le culte du goût, de tradition légitime et de
            nécessité, le respect de la langue, il deviendra facile d’identifier Rousseau à cet
            esprit de révolte, d’instinct brutal, de mépris pour la forme, de lyrisme hors de
            propos, d’orgueil maladroit qui semble nous dominer aujourd’hui. Le Romantisme est né de
            Rousseau, la Renaissance classique peut se réclamer de Voltaire. Ajoutez au lyrisme de
            Rousseau, tout le génie de Châteaubriand qui, lui, a fait le <num>xix<hi rend="sup"
                >e</hi></num> siècle littéraire. Faites aboutir Voltaire à Mérimée, vous aurez le
            dessin général de ces deux tendances — s’il se peut dire.</p>
          <p>Malheureusement pour le génie français, la victoire est trop souvent restée au
            Genevois. On essaie de réagir. Pour dominer et réduire l’instinct, c’est-à-dire la
            Révolution, il fallait revenir à l’école du passé. Depuis qu’il est à nouveau question
            de <hi rend="i">Renaissance Latine ou Grecque</hi>, on a oublié ceux qui <pb n="238"
            />les premiers l’avaient préconisée comme le remède sauveur, la panacée infaillible des
            lettres françaises. Qu’on y songe cependant, ce n’est point seulement un programme
            littéraire, c’est encore une politique et une sociologie. Castelar, aux Cortès, le
            lendemain de l’incident des Carolines et dans sa célèbre prosopopée à Rome en développe
            les moyens et le but. Pour la France, M. de Tourtoulon, Maffre de Baugé et d’autres que
            nous avons nommés déjà dans une autre partie de cet ouvrage précisèrent la doctrine
            fédéraliste qui devait présider à l’avènement de la raison latine, victorieuse de
            l’instinct Révolutionnaire : M. Jean Carrère s’écrie :</p>
          <quote>
            <p>« Peut-être que demain l’âme hellène, venue à nous par les flots qui baignent
              Marseille, réveillant au passage les mânes assoupis des vieux consuls d’Arles, et
              définitivement épanouie dans la maison blanche de Maillane, aux pieds du Parnasse
              resplendissant des Alpilles, va remplir de nouveau l’Europe rajeunie pour la plus
              grande joie du monde et le relèvement des nobles esprits » (<hi rend="i">Revue
                Encyclopédique</hi>, 31 juillet 1897).</p>
          </quote>
          <p>Cette première renaissance latine se voulait essentiellement <hi rend="i"
              >méridionale</hi>, ne l’oublions point. Celle de M. Louis Bertrand est plus
            générale :</p>
          <quote>
            <p>« Cependant nous devons tenir compte de ce qui est. Nous ne pouvons, du jour au
              lendemain, faire table rase du présent, où d’ailleurs le bon grain foisonne à côté de
              l’ivraie. Nous ne renierons donc aucun des excellents ouvriers qui nous ont précédés.
                <pb n="239"/>Bien plus, nous ne lancerons l’anathème contre personne, pas même
              contre ceux qui nous ont le plus égarés, sachant, hélas ! combien l’erreur est
              séduisante et facile. Nous ne rejetterons rien des vraies richesses, ni des conquêtes
              définitives de nos devanciers. Seulement nous prétendons mettre leurs fautes à profit.
              Nous nous défierons de leur exotisme autant que de leur cosmopolitisme, pour en avoir
              été empoisonnés jusqu’aux moelles. Nous repousserons les philtres de la sirène
              étrangère, et nous n’imiterons pas l’imprudent Ulysse, qui but dans la coupe de
              l’enchanteresse l’oubli de la patrie et du foyer domestique… Nous prendrons pour
              modèle l’humble effort de l’arbre qui, tout entier concentré dans l’élaboration des
              sèves, envoie ses racines les plus profondes comme ses branches les plus hautes à la
              poursuite de toutes les nourritures qui fructifieront sous son écorce. Et ainsi,
              attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre
              vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle
              des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature
              vivante ; et après tant de courses vagabondes hors des frontières, tant d’excursions
              dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous
              pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un
              retour à la tradition française comme à la réalité humaine. »</p>
          </quote>
          <p><pb n="240"/>C’est sur ces mots que nous voudrions finir. Ils sont assez nobles pour
            satisfaire tous les esprits libres. Ce faisant, nous n’aurions point conclu
            cependant.</p>
          <p>En présentant ici l’effort de la jeune littérature au cours de ces dix dernières
            années, nous avons voulu éviter surtout, avant tout, de faire œuvre de polémistes. Les
            tendances générales nous semblent être : <hi rend="i">Le retour à la simplicité, à la
              tradition française qui compte autant avec l’avenir qu’avec le passé, au respect des
              formes syntaxiques ; l’abandon presque complet du vers-libre qui a pourtant donné de
              beaux poèmes ; le dédain des émotions factices ; le souci du fait social sans
              toutefois lui laisser la prédominance ; la Renaissance de la critique</hi>. De tous
            les genres, le théâtre nous paraît celui qui s’est le plus abaissé parce qu’il est celui
            que l’argent a le plus rapidement vaincu.</p>
          <p>Nous avons essayé d’être aussi concis et aussi complets que possible. Nous avons voulu
            faire de ce livre surtout un document. Certes nous n’ignorons pas qu’il comporte des
            lacunes involontaires. Nous les comblerons. Mais, si tel qu’il est, il parvient à
            révéler des noms nouveaux à nos lecteurs, à piquer la curiosité du public, à l’inciter à
            connaître mieux cette <hi rend="i">Nouvelle littérature</hi> dont on lui parle tant et
            qu’il ignore, nous serons largement payés de nos peines.</p>
          <trailer>Fin.</trailer>
        </div>
      </div>
      <div>
        <head>Troisième partie. Dictionnaire</head>
        <div>
          <head>Dictionnaire bibliographique des principaux écrivains de la nouvelle
            littérature</head>
          <p><pb n="243"/><hi rend="i">N. B.</hi> — Malgré notre insistance, un certain nombre
            d’auteurs ont omis de nous donner les renseignements demandés, et, pour d’autres, nous
            n’avons pu réussir à les trouver nous-mêmes. En outre, ce travail de biobibliographie a
            été déjà fait pour un certain nombre d’écrivains. Il devenait superflu de refaire ou de
            reprendre cette tâche, qui a été d’ailleurs menée à bien par MM. Ad. van Bever
            A.-M. Gossez, A. Grimaud, l’éditeur Sansot, etc…</p>
          <p><pb n="244"/>Les travaux généraux qui existent déjà sont :</p>
          <p/>
          <p>I. — Les <hi rend="i">Poètes d’Aujourd’hui</hi> par Ad. Van Bever et Paul Léautaud
              (12<hi rend="sup">e</hi> éd.) « Société du Mercure de France » 1905, in-18 (Morceaux
            choisis accompagnés de notes biographiques et d’un essai de bibliographie). Ce volume
            contient trente-trois noms :</p>
          <p>Henri Barbusse.</p>
          <p>Henri Bataille.</p>
          <p>Tristan Corbière.</p>
          <p>A. Fontainas.</p>
          <p>Paul Fort.</p>
          <p>R. Ghil.</p>
          <p>F. Gregh.</p>
          <p>Charles Guérin</p>
          <p>A. F. Hérold.</p>
          <p>Francis Jammes.</p>
          <p>Gustave Kahn.</p>
          <p>Jules Laforgue.</p>
          <p>Raymond de la Tailhède.</p>
          <p>Pierre Louÿs.</p>
          <p>Maurice Maeterlinck.</p>
          <p>Maurice Magre.</p>
          <p>Stéphane Mallarmé.</p>
          <p>Camille Mauclair.</p>
          <p>Stuart Merrill.</p>
          <p>Ephraïm Mikhaël.</p>
          <p>Robert de Montesquiou.</p>
          <p>Jean Moréas.</p>
          <p>Pierre Quillard.</p>
          <p>Henri de Régnier.</p>
          <p>Ad. Retté.</p>
          <p>Art. Rimbaud.</p>
          <p>Rodenbach.</p>
          <p>Albert Samain.</p>
          <p>E. Signoret.</p>
          <p>L. Tailhade.</p>
          <p>Paul Valéry.</p>
          <p>Verlaine.</p>
          <p>F. Vielé-Griffin.</p>
          <p/>
          <p>II. — A.-M. Gossez : <hi rend="i">Poètes du Nord</hi>, 1880-1902. Morceaux choisis
            accompagnés d’un essai bio-biblio-iconographie, Ollendorff, 1902 (2<hi rend="sup"
            >e</hi> édition), in-18. Ce recueil contient 31 noms.</p>
          <p><pb n="245"/><hi rend="sc">Aug. Angellier</hi>.</p>
          <p>Léon Bocquet.</p>
          <p>Jules Breton.</p>
          <p>G. CHarpentier.</p>
          <p>R. M. Clerfeyt.</p>
          <p>J. Dagnaux.</p>
          <p>F. Delattre.</p>
          <p>H. Delisle.</p>
          <p>A. Dorchain.</p>
          <p>Ch. Droulers.</p>
          <p>Édouard Dubus.</p>
          <p>Édouard Ducoté.</p>
          <p>F. de France.</p>
          <p>René Ghil.</p>
          <p>André de Guerne.</p>
          <p>G. Houbron.</p>
          <p>A. Lacuzon.</p>
          <p>A. Lantoine.</p>
          <p>Ph. Lebesgue.</p>
          <p>J. Leclercq.</p>
          <p>S. Ch. Leconte.</p>
          <p>Henri Malo.</p>
          <p>P. A. Massy</p>
          <p>G. Mouquet.</p>
          <p>H. Potez.</p>
          <p>P. N. Roinard.</p>
          <p>Albert Samain.</p>
          <p>Achille Segard.</p>
          <p>P. Turpin.</p>
          <p>Th. Varlet.</p>
          <p/>
          <p>III. — Remy de Gourmont : <hi rend="i">Le Livre des Masques</hi>, deux volumes. Société
            du Mercure de France 1896-1898, in-18. Gloses et documents sur les écrivains d’hier et
            d’aujourd’hui (les masques dessinés par Vallotton).</p>
          <p><hi rend="i">Tome I</hi> (30 masques) : <hi rend="sc">Maurice Maeterlinck, Émile
              Verhaeren, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Mallarmé, Albert Samain, Pierre
              Quillard</hi>, <hi rend="sc">A. F. Hérold, A. Retté, Villiers de l’Isle-Adam, Laurent
              Tailhade, Jules Renard, Louis Dumur, Georges Eekhoud, Paul Adam, Lautréamont,
              t. Corbière</hi>, <pb n="246"/><hi rend="sc">A. Rimbaud</hi>, <hi rend="sc"
              >F. Poictevin, Pierre Louÿs, Rachilde</hi>, <hi rend="sc">J. K. Huysmans, Jules
              Laforgue, Jean Moréas, Stuart Merril</hi><num>l</num><hi rend="sc">, Saint-Pol-Roux,
              Robert de Montesquiou, Gustave Kahn, Verlaine</hi>.</p>
          <p><hi rend="i">Tome II</hi> (23 masques) : <hi rend="sc">Francis Jammes, Paul Fort,
              Hugues Rebell</hi>, <hi rend="sc">F. Fénéon, Léon Bloy, Jean Lorrain, Éd. Dujardin,
              Maurice Barrès, Camille Mauclair, Victor Charbonnel, Alfred Vallette, Max. Elskamp,
              Henri Mazel, Marcel Schwob, Paul Claudel, René Ghil, André Fontainas</hi>, <hi
              rend="sc">J. Rictus, Henri Bataille, Ephraïm Mikhaël, G. A. Aurier, les Goncourt,
              E. Hello.</hi></p>
          <p/>
          <p>IV. — André Beaunier : <hi rend="i">La Poésie Nouvelle</hi>. Société du Mercure de
            France, 1902, in-18 (onze études) : <hi rend="sc">Arthur Rimbaud, Jules Laforgue,
              Gustave Κahn, Jean Moréas, Émile Verhaeren, Henri de Régnier, Maurice Maeterlinck,
              Stuart Merri</hi><num>l</num><hi rend="sc">l, Francis Jammes, Paul Fort, Max
              Elskamp</hi>.</p>
          <p/>
          <p>V. — Vigié-Lecocq. <hi rend="i">La Poésie Contemporaine</hi> (1884-1896). Société du
            Mercure de France, 1897.</p>
          <p/>
          <p>VI. — Les biographies qui forment la collection <hi rend="b">Les Célébrités
              d’aujourd’hui</hi>, librairie E. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, sont accompagnées
            de bibliographies dues pour la plupart à la patience intelligente de M. Ad. van Bever.
            Ce sont des documents d’une sûreté absolue :</p>
          <p><pb n="247"/><hi rend="i">Ont paru</hi> format in-18 (illustrations et autographes)</p>
          <p><hi rend="sc">Paul Adam</hi>, par Marcel Batilliat.</p>
          <p><hi rend="sc">Octave Mirbeau</hi>, par Edmond Pilon.</p>
          <p><hi rend="sc">Remy de Gourmont</hi>, par Pierre de Querlon.</p>
          <p><hi rend="sc">Frédéric Nietzsche</hi>, par Henri Albert.</p>
          <p><hi rend="sc">Maurice Donnay</hi>, par Roger Le Brun.</p>
          <p><hi rend="sc">Jules Lemaître</hi>, par E. Sansot-Orland.</p>
          <p><hi rend="sc">Judith Gautier</hi>, par Remy de Gourmont.</p>
          <p><hi rend="sc">Camille Lemonnier</hi>, par L. Bazalgette.</p>
          <p><hi rend="sc">Émile Faguet</hi>, par Alphonse Séché.</p>
          <p><hi rend="sc">Anatole France</hi>, par Roger Le Brun.</p>
          <p><hi rend="sc">Henri de Régnier</hi>, par Paul Léautaud.</p>
          <p><hi rend="sc">Alfred Capus</hi>, par Édouard Quet.</p>
          <p><hi rend="sc">Willy</hi>, par Henry Albert.</p>
          <p><hi rend="sc">Paul Bourget</hi>, par Georges Grappe.</p>
          <p><hi rend="sc">Péladan</hi>, par René-Georges Aubrun.</p>
          <p><hi rend="sc">Pierre Louÿs</hi>, par Ernest Gaubert.</p>
          <p><hi rend="sc">M. Maeterlinck</hi>, par Ad. van Bever.</p>
          <p><hi rend="sc">Marcel Prévost</hi>, par Jules Bertaut.</p>
          <p><hi rend="sc">F. Brunetière, par</hi> L.-R. Richard.</p>
          <p><hi rend="sc">F. de Curel</hi>, par Roger Le Brun.</p>
          <p><hi rend="sc">Jean Lorrain</hi>, par Ernest Gaubert</p>
          <p><hi rend="sc">Jean Moréas</hi>, par Jean de Gourmont.</p>
          <p><hi rend="sc">Paul et Victor Margueritte</hi>, par Ed. Pilon.</p>
          <p><hi rend="sc">Henry Houssaye</hi>, par E. Sonolet.</p>
          <p><hi rend="sc">Camille Mauclair</hi>, par G.-Jean Aubry.</p>
          <p><hi rend="sc">Édouard Rod</hi>, par Firmin Roz.</p>
          <p><hi rend="sc">Henri Bordeaux</hi>, par Amédée Britsch.</p>
          <p><hi rend="sc">François Coppée</hi>, par Ernest Gaubert.</p>
          <p/>
          <p><pb n="248"/>VII. — Albert Grimaud. <hi rend="i">La Race et le Terroir. Anthologie des
              Poètes du Clocher. Mouvement Littéraire Provincial</hi>. Cahors, Petite Bibliothèque
            Provinciale, 1903. 1 fort vol. in-8º. (Ce recueil renferme des fragments et des notices
            concernant environ 120 poètes, nouveaux pour la plupart).</p>
        </div>
        <div>
          <head>Bibliographie générale</head>
          <p><pb n="249"/><hi rend="i">N. B.</hi> — Nous ne mentionnons point, en détail, nous
            bornant à y renvoyer le lecteur, les articles des critiques suivants :</p>
          <p/>
          <p>Μ<hi rend="sup">me</hi> Rachilde. <hi rend="i">Les Romans</hi>. Au Mercure de France
            (1896-1906).</p>
          <p>Charles Maurras. <hi rend="i">Chronique Littéraire</hi> La Gazette de France, et <hi
              rend="i">Littérature</hi>, Revue Encyclopédique (1896-1900).</p>
          <p>André Beaunier. <hi rend="i">Les Livres</hi>. Revue bleue (1898 1900).</p>
          <p>Henry Bordeaux. <hi rend="i">Les Écrivains et les Mœurs.</hi> 2 vol. 1900 et 1901,
            Plon-Nourrit, in-18.</p>
          <p>J. Ernest-Charles. <hi rend="i">La Vie Littéraire</hi>. Revue bleue (1902-1906).</p>
          <p>Georges Casella. <hi rend="i">Chronique Littéraire</hi>. Revue illustrée
            (1903-1906).</p>
          <p>Ernest Gaubert. <hi rend="i">Parizska kronika</hi>. Moderni Revue. Prague
            (1899-1900).</p>
          <p>Henry Ghéon, Critique des livres. Ermitage (1896-1906).</p>
          <p/>
          <p><pb n="250"/>Catulle Mendès. Rapport à M. le Ministre de l’instruction publique sur le
            mouvement poétique français de 1867 à 1900. Paris, Fasquelle, 1903, in-8º.</p>
          <p/>
          <p>Index :</p>
          <p><hi rend="b">Les Livres</hi><note resp="author">A moins d’indications contraires les
              volumes dont il s’agit sont des in-18, à 3 fr. 50.</note> : Anonyme. <hi rend="i">Les
              Petites Revues.</hi> Essai de bibliographie. Préface de R. de Gourmont. Soc. du
            Mercure de France, 1900, in-8º. — Victor Charbonnel : <hi rend="i">Les Mystiques dans la
              Littérature Présente</hi>. Soc. du Mercure de France, 1897. — Remy de Gourmont. <hi
              rend="i">Promenades Littéraires.</hi> —<hi rend="i"> Promenades Philosophiques</hi>, 2
            vol. Soc. du Mercure de France, 1904, 1905. — Lucien Muhlfeld. <hi rend="i">Le monde où
              l’on imprime</hi>, Perrin, 1897. — G. Pellissier. <hi rend="i">Études de Littérature
              Contemporaine</hi>, Perrin, 1898. — Charles Maurras. <hi rend="i">L’Avenir de
              l’Intelligence</hi>, Fontemoing, 1905. — Robert de Souza : <hi rend="i">La Poésie
              Populaire et le Lyrisme sentimental</hi>. Mercure de France, 1899.
            — J. Ernest-Charles : <hi rend="i">Les Samedis Littéraires</hi>, Perrin, (1<hi
              rend="sup">re</hi> et 2<hi rend="sup">e</hi> série), 1903, 1904. Sansot et C<hi
              rend="sup">ie</hi> (3<hi rend="sup">e</hi> et 4<hi rend="sup">e</hi> série),
            1905-1906. — Camille Mauclair : <hi rend="i">L’Art en Silence</hi>. Ollendorff.
            — A. Mockel : <hi rend="i">Propos de Littérature</hi>. Art Indépendant, 1894. — Emmanuel
            Sl. Z. Lesehradu. <hi rend="i">Ideje a Profily</hi>, Prague, Weinfurt, 1903, in-16.
            — E. Sl. Z. Lesehradu. <hi rend="i">Moderni lyrika Fran-couzska</hi> (1860-190).
            Makladem, J. Otty, Prague, 1902, in-12.</p>
          <p>Périodiques :</p>
          <p><pb n="251"/>Ernest Gaubert et Georges Casella. <hi rend="i">La Nouvelle
              Littérature</hi>. Revue Illustrée, 15 avril, 1<hi rend="sup">er</hi> mai 1903 :
            (Portraits de MM. Ch. Guérin, Louis Payen, Maurice Magre, Marcel Boulenger, Binet
            Valmer, Ad. van Bever, S<hi rend="sup">t</hi> G. de Bouhélier, Léo Larguier, les frères
            Leblond, M<hi rend="sup">mes</hi> Myriam Harry, Lucie Delarue-Mardrus, Nicolette
            Hennique, Yvonne Vernon ; Une réunion d’artistes au <hi rend="i">Mercure de
            France</hi> ; Les rédacteurs de l’<hi rend="i">Ermitage</hi>, etc.). — Ernest Gaubert.
              <hi rend="i">Liternarni mladez ne Francii</hi>. Moderni-Zivot, 1902. — Ernest
            Gaubert : <hi rend="i">Nejmladsi Dorost Francouské Literatury.</hi> Moderni-Revue,
            Prague, Duben, 1899 : — Ernest Gaubert. <hi rend="i">La Jeune Littérature
              Provinciale</hi>. Revue Universelle Larousse, 1<hi rend="sup">er</hi> septembre 1905.
            — Louis Dumur : <hi rend="i">De Nykomma iden Franska litteraturen</hi> « Ord och Bild »
            octobre 1898. Stokholm — X… <hi rend="i">Convivium</hi>, nº spécial de Moderni-Revue,
            Prague, 1900 (traductions de jeunes poètes français).</p>
          <p>Ad. van Bever : <hi rend="i">Notes pour servir à l’histoire de la Poésie
              contemporaine : Les origines du Symbolisme</hi> (publié en français), Flegrea
            (Naples), 5 et 20 mars 1901. — R. de Gourmont : <hi rend="i">La Poésie française
              contemporaine et l’influence étrangère</hi> (publié en français) Flegrea (Naples), 20
            octobre 1900. — G. Kahn : <hi rend="i">Les Origines du Symbolisme</hi>, Revue Blanche,
              1<hi rend="sup">er</hi> novembre 1901 (article assez curieux, mais rempli d’erreurs).
            — A. Mockel : <hi rend="i">Lettres françaises</hi>
            <pb n="252"/><hi rend="i">en Belgique</hi>, Revue Encyclopédique, 24 juillet 1897.</p>
          <p>A. Retté. <hi rend="i">L’État présent de la Littérature</hi>. Mercure de France 1<hi
              rend="sup">er</hi> novembre 1905. — Ph. Berthelot : <hi rend="i">Symbolisme</hi>,
            Grande Encyclopédie, 741<hi rend="sup">e</hi> livraison. — F. Vielé-Griffin : <hi
              rend="i">La poétique nouvelle</hi>, Mercure de France, avril 1895.
            — F. Vielé-Griffin : <hi rend="i">Le Mouvement poétique</hi>, Mercure de France,
            avril 1898. — F. Vielé-Griffin : <hi rend="i">La Désespérance du Parnasse</hi>, Mercure
            de France, mars 1899. — F. Vielé-Griffin : <hi rend="i">Causerie sur le vers libre et la
              Tradition</hi>, Ermitage, août 1899. — E. Vigié-Lecocq : <hi rend="i">L’Amour dans la
              poésie contemporaine</hi>, Mercure de France, janvier 1897. — E. Reynaud. <hi rend="i"
              >L’École Romane Française</hi>, Mercure de France, mai 1895. — Henri Ghéon, <hi
              rend="i">Les Lettres d’Angèle</hi>. L’Ermitage, 1899. — André Gide, <hi rend="i">Les
              Lettres à Angèle, id., id.</hi></p>
          <p><hi rend="i">Les Hommes d’Aujourd’hui</hi>, notices biographiques de quatre pages
            in-4º. Léon Vanier, 1896-1898.</p>
        </div>
        <div>
          <head>Dictionnaire bibliographique</head>
          <p><pb n="253"/><hi rend="b">Abadie</hi> (Michel), né le 10 septembre 1866 à Ayzac-Ost
            (Hautes-Pyrénées).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Pécats dé Youenesso</hi>, 1887 (h. c.). — <hi
              rend="i">Le Mendieur d’azur</hi>, 1888 (h. c.). — <hi rend="i">Sanglots d’Extase</hi>,
            Léon Vanier, 1891. — <hi rend="i">Le Pain qu’on pleure</hi>, biblioth. de l’Association,
            1895. — <hi rend="i">Les Voix de la Montagne</hi>, « La Plume », 1897. — <hi rend="i"
              >L’Hymen de la Forêt</hi>, 1898 (h. c.). — <hi rend="i">L’Angélus des Sentes</hi>,
            bibl. de l’Association, 1901.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Jean Dayros, <hi rend="i">Michel Abadie et
              Signoret.</hi> Ermitage, 1896, tome 1, page 171.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume, La Revue Naturiste, La Revue
              Sentimentale, La Revue Provinciale</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — C. Mendès, <hi rend="i">Rapport à M. le Ministre de
              l’instruction Publique sur la Poésie française de 1867 à 1900.</hi> E. Fasquelle,
            1903, in-8º. — <hi rend="i">Anthologie des Instituteurs poètes</hi>. F. Clerget.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Acker</hi> (Paul), né à Saverne (Alsace), en septembre 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. <hi rend="i">— Dispensé de l’article 23</hi>, roman, Simonis
            Empis, in-18, 1898. — <hi rend="i">Humour et Humouristes</hi>, essais, Simonis Empis,
            in-18, 1899. — <hi rend="i">Un Amant de Cœur</hi>, roman, Simonis Empis, in-18, 1903.
              — <hi rend="i">Petites Confessions</hi> (2 vol.), in-18, Fontemoing, 1903, 1904. <hi
              rend="i">— La Petite Madame de Thianges</hi>, roman. Calmann-Lévy, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. <hi rend="i">— Écho de Paris, Gaulois, Revue Bleue,
              Renaissance Latine, L’Art du Théâtre</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Albert</hi> (Henri), né à Niederbronn (Alsace) le 16 nov. 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi> : traductions et commentaires de l’œuvre de Frédéric
            Nietzsche. — <hi rend="i">Les Dangers du Moralisme</hi>, in-18. Édition du Centaure,
            1897. — <hi rend="i">Frédéric Nietzsche</hi>, essai bibliographique, in-18, Sansot et
              C<hi rend="sup">ie·</hi>, 1903.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi> : <hi rend="i">Le Centaure</hi> (fondat). <hi rend="i"
              >— Mercure de France·</hi>— <hi rend="i">Renaissance Latine.</hi> —<hi rend="i"> Le
              Messager d’Alsace-Lorraine</hi>. — <hi rend="i">Le Journal des Débats.</hi> —<hi
              rend="i"> Litterarisches Écho.</hi> —<hi rend="i"> Pan</hi>. —    <hi rend="i">Neue
              deutsche Runschau</hi>.</p>
          <p/>
          <p><pb n="254"/><hi rend="b">Allard</hi> (Roger-Charles Félix), né à Paris le
            22 janvier 1885.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Féerie des Heures</hi>, poèmes,
            J. Tallandier, Paris, 1903, in-8º carré. — <hi rend="i">La Divine Aventure</hi>, poèmes,
              <hi rend="i">Le Beffroi</hi>, Lille, 1905, in-18. — <hi rend="i">Les Noces de
              Léda</hi>, épisode, <hi rend="i">Le Beffroi</hi>, Lille, 1905, in-8º.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Progrès du Nord, le Recueil du
              Nord, le Beffroi</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Léon Bocquet. <hi rend="i">Un Poète nouveau, Le
              Beffroi</hi>, mars 1903.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Aubry</hi> (Jean-G.), né à Paris le 13 août 1882.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Mains d’ombre et de Lumière</hi>,
            librair. artist. Le Havre, pet, in-8·, 1902. — <hi rend="i">Essai sur Jules Tellier</hi>
            avec préf. de F. de Miomandre, in-18 carré. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi> 1904.
              — <hi rend="i">Camille Mauclair</hi>, bio-bibliogr. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>,
            1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume, La Province, Anthologie
              Revue, Art Décoratif, Les Arts de la Vie</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Austruy</hi> (Henri), né à Âgen le 5 juillet 1871.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Eupantophone</hi>, roman. Flammarion, 1905,
            in-18. — <hi rend="i">L’Ère Petitpaon</hi>, roman. L. Michaud, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Nouvelle Revue</hi> (crit. dram.
            contes et nouvelles). — <hi rend="i">Revue Hebdomadaire</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Barbusse</hi> (Henri), né le 17 mai 1874 à Asnières (Seine).</p>
          <p><hi rend="sc">Les œuvres</hi>. — <hi rend="i">Pleureuses</hi>, poésies, Fasquelle,
            1895, in-18. — <hi rend="i">Les Suppliants</hi>, roman, Fasquelle, 1904, in-18.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>, — F. Coppée : <hi rend="i">Mon franc-parler</hi>, 4<hi
              rend="sup">e</hi> série, Paris, Lemerre, 1896. — A. Van Bever et Paul Léautaud : <hi
              rend="i">Poètes d’Aujourd’hui</hi>, Anthologie et notice bio-bibliographiques. Soc. du
            Mercure de France, 1900, in-18. — H. Chantavoine : <hi rend="i">Poètes et poésies</hi>,
            Journal des Débats, 21 novembre 1895. — G. Mendès : <hi rend="i">Henri Barbusse</hi>,
            Écho de Paris, 30 avril 1895. — L. Muhlfeld : <hi rend="i">Chronique de la
              littérature</hi>, Revue blanche, 1<hi rend="sup">er</hi> juin 1895. — P. Quillard :
              <hi rend="i">Henri Barbusse</hi>, Mercure de France, août 1895.</p>
          <p/>
          <p><pb n="255"/><hi rend="b">Bataille</hi> (Henri de Bataille, Henry), né à Nîmes, le
            4 avril 1872.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. <hi rend="i">— La Belle au Bois-Dormant</hi>, féerie
            lyrique, en 3 actes, en collaboration avec M. Robert d’Humières (non publiée)
            représentée sur la scène du Théâtre de l’Œuvre en 1894. — <hi rend="i">La Chambre
              blanche</hi>, poésies. Paris, Soc. du Mercure de France, 1895, in-18. — <hi rend="i"
              >Ton Sang</hi>, précédé de <hi rend="i">La Lépreuse</hi>, théâtre, Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1897, in-18, — <hi rend="i">L’Enchantement</hi>, comédie dramatique
            en 4 actes, jouée à l’Odéon en 1900. — <hi rend="i">Têtes et Pensées</hi> (Portraits de
              <hi rend="i">Tristan Bernard, Alfred Capus, Jules Case, Maurice Donnay, Paul Fort,
              André Gide, Gustave Kahn, Jean Lorrain, Pierre Louÿs, Octave Mirebeau, Robert de
              Montesquiou, Catulle Mendès, Lucien Muhlfeld, André Picard, Henri de Régnier, Jules
              Renard, Georges Rodenbach, Edmond Sée, Jean de Tinan, Pierre Valdagne, Fernand
              Vandérem, Willy</hi>). Paris, Ollendorff, 1901. — <hi rend="i">Le Masque</hi>, comédie
            en quatre actes (Vaudeville, 1902). — <hi rend="i">Résurrection</hi>, drame en cinq
            actes, adapté de Léon Tolstoï (Odéon, 14 nov. 1902, Porte Saint-Martin,
            25 janvier 1905), Fasquelle, 1905, in-18. — <hi rend="i">Le Beau Voyage</hi>, poésies,
            avec un portrait de l’auteur par lui-même, Fasquelle, 1904, in-18. — <hi rend="i">Maman
              Colibri</hi> comédie, en 4 actes (Vaudeville, 1904), Fasquelle, 1905, in-18. (Ce
            volume contient aussi l’<hi rend="i">Enchantement</hi>). —<hi rend="i"> La Marche
              Nuptiale</hi>, comédie (Vaudeville), 1905, E. Fasquelle, in-18, 1906. (Ce volume
            contient aussi <hi rend="i">Le Masque</hi>).</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A. Van Bever et Paul Léautaud : <hi rend="i">Poètes
              d’Aujourd’hui</hi>, Mercure de France, 1900. — R. de Gourmont : <hi rend="i">Le II<hi
                rend="sup">e</hi> livre des Masques</hi>, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898.
            — Ernest Gaubert, <hi rend="i">Les Récents Poètes mystiques et Païens</hi>,
            Anthologie-Revue, août 1904. — J. Lemaître : <hi rend="i">Impressions de théâtre</hi>,
              10<hi rend="sup">e</hi> série, Paris, Lecène et Oudin, 1898. — Catulle Mendès : <hi
              rend="i">L’Art au Théâtre.</hi> — R. de Souza : <hi rend="i">La Poésie populaire et le
              lyrisme sentimental</hi>, Paris, Soc. du Mercure de France, 1899.</p>
          <p><hi rend="sc">Iconographie</hi> : F. Vallotton : <hi rend="i">Masque</hi>, dans <hi
              rend="i">le <num>II<hi rend="sup">e</hi></num> livre des Masques</hi>, de R. de
            Gourmont, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Batilliat</hi> (Marcel), né le 19 novembre 1871, à Lyon.</p>
          <p><pb n="256"/><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Chair mystique</hi>, roman,
            1897. — <hi rend="i">La Beauté</hi>, roman, 1900. — <hi rend="i">Versailles aux
              Fantômes</hi>, roman, 1992. — <hi rend="i">La Joie</hi>, roman, 1905. — (Ces quatre
            vol. aux éditions du Mercure de France, in-18). — <hi rend="i">Paul Adam</hi>,
            biographie, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi> 1903.</p>
          <p><hi rend="sc">En préparation</hi>. — Une série de romans sous le titre général : <hi
              rend="i">La Règle de l’Action</hi>.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Femina, La
              Plume</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — E. Ledrain. <hi rend="i">Chronique</hi>. Nouvelle
            Revue, 2 janvier 1897.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Bauquier</hi> (Henri), né à Nîmes, en 1873.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Croquis et Réflexions</hi>. Clerget, 1898,
            in-16. &lt; — <hi rend="i">Contes Âmers</hi>, Clerget, 1900, in-18. — <hi rend="i">Le
              Droit du Mari</hi>, 1 acte (Théâtre municipal de Montpellier, mars 1900, H.C. in-18,
            1900). — <hi rend="i">Quelques Souvenirs</hi>, poésies (h. c.). — <hi rend="i">Quelques
              Poètes de l’Hérault</hi>, essai de critique. J. Fabre, Béziers, 1900.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Bertaut</hi> (Jules), né à Bourges (Cher), en 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Marcel Prévost</hi>. Essai. Sansot et C<hi
              rend="sup">ie</hi>, 1904, in-18. — <hi rend="i">Pensées de Stendhal</hi>, choisies et
            annotées, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>·, 1905, in-18. — <hi rend="i">Chroniqueurs
              et Polémistes</hi>, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi> : <hi rend="i">Événement, Cri de Paris, Revue Bleue,
              Nouvelle Revue, Revue Hebdomadaire</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Beaunier</hi> (André), né à Évreux (Eure), le 22 septembre 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Dupont-Le·Terrier</hi>, roman, in-18,
            1900. <hi rend="i">Notes sur la Russie</hi>, in-18, 1900. — <hi rend="i">Bonshommes de
              Paris</hi>, in-18, 1901. — <hi rend="i">La Poésie Nouvelle</hi>, in-18, Soc. du
            Mercure de France, 1902. — <hi rend="i">Les trois Legrand</hi>, in-18, 1903. — <hi
              rend="i">Picrate et Siméon</hi>, roman, in-18, 1904, — <hi rend="i">Le Roi Tobol</hi>,
            roman, in-18, 1905 (Ces trois derniers vol. chez Fasquelle, éd.).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Figaro, Revue de Paris, Journal des
              Débats »</hi></p>
          <p/>
          <p><pb n="257"/><hi rend="b">Bever</hi> (Adolphe van), né à Paris le 25 décembre 1871.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Méditation sentimentale sur
              Desbordes-Valmore</hi>. Bibl. de l’Association, 1807, in-8º. — <hi rend="i">Contes de
              Poupées</hi> Bibl. de l’Assoc. in-16, carré, 1897. — <hi rend="i">Poètes
              d’Aujourd’hui</hi>, 1880 — 1900 (en coll. avec P. Léautaud), Soc. du Mercure de
            France, 1900, in-18. — <hi rend="i">Un Conteur florentin du <num>xvi<hi rend="sup"
                  >e</hi></num> siècle. Anton Francesco Grazzini, dit le Lasca</hi> (en coll. avec
            E. Sansot-Orland). Leclerc, 1903, in-8º. — <hi rend="i">Antonio Francesco Doni</hi> (en
            coll. avec E. Sansot-Orland). Biblioth. Internationale d’édition, 1903, in-18. — <hi
              rend="i">Les Poètes Satyriques des <num>xvi<hi rend="sup">e</hi></num> et <num>xvii<hi
                  rend="sup">e</hi></num> siècles</hi>, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1903,
            in-18. — <hi rend="i">L’Honnête Dame et le Philosophe</hi>, nouvelle <hi rend="i"
              >trad</hi>., trad. de Nicollo Granucci avec notice sur l’auteur (en coll. avec
            E. Sansot-Orland), Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1903, in-18. — <hi rend="i">Œuvres
              Galantes des Conteurs Italiens, <num>xiv<hi rend="sup">e</hi></num>, <num>xv<hi
                  rend="sup">e</hi></num>, <num>xvi<hi rend="sup">e</hi></num> siècles</hi> (en
            coll. avec E. Sansot-Orland), 2 vol. 1903 et 1904. Soc. du Mercure de France, in-18.
              — <hi rend="i">Les Conteurs Libertins du <num>xviii</num><hi rend="sup"
              >e</hi></hi> <hi rend="i">siècle</hi>, 2 vol. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1904
            et 1905, in-18. — <hi rend="i">Maurice Maeterlinck</hi>, biographie, Sansot et C<hi
              rend="sup">ie</hi>, 1904, in-18. — <hi rend="i">Les Gaillardises du sieur de
              Montgaillard, dauphinois</hi>, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1903, in-18. — <hi
              rend="i">Œuvres choisies d’Agrippa d’Aubigné</hi> (édition critique), Sansot et C<hi
              rend="sup">ie</hi>, 1905, in-18. — <hi rend="i">Bibliographie d’Agrippa
            d’Aubigné</hi>, etc., Soc. du Protestantisme français, 1905, in-8º. — <hi rend="i"
              >Œuvres poétiques du sieur de Dalibray</hi>, etc., Sansot, 1906, in-18. — <hi rend="i"
              >Rondeaux galants et satyriques du <num>xvii<hi rend="sup">e</hi></num> siècle</hi>,
            Sansot, 1906. — <hi rend="i">Le Livret de folastries de Pierre de Ronsart</hi>, etc.,
            Mercure de France, 1906, in-18. — <hi rend="i">Un poète ignoré du <num>xvi<hi rend="sup"
                  >e</hi></num> siècle : Annibal d’Ortigue</hi>, « La Renaissance », 1906. in-8º,
            etc., etc.</p>
          <p>(On doit, en outre à M. van Bever, les bibliographies de la plupart des brochures de la
            collection « Les Célébrités d’Aujourd’hui ».</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Progrès artistique, Programmes de
              l’Œuvre, La Famille, Gil Blas illustré, L’Aube, Lutèce, L’Écho de la Semaine,
              Samtiden, Flegrea, Mercure de France, Ermitage, Revue Blanche, Viessy</hi>, (La
            Balance) <hi rend="i">Revue d’Italie, Stuzka. La Plume, Revue de la Renaissance,
              Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme français, Bulletin du
              Bibliophile, Revue Biblio-Iconographique</hi>, etc., etc. (M. van Bever a en outre
            contribué à la création du théâtre de « l’Œuvre », fondé le théâtre des Latins et
            organisé le Salon d’Automne).</p>
          <p><pb n="258"/>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — X. <hi rend="i">L’actualité, une
              représentation de la Mandragore</hi>., L’Éclair, 1<hi rend="sup">er</hi> avril 1902.
            — (Eugène Demolder). <hi rend="i">Les Latins</hi>. Art moderne, 2 février 1902. — Jean
            de la Hire. <hi rend="i">Ad. van Bever</hi>, Gil Blas, 20 mai 1902. — Serge Basset. <hi
              rend="i">Le Théâtre des Latins</hi>, Figaro, 2 janvier 1902. — Georges Casella. <hi
              rend="i">Chronique Littéraire</hi>. Revue Illustrée, 1<hi rend="sup"
            >er</hi> août 1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Iconographie</hi> : M<hi rend="sup">me</hi> Ad. van Bever. <hi rend="i"
              >Miniatures</hi>, Société des Artistes Français, 1898. Salon d’Automne, 1904.
            — G. Mita, <hi rend="i">Portrait</hi>, sanguine, 1897 (app. à M. Ad. B.) — <hi rend="i"
              >Photographies</hi> : Revue Illustrée, 1<hi rend="sup">er</hi> août 1904 — 1<hi
              rend="sup">er</hi> mai 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Bocquet</hi> (Léon), né à Marquillées (Nord) le 11 août 1876.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Sensations</hi>, poésies, Paris, Vanier,
            1897. — <hi rend="i">Un Mariage manqué</hi>, conte, Paris, Éd. de <hi rend="i">la
              Tradition</hi>, 1900. <hi rend="i">Flandre</hi>, poésies, Paris, En la maison des
            Poètes, 1901, — <hi rend="i">L’imagier André Des Gâchons</hi>, illustr. Lille. Le
            Beffroi, 1903. — <hi rend="i">La banale histoire</hi>, Lille, <hi rend="i">le
              Beffroi</hi>, 1902. — <hi rend="i">Albert Samain</hi> étude. Mercure de France,
            préface de Francis Jammes. 1905 in-18. <hi rend="i">— Les Cygnes Noirs</hi>, poésies,
              <hi rend="i">id.</hi>, in-18, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Beffroi</hi> (fond.), <hi rend="i"
              >Mercure de France, Revue Encyclopédique, Revue Dorée, Ermitage. L’Écho du Nord</hi>,
            etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Abbé C. Lecigne : <hi rend="i">Un jeune poète de chez
              nous, Léon Bocquet</hi>, Arras-Paris. Sueur-Charruey, 1901. — Ch. d’Avone ; <hi
              rend="i">Un Livre par semaine</hi>, La Croix, 16 février 1898. — A.-M. Gossez : <hi
              rend="i">Léon Bocquet</hi>, Le Beffroi, mars 1901. — D. de Venancourt : <hi rend="i"
              >Le Mouvement poétique contemporain</hi>., Le Penseur, 10 mai 1901. — H. Potez : <hi
              rend="i">Un recueil de poésies septentrionales</hi>, Journal de Douai, 19 mai 1901.
            — M. Th. Cussac : <hi rend="i">La</hi> « <hi rend="i">Flandre</hi> »<hi rend="i"> et son
              poète dernier venu, Léon Bocquet</hi>, Le Progrès du Nord, 26 juillet 1901. — V.
            Delaporte, <hi rend="i">Poètes, poèmes et poésie</hi>. Les études religieuses,
            20 octobre 1901. — Ch. Le Goffic : <hi rend="i">Le Mouvement littéraire</hi>, Revue
            Universelle, 16 novembre 1901. — A. Lacuzon, <hi rend="i">Les Poètes et la poésie</hi>,
            La revue septentrionale, décembre 1901. — A.-M. Gossez : <hi rend="i">Les Poètes du
              Nord.</hi> Anthologie et notices bio-bibliographiques Ollendorff, 1903, in-18.</p>
          <p><pb n="259"/><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Louis de Gonzalès : <hi rend="i">Léon
              Bocquet</hi>, fusain, appartient au poète.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Binet-Valmer</hi> (Gustave), né à Genève le 5 juin 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Sphinx de Plâtre</hi>, roman. Soc. du
            Mercure de France, in-18, 1900. — <hi rend="i">Le Gamin Tendre, id.</hi>, 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris. Mercure de France,
              Renaissance. Latine</hi> (fondat.)</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Boissière</hi> (Albert), né à Phiberville le 26 janvier 1866.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Illusoire aventure</hi>, poésies, La Plume,
            1897, in-16. — <hi rend="i">Les Magloire</hi>, roman. E. Fasquelle, 1899, in-18. — <hi
              rend="i">Le Peintre J. L. Rame</hi>, Gentil, 1900, in-8º. — <hi rend="i"
              >Expositions</hi>, Gentil, 1900, in-18. — <hi rend="i">Aquarelles d’Âme</hi>, poésies.
            Maison d’Art, 1901, in-8º. — <hi rend="i">Une Garce</hi>, roman. Fasquelle, 1900, in-18.
              — <hi rend="i">Les Trois fleurons de la Couronne, id.</hi> 1900. — <hi rend="i"
              >M. Duplessis veuf</hi>, roman. Maison d’Art, 1901, in-18 — <hi rend="i">Les Chiens de
              Faïence</hi>, roman. E. Fasquelle, 1902, in-18. — <hi rend="i">Les Tributaires, id.,
              id.</hi>, 1903. — <hi rend="i">La Tragique aventure du Mime Properce, id.</hi>, 1904.
              — <hi rend="i">Joies Conjugales, id., id.</hi>, 1905. — <hi rend="i">Clara Bill,
              danseuse, id., id.</hi>, 1905. — <hi rend="i">Jolie, id., id.</hi>, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Vogue, La Plume, Le Matin, Le
              Journal, Le Figaro, L’Écho de Paris</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Henri Mazel : <hi rend="i">Le Poète Boissière</hi>,
            La Plume, 1898. — Henri Degron : <hi rend="i">Albert Boissière</hi>, La Vogue, 1900.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Boissy</hi> (Gabriel), né le 26 février 1879 à Le Lonzac (Corrèze).</p>
          <p><hi rend="sc">En préparation</hi>. — <hi rend="i">L’Esthétique à Ambrosia</hi>. — <hi
              rend="i">L’Esthétique de l’interprétation théâtrale</hi>. — <hi rend="i">L’Amour dans
              les Ruines</hi>.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Chronique, Mercure de France, Les
              Arts de la Vie</hi>, — <hi rend="i">Revue Théâtrale, L’Europe Artiste</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Boschot</hi> (Adolphe), né le 4 mai 1871 à Fontenay-sous-Bois (Seine).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Rênes Bleues</hi>. Lacomble, Bruxelles, 1895,
            in-18. — <pb n="260"/><hi rend="i">Pierre Rovert</hi>, roman, Perrin, 1896, in-18. — <hi
              rend="i">La Crise Poétique</hi>, Perrin, 1897. — <hi rend="i">Poèmes Dialogués</hi>,
            Perrin, 1901, in-18. — <hi rend="i">La Réforme Prosodique</hi>, (H. C). 1902. (Tirage à
            part de la <hi rend="i">Revue de Paris</hi>). —<hi rend="i"> Un Romantique au
                  <num>xix<hi rend="sup">e</hi></num> siècle, Hector Berlioz</hi>, Perrin, 1906,
            in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris.</hi> —<hi rend="i"
              > Revue Bleue.</hi> —<hi rend="i"> Revue d’Art dramatique.</hi> —<hi rend="i"> Revue
              Hebdomadaire.</hi> —<hi rend="i"> Les Poèmes</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Sully-Prudhomme. <hi rend="i">Testament
              Poétique.</hi> A. Lemerre, in-8º. — Émile Faguet. <hi rend="i">La Vie Littéraire,
              Revue Bleue</hi>, 18 mai 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Bouchaud</hi> (Pierre de), né à Chasselay (Rhône), le 24 octobre 1866.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Claudius Popelin</hi>, essai in-8, 1887.
              — <hi rend="i">Rythmes et Nombres</hi>, poèmes 1895, in-18. <hi rend="i">— Les
              Mirages</hi>, in-18, 1899. — <hi rend="i">Le Recueil de Souvenirs</hi>, poèmes, 1899,
              in-8<hi rend="sup">e</hi>. — <hi rend="i">Sur les chemins de la Vie</hi>, 1897, in-18.
              — <hi rend="i">Vie Manquée</hi>, 1896, in-18. — Histoire d’un Baiser, 1898. — La
            Pastorale dans le Tasse, 1899. — <hi rend="i">La sculpture à Sienne</hi>, 1900. — <hi
              rend="i">La Sculpture à Rome</hi>, 1900. — <hi rend="i">Michel-Ange à Rome</hi>, 1901.
              — <hi rend="i">Raphaël à Rome</hi>, 1902. <hi rend="i">— Benvenuto Cellini</hi>, 1903.
              <hi rend="i">— Les Successeurs de Donatello</hi>, 1904. — <hi rend="i">Naples, son
              site, son histoire, sa sculpture</hi>, 1905. — <hi rend="i">Jean de Bologne</hi>,
            1906. (Tous ces volumes sont édités par A. Lemerre). — <hi rend="i">Pierre de
              Nolhac</hi>, essai, Bouillon, 1896, in-8º. — <hi rend="i">Considérations sur quelques
              écoles poétiques</hi>, etc. Bouillon, 1904, in-18. — <hi rend="i">Étapes
              Italiennes</hi>. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, in-12, cour. 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue des Revues, Revue Bleue, Mercure
              de France</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Bouhélier</hi> (Saint-Georges de), né en 1879.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Hiver en Méditation ou Les Passe-Temps de
              Clarisse</hi>, Société du Mercure de France, in-12, 1897. — <hi rend="i">Églé ou Les
              Concerts Champêtres</hi>. — <hi rend="i">La route Noire</hi>. — <hi rend="i">La
              Tragédie du Nouveau Christ</hi>. — <hi rend="i">Les Chants de la Vie ardente</hi>.
              — <hi rend="i">Histoire de Lucie, fille perdue et criminelle</hi>. — <hi rend="i"
              >Julia ou Les Relations amoureuses</hi>. — <hi rend="i">Des Passions de l’Amour</hi>.
            Tous ces volumes in-18, E. Fasquelle.</p>
          <p><pb n="261"/><hi rend="sc">Colllaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Journal, Figaro,
              L’Événement, La Plume</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Laurent Tailhade : <hi rend="i">La Genèse d’un
              Héros</hi>, Écho de Paris, nov. 1896. — Charles Maurras : <hi rend="i">St-Georges de
              B.</hi>, Revue Encyclopédique, 12 déc. 1896. — Ch. Formentin : <hi rend="i">Un
              apôtre</hi>, La Presse, 13 janvier 1897. — Maurice Le Blond : <hi rend="i">Essai sur
              le Naturisme</hi>, Mercure de France, in-16, 1896. — Numéro spécial de <hi rend="i">La
              Plume</hi> consacré au <hi rend="i">Naturisme de S.-G. de B.</hi>, 1<hi rend="sup"
              >er</hi> nov. 1897. — Louis Lumet : <hi rend="i">S-G. de B.</hi>, Enclos, 1897.
            — Revue Naturiste, <hi rend="i">Le Banquet Bouhélier</hi> (nº spécial avec le discours
            de G. Charpentier, 15 mai 1901. — Revista Naturista (nº spécial à S.-G. de B.), 1901.
            — G. Stiegler : <hi rend="i">S.-G. de B.</hi>, Écho de Paris, 22 février 1901. — Catulle
            Mendès : <hi rend="i">Rapport sur le Mouvement poétique</hi>, Fasquelle, in-8º, 1902.
            — Maurice Le Blond : <hi rend="i">Un Poète de la Sensibilité</hi>, Revue des Revues,
            1905. — E. Montfort : <hi rend="i">Exposé du Naturisme</hi>, La Lutte, Bruxelles, 1898.
            — F. Sarcey : <hi rend="i">Chronique</hi>, Le Temps, 27 juin et 4 juillet 1898. — M. des
            Ombiaux : <hi rend="i">S.-G. de B.</hi>, Art Moderne, 17 mai 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Boulenger</hi> (Jacques), né à Paris en septembre 1879.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Protestants à Nîmes au temps de l’Édit de
              Nantes</hi>, Fischbacher, 1903, in-8º. — Réédition de <hi rend="i">Pantagruel</hi>,
            (de Lyon-Juste. 1533). Champion, 1904, in-8º, en coll. avec P. Barbeau et H. Paty. — <hi
              rend="i">Comptes de Louise de Savoie et de Marguerite d’Angoulême</hi> (en coll. avec
            Abel Lefranc). Champion, 1905, in-8º. — Quelques plaquettes sur Rabelais.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue des Études Rabelaisiennes.</hi>
              —<hi rend="i"> Revue Critique.</hi> —<hi rend="i"> La Presse, Revue Sportive</hi>
            (escrime).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Boulenger</hi> (Marcel), né à Paris en 1878.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Femme Baroque</hi>, roman Lecène et Oudin,
            1898, in-12. — <hi rend="i">Le Page</hi>, Revue Blanche, 1900 in-12. — <hi rend="i">La
              Croix de Malte</hi>, Revue Blanche, 1903, in-12. — <hi rend="i">Couplées</hi>·
            Ollendorff, 1903 in-12. — <hi rend="i">Au pays de Sylvie</hi>, nouvelles, 0llendorf,
            1904 in-12. — <hi rend="i">Les Quatre maladies du Style</hi>. La Chronique des livres,
            plaq. in-8, 1904. — <hi rend="i">La Querelle de l’Orthographe</hi>. Sansot et C<hi
              rend="sup">ie·</hi>, 1906, in-12. — <hi rend="i">Quarante Escrimeurs</hi>, plaq.</p>
          <p><pb n="262"/><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Écho de Paris, Petit
              Bleu, Gil Blas, Auto, Revue Bleue, Femina, Cri de Paris, Chronique des livres, Revue
              de Paris</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Boylesve</hi> (René), né à la Haye-Descartes (Indre-et-Loire) 14
            avril 1867.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Médecin des Dames de Néans</hi>, roman
            Ollendorff, 1890, in-18. — <hi rend="i">Les Bains de Bade</hi>, roman. Bib. Artis. et
            litt. (La Plume), 1890 in-16 carré. <hi rend="i">— Sainte Marie des Fleurs</hi>, roman.
            Ollendorff, 1897, in-18. — <hi rend="i">Le Parfum des Îles Borromées</hi>, Ollendorff,
            1898, in-18. — <hi rend="i">Mademoiselle Cloque</hi>, Revue Blanche, 1899, in-18. — <hi
              rend="i">La Becquée, id.</hi> 1901, in-18. — <hi rend="i">La Leçon d’Amour dans un
              parc, id.</hi> 1902, in-18. — <hi rend="i">L’Enfant à la Balustrade</hi>,
            Calmann-Lévy, 1903. — <hi rend="i">Le Bel Avenir, id.</hi> 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris, Grande Revue,
              Ermitage</hi>, la <hi rend="i">Cocarde, Renaissance Latine, La Plume</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — J. Ernest-Charles. <hi rend="i">Samedis
              Littéraires</hi>, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, in-18, 1905 (3  série).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Briquel</hi> (Paul), né à Lunéville le 9 décembre 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Soirs d’Automne</hi>, poésies. Nancy 1897,
            in-8. — <hi rend="i">Le sens de la Vie</hi>. Revue Lorraine, Nancy, 1898, in-12. — <hi
              rend="i">Variations sur un thème d’Automne</hi> (h. c.), 1899. — <hi rend="i">Les
              Joies humaines</hi>, poésies, Mercure de France, 1899, in-18. — <hi rend="i">De
              Messidor à Prairial</hi> (en coll. avec René d’Avril), Nancy, Grosjean et Maupin,
            1889, in-18. — <hi rend="i">La Gerbe des Fleurs Noires</hi>, poésies, Nancy, 1901. — <hi
              rend="i">La conscience du Soir</hi>, 1903, (h. c.). <hi rend="i">Les Divertissements
              de la Ville et de la Cour</hi> (en coll. avec R. d’Avril), Ermitage, 1903, in-12. (En
            outre M. Paul Briquel a composé plusieurs ouvrages de médecine).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Grange Lorraine</hi> (fond.), <hi
              rend="i">Lorraine Artiste, Revue Lorraine, Mercure de France</hi>.</p>
          <p/>
          <p>Canora (Louis Prunières, dit Jean), né à Paris, le 21 août 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Molière, moraliste</hi>, Soc. positiviste,
            1899, n-12. — <hi rend="i">Scène lyrique en l’honneur d’Auguste Comte</hi>. — <pb
              n="263"/><hi rend="i">La liberté ou le Rêve d’Éraste</hi>. — <hi rend="i">Aventure
              flamande de sœur Godeliève</hi> (tirages à part de la Revue) (Ancienne Revue des
            Revues), 1900-1004. — <hi rend="i">Poussier des Mottes</hi>, 1 acte et 2 tableaux
            (Théâtre Cluny, 1905). Dovy, 1905, in-18. — (M. J. Canora a fait aussi de nombreuses
            conférences dans les U. P. P.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Effort, Revue des Revues, Miroir de
              modes, Nouvelle Revue, Annales politiques et littéraires</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Canudo</hi> (Ricciotto) né à Gioja-del-Colle (Apulie) en 1879.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Évolution du Sens de la Vie chez
              d’Annunzio</hi>, Les Arts de la Vie, in-8º, 1904. — <hi rend="i">César Franck et la
              jeune École Italienne</hi>, esthétique, Nuova Anthologia, 1905. — <hi rend="i">Traité
              de Métaphysique contemporaine</hi>, I. <hi rend="i">Le Livre de la Genèse, La IX<hi
                rend="sup">e</hi> Symphonie de Beethoven</hi>, Éd. de la Plume, in-12, 1905. — II.
              <hi rend="i">Le Livre de l’Évolution (Psychologie musicale des Civilisations)</hi>,
            Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Europe Artiste, La Plume</hi> (réd.
            en chef), <hi rend="i">Le Siècle, Mercure de France, La Grande Revue, Courrier
              Européen</hi> et Revues étrangères.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Charles Méré, <hi rend="i">Chronique</hi>, Le Rappel
            13 mai 1905. — René Ghil, <hi rend="i">La IX<hi rend="sup">e</hi> Symphonie</hi>, Les
            Écrits pour l’Art, oct. 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Caussy</hi> (Fernand).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Cléanthe ou le désir en Cage</hi>, roman.
              — <hi rend="i">Morlini, Nouvelles</hi> (traduction), Sansot et C<hi rend="sup"
            >ie</hi>, in-16, 1904. — <hi rend="i">Laclos</hi>, essai historique et critique. Soc. du
            Mercure de France, 1905, in-18. — Sénac de Meilhan : <hi rend="i">Essai sur l’esprit et
              les mœurs de ce temps</hi> (réédition) Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905,
            in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Ermitage, Revue Blanche, Revue Bleue,
              Mercure de France</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Casella</hi> (Georges), né à Paris, le 20 avril 1881.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Comte Estienne</hi>, poème dramatique,
            Schlaeber, in-18. — <hi rend="i">Les Petites Heures</hi>, poésies, éd. de <hi rend="i"
              >La Revue Dorée</hi>, 1902, in-16 carré. — <hi rend="i">L’Âme Bourgeoise</hi>, 1 acte
            en prose (Nouveau Théâtre) <hi rend="i">Revue Dorée</hi>, in-18, 1902. — <hi rend="i"
              >C’est pas chic</hi>, 1 acte en prose (Capucines, 5 juin 1905), en <pb n="264"
            />collaboration avec André de Fouquières, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, in-18.
              — <hi rend="i">J’attends Zoé</hi>, 1 acte en prose (tournée Max. Dearly, Rozenberg,
            1905), en collaboration avec André de Fouquières. — <hi rend="i">Une Nuit</hi>, en
            collaboration avec André de Fouquières (Théâtre Molière 1905), Sansot et C<hi rend="sup"
              >ie</hi>, 1906, in-18. — <hi rend="i">J. H. Rosny</hi>, Essai de bio-bibliographique
            et critique, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">En préparation</hi>. — <hi rend="i">Les Neiges</hi>, petits romans
            alpestres (ont paru dans l’<hi rend="i">Auto</hi>). —<hi rend="i"> L’Acteur au
              Miroir</hi>, roman. — <hi rend="i">La Pendeloque</hi>, nouvelle suivie des <hi
              rend="i">Meurtres impunis</hi>, nouvelles. — <hi rend="i">La Psychologie au
              Théâtre</hi> (a paru dans <hi rend="i">La Presse</hi>). — <hi rend="i"
              >Pèlerinages</hi>, critique documentaire (Rodenbach, Cladel, Mallarmé, Zola, l’Opéra
            et les bals romantiques, les Hydropathes, Barbey d’Aurevilly, George Sand et Flaubert).
              — <hi rend="i">Documents</hi>, critique littéraire. — <hi rend="i">Le Bon
              Article.</hi> —<hi rend="i"> Le Subterfuge</hi>, en collaboration avec André de
            Fouquières.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Idée</hi>, 1898. — <hi rend="i">La
              Vogue</hi>, 1900. — <hi rend="i">La Plume</hi>, 1900-1905. — <hi rend="i">L’Effort de
              Paris</hi> (fond. 1900-1901). — <hi rend="i">La Revue Dorée</hi> (fond. 1901-1903).
              — <hi rend="i">La Renaissance Latine</hi> (fond. 1903-1904). — <hi rend="i">L’Œuvre
              d’Art International</hi>, 1902-1903. — <hi rend="i">La Revue Contemporaine</hi>, 1902.
              — <hi rend="i">L’Hémicycle</hi>, 1902. — <hi rend="i">La Revue Illustrée</hi>
            (1903-1905). Secrétariat (1905). — <hi rend="i">Le Journal</hi>, 1904-1905. — <hi
              rend="i">L’Auto</hi>, 1904-1905. — <hi rend="i">La Presse</hi>, 1904-1905. — <hi
              rend="i">Le Gil Blas</hi>, 1904-1906. — <hi rend="i">La Suisse</hi>, Politisches
            Volksblatt, juin 1904. — (Genève 1905) <hi rend="i">Le Courrier du Mexique</hi>, Mexico,
            1905. — <hi rend="i">Patria</hi>, 1905. — <hi rend="i">Je sais tout</hi>, 1905. <hi
              rend="i">— La Petite Revue du Midi</hi>, 1904-1905. — <hi rend="i">Poesia</hi>,
            1905.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Émile Faguet, <hi rend="i">Revue Latine</hi>,
            avril 1902. — Charles Maurras, <hi rend="i">Gazette de France</hi>, mars 1902. — Léon
            Bocquet, <hi rend="i">Le Beffroi</hi>, octobre 1902. — René Jean, Georges Casella, <hi
              rend="i">Revue Dorée</hi>, juillet 1902. — Albert Erlande, <hi rend="i">L’Art
              moderne</hi>, Bruxelles, 12 octobre 1902. — E.-A. Eustache, <hi rend="i">Le Journal de
              Marseille</hi>, 17 août 1902. — M. de Valcombe, l’<hi rend="i">Hémicycle</hi>,
            juillet 1902. — J.-C. Holl, <hi rend="i">Le Penseur</hi>, septembre 1902. — Paul-Louis
            Garnier, <hi rend="i">Revue Blanche</hi>, 1<hi rend="sup">er</hi> août 1902.
            — G.Dauchot, <hi rend="i">L’Idée</hi>, 1<hi rend="sup">er</hi> octobre 1902. Ernest
            Gaubert, <hi rend="i">La Critique internationale</hi>, juillet 1902. — Marcel Clavié,
              <hi rend="i">L’Œuvre d’Art international</hi>, juillet 1902. — Albert Erlande. <hi
              rend="i">La Renaissance Latine</hi>, juillet 1902. — Harmand de Melin, <hi rend="i">La
              Revue Septentrionale</hi>, août 1902. — Émile Straus, <hi rend="i">La Critique</hi>,
            5 novembre 1902. — Sparklett, l’<hi rend="i">Écho de Paris</hi>, 13 août 1905.</p>
          <p/>
          <p><pb n="265"/><hi rend="b">Cladel</hi> (Judith-Jeanne), née à Paris en…</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Volant</hi>, 3 actes (L’Œuvre 1895), A
            Lemerre, 1895, in-18. — <hi rend="i">Auguste Rodin pris sur la vie.</hi> — La Plume,
            1903, in-8º. — <hi rend="i">Confessions d’une Amante</hi>, roman, Mercure de France,
            1904, in-18 — <hi rend="i">Maître Mignon</hi>, 5 actes, d’après. Balzac, Théâtre du
            Parc, Bruxelles, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Fraude.</hi> —<hi rend="i"> Revue
              Hebdomadaire</hi>. — <hi rend="i">Humanité Nouvelle</hi> — <hi rend="i">La
            Plume</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Claudel</hi> (Paul).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Arbre</hi>, 1 vol. in-18. Société du
            Mercure de France. — <hi rend="i">Agamemnon</hi>, tragédie d’Eschyle, traduite en
            prose), <hi rend="i">id.</hi> — <hi rend="i">Connaissance de l’Est</hi>, petit in-8º,
              <hi rend="i">id.</hi></p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France,
            l’Ermitage</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — André Ruyters : <hi rend="i">P. C</hi>. La Belgique
            artistique et littéraire nov. 1905. — Remy de Gourmont, <hi rend="i">II<hi rend="sup"
                >e</hi> Livre des Masques</hi>. Mercure de France.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Comminges</hi> (Marie-Aimery, comte de), né à Toulouse le
            25 avril 1862.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — En outre de divers ouvrages traitant de sport hippique
              (<hi rend="i">Le Cheval, Dressage et Manèges, L’Équitation des gens pressés</hi>).
              — <hi rend="i">Les Aventures amoureuses de Jean de Saint-Laxy</hi>. Simonis Empis,
            in-18. — <hi rend="i">Les Demi-Carrières</hi>, roman, <hi rend="i">id.</hi>, in-18.
              — <hi rend="i">La Comtesse Panier</hi>, roman. Simonis Empis, 1902. — <hi rend="i"
              >L’Élection Sentimentale</hi>. Juven, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Gaulois, Écho de Paris, Vie
              Parisienne, Mercure de France, Express de Paris</hi>.</p>
          <p><hi rend="sc">À consulter</hi>. — A. Chaumeix. <hi rend="i">Article</hi>. Journal des
            Débats, 13 mars 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Coussanges</hi> (Jacques de), né à (?).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — Traduction du suédois de : <hi rend="i">Le Dernier des
              Athéniens</hi> de V. Rydberg. Per Lamn, 1901. — <hi rend="i">L’Épopée du roi</hi> de
            Von Heidenstein, <hi rend="i">id.</hi> de la Revue, 1901.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Revue</hi> (<hi rend="i">Ancienne
              Revue des Revues</hi>). — <hi rend="i">Journal des Débats.</hi> —<hi rend="i"> La
              Quinzaine.</hi> —<hi rend="i"> Revue Bleue</hi>. — <hi rend="i">Grande Revue</hi>,
            etc.</p>
          <p/>
          <p><pb n="266"/><hi rend="b">Curnonsky</hi> (Maurice Railland dit), né à Angers, le
            12 octobre 1873.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres.</hi> En collaboration avec P.-J. Toulet sous le pseudonyme de
            « Perdiccas », <hi rend="i">Le Bréviaire des courtisanes</hi>, in-8º, Simonis Empis,
            1897. — <hi rend="i">Le Métier d’amant</hi>, Simonis Empis, 1900. — <hi rend="i"
              >Demi-veuve</hi> (dans la Vie parisienne 1903). — En collaboration avec Willy, <hi
              rend="i">Chaussettes pour Dames</hi>. Garnier, 1905, illust. de Mirande, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Presse.</hi> —<hi rend="i"> La Vie
              parisienne.</hi> — <hi rend="i">Le Figaro.</hi> —<hi rend="i"> Le Rire.</hi> —<hi
              rend="i"> Gil Blas</hi> (1894). — <hi rend="i">L’Avenir du Tonkin</hi> (1904).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Dagan</hi> (Henri), né le 15 février 1870 à Apt (Vaucluse).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Enquête sur l’Antisémitisme</hi>, 1899.
            Stock, in-18. — <hi rend="i">Les Superstitions politiques et les Phénomènes
            sociaux</hi>, 1901. Stock, in-18. — <hi rend="i">Kischineff et les prolétaires juifs de
              Russie</hi>, 1903. Les Cahiers de la Quinzaine, in-18. — <hi rend="i">La Condition du
              peuple au <num>xx<hi rend="sup">e</hi></num> siècle</hi>, 1904, Giard et Bière,
            in-18.</p>
          <p>M. Dagan a fondé la Revue <hi rend="i">L’Œuvre nouvelle</hi> (1903-1906) et <hi
              rend="i">les Cahiers de l’Université populaire</hi> (1906).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Humanité nouvelle, La Revue de
              métaphysique et de morale, Revue Bleue, Grande Revue, Nouvelle Revue, Mercure de
              France, L’Européen, L’Aurore</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Danville</hi> (Gaston), né à Toul le 18 novembre 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">D’une théorie du crime considéré au point de
              vue psychophysique</hi>, in-8º, Bruxelles, Huyez, 1893. — <hi rend="i">La Psychologie
              de l’Amour</hi>, Alcan, 1893-1903 (3<hi rend="sup">e</hi> édit. revue). — <hi rend="i"
              >Les Infinis de la chair</hi>, A. Lemerre, in-18, 1892. — <hi rend="i">Contes
              d’Au-delà</hi>, ill. de Labarre, in-16, sol. Mercure de France, 1893. — <hi rend="i"
              >Les Reflets de Miroir</hi>, préface de Bjœrsterne Bjorson, Mercure de France, 1897,
            in-18. — <hi rend="i">L’Amour Magicien</hi>, Mercure de France, 1902, in-18. — <hi
              rend="i">Le Parfum de Volupté</hi>, Mercure de France, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Neurologique</hi>. — <hi
              rend="i">Mercure de France</hi>. — <hi rend="i">Revue Philosophique</hi>.</p>
          <p/>
          <p><pb n="267"/><hi rend="b">Dauguet</hi> (Marie), née à La Chaudeau (Haute-Saône).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">À Travers le Voile</hi>, poésies Vanier,
            1902. — <hi rend="i">Par l’Amour</hi>, poèmes, Mercure de France, 1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France.</hi> —<hi rend="i"
              > Minerva.</hi> —<hi rend="i"> La Fronde.</hi> —<hi rend="i"> Revue Hebdomadaire.</hi>
              —<hi rend="i"> La Plume.</hi> — <hi rend="i">Poesia</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — P. Quillard. <hi rend="i">Les Poèmes</hi>. Mercure de
            France, septembre 1900 et octobre 1901. — Remy de Gourmont, <hi rend="i">Un Poète de la
              Nature</hi>, Mercure de France, mai 1901, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Delarue-Mardrus</hi> (Lucie M<hi rend="sup">me</hi>).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Occident</hi>, poèmes de la Revue Blanche,
            1901, in-8. — <hi rend="i">Ferveur</hi> poèmes. Revue Blanche, 1902, in-8. — <hi
              rend="i">Horizons</hi>, poèmes Eug. Fasquelle, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Revue Bleue, La
              Plume, Ermitage, Fémina</hi> etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — J. Gasquet. <hi rend="i">Occident.</hi> La Vogue,
            15 mars 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Delbousquet</hi> (Emmanuel, Bernard, Philippe, Frédéric), né à Sos en
            Albret le 27 avril 1874.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">En les Landes</hi>, poèmes, bib, de l’Effort,
            1896. — <hi rend="i">Le Mazareilh</hi>, roman, Ollendorff, 1902, in-18. — <hi rend="i"
              >Margot</hi>, nouvelle, Toulouse, Société Provinciale d’éditions,1903, in-12. — <hi
              rend="i">L’Écarteur</hi>, roman. Ollendorff, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Les Essais de Jeunes</hi> (fond.) <hi
              rend="i">L’Effort</hi> (fond.) le <hi rend="i">Midi Fédéral</hi> (fond.) <hi rend="i"
              >Ermitage. Le Télégramme Gil Blas Illustré</hi> etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Ernest Gaubert, <hi rend="i">Un romancier
              Provincial</hi>, La Province (Le Havre), 1904. — Émile Pouvillon, <hi rend="i"
              >Chronique</hi>, La Dépêche, 13 juin 1904. — Rémo, <hi rend="i">Chronique</hi>, La
            Dépêche, 12 oct. 1903. — H. Cellerier, <hi rend="i">E. Delbousquet</hi>, Revue
            Périgourdine, mars 1905, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Delisle</hi> (Henri-Louis-Charles Routier), né à Amiens le
            8 juillet 1878.</p>
          <p><pb n="268"/><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Chansons Dolentes et
              joyeuses</hi>. Soc. d’éd. litt. 1899, in-18. <hi rend="i">— Pour la Cité</hi>, poèmes,
            Blois, imp. Cent. 1901, in-8º. — <hi rend="i">Heures</hi>, poèmes. Revue Verlainienne,
            1901, in-8º. — (Sous le pseudonyme de Jules Marry, M. Delisle a composé divers recueils
            satyriques : <hi rend="i">Les Exploits de M. Dupanloup, On ouvre le Vasistas</hi>,
            etc.).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Pays de France.</hi> —<hi rend="i"> La
              Vie.</hi> —<hi rend="i"> La Lutte. Le Beffroi</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A.-M. Gossez. <hi rend="i">Poètes du Nord</hi>.
            Ollendorff, 1902. — Fonsny et Van Dooren, <hi rend="i">Anthologie des poètes lyriques
              français</hi>, Verviers, 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Demolder</hi> (Eugène), né à Bruxelles le 16 déc. 1862.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Impressions d’Art</hi>, V<hi rend="sup"
              >ve</hi> Mommeu, Bruxelles, 1889. — <hi rend="i">Contes d’Yperdamme</hi> Lacomblez,
            1891. <hi rend="i">— Récits de Nazareth</hi>, Vos. Bruxelles, 1893. — <hi rend="i">James
              Ensor</hi>, essai de critique, Lacomblez, 1893. — <hi rend="i">Étude Patronymique sur
              Félicien Rops</hi>, Pinse basse, Paris, 1894. — <hi rend="i">Le Royaume Authentique du
              grand St-Nicolas</hi>. Mercure de France, 1896. — <hi rend="i">La Légende d’Yperdamme,
              id.</hi> 1896. — <hi rend="i">Quatuor</hi> (nouvelles), <hi rend="i">id.</hi> 1897.
              — <hi rend="i">La Mort aux berceaux, Noël</hi>, en 1 acte. <hi rend="i">id.</hi> 1899.
              — <hi rend="i">La Route d’Émeraude</hi>, roman, <hi rend="i">id.</hi> 1899, in-18.
              — <hi rend="i">Les Patins de la Reine de Hollande, id.</hi> 1901. — <hi rend="i">Le
              Cœur des Pauvres</hi>, (nouvelles), <hi rend="i">id.</hi>, 1901. — <hi rend="i"
              >L’Agonie d’Albion, id.</hi> 1901. — <hi rend="i">Trois Contemporains</hi> critique,
            Deman-Bruxelles, 1901. — <hi rend="i">Le Jardinier de la Pompadour</hi>, roman. Mercure
            de France, 1904, in-18. — <hi rend="i">L’Arche de M. Cheunus</hi>, roman. Mercure de
            France, 1904, pet. in-18. — <hi rend="i">L’Espagne en Auto.</hi> Mercure de France,
            1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Art Moderne.</hi> —<hi rend="i"
              > Société Nouvelle.</hi> —<hi rend="i"> Jeune Belgique.</hi> —<hi rend="i"
              > Durendal.</hi> —<hi rend="i"> Le Thyrse.</hi> —<hi rend="i"> La Vogue.</hi> —<hi
              rend="i"> La Plume.</hi> —<hi rend="i"> Les Arts de la Vie.</hi> — Et <hi rend="i"
              >Insel</hi> (Munich).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Derennes</hi> (Charles), né le 4 août 1882 à Villeneuve-sur-Lot.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Enivrante Angoisse</hi>, poèmes,
            Ollendorff, 1904, in-18. — <hi rend="i">L’Amour Fessé</hi>, roman, Soc. du Mercure de
            France,, in-18, 1906. — <hi rend="i">La Tempête</hi>, poésies, Ollendorff, in-18,
            1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Renaissance Latine.</hi> —<hi rend="i"
              > Mercure de France.</hi> —<hi rend="i"> Ermitage.</hi> — <hi rend="i">La Plume.</hi>
              —<hi rend="i"> Le Journal</hi>. — <hi rend="i">L’Auto.</hi> —<hi rend="i"> La Revue de
              Paris</hi>.</p>
          <p/>
          <p><pb n="269"/><hi rend="b">Despax</hi> (Émile), né à Dax. (Landes), le
            14 sept. 1881.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Au Seuil de la Lande</hi>, poème, Mercure de
            France, 1902. — <hi rend="i">La Maison des Glycines</hi>, poème, Mercure de France,
            1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France</hi>. — <hi rend="i"
              >Ermitage.</hi> —<hi rend="i"> La Plume.</hi> — <hi rend="i">Renaissance
            Latine</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Deubel</hi> (Léon-Louis), né le 22 mars 1879, à Belfort.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Chanson balbutiante</hi>, poèmes, Jacques
            à. Poligny, 1895, in-16. — <hi rend="i">Sonnets intérieurs</hi>, édition de l’auteur,
            in-16 carré, 1902. — <hi rend="i">Vers la Vie</hi>, poésies, Le Beffroi, Lille, 1904,
            in-16-carré. — <hi rend="i">Sonnets d’Italie</hi>, Le Beffroi, 1905 éd. in-32 de luxe).
              — <hi rend="i">La Lumière Natale</hi>, poésies, Le Beffroi, 1905, in-18 Jésus. — <hi
              rend="i">Poèmes</hi>, Le Beffroi, in-4º, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Gallia.</hi> —<hi rend="i"> L’Œuvre
              d’Art international.</hi> —<hi rend="i"> Nouvelle Revue d’Égypte.</hi> —<hi rend="i"
              > Le Beffroi.</hi> —<hi rend="i"> La Rénovation Esthétique</hi> (Secrétariat),
            etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Paul de Vitry (E. Gaubert) : <hi rend="i">Au fil de
              l’Heure</hi>, l’Hérault, 12 janvier 1902. — Roger Allard : <hi rend="i">Léon
              Deubel</hi>, Le Progrès du Nord, mai 1904. — Louis Thomas. <hi rend="i">L. D</hi>.
            Psyché, mars 1906.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Ducoté</hi> (Édouard), né à Douai le 29 octobre 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La première étape</hi>, Paris, Lemerre, 1894.
              — <hi rend="i">Le Septenaire de notre amour</hi>, Paris, lib. de l’Art Indépendant,
            1895. — <hi rend="i">Aux Écoutes</hi>, Paris, Lib. de l’Art Indépendant, 1895, — <hi
              rend="i">Circé</hi>, poème, Paris, Collection de l’Ermitage, 1896. — <hi rend="i"
              >Poèmes divers d’Ausone</hi>, Lib, de l’Art Indépendant, 1896. — <hi rend="i"
              >Aventures</hi>, Paris, Soc. du Mercure de France, 1896. — <hi rend="i">Fables</hi>,
            Paris, Perrin, 1897. — <hi rend="i">Renaissance</hi>, poèmes, Paris, Soc. du Mercure de
            France, 1898. — <hi rend="i">Le Chemin des ombres heureuses</hi>, poésies, Paris, Soc.
            du Mercure de France, 1899. — <hi rend="i">Merveilles et Moralités</hi>. Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1900. — <hi rend="i">Hercule chez Omphale</hi>, comédie héroïque en
            vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1900. — <hi rend="i">Le Barbier de
              Midas</hi>, comédie en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1901. — <hi
              rend="i">Le Songe d’une nuit de doute</hi>, suivi de plusieurs poèmes, Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1902. — <hi rend="i">La Prairie en Fleurs</hi>, poésies (rééd. de <hi
              rend="i">Aux Écoutes, Fables Renaissance, Le</hi>
            <pb n="270"/><hi rend="i">Chemin des ombres heureuses</hi>, etc.), Mercure de France,
            1904, in-18. — <hi rend="i">Le Servage</hi>, roman. Calmann-Lévy, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris.</hi> — <hi rend="i"
              >Ermitage</hi> (direction). — <hi rend="i">La Plume.</hi> — <hi rend="i">Mercure de
              France</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A.-M. Gossez, <hi rend="i">Les Poètes du Nord</hi>,
            Ollendorff, 1902, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Dujardin</hi> (Édouard), né le 10 novembre 1861, à Saint-Gervais
            (Loir-et-Cher).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les lauriers sont coupés</hi>, roman, précédé
            des <hi rend="i">Hantises</hi>, contes, et de <hi rend="i">Trois Poèmes en prose</hi>,
            1886 (Mercure de France, 1897, in-18). — <hi rend="i">L’Initiation au péché et à
              l’amour</hi>, roman (Mercure de France, 1890, in-18). — <hi rend="i">La Comédie des
              Amours</hi>, 1891, vers (Vanier, in-18). — <hi rend="i">Le Délassement du
              Guerrier</hi>, vers (Mercure de France, 1904, in-18). — <hi rend="i">La Légende
              d’Antonia</hi>, trois tragédies (Mercure de France, 1901, in-18), jouées au Vaudeville
            et à la Bodinière, 1891-93. — <hi rend="i">La Source du Fleuve chrétien. Le
              Judaïsme</hi>, Soc. du Mercure de France, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — Direction de la <hi rend="i">Revue
            Wagnérienne</hi>, (1886-88, <hi rend="i">Revue Indépendante</hi>, 1886-88), de <hi
              rend="i">La Revue des Idées</hi>, 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Erlande</hi> (Albert-Jacques Brandenburg, dit Albert), né à Marseille le
              1<hi rend="sup">er</hi> septembre 1878.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Odes et Poèmes</hi>, Mercure de France,
            in-18, 1899. — <hi rend="i">Le Cœur Errant, id.</hi>, 1900. — <hi rend="i">Fehl
              Yasmin</hi> (en coll. avec G. de Voisins), Floury 1905, in-18. — <hi rend="i"
              >Hélène</hi>, poèmes, Mercure de France, 1902, in-18. — <hi rend="i">La
            Tendresse</hi>, roman, Ollendorff, 1902, in-18. — <hi rend="i">Le Jasmin</hi>, bibl. de
            la Renaissance Latine, 1902, in-18. — <hi rend="i">Le Paradis des Vierges sages</hi>,
            Mercure de France, 1906, in-18). — <hi rend="i">Jolie personne</hi>, roman, Mercure de
            France, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Ermitage,
              Renaissance Latine</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A. Gilbert de Voisins : <hi rend="i">Tendresse</hi>,
            Renaissance Latine, 15 juin 1902. — Henri Cellerier : <hi rend="i">Deux poètes</hi>,
            l’Ermitage, avril 1903.</p>
          <p/>
          <p><pb n="271"/><hi rend="b">Farrère</hi> (Claude, Charles Bargone dit).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Fumées d’Opium</hi>, préface de Pierre Louÿs,
            Ollendorff, in-18, 1904. — <hi rend="i">Les Civilisés</hi>, roman, in-18, Ollendorff,
            1905 (Prix Goncourt en 1905).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Faure</hi> (Gabriel), né à Tournon (Ardèche), le 15 mai 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Berthe de Provence</hi>, drame en vers
            (1898), in-16, Clerget. — <hi rend="i">Fleurs rouges</hi>, vers (1899), in-16, Clerget.
              — <hi rend="i">Polymnie</hi>, poème (1899), in-16, Clerget. — <hi rend="i">Essai sur
              la liberté de la Presse</hi>, in-8º (1900), Giard et Brière. — <hi rend="i">La
              dernière journée de Sappho</hi>, (1900), in-16, roman au Mercure de France. — <hi
              rend="i">La route de volupté</hi>, roman (1904), Fasquelle, in-18. — <hi rend="i"
              >L’Amour sous Les Lauriers-Roses</hi>, roman, E. Fasquelle, in-18, 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Ferval</hi> (Baronne Aimery de Pierrebourg dite Claude) née à Âgen le
            15 juin 1856.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Autre Amour</hi>, roman Calmann-Lévy, 1905,
            in-18. — <hi rend="i">Le Plus Fort</hi>, Calmann-Lévy, 1903, in-18. — <hi rend="i">Vie
              de Château</hi>, Fasquelle, 1904, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Fleury</hi> (Albert), né en 1875 en Lyon.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Paroles vers elle</hi>, poésies, lib. de
            l’art indépendant, 1895. — <hi rend="i">Sur la Moule, id.</hi> 1896. — <hi rend="i"
              >Impression prises, id.</hi> 1898. — <hi rend="i">Pierrot</hi>, poèmes. Soc. du
            Mercure de France, 1898. — <hi rend="i">Confidences, id.</hi> 1900. — <hi rend="i">De
              Porte en Porte</hi>, P. V. Stock, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Revue Naturiste, Mercure de France,
              Revue Blanche, Gallia, La Plume</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Fons</hi> (Pierre), né le 16 juillet 1880, à Toulouse.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Songes pâles</hi>, poésies (1900) H. C. — <hi
              rend="i">La double Guirlande</hi>, 1901 (H. C.). — <hi rend="i">Inscriptions</hi>,
            poésies, 1903 (H. C.). — <hi rend="i">L’Heure amoureuse et funéraire</hi>, poèmes,
            préface d’Émile Pouvillon. P. V. Stock, 1904, in-8º carré.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Ermitage. La Plume, Revue des
              Pyrénées</hi>, <pb n="272"/><hi rend="i">La Chronique des Livres, La Dépêche</hi> (de
            Toulouse), <hi rend="i">Le Midi-Artiste, L’Âme latine, L’Âme française, etc</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Rémo. <hi rend="i">Chronique</hi>, La Dépêche (de
            Toulouse), 12 mars 1904. — O. de la Fayette. <hi rend="i">Les poètes du Mois</hi> :
            Revue Forézienne, juin 1904. — Ernest Gaubert. <hi rend="i">Les récents Poètes mystiques
              et païens</hi>. Anthologie-Revue, juillet 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Gachons</hi> (Jacques Peyrot des), né le 31 janvier 1868, à Torcé
            (Sarthe).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Album</hi> et le <hi rend="i">Livre des
              Légendes</hi>, 1894-1895 (avec son frère André). — Le <hi rend="i">Prince Naïf</hi>,
            légende, Girard, éditeur, 1894. — <hi rend="i">Petit voyage de Grèce</hi> (Ollendorff,
            1892) — <hi rend="i">Le Pape et l’Empereur</hi>, scène d’histoire, 1899 (Ollendorff),
              — <hi rend="i">N’y touchez pas</hi>, roman, 1900 (Société française d’imprimerie et de
            librairie). — <hi rend="i">La Dinette</hi>, un acte (Villereille) 1901 ; — R<hi rend="i"
              >hodène et Conesculus</hi>, conte (édition de l’<hi rend="i">Hémicycle</hi>)·, — <hi
              rend="i">Mon amie</hi>, roman (Juven), 1902. — <hi rend="i">Notre Bonheur</hi>, roman
            (Juven), 1903. — <hi rend="i">La Châtelaine</hi> (Juven), 1904. — <hi rend="i">Rose ou
              la fiancée de Province</hi>, roman (Delagrave). — <hi rend="i">La maison des dames
              Renoir</hi>, roman (Fontemoing), 1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — Le <hi rend="i">Voltaire</hi>, le <hi rend="i"
              >Soir</hi>, le <hi rend="i">Journal</hi>, le <hi rend="i">Figaro</hi>, la <hi rend="i"
              >Volonté</hi>, les <hi rend="i">Débats</hi>, l’<hi rend="i">Écho de Paris</hi>, l’<hi
              rend="i">Ermitage</hi>, la <hi rend="i">Plume, l’Hémicycle</hi>, la <hi rend="i">Revue
              illustrée</hi>, la <hi rend="i">Chronique des Livres</hi>, le <hi rend="i">Magasin
              pittoresque, l’Art du théâtre</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — <hi rend="i">Ermitage</hi>, décembre 1898.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Garnier</hi> (Paul-Louis), né à Paris le 3 juin 1879.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Poèmes</hi>, 1896, une plq. in-18. — <hi
              rend="i">Poèmes</hi>, 1897, <hi rend="i">Le Sceptre de gloire</hi>, 1 vol. gr. in-4,
            édition du <hi rend="i">Thyrse, L’Été</hi>, proses lyriques, 1 vol. in-18, Mercure de
            France, 1898. — <hi rend="i">La Jeunesse devant l’action</hi>, essai, Bibliothèque de la
            Plume, 1 plq. in-18. 1899. — <hi rend="i">L’Héroïsme de César Franck</hi>, essai de
            psychologie musicale, 1 plq. in-18, 1900 Ollendorff. — <hi rend="i">La Visitation</hi>,
            roman, 1900, 1 vol. in-18 Charles. — <hi rend="i">La Terre Éternelle</hi>, roman
            philosophique et lyrique, 1900 P. V. Stock, 1 vol. in-18. — <hi rend="i">Réflexions sur
              Nietzsche</hi>, 1 vol. 1902 Ermitage. — <hi rend="i">Les Fins de l’Art
              contemporain</hi>, 1 vol. in-18, 1904, Félix Juven. <hi rend="i">— Le Voyageur
              solitaire</hi>, roman paru dans le <hi rend="i">Gil Blas</hi>, en 1903. — En
            collaboration <pb n="273"/>avec Léon Frapié, une pièce : <hi rend="i">Sévérité</hi>,
            Théâtre Antoine, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Petite République, Le Gil Blas, Le
              Soir, Le Petit Bleu, La Presse, La Nouvelle Revue, La Revue blanche, La Revue
              Universelle, Le Mercure de Finance, La Revue Franco-Allemande, l’Ermitage, L’Effort,
              La Revue Socialiste, Revue Dorée</hi>, etc., etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Études de R. G. Aubrun (dans la Chronique du livre,
            1905). — De Camille de Sainte-Croix (Petite République, 1900, Cri du Quartier, 1904).
            — de Paul d’Armon (Signal, 1900, 1904). — Henri Ghéon (Revue Blanche, Ermitage). — De
            Paul Boncour (Figaro, 1904), etc., etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Gasquet</hi> (Joachim), né le 31 mars 1873 à Aix-en-Provence.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Enfant</hi>, poésies, 1900, Dragon à Aix,
            in-8º. — <hi rend="i">L’Arbre et les Vents</hi>, poèmes, 1901, F. Juven, in-18. — <hi
              rend="i">Les Chants séculaires</hi>, poèmes précédés d’une préface de Louis Bertrand,
            1903, Ollendorff, in-18. — <hi rend="i">Dionysos</hi>, tragédie antique en vers
            représentée au théâtre d’Orange le 3 août 1904, Eug. Fasquelle, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — (Fond.) <hi rend="i">La Syrinx</hi>, 1890. — <hi
              rend="i">Les Mois Dorés</hi>, 1896. — <hi rend="i">Le Pays de France</hi>, 1898 (à
            Aix). — <hi rend="i">La Contemporaine, La Plume, Revue Naturiste, Anthologie-Revue,
              L’Effort</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Gaubert</hi> (Ernest-Augustin Gaubert de Valette de Favier), né à
            Saint-André de Sangonis (Hérault), le 28 janvier 1881.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Vers les lointains Échos</hi>, poésies, 1898,
            Montpellier, L’Aube-Méridionale (tir. 128 ex. 4 holl.), in-4º pet. — <hi rend="i">Flore
              d’Éveil</hi>, note de vie. Montpellier. L’Aube Méridionale, 1899, in-16 allongé,
            (125 ex. vél. 4 holl. fort.) — <hi rend="i">Les Vendanges de Vénus</hi>. La Plume, 1900,
            frontispice d’Auglay, 200 ex. ord. numér. 2 japon, 10 hollande. — <hi rend="i">L’Une et
              l’Autre</hi>, 1 acte en prose. (Coll. Serge Raffalovich) joué à la Bodinière
            6 avril 1900. — <hi rend="i">La Reine Latina</hi>, poème (h. c.). 1901. — <hi rend="i"
              >Les Petites Passionnées</hi>, roman (ill. de Marcel Châtelaine), 1901, L. Borel, pet.
            in-8º. — <hi rend="i">La Poésie tchèque contemporaine</hi>, essai. Sansot et C<hi
              rend="sup">ie</hi>, 1903, in-18. — <hi rend="i">Sylvia</hi>
            <pb n="274"/><hi rend="i">ou le roman du nouveau Werther</hi>. Sansot et C<hi rend="sup"
              >ie</hi>, 1904, pet. in-12, couronne. — <hi rend="i">Pierre Louÿs</hi>, essai, Sansot
            et C<hi rend="sup">ie</hi>, in-18, 1904. — <hi rend="i">Jean Lorrain</hi>, essai, <hi
              rend="i">id.</hi> 1905. — <hi rend="i">Vendanges d’Amour</hi>, roman, E. Petit, 1905,
            couv. de Marc Leclerc. — <hi rend="i">Le Retour de Chérubin</hi>, 1 acte en vers.
            Bouffes-Parisiens, mars 1905. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1906, in-8º. — <hi
              rend="i">L’Amante et la Captive</hi>, roman, librairie des Publications populaires.
            Bib. des Auteurs Modernes, 1906, in-18, illustré. — <hi rend="i">François Coppée</hi>,
            essai Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1906, in-18. — <hi rend="i">Rachilde</hi>,
            essai Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1906, in-18.</p>
          <p>À <hi rend="sc">paraître</hi>. — <hi rend="i">Moralistes et Poètes</hi>, critique.
              — <hi rend="i">Geneviève.</hi> —<hi rend="i"> Anthologie de l’Amour Provençal</hi> (en
            coll. avec Jules Véran). — <hi rend="i">La Légende d’Erin</hi>, tragédie de Julius
            Zeyer, adaptée du tchèque, en coll. avec J. Kowalski.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Monde Moderne, Mercure de France, La
              Plume, l’Ermitage. Le Journal, Le Soleil, L’Intransigeant, La Presse, Gil Blas, Le
              Petit-Parisien, Midi-Télégraphe, Magasin Pittoresque, Revue des Revues, Courrier
              Français, Nouvelle Revue, Revue Universelle, Revue Illustrée, Monde Illustré, La
              Vogue, La Vie de Paris</hi> et aux Revues Étrangères. <hi rend="i">Zycie, Poesia,
              Moderni-Revue, Lumir, Iride, Panathénées</hi>, etc… <hi rend="i">La Vie</hi> (fond.)
              <hi rend="i">Aube Méridionale</hi> (fond.)</p>
          <p>À <hi rend="sc">Consulter</hi>. — H. Rigal. <hi rend="i">E. G</hi>., L’Hérault,
            5 mars 1902. Dépêche de Toulouse, 14 octobre 1904. — H. Bauquier. <hi rend="i">Quelques
              Poètes de l’Hérault</hi>, 1 vol. in-16, Fabre, Béziers, 1903. — Laurent Tailhade. <hi
              rend="i">Chronique</hi>. Le Français, 20 janvier 1901. — Stuart Merrill. <hi rend="i"
              >Chronique</hi>, La Plume, 15 février 1901. — Marc Varenne. <hi rend="i">Les Vendanges
              de Vénus.</hi> L’Hérault, 13 juin 1900. — Jean de la Hire. <hi rend="i">Articles
              divers</hi> : Courrier Français, 24 juin 1900, L’Hérault, nov. 1899. La jeune
            Champagne, février 1904. — Georges Casella : <hi rend="i">Chronique</hi>. Revue
            Illustrée, 1<hi rend="sup">er</hi> juin 1905, 15 mars 1904. — Raoul Ralph. <hi rend="i"
              >Ernest Gaubert</hi>, conférence (Bodinière, 6 avril 1900). — Ernest Gaubert : <hi
              rend="i">Peints par Eux-mêmes</hi>. Le Tout-Montpellier, 10 juin 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Gaston Cuguenc : <hi rend="i">Lithographie</hi>,
            l’Hérault, mars 1900. — G. Cuguenc. <hi rend="i">Portrait au fusain</hi>, 1900. — <hi
              rend="i">Charge</hi>, 1901. — A. Creiche. <hi rend="i">Portrait-charge</hi>. La Vie
            Blésoise, sept. 1905. — Photographies. Revue Phocéenne, avril 1930. — Le Titan,
            février 1901. — Revue Illustrée, 15 mars, 1901. — 15 avril et 1<hi rend="sup"
            >er</hi> mai 1905. — Photos, Ouvière, Marseille ; M. Manuel, Paris.</p>
          <p/>
          <p><pb n="275"/><hi rend="b">Gossez</hi> (A.-M., Marius-Alphonse), né à Lille le
            27 mars 1878.</p>
          <p>Œ<hi rend="sc">uvres</hi>. — <hi rend="i">Poètes du Nord</hi>, morceaux choisis, Paris,
            Ollendorff, 1907, in-18º. — <hi rend="i">Le Saint-Julien de Flaubert</hi> (illustré),
            Lille, Le Beffroi, 1903, in-4º. — <hi rend="i">Le Département du Nord sous la deuxième
              République</hi>, Lille, Leleu, 1904, in-8º (Thèse de doctorat). — <hi rend="i">Du
              Soleil sur la Porte</hi>, poèmes. Mercure de France, 1905, in-8º.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Nouvelle Revue, Revue Littéraire de
              Paris et de Champagne.</hi> —<hi rend="i"> Le Beffroi</hi> (fond). — <hi rend="i">La
              Province</hi> (secrétariat). — <hi rend="i">Revue Provinciale.</hi> —<hi rend="i"
              > Ermitage, etc</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Edmond Pilon : <hi rend="i">Le Groupe Lorrain</hi>,
            La Plume, 1<hi rend="sup">er</hi> février 1901. — Gaston Heux : <hi rend="i">Poètes du
              Nord</hi>, Le Beffroi, décembre 1902. — Émile Ferré : <hi rend="i">Étrennes aux
              Poètes</hi>, Écho du Nord, 13 janvier 1903. — Pierre Quillard : <hi rend="i">Les
              Poèmes</hi>, Mercure de France, juin 1901, février 1902 et février 1903. — Octave
            Uzanne : <hi rend="i">Poètes de notre heure</hi>, La Dépêche de Toulouse, 6 mars 1903.
            — Ernest Gaubert : <hi rend="i">La Renaissante Provinciale</hi>, Le Midi Mondain,
            7-13 mars 1903.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Gourmont</hi> (Jean de), né à Mesnil-Villemau, le 23 janvier 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Jean Moréas</hi>, essai de critique, Sansot
            et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">En préparation</hi>. — <hi rend="i">La Toison d’or</hi>, roman. — <hi
              rend="i">Profils de Poètes</hi>, etc.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France.</hi> —<hi rend="i"
              > Ermitage.</hi> —<hi rend="i"> Chronique des Livres.</hi> —<hi rend="i"> Weekly
              critical Review.</hi> —<hi rend="i"> Emporium</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Grappe</hi> (Georges Pierre-François) né à Paris le 1<hi rend="sup"
              >er</hi> juillet 1872.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">S. H. Newmann</hi>, essai de psychologie
            religieuse ; Paris, 1902. Béduchaud, éd. in-12. — <hi rend="i">R. L. Stevenson</hi>,
            l’homme à l’œuvre, Paris, 1904, Sansot, éd. in-18 jésus. — <hi rend="i">Paul
              Bourget</hi>, Paris, 1904, Sansot éd. « Les Célébrités d’aujourd’hui ». — <hi rend="i"
              >Les Pierres d’Oxford</hi>, in-12, Sansot et <pb n="276"/>C<hi rend="sup">ie</hi>,
            1906. — <hi rend="i">Essai sur la Poésie Anglaise</hi>, Sansot et C<hi rend="sup"
              >ie</hi>, in-18, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Bleue, Nouvelle Revue, La Plume,
              Action Française, Revue Latine, La Vogue, La Renaissance Latine, La Quinzaine, Le
              Gaulois, Journal des Débats, La Presse</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Gregh</hi> (Fernand), né à Paris le 14 oct. 1873.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — La <hi rend="i">Maison de l’Enfance</hi>, poésies,
            Calmann-Lévy, 1897. — <hi rend="i">La Beauté de Vivre</hi>, Calmann-Lévy, 1900. — La <hi
              rend="i">Fenêtre Ouverte</hi>, critique. E. Fasquelle, 1903. — <hi rend="i">Les
              Clartés Humaines</hi>, poésies, <hi rend="i">id.</hi> 1901. — <hi rend="i">Étude sur
              Victor Hugo</hi>, critique, <hi rend="i">id.</hi> 1904. — <hi rend="i">L’Or des
              Minutes</hi>, poésies, <hi rend="i">id.</hi> 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris, Mercure de France,
              Revue des Revues, Revue des Deux Mondes, Le Figaro, Revue Blanche, La Vogue, Les
              Lettres</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — G. Deschamps : <hi rend="i">La Vie et les
            Livres</hi>, 3<hi rend="sup">e</hi> série (article Verlaine), Paris, A. Colin, 1896.
            — A. Retté, <hi rend="i">Aspects</hi>, critique, La Plume, in-18, 1897. — L. Blum : <hi
              rend="i">Les Livres</hi>, Revue Blanche, 15 janvier 1897, L’Humanité, 8 juillet 1904.
            — P. de Bouchaud : <hi rend="i">Étude</hi>, Expresse de Lyon, 21 janvier 1897.
            — F. Coppée : <hi rend="i">Littérature</hi>, Journal, 3 décembre 1896. — G. Deschamps :
              <hi rend="i">La Maison de l’Enfance par M. Fernand Gregh</hi>, Temps, 8 novembre 1896.
            — G. Deschamps : <hi rend="i">Le Coin des Poètes</hi>, Temps, 7 août 1898,
            15 avril 1900. — Ph. Gille : <hi rend="i">Les Livres</hi>, Figaro, 26 novembre 1896.
            — F. Gregh : <hi rend="i">Lettre</hi>, Écho de Paris, 30 août 1896. — G. Lanson : <hi
              rend="i">Étude</hi>. Revue universitaire, 15 décembre 1896. — Ch. Maurras : <hi
              rend="i">Littérature</hi>, Revue encyclopédique, 23 janvier 1897. — Ch. Maurras : <hi
              rend="i">Revue Littéraire</hi>, Revue Encyclopédique, 19 juin 1900. — Éd. Rod : <hi
              rend="i">À propos de poésie</hi>, Gaulois, 1<hi rend="sup">er</hi> janvier 1897.
            — A. Silvestre : <hi rend="i">Critique littéraire</hi>, Journal, 16 novembre 1896.
            — F. Weil : <hi rend="i">Fernand Gregh</hi>, L’Art et la Vie, décembre 1896. F. Massau.
              — <hi rend="i">Le poète Gregh</hi>, Revue Forézienne, sept. 1904. — Marcel Ballot. <hi
              rend="i">La Vie Littéraire</hi>, Figaro 26 juin 1904. — G. Le Cardonnel et Ch. Vellay.
              <hi rend="i">Enquête : Gregh</hi>. Gil Blas 19 fév. 1905, — H. Chantavoine. <hi
              rend="i">Notes de Littérature</hi>, Journal des Débats, 19 février 1905. 14 mai 1900.
            — P. Reboux <hi rend="i">Article</hi>, Le Soir, 10 juillet 1904. 12 déc. 1904.
            — H. Barbusse, <hi rend="i">Les Livres</hi>, Femina, 15 juillet.</p>
          <p><pb n="277"/><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Eugène Baraize, <hi rend="i">Peinture à
              l’huile</hi>, 1896 (app. à M. Gregh). — R. Vogt, <hi rend="i">Peint. à l’huile</hi>,
            salon de la Soc. Nat. des B.-A. 1905. — Hawkins, <hi rend="i">Portrait</hi>, 1903. (rep.
            dans l’<hi rend="i">Œuvre d’art, international</hi>). — Anonyme, <hi rend="i">Portrait
              au trait</hi>, L’Éclair, mai 1897. — Paul Boignères, <hi rend="i">Caricature</hi>,
            1897. — Photographies, Revue Illustrée, 15 avril 1905. Je sais tout août, 1905.
            — Femina, 15 août 1905. — Revue Encyclopédique 1897. — Photo-Gerschel.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Guérin</hi> (Charles), né à Lunéville le 29 décembre 1873.</p>
          <p><hi rend="sc">Les œuvres</hi>. — <hi rend="i">Fleurs de Neige</hi>, poésies, Nancy,
            Crépin-Leblond, 1893 (sous le pseudonyme d’Hericlas Rügen). — <hi rend="i">L’Art
              parjure</hi>, poésies, Munich, 1894. — <hi rend="i">Joies Grises</hi>, poésies, Paris,
            Ollendorff, 1894. — <hi rend="i">Georges Rodenbach</hi>, essai de critique, Nancy,
            Crépin-Leblond, 1894. — <hi rend="i">Le Sang des Crépuscules</hi>, poésies, Paris, Soc.
            du Mercure de France, 1895. — <hi rend="i">Sonnets et un Poème</hi>, Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1897. — <hi rend="i">Le Cœur Solitaire</hi>, poésies, Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1898. — <hi rend="i">L’Éros funèbre</hi>, poèmes, Paris, Petite
            collection de l’Ermitage, 1900. — <hi rend="i">Le Semeur de Cendres</hi>, poèmes, Soc.
            du Mercure de France, 1902, in-18. — <hi rend="i">Le Cœur Solitaire</hi>, nouv. édition
            refondue, Soc. du Mercure de France, in-18. — <hi rend="i">L’Homme Intérieur</hi>,
            poèmes, Soc. du Mercure de France, in-18, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue des Deux Mondes, L’Effort,
              Mercure de France, Ermitage</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A. van Bever et P. Léautaud : <hi rend="i">Les Poètes
              d’aujourd’hui</hi>, Soc. du Mercure de France, Paris, 1905, 10<hi rend="sup"
            >e</hi> édition, in-18. — Henry Bordeaux : <hi rend="i">Les Écrivains et les Mœurs</hi>,
            Paris, Plon et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1900 in-18 et Revue Hebdomadaire,
            12 octobre 1901. — J. Ernest-Charles : <hi rend="i">Samedis Littéraires</hi>, (3<hi
              rend="sup">e</hi> série), Sansot et C<hi rend="sup">ie·</hi>, 1903, in-18. — I. Fonsny
            et J. van Dooren : <hi rend="i">Poètes lyriques Français</hi>, 2<hi rend="sup"
            >e</hi> édition. — A. Hermann : Verviers, 1904. — Ernest Gaubert : <hi rend="i">Charles
              Guérin.</hi> L’Ermitage, 15 janvier 1906. — E. Krantz : <hi rend="i">Un décadent
              Lorrain à Nancy</hi>, Paris, Berger-Levrault, 1894. — François Coppée : <hi rend="i"
              >Charles Guérin</hi>, Gaulois, 1<hi rend="sup">er</hi> juillet 1901.
            — H. Chantavoine : <hi rend="i">Poètes et Poésie</hi>, Débats, 21 novembre 1895. — G.
            Deschamps : <hi rend="i">Le Coin des Poètes</hi>, Temps, 7 août 1988. — L. Duchosal :
              <hi rend="i">Étude</hi>, Journal de Genève, 10 décembre 1896. — R. de Gourmont : <hi
              rend="i">Poètes nouveaux. Charles Guérin</hi>, <pb n="278"/>La Renaissance,
            22 octobre 1899. — Pierre Quillard : <hi rend="i">Jammes et Guérin</hi>, Mercure de
            France, juillet 1901. — S. : <hi rend="i">Un Jeune Poète</hi>, Débats, 11 juillet 1898.
            — A. Theuriet : <hi rend="i">Voyage au pays des poètes</hi>, Journal,
            15 juillet 1898.</p>
          <p><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Jean Veber : <hi rend="i">Lithographie</hi>, dans
              l’<hi rend="i">Ermitage</hi> de juin 1898.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Guiraud</hi> (Edmond), né le 22 mars 1879.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">M. et M<hi rend="sup">me</hi> Taste</hi>,
            comédie en acte (La Bodinière, mars 1901. — <hi rend="i">L’amour s’en mêle</hi>, comédie
            en un acte (Théâtre municipal de Montpellier, 1992). — <hi rend="i">La Farandole</hi>,
            comédie en un acte (Théâtre municipal de Nîmes), 1904. — <hi rend="i">L’Ouvrier de la
              Dernière Heure</hi>, (l’Œuvre), 1904. — <hi rend="i">La Mémoire des Dates</hi>,
            comédie en un acte (Grand Guignol), 1905. — <hi rend="i">Le Bel Atout</hi>, comédie en
            3 actes (Trianon), 1905. — <hi rend="i">Cricri</hi>, comédie en un acte, (Eldorado),
            1905. — <hi rend="i">Le Gardien de Square</hi> (Théâtre Royal), 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Chronique Mondaine, Courrier Français,
              Le Sourire. Petit Méridional, Revue Théâtral</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Péladan : <hi rend="i">Les Théâtres</hi>, La Plume,
            15 juin 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Harry</hi> (Myriam), M<hi rend="sup">me</hi> Émile Perrault, née à
            Jérusalem en 1875. (A obtenu en 1905 le prix de 5 000 fr. de l’Académie Féminine de <hi
              rend="i">La Vie Heureuse</hi>).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Passage de Bédouins</hi>, 1889, Calmann-Lévy,
            in-18. — <hi rend="i">Petites Épouses</hi>, roman, 1903, Calmann-Lévy, in-18. — <hi
              rend="i">La Conquête de Jérusalem</hi>, roman, 1904, Calmann-Lévy, in-18. — <hi
              rend="i">Paradénia</hi>. roman, 1906, Calmann-Lévy, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris, Revue Bleue, Je sais
              Tout, L’Énergie Française</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Paul Acker, <hi rend="i">M<hi rend="sup"
              >me</hi> Myriam Harry</hi>. L’Écho de Paris, 1<hi rend="sup">er</hi> février 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Illustration, la Vie Heureuse, Fœmina, Revue
            Illustrée (1<hi rend="sup">er</hi> mai 1905). — Photographies, Reutlinger et
            Bouffar.</p>
          <p/>
          <p><pb n="279"/><hi rend="b">Hennique</hi> (Nicolette), née en avril 1884 à Paris.</p>
          <p>Œ<hi rend="sc">uvres</hi>. — <hi rend="i">Des Rêves et des choses</hi>, poésies. Revue
            Blanche, 1900. — <hi rend="i">Les Douze labeurs Héroïques·</hi>, ill. de Bussière,
            Feroud, 1902. — <hi rend="i">Des Héros et des Dieux</hi>, poésies, E. Fasquelle,
            1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaborations</hi>. — <hi rend="i">Le Gaulois.</hi> —<hi rend="i"> Revue
              des Revues.</hi> —<hi rend="i"> Ermitage.</hi> —<hi rend="i"> Revue Blanche.</hi> —<hi
              rend="i"> Je sais tout</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — <hi rend="sc">E. Gaubert et G. Casella</hi> : <hi
              rend="i">La Jeune Littérature</hi> (avec un portrait de M<hi rend="sup"
            >lle</hi> Hennique), Revue illustrée, 15 avril 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Hirsch</hi> (Charles-Henry), né à Paris le 18 avril 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Légendes Naïves</hi>, poésies, Edmond Girard,
            1894, petit in-16 soleil. — <hi rend="i">Priscilla</hi>, poème, Mercure de France, 1895.
              — <hi rend="i">Yvelaine</hi>, poème, Mercure de France, 1897. — <hi rend="i">La
              Possession</hi>, roman, <hi rend="i">id.</hi>, 1899, in-18. — <hi rend="i">La Vierge
              aux Tulipes, id.</hi>, 1901, in-18. — <hi rend="i">Héros d’Afrique</hi>, Eugène
            Fasquelle, 1903, in-18. — <hi rend="i">Éva Tumarches et ses amis, id.</hi>, 1903. — <hi
              rend="i">La Demoiselle de Comédie, id.</hi>, 1904. — <hi rend="i">Pantins et
              Ficelles</hi>, Librairie Universelle, 1905, in-18. — <hi rend="i">Le Tigre et
              Coquelicot</hi>, roman, Librairie Universelle, 1905. — <hi rend="i">Les
              Disparates</hi>, E. Fasquelle, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Revue Indépendante</hi> (1891).
              — <hi rend="i">Les Essais d’Art libre</hi> (1891). — <hi rend="i">La Bataille</hi>
            (1892). — <hi rend="i">La Marseillaise</hi> (1893). — <hi rend="i">La Société
              Nouvelle</hi> (1895). — <hi rend="i">L’Ermitage. Le Mercure de France. La Revue
              Blanche. Le Figaro illustré. Le Journal</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Jean Lorrain. <hi rend="i">Poussières de Paris</hi>,
            Ollendorff, 1900, in-18. — Henri de Régnier, <hi rend="i">Les Poèmes</hi>, Mercure de
            France, avril 1897. — Georges Casella, <hi rend="i">Chroniques</hi>, Revue Illustrée.
            — Ernest Gaubert, <hi rend="i">Introduction au Légendaire</hi> : Aube Méridionale,
            juillet 1898. — <hi rend="i">Chronique des Livres, id.</hi>, juillet 1899.
            — Sainte-Claire, <hi rend="i">Charles-Henry Hirsch</hi>, Gil Blas, 9 juin 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Hortala</hi> (Pierre), né en décembre 1881 à St-Gervais-sur-Mare
            (Hérault).</p>
          <p><hi rend="sc">uvres</hi>. — <hi rend="i">Vers le Soir</hi> (H. C.).</p>
          <p><pb n="280"/><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume, L’Aube
              Méridionale</hi> (fondateur), <hi rend="i">Midi-Mondain, Le Titan, etc…</hi></p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Houville</hi> (Marie-Louise-Antoinette de Heredia (M<hi rend="sup"
            >me</hi> Henri de Régnier), en littérature Gérard d’), née à Paris le
            20 décembre 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Inconstante</hi>, roman, Calmann-Lévy,
            in-18, 1903. — <hi rend="i">Esclave</hi>, roman, Calmann-Lévy, in-18, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">En préparation</hi>. — Un vol. de vers.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue des Deux Mondes, Revue de Paris,
              Renaissance latine</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — L. Blum : <hi rend="i">Chronique</hi>, Gil Blas,
            30 mars 1903. — M. Ballot : <hi rend="i">La Vie Littéraire</hi>, Figaro, 13 avril 1903.
            — Albert-Émile Sorel, <hi rend="i">Article</hi>, Le Gaulois, 23 avril 1903. S.
            (H. Chantavoine) : <hi rend="i">Au jour le jour</hi>, Journal des Débats, 30 mars 1903.
            — G. Deschamps : <hi rend="i">La Vie Littéraire</hi>, Le Temps, 19 avril 1903. — Georges
            Casella : Gérard d’Houville, <hi rend="i">Revue Illustrée</hi>, mai 1905. — Ch. Maurras,
              <hi rend="i">L’Avenir de l’intelligence</hi>, Fontemoing, 1905. — J. Ernest-Charles,
              <hi rend="i">Les Samedis Littéraires</hi>, t. II, 1904, Perrin, éd.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Hubert</hi> (Paul), né en 1872 à Juvignac (Hérault).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Verbes Mauves</hi>, poèmes Clerget, 1898,
            in-18. — <hi rend="i">Aux Tournants de la Route</hi>, poèmes, maison d’art, 1900,
            in-16.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Geste</hi>, 1898. — <hi rend="i">La
              Femme chez Elle</hi>, 1901-1902. — <hi rend="i">Le Monde Moderne</hi>, 1904-1905.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Henry Bauquier : <hi rend="i">Quelques poètes de
              l’Hérault</hi>, Fabre, Béziers, 1903, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Humières</hi> (Robert-Aymeric-Eugène, V<hi rend="sup">te</hi> d’), né le
            2 mars 1868 au château de Couros, près Aurillac.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Du Désir aux Destinées</hi>, poèmes : Mercure
            de France, 1903, in-19. — <hi rend="i">L’Île et l’Empire de Grande Bretagne, id.</hi>,
            1904, in-18. — Nombreuses traductions de Rudyard Kipling. — Pinero, G.-M. Barrie.
            — Joseph Conrad.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France</hi>. — <hi rend="i"
              >Revue des Revues</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><pb n="281"/><hi rend="b">Jaloux</hi> (Edmond-Adrien-Marie), né à Marseille le
            19 juin 1878.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Une Âme d’Automne</hi>, poèmes, Aubertin,
            Marseille, 1896, in-18. — <hi rend="i">L’Agonie de l’Amour</hi>, roman, Mercure de
            France, 1897, in-18. — <hi rend="i">Le Triomphe de la Frivolité</hi>, collection de
            l’« Ermitage », 1900, in-16. — <hi rend="i">Les Sangsues</hi>, roman, Mercure de France,
            1904, in-18. — <hi rend="i">Le Jeune Homme au Masque</hi>, roman, <hi rend="i">id.</hi>,
            in-18, 1905.</p>
          <p>Μ. E. Jaloux a publié au « Pays de France », <hi rend="i">Les Femmes et la Vie</hi> et
            à « la Nouvelle Revue » <hi rend="i">La Fête Nocturne</hi> ». Ces deux romans n’ont pas
            paru en librairie.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France.</hi> —<hi rend="i"
              > Ermitage</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Fr. de Miomandre : <hi rend="i">Edmond Jaloux.</hi>
            Ermitage, 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Jammes</hi> (Francis), né à Tournay (Hautes-Pyrénées), le
            2 décembre 1868.</p>
          <p>(Voir pour tous autres renseignements : A. Van Bever et Paul Léautaud : <hi rend="i"
              >Poètes d’Aujourd’hui</hi>, Société du Mercure de France. Paris, 10<hi rend="sup"
              >e</hi> édition, in-18 et Remy de Gourmont : <hi rend="i">Le II<hi rend="sup">e</hi>
              Livre des Masques</hi>. Soc. du Mercure de France, Paris, 1897, in-18.)</p>
          <p>Les <hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Six Sonnets</hi>, 1891. — <hi rend="i"
              >Vers</hi>, plaquette, 1892. — <hi rend="i">Vers</hi>, plaquette, 1893. — <hi rend="i"
              >Vers</hi>, plaquette, 1894. — <hi rend="i">Un Jour</hi>, poème dialogué, Paris, Soc.
            du Mercure de France, 1896. — <hi rend="i">De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du
              Soir</hi>, poésies, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — <hi rend="i">La Jeune
              fille nue</hi>, poème, Paris, Petite collection de l’Ermitage, 1899. — <hi rend="i"
              >Clara d’Ellébeuse ou l’histoire d’une ancienne jeune fille</hi>, Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1899. — <hi rend="i">Le Poète et l’Oiseau</hi>, poésies, Paris,
            Petite collection de l’Ermitage, 1899. — <hi rend="i">Le Deuil des Primevères</hi>,
            poèmes, 1898-1900. — <hi rend="i">Almaïde d’Entremont ou l’Histoire d’une jeune fille
              Passionnée</hi>, 1901. — <hi rend="i">La Beauté de Vivre</hi>, poèmes, 1901. — <hi
              rend="i">Le Roman du Lièvre</hi>, 1903. — <hi rend="i">Pomme d’Anis ou l’Histoire
              d’une jeune fille infirme</hi>, 1904. (Ces trois derniers volumes à la Soc. du Mercure
            de France).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Jarry</hi> (Alfred), né à Laval (.Mayenne), le 8 septembre 1873.</p>
          <p><pb n="282"/><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Minutes de Sable
              Mémorial</hi>. Soc. du Mercure de France, 1894, in-16 carré. — <hi rend="i"
              >Cæsar-Antéchrist</hi>. Mercure de France, 1895, in-16 raisin. — <hi rend="i"
              >Ubu-Roi</hi>. Mercure de France, 1896, pet. in-18. — <hi rend="i">Petit Almanach du
              Père Ubu</hi>, 1898 (sans nom d’éd.) in-32. — <hi rend="i">Almanch du Père Ubu pour le
                  <num>xx<hi rend="sup">e</hi></num> siècle</hi>, Vollard, éd. 1901, in-4º. — <hi
              rend="i">Les Jours et les Nuits</hi>, roman. Mercure de France, 1897, in-18. — <hi
              rend="i">Gestes et Opinions du docteur Faustroll pataphysicien</hi>, 1898, (H. C.).
              — <hi rend="i">L’Amour en Visites</hi>, nouvelles. P. Fort, (illustré), 1898, in-18.
              — <hi rend="i">L’Amour Absolu</hi>, roman, fac-similé autographique (H. C.) 1899.
              — <hi rend="i">Ubu Enchaîné</hi>, précédé de <hi rend="i">Ubu-Roi</hi>. Revue Blanche,
            1900, in-18. — <hi rend="i">Messaline</hi>, roman. Revue Blanche, 1901, in-18. — <hi
              rend="i">Le Surmâle</hi>, roman moderne. Revue Blanche 1902, in-18. (M. Claude
            Terrasse a mis en musique <hi rend="i">Ubu-Roi</hi>, fac-similé autog. Mercure de
            France, 1897.)</p>
          <p><hi rend="sc">En préparation</hi>. — <hi rend="i">La Dragonne</hi>, roman. — <hi
              rend="i">Pantagurel</hi>, opéra bouffe (musique de C. Terrasse) — <hi rend="i">Le
              Manoir enchanté</hi>, (coll. E. DemoIder, musique de C. Terrasse).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaborations</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Revue Blanche,
              Figaro, Écho de Paris, Essais d’Art Libre, La Plume, Renaissance latine</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Klingsor</hi> (Tristan Leclère), né en 1874.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Triptyque de Châtelaine</hi>, poésies 1892,
            Roger à Annonay pet. in-8º. — <hi rend="i">Triptyque à la Marguerite</hi>, poésies,
            Roger, Annonay, 1894, in-8º. — <hi rend="i">Filles fleurs</hi>, poésies, Soc. du Mercure
            de France. — 1895, in-18. — <hi rend="i">Squelettes fleuris</hi>, poésies, Mercure de
            France, 1897, in-18. — <hi rend="i">La Jalousie du Vizir</hi>, conte, Mercure de France,
            1899, pet. in-18. — <hi rend="i">L’Escarpolette</hi>, poésies, M. de F., 1890, pet.
            in-16. — <hi rend="i">Le Livre d’Esquisses</hi> poésies, pet. in-8º, M. de Fr. 1902.
              — <hi rend="i">Schéhérazade</hi>, poésies. M. de F. 1903, in-18. — <hi rend="i"
              >Salons</hi> (1900-1904), Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1904, in-18. — <hi
              rend="i">Salons</hi> (1905), Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — Direction de <hi rend="i">la Vogue</hi>
            (1897-1900). — <hi rend="i">Revue Bleue, Revue Universelle, Revue Illustrée, Nouvelle
              Revue, Monde Moderne, Mercure de France, la Plume, Album Musical</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Jean Lorrain, <hi rend="i">Article</hi>. Le Journal,
            8 juin 1897. — Henri de Régnier, <hi rend="i">Chronique</hi>, Mercure de France,
            juin 1897. — Charles Guérin, <hi rend="i">Les poésies</hi>. Ermitage, <pb n="283"/>1897.
            — Robert de Souza, <hi rend="i">le Lyrisme populaire et sentimental</hi>, in-18. Mercure
            de France, 1900.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Kolney</hi> (Fernand), Pochon de Colnet, né à Paris le 27 mai 1868.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Contes Bibliques</hi>, (s. d.). — <hi
              rend="i">Le Salon de Madame Truphot</hi>, roman. Albin Michel, in-16, 1904. — <hi
              rend="i">Les Aubes mauvaises</hi>, roman, Ambert et C<hi rend="sup">ie</hi>, in-18,
            1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume, L’Action, Le Mercure de
              France</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">La Boissière</hi> (Félix Sonier), né le 12 janvier 1865 à
            Tournon-sur-Rhône.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Ballades toutes nues</hi>, in-18 avec
            portrait et préface d’Ernest La Jeunesse, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Gil Blas, La Chasse illustrée et
              sportive</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — M. Pierre Quillard, <hi rend="i">Les Poèmes</hi>,
            Mercure de France, 1<hi rend="sup">er</hi> janvier 1905. — Adolphe Retté, <hi rend="i"
              >La Poésie Française</hi>, La Revue (ancienne Revue des Revues) 1<hi rend="sup"
              >er</hi> janvier 1906.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lacuzon</hi> (Adolphe), né à Valenciennes en 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Éternité</hi>, précédé d’un avant-propos, <hi
              rend="i">Sur la Poésie</hi>, Paris, Lemerre, 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Nouvelle Revue, Revue Bleue, Les
              Poèmes</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Les Poètes de l’École Française : <hi rend="i">La Foi
              Nouvelle</hi>, Paris, Fasquelle, 1902. — H. de Melin : <hi rend="i">Éternité</hi>, La
            Revue Septentrionale, mars 1902. — Ch. Derville : <hi rend="i">Article</hi>, Gotha
            Français, 1<hi rend="sup">er</hi> mars 1902. — Han Ryner, <hi rend="i">Éternité</hi>,
            Nouvelle Revue Moderne, mars 1902. — Léon Bocquet : <hi rend="i">Les Poèmes</hi>, Le
            Beffroi, mars 1902. — P. Marcel : <hi rend="i">Les Livres</hi>, Le Polybiblion,
            mars 1902. — R. Le Gay : <hi rend="i">Ad. Lacuzon</hi>, L’Univers, 1<hi rend="sup"
              >er</hi> mars 1902. — D. de Venancourt : <hi rend="i">Le Mouvement Littéraire</hi>, Le
            Penseur, mars 1902. — Anonyme, <hi rend="i">Éternité</hi>, Le Lorrain, 3 mars 1902.
            — Ph. Pagnat ; <hi rend="i">Éternité</hi>, Revue Idéaliste, 15 mars 1902. — H. de
            Melin : <hi rend="i">Étude</hi>, La Nouvelle Revue, 15 mai 1902. — Manoël de Grandfort :
              <hi rend="i">Éternité</hi>, <pb n="284"/>La Fronde, 19 mai 1902. — G. Casella : <hi
              rend="i">Éternité</hi>, La Revue Dorée, 1<hi rend="sup">er</hi> juin 1902. — L. Lumet,
              <hi rend="i">Chronique</hi>, La Petite République, 5 juin 1902. — Octave Uzanne : <hi
              rend="i">Article</hi>, La Dépêche de Toulouse, 3 juillet 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Alex. Leleu : <hi rend="i">Portrait</hi>, 1900.
            — Alex. Leleu : <hi rend="i">Lithographie</hi>, 1901. — Henri Prick : <hi rend="i"
              >Eau-forte</hi>, 1901. — Pierre La Forge : <hi rend="i">Masque</hi>, 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lafage</hi> (Léon, pseudonyme A. Le Hêtre), né à St-Vincent, rive d’Olt
            (Lot), le 5 décembre 1875.</p>
          <p>À <hi rend="sc">paraItre</hi>. — <hi rend="i">Thédiragues le Pillarot</hi> (contes
            languedociens). — <hi rend="i">Par Aventure</hi>, roman. <hi rend="i">— La Princesse
              Vertumne</hi>, Nouvelles.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Hebdomadaire, Le Journal,
              l’Intransigeant, Ermitage, La Presse, Petit Parisien</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lafargue</hi> (Marc), né le 20 mai 1876.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Jardin d’où l’on voit la vie</hi>,
            poésies, Bib. de l’Effort, 1897. — <hi rend="i">L’Âge d’or</hi>, poèmes, Soc. du Mercure
            de France, 1903, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Effort</hi> (fond.). — <hi rend="i"
              >Revue Provinciale.</hi> —<hi rend="i"> Ermitage</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — L. Codet, <hi rend="i">Marc Lafargue</hi>, Revue
            Provinciale, août 1903. — E. Delbousquet, <hi rend="i">L’Âge d’or</hi>, La Plume,
            1903.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lafayette</hi> (Olivier, Calemard de), né en 1878 près du
            Puy-en-Velay.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Rêve des Jours</hi>, poèmes, Sansot et
              C<hi rend="sup">ie</hi>, in-18, 1904.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Lucien Bauz, <hi rend="i">Un Poète de
            l’Auvergne</hi>, Revue Forézienne, mai 1904. — G. Lanson, <hi rend="i">Chronique</hi>,
            Revue Universitaire, 15 déc. 1904. — Ernest Gaubert, <hi rend="i">Bibliographie</hi>,
            Anthologie-Revue 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lantoine</hi> (Albert), né à Arras le 31 janvier 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Pierres d’iris</hi>, petits poèmes en prose
            et en vers, Paris, Lemerre, 1889. — <hi rend="i">Elisçuah</hi>, Paris, Bibliothèque <pb
              n="285"/>Artistique et Littéraire, 1896. — <hi rend="i">Les Mascouillat</hi>, mœurs de
            province, Paris, Bibliothèque de la Plume, 1898. — <hi rend="i">La Caserne</hi>, Paris,
            Bibliothèque Artistique et Littéraire, 1899, — <hi rend="i">Le Livre des Heures</hi>,
            poèmes. L’Humanité Nouvelle, 1903, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume.</hi> —<hi rend="i"
              > L’Humanité Nouvelle.</hi> — <hi rend="i">Revue Franco-Allemande.</hi> —<hi rend="i"
              > Le Chat Noir.</hi> —<hi rend="i"> Les Écrits pour l’Art</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A.-M. Gossez, <hi rend="i">Les Poètes du Nord</hi>,
            Anthologie et notices bio-bibliographiques, Ollendorff, 1903, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lapaire</hi> (Hugues), né le 26 août 1869 à Saucoins (Cher).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Armette</hi>, Crépin-Leblond, Moulins,
            1894. — <hi rend="i">Au pays de Berri</hi>, Lemerre, 1898. — <hi rend="i">La Bonne Dame
              de Nohant</hi>, Soc. des Public., 1897. — <hi rend="i">Sainte Soulange</hi>,
            Crépin-Leblond, 1808. — <hi rend="i">Noëls Berriauds</hi>, éd., 1898. — <hi rend="i">Les
              Chansons Berriaudes</hi>, éd., 1899. — <hi rend="i">Vielles et Cornemuses</hi>, éd,
            1901. — <hi rend="i">Les Mémoires d’un Bouvreuil</hi>, Combet, 1901. — <hi rend="i"
              >Auvent de Galène</hi>, Crépin-Leblond, 1903. — <hi rend="i">Le Patois Berrichon</hi>,
            Crépin-Leblond, 1903. — <hi rend="i">Le Courrandier</hi>, Combet, 1904. — <hi rend="i"
              >Les Rimoueres d’un Paysan</hi>, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Magasin Pittoresque.</hi> — <hi
              rend="i">Revue Bleue.</hi> —<hi rend="i"> L’Énergie Française</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Larguier</hi> (Cæsar-Albin-Léo), né à la Grand’ Combe (Gard), le
            6 décembre 1878.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Maison du Poète</hi>, poèmes, Stock, édit.
            1903, in-18 carré. — <hi rend="i">Les Isolements</hi>, poèmes, édit. 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Ermitage.</hi> —<hi rend="i"> La
              Revue Bleue.</hi> —<hi rend="i"> L’Intransigeant.</hi> —<hi rend="i"> Le
            Journal</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — C<hi rend="sup">te</hi> Stanislas Rzewuski. <hi
              rend="i">Un Poète : Léo Larguier.</hi> L’Événement, 1901. — Henri Cellerier. <hi
              rend="i">Deux Poètes</hi>. Ermitage, avril 1902. — Ernest Gaubert et G. Casella. <hi
              rend="i">La Jeune Littérature</hi> (avec un portrait de Léo Larguier), Revue
            illustrée, 15 avril 1905. — Ernest Gaubert. <hi rend="i">La Renaissance Latine</hi>.
            Petit Méridional, 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">La Rochefoucauld</hi> (Gabriel de), né à Paris le 13 septembre 1875.</p>
          <p><pb n="286"/><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Amant et le Médecin</hi>,
            roman, Calmann-Lévy, in-18, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Figaro, le Gaulois, Gil Blas, la
              Revue</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lavergne</hi> (Antonin-Pierre), né à Aniane (Hérault) le 5 juin 1863.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Paroles d’amour</hi>, poésies, A. Lemerre,
            1895, in-16. — <hi rend="i">Jean Coste</hi> ou l’<hi rend="i">Instituteur de
              Village</hi>. Les Cahiers de la Quinzaine, 1901, in-18 et Ollendorff, 1903. — <hi
              rend="i">Monsieur le maire</hi>, roman Ollendorff, 1905, in-18. — <hi rend="i"
              >Tantoune</hi>, roman, Ollendorff, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. <hi rend="i">— La Nouvelle Revue, L’Action, Revue de
              Paris, Après l’École, Revue des Revues</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Léautaud</hi> (Paul), né à Paris le 18 janvier 1872.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Poètes d’aujourd’hui</hi>, 1880-1900,
            morceaux choisis (en collaboration avec Ad. van Bever). Un vol. in-18, Paris, Société du
            Mercure de France, 1900. — <hi rend="i">Le Petit ami</hi> (ouvrage autobiographique et
            non roman), un vol. in-18, Paris, Société du Mercure de France, 1903. — <hi rend="i"
              >Henri de Régnier</hi>, Étude biographique et littéraire, dans la collection <hi
              rend="i">Les Célébrités d’aujourd’hui</hi>, une plaquette, in-18, Paris, Sansot et
              C<hi rend="sup">ie</hi>, 1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — Mercure de France, Ermitage.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lebesgue</hi> (Philéas-Ernest), né à la Neuville-Vault (Oise), le
            26 novembre 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Décidément</hi>, plaquette, vers, librairie
            Universelle, 1891. — <hi rend="i">La Tragédie du Grand Ferré, poème dramatique en
              vers</hi> Paris, Chamuel, 1892. — <hi rend="i">Le Sang de l’Autre</hi>, roman Paris,
            Société d’Éditions littéraires, 1901, in-18, jésus. — <hi rend="i">Les Folles
              Verveines</hi>, plaquettes vers. Éditions du <hi rend="i">Beffroi</hi> de Lille, 1902.
              — <hi rend="i">Le Portugal littéraire d’Aujourd’hui</hi>, étude critique Paris,
            Sansot, 1904, in-18, jésus. — <hi rend="i">L’Au-delà des Grammaires</hi>, critique
            philosophique <pb n="287"/>Paris, Sansot, 1904, in-18, jésus. — <hi rend="i">Histoire
              d’un mort</hi>, conte traduit du portugais de Paolo Osorio, Paris, Sansot, 1904, in-12
            couronne. — <hi rend="i">L’Âme du Destin</hi>, roman Paris, Sansot, 1905, in-18 jésus.
              — <hi rend="i">Le Roman de Ganelon</hi>, Sansot, in-18 1906. — <hi rend="i">Aux
              Fenêtres de France</hi>, Sansot, in-12, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Beffroi, Mercure de France, La
              Vogue</hi> et diverses revues étrangères <hi rend="i">Arte, Instituto</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A.-M. Gossez. <hi rend="i">Poètes du Nord</hi>,
            Paris, Ollendorff, 1902, in-18. — A. Grimaud. <hi rend="i">La Race et le Terroir</hi>,
            Cahors, Petite Bibliothèque Provinciale, 1903, in-18. — J. Ernest-Charles. <hi rend="i"
              >Chronique</hi>, Gil Blas, 9 février 1905 et <hi rend="i">Samedis Littéraires</hi>
              (3<hi rend="sup">e</hi> série), Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905, in-18. — Remy
            de Gourmont, <hi rend="i">Chronique</hi>, Revue des Idées, 15 février 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lebey</hi> (André), né le 10 août 1877 à Dieppe (Seine-Inférieure).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — Poèmes : <hi rend="i">Le Cahier rose et noir</hi>. — <hi
              rend="i">Automnales</hi>. — <hi rend="i">Chansons grises</hi>. — <hi rend="i">Les
              Colonnes du Temple</hi> (Mercure de France). — <hi rend="i">Sur une route de
              Cyprès</hi> (Occident). — Prose : <hi rend="i">Essai sur Laurent de Médicis</hi>
            (Perrin). — <hi rend="i">Le Condottière Castruccio Castracani</hi> (Picard). — <hi
              rend="i">L’Âge où l’on s’ennuie</hi>, Chronique contemporaine (Juven). — <hi rend="i"
              >Le Connétable de Bourbon</hi> (Perrin). — <hi rend="i">Les Pigeons d’Argile</hi>,
            roman (Juven).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Ancien Ermitage,
              Renaissance Latine</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Leblond</hi>, Marius, né en 1877 et Ary en 1880 à l’Île de la Réunion.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Vies Parallèles</hi>, E. Fasquelle, 1902,
            in-12. — <hi rend="i">La Zézère, id.</hi>, in-18, 1903. — <hi rend="i">Le Secret des
              Robes</hi> (couv. du P. Laprade), <hi rend="i">id.</hi>, 1903. — <hi rend="i">La
              Sarabande, id.</hi>, 1904. — <hi rend="i">La Société française sous la Troisième
              République</hi>, Alcan, 1904, in-8º. <hi rend="i">— Les Sortilèges</hi>, E. Fasquelle,
            1905. — <hi rend="i">Leconte de Lisle</hi>, essai, Soc. du Mercure de France, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">LeVoltaire, Dépêche de Toulouse, Écho
              de Paris, La Presse, l’Aurore, Revue des Revues, Mercure de France, Grande Revue,
              Grande France</hi> (fond.), <pb n="288"/><hi rend="i">Revue Universelle, Revue des
              Deux Mondes, Revue Illustrée, Renaissance Latine</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — E. Gaubert et G. Casella, <hi rend="i">La Jeune
              littérature</hi>, Revue Illustrée, 1<hi rend="sup">er</hi> mai 1905 (avec un portrait
            de M.-A. Leblond). — G. Casella, <hi rend="i">Le Roman et la, Colonisation
              française</hi>, La Presse, juillet 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Le Blond</hi> (Maurice), né à Niort le 26 février 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Essai sur le Naturisme</hi>, Mercure de
            France, 1897, in-16. — <hi rend="i">Émile Zola devant les jeunes</hi>, La Plume, 1898,
            in-18. — <hi rend="i">Le Théâtre Héroïque et Social</hi>, Stock, 1901, in-18. — <hi
              rend="i">Georges Clemenceau</hi>, étude Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi> 1906,
            in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Naturiste, La Plume, La Presse,
              L’Aurore, Gil Blas, Revue des Revues</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Le Brun</hi> (Roger), né à Paris le 29 juin 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Ermette Zacconi</hi>, essai de critique.
            Anthologie-Revue, Milan, 1895, in-16. — <hi rend="i">Le Bonheur des Hommes</hi>, un acte
            en prose, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1903, in-18. — <hi rend="i">Maurice
              Donnay</hi>, essai bio-bibliographique, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905,
            in-18. — <hi rend="i">Anatole France, id., id.</hi>, 1904, in-18. — <hi rend="i"
              >François de Curel, id., id.</hi>, 1905. <hi rend="i">— Corneille devant trois
              siècles</hi>, in-18, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Anthologie-Revue</hi>. — <hi rend="i"
              >Hémicycle</hi>. — <hi rend="i">Revue d’Art dramatique</hi>. — <hi rend="i">Revista
              Teatrale</hi> (Naples). — <hi rend="i">Rassegna Internationale</hi> (Rome). — <hi
              rend="i">La Plume</hi>. — <hi rend="i">Revue d’Art dramatique</hi>. — <hi rend="i"
              >Revue illustrée</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Leconte</hi> (Sébastien Charles), né à Calais le 22 octobre 1865.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — Œuvres définitives : <hi rend="i">L’Esprit qui passe</hi>,
            Paris, Soc. du Mercure de France, 1897. — Livres d’études : <hi rend="i">Le Bouclier
              d’Arès</hi>, Paris, Soc. du Mercure de France, 1897. — <hi rend="i">Salamine</hi>,
            poème, Paris, Rohart-Courtin, s. d. — <hi rend="i">Salamine</hi>, poème, Paris. Soc. du
            Mercure de France, 1897. — <hi rend="i">Les Bijoux de Marguerite</hi>, Paris, Soc. du
            Mercure de France, 1899. — <hi rend="i">La Tentation de l’Homme</hi>, poèmes, <hi
              rend="i">id.</hi>, 1903. — <hi rend="i">Le Sang de Méduse</hi>, poèmes, <hi rend="i"
              >id.</hi>, in-18, 1905. <pb n="289"/><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i"
              >Mercure de France.</hi> —<hi rend="i"> Revue de France, etc</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Armand Silvestre : <hi rend="i">Critique
              littéraire</hi>, le Journal, 1<hi rend="sup">er</hi> janvier 1897. — Gaston Stiégler :
              <hi rend="i">M. S.-Ch. Leconte</hi>, l’Écho de Paris, 6 juin 1897. — Henri
            Chantavoine : <hi rend="i">Un Poète</hi>, Journal des Débats, 12 juillet 1897.
            — A.-M. Gossez : <hi rend="i">Les Poètes du Nord</hi>, Anthologie et notices
            bio-bibliographiques Ollendorff, 1903, in-18. — Claude de Bressan : <hi rend="i">Le
              poète S. Ch. Leconte</hi>, brochure in-18, 1904, impr. Cariage, Besançon.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lemaître</hi> (M<hi rend="sup">me</hi> Claude), née à Saintes en 1873.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Ma Sœur Zabette</hi>, roman Ollendorff, 1902,
            in-18. — <hi rend="i">L’Aubaine</hi>, roman Ollendorff, 1903, in-18. — <hi rend="i">Le
              Cant</hi>, roman, Flammarion, 1904, in-18. — <hi rend="i">Cadet Oui-Oui</hi>,
            Flammarion, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Gil Blas, Nouvelle Revue,
              Illustration, Écho de Paris</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lichtenberger</hi> (André), né à Strasbourg le 29 nov. 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. <hi rend="i">— Le Socialisme au <num>xviii<hi rend="sup"
                  >e</hi></num> siècle</hi>, Alcan, 1895, in-8º. — <hi rend="i">Mon Petit
            Trott</hi>, roman, Plon et Nourrit, 1898, in-18. — <hi rend="i">Le Socialisme et la
              Révolution</hi>, Alcan, 1899, in-8 . —  <hi rend="i">La Mort de Corinthe</hi>, Plon et
            Nourrit, 1900, in-18. — <hi rend="i">Portraits d’Aïeules</hi>, Plon et Nourrit, 1903,
            in-18. — <hi rend="i">Monsieur de Migurac</hi>, Calmann-Lévy, 1903, in-18. — <hi
              rend="i">Les Centaures</hi>, Calmann-Lévy, 1904, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris, Revue des Deux Mondes,
              Le Temps, Les Débats</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Lœwengard</hi> (Pol), né à Lyon.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Pourpres Mystiques</hi>, poèmes, Mercure
            de France, 1899, in-18. — <hi rend="i">Les Fastes de Babylone</hi>, poèmes, Sansot et
              C<hi rend="sup">ie</hi>, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — Revue Bleue, Anthologie-Revue, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — C. Mendès, <hi rend="i">Rapport sur le mouvement
              poétique français</hi>, E. Fasquelle, 1902. — J. Ernest Charles. <hi rend="i">Les
              Poètes</hi>, Revue Bleue, juillet 1905.</p>
          <p/>
          <p><pb n="290"/><hi rend="b">Lumet</hi> (Louis), né à Issoudun, 8 janvier 1872.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Contre ce Temps</hi>, brochure, Paris. — <hi
              rend="i">Conversation avec Idéa</hi>, Paris. — <hi rend="i">La Fièvre</hi>, roman,
            Stock, 1899, in-18. — <hi rend="i">Le Théâtre civique</hi>, brochure, Ollendorff. — <hi
              rend="i">Le Chaos</hi>, roman, Stock, 1901, in-8º. — <hi rend="i">Les Cahiers d’un
              congréganiste</hi>, Fasquelle, 1904, in-18. — <hi rend="i">L’Art par Tous</hi>,
            conférenees, Gornely, 1904. in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Volonté, Le Journal du Peuple,
              L’Enclos, L’Effort, La Petite République</hi> (Chronique littéraire).</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Gustave Kahn, <hi rend="i">Décadents et
              Symbolistes</hi>, Vanier-Messein, 1903, in-18. — J. Ernest-Charles, <hi rend="i">Les
              Samedis Littéraires</hi>, 1902, Perrin, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Magre</hi> (Maurice), né à Toulouse le 2 mars 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Éveils</hi>, poésies (en collaboration avec
            André Magre), Toulouse, Vialelle et Perry, 1895, in-18. — <hi rend="i">Le Retour</hi>,
            pièce lyrique en un acte et en vers, Toulouse, Vialelle et Perry, 1896, in-18. — <hi
              rend="i">La Chanson des Hommes</hi>, Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — <hi rend="i">Le
              Tocsin</hi>, drame en trois actes (Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juillet 1900),
            éd. du Midi-Artistique, 1902. — <hi rend="i">Le Poème de la Jeunesse</hi>, Paris,
            Fasquelle, 1901, in-18. — <hi rend="i">L’Or</hi>, drame en 3 actes (Nouveau-Théâtre,
            rep. des Poètes), 1901, non publié. — <hi rend="i">Le Dernier Rêve</hi>, pièce en 1 acte
            (Odéon, 1902), Fasquelle, 1902. — <hi rend="i">L’Histoire merveilleuse de Claire
              d’Amour</hi>, suivie d’autres contes, E. Fasquelle, 1903. — <hi rend="i">Le Vieil
              Ami</hi>, un acte, (Théâtre Antoine 1904), E. Fasquelle, 1904. — <hi rend="i">Le
              Retour de Diane</hi>, (Arènes de Nîmes, août 1903), Toulouse, Soc. Provinciale
            d’Éditions, 1903, in-18. — <hi rend="i">Les Lèvres et le Secret</hi>, poèmes, Fasquelle,
            1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Effort, La Nouvelle Revue, La Revue
              des Revues, Le Mercure de France, La Revue Blanche, La Petite République,
              L’Action</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — H. Bérenger : <hi rend="i">Chronique</hi>, Revue des
            Revues, 15 octobre 1898. — H. Chantavoine : <hi rend="i">Poètes et poésie</hi>, Débats,
            21 novembre 1895. — Ernest Gaubert : <hi rend="i">Chronique, Dramatique</hi>, Revue
            Universelle, 15 septembre 1903 (avec un portrait) et <hi rend="i">Les Poètes de la Jeune
              Fille</hi>, Revue des Revues, 15 juin 1904. — Ch. Maurras : <hi rend="i">Revue
              Littéraire</hi>, Revue Encyclopédique, 14 janvier 1899.</p>
          <p><pb n="291"/><hi rend="sc">Iconographie</hi>. — Vallotton, <hi rend="i">Masque</hi>,
            Revue des Revues, 15 oct. 1898. — <hi rend="i">Photos</hi>, Revue Universelle,
            15 sept. 1903., Revue illustrée, 15 avril 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Maindron</hi> (Maurice), né à Paris le 7 février 1857.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. <hi rend="i">— Le Tournoi de Vauplassans</hi>, roman,
            Perrin, rééd. Borel. — <hi rend="i">Saint-Cendre</hi>, roman, Revue Blanche, 1899,
            in-18. — <hi rend="i">Blancador l’avantageux</hi>, roman, Fasquelle, — <hi rend="i"
              >M. de Clérambon</hi>, roman, Fasquelle, 1905. — <hi rend="i">Le Meilleur parti</hi>
            (Théâtre Antoine, 1905), Fasquelle, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris, Nouveau Dictionnaire
              Larousse, La Revue illustrée, Revue Blanche</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Marinetti</hi> (F.-T.), né à Alexandrie d’Égypte le 22 décembre 1878.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Conquête des Étoiles</hi>, poème épique.
            — La Plume, 1901. — <hi rend="i">D’Annunzio, Intime</hi>. « Verde e Azurro », Milan,
            1902. — <hi rend="i">La Momie sanglante</hi> « Verde et Azurro », Milan, 1902. — <hi
              rend="i">Destruction</hi>, poésie, Vanier-Messein, 1904. — <hi rend="i">Le Roi
              Bombance</hi>, Mercure de France, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Blanche, La Plume, Renaissance
              Latine, Revue d’Art Dramatique, Critique Internationale, Anthologie-Revue, Poesia</hi>
            (fond.).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Marival</hi> (Marie-Louis-Raymond-Vaissié, dit Raymond), né le
            10 décembre 1866 à la Capelle-Marival (Lot).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Chairs d’Ambre</hi>, roman, in-16, Soc. du
            Mercure de France, 1900. — <hi rend="i">Le Çof</hi>, roman de mœurs kabyles, Soc. du
            Mercure de France, in-16, 1902. — En outre deux romans : <hi rend="i">Les Fantômes</hi>
            (publié à l’« Effort » janvier-août 1898) et <hi rend="i">Genulphe et Janufette</hi> (en
            coll. avec Jean Viollis) publié à la Grande France, 1903.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Mercier</hi> (Louis), né à Coutances (Loire) en 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Enchantée</hi>, poésies, Ollendorff, 1897.
              — <hi rend="i">Voix de la Terre et du Temps</hi>, C. Lévy, 1903, in-18.</p>
          <p>Collaboration. — <hi rend="i">Revue de Paris, Ermitage</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><pb n="292"/><hi rend="b">Miomandre</hi> (Francis de), né à Tours en 1880.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Reflets et les Souvenirs</hi>, (poèmes),
            l’Occident, 1904, in-4 raisin. — <hi rend="i">Les Hôtes inattendus</hi>, éd. de l’idée
            Libre, 1904, in-4.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Bleue, Nouvelle Revue, Mercure
              de France, Art moderne</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Mithouard</hi> (Adrien), né à Paris en 1864.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Rigalume</hi>, 1888 (C. H.). — <hi rend="i"
              >Récital mystique</hi>, in-18, Lemerre, 1893. — <hi rend="i">L’Iris exaspéré</hi>,
            Lemerre, in-18, 1895. — <hi rend="i">Les Impossibles Noces</hi>, in-18, biblioth. du
            Mercure de France, 1896. — <hi rend="i">Le Pauvre Pécheur</hi>, in-18, édit. du Mercure
            de France, 1899. — <hi rend="i">Les Frères Marcheurs</hi>, in-4, biblioth. de
            l’Occident, 1902. — <hi rend="i">Le Tourment de l’Unité</hi>, Mercure de France, in-18,
            1902. — <hi rend="i">Le Traité de l’Occident</hi>, Perrin, in-16, 1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Ermitage,
              L’Occident</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Une suite d’articles de M. Francis de Miomandre parus
            en 1903 (novembre) dans l’<hi rend="i">Art moderne</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Montfort</hi> (Eugène), né à Paris le 7 février 1877, un des promoteurs du
            mouvement naturiste.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Sylvie ou les Émois passionnés</hi>, Soc. du
            Mercure de France, in-16, 1896. — <hi rend="i">Chair</hi>, Soc. du Mercure de France,
            1898, in-18. — <hi rend="i">Exposé du Naturisme</hi>, Bruxelles, La Lutte, 1898, in-16.
              — <hi rend="i">Essai sur l’Amour</hi>, Paris, Ollendorff, 1899, in-18 et Stock, 1901,
            in-18. — <hi rend="i">Un an de caserne</hi> (sous le pseudonyme de Louis Lamarque),
            Stock, 1901, in-18. — <hi rend="i">La Beauté moderne</hi>, Paris, la Plume, 1902. — <hi
              rend="i">Chausey</hi>, lib. de l’Art Libre, Bruxelles, 1903, in-16. — <hi rend="i">Les
              Cœurs malades</hi>, roman, Fasquelle, 1904. — <hi rend="i">Le Châlet dans la
              Montagne</hi>, Fasquelle, 190b. — <hi rend="i">La Maîtresse Américaine</hi>, in-18,
            Herbert, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Livre d’Art, La Revue des Revues,
              La Revue Naturiste, La Plume, L’Ermitage</hi>. Depuis 1904 M. Montfort rédige à lui
            seul une gazette littéraire : <hi rend="i">Marges</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Charles Maurras : <hi rend="i">Chronique</hi>, Revue
            Encyclopédique, 12 déc. 1896. — Edouard Rod : <hi rend="i">Chronique</hi>
            <pb n="293"/>Le Gaulois, 7 janvier 1898. — Maurice Le Blond : <hi rend="i">Critique
              Littéraire</hi>, La Plume, 15 juin 1898. — Ernest Lajeunesse : <hi rend="i"
              >Chronique</hi>, Gil Blas, 25 déc. 1898. — René Doumic : <hi rend="i">Revue
              Littéraire</hi>, Revue des Deux Mondes, 15 janvier 1903. — Henry Lapauze : <hi
              rend="i">Carnet du Liseur</hi>, Gaulois, 18 juillet 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Morel</hi> (Eugène), né à Paris en 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — L’<hi rend="i">Ignorance acquise</hi>, Stock, 1889, in-18.
              — <hi rend="i">Petits Français</hi>, Savine, 1890. — <hi rend="i">Artificielle</hi>,
            Ollendorff, 1895. — <hi rend="i">La Rouille du Sabre</hi>, G. Havard, 1897. — <hi
              rend="i">Dans la Nuit</hi>, 5 actes (coll. A. de Lorde), joué aux Escholiers, 1897,
            Revue Blanche, 1897, in-18. — <hi rend="i">Loreau est acquitté</hi>, un acte en collab.
            avec A. de Lorde. Comédie Parisienne, 1898 (repris sous le titre : l’<hi rend="i"
              >Innocent</hi>, en 1902 au Théâtre Antoine). Librairie Théâtrale, 1898. — <hi rend="i"
              >Les Morfondus</hi>, Ollendorff, 1898. — <hi rend="i">Terre Promise</hi>, roman, Revue
            Blanche, 1898. — <hi rend="i">L’Affaire Boreau</hi>, un acte (coll. A. de Lorde),
            lib. Théâtrale, 1899. — <hi rend="i">Les Boers</hi>, Mercure de France, 1899, petit
            in-18. — <hi rend="i">La Prisonnière</hi>, Flammarion, 1900. — <hi rend="i">Projets de
              Théâtres populaires</hi>, 1900. Revue d’Art dramatique. — <hi rend="i">Teintes du
              Nord, id.</hi>, 1900. — <hi rend="i">Stella</hi>, trois actes (avec Jules Case),
            Renaissance, 1902, Ollendorff, in-18. — <hi rend="i">La Parfaite Maraîchère</hi>,
            E. Fasquelle, 1904. — <hi rend="i">La Dernière Torture</hi>, un acte, coll. A. de Lorde
            (Grand Guignol, 1904), E. Fasquelle, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Revue Moderne</hi>. — <hi rend="i"
              >Revue pour les jeunes filles</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France</hi>. — <hi
              rend="i">Revue d’Art dramatique</hi> (direction de 1901 à 1903), <hi rend="i">Nouvelle
              Revue</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Mouquet</hi> (Jules-Georges-Édouard), né à Lille le 28 nov. 1878.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Nocturnes Solitaires</hi>, sonnets, in-16
            soleil, Paris, en la Maison des Poètes, 1901. — <hi rend="i">Les Épigrammes de Leonidas
              de Tarente</hi>, Lille, Le Beffroi, in-18, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Beffroi, l’Hémicycle, la Revue
              Septentrionale</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Muchart</hi> (Henry-Joseph-Mathieu), né le 4 mars 1873 à Arles-sur-Tech
            (Pyrénées-Orientales).</p>
          <p><pb n="294"/><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Balcons sur la mer</hi>,
            poèmes, La Plume, 1904, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Ermitage, L’Effort, La Revue
              Provinciale</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Méré</hi> (Charles), né à Marseille le 29 janvier 1883.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Races de Soleil</hi>, roman, 1900. — <hi
              rend="i">La Tragédie moderne</hi>, étude, préface de Paul Mounet. Éd. de la Chronique,
            in-16, carré, 1905. — <hi rend="i">L’Hydre</hi>, drame, Lib. Molière, 1906, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Presse, Nouvelle Revue, Mercure de
              France, Chronique des Livres, Le Rappel, l’Intransigeant</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Nau</hi> (John-Antoine). Prix Goncourt en 1903.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Au seuil de l’Espoir</hi>, poèmes, Vanier,
            in-18, 1903. — <hi rend="i">Force Ennemie</hi>, roman, éd. de la Plume, 1903, in-18.
              — <hi rend="i">Hiers Bleus</hi>, poèmes, Vanier-Messein. 1904, in-18. — <hi rend="i"
              >Le Journal d’un écrivain</hi> de Dostoïewski (traduit en coll. avec M. Bienstock,
            Fasquelle, in-18, 1901. — <hi rend="i">Le Prêteur d’Amour</hi>, roman, <hi rend="i"
              >id.</hi>, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Les Écrits pour l’Art, Revue Blanche,
              La Plume</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Nervat</hi> (Jacques), né à Périgueux le 3 juillet 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Cantique des Cantiques</hi>, poésies, bibl.
            de l’« Effort », Toulouse, 1897. in-18. — <hi rend="i">Le Geste d’Accueil</hi>, poèmes,
              <hi rend="i">id.</hi> in-18, 1900. — <hi rend="i">Célina Landrot</hi>, romans de mœurs
            calédoniennes, Mercure de France, 1904, in-18. — <hi rend="i">Les Rêves Unis</hi>,
            poèmes, <hi rend="i">id.</hi>, 1905, in-18. — (Tous ces volumes en collaboration avec
              M<hi rend="sup">me</hi> Marie Nervat.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Nervat</hi> (Marie Caussé, — M<hi rend="sup">me</hi> Jacques), née à
            Bordeaux le 26 juillet 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="sc">En outre des livres mentionnés plus
              haut</hi>, <hi rend="i">Histoire de Jeanine</hi>, roman, Delagrave, gr. in-18, 1904.
            — M. et M<hi rend="sup">me</hi> Nervat ont publié des poèmes à <hi rend="i">La Revue
              Provinciale</hi> à<hi rend="i"> l’Ermitage</hi>, au <hi rend="i">Mercure de
              France</hi>.</p>
          <p/>
          <p><pb n="295"/><hi rend="b">Noailles</hi> (Princesse Anne, Élisabeth de Bassaraba de
            Brancovan, (Maison Bibesco) comtesse Mathieu de), née à Paris, le 15 novembre 1876.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Cœur Innombrable</hi>, poésie (cour. par
            l’Ac. Fr.), Calmann-Lévy, in-18, 1901. — <hi rend="i">L’Ombre des Jours</hi>, poèmes,
            Calmann-Lévy, in-18, 1902. — La <hi rend="i">Nouvelle Espérance</hi>, roman,
            Calmann-Lévy, in-18, 1903. — <hi rend="i">Le Visage Emerveillé</hi>, roman C. Lévy,
            in-18, 1904. — <hi rend="i">La Domination</hi>, roman, C. Lévy, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Renaissance Latine, Revue des Deux
              Mondes, La Plume</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Paul Acker, <hi rend="i">Petites Confessions</hi>,
            Fontemoing, 1903. — Ch. Maurras, <hi rend="i">L’Avenir de l’Intelligence</hi>,
            Fontemoing, 1905, in-18. — R. de Montesquiou, <hi rend="i">Deux Muses</hi>, Renaissance
            Latine, 15 juin 1902. — Ch. Le Goffic. <hi rend="i">La Comtesse M. de Noailles</hi>.
            Revue Universelle, 1<hi rend="sup">er</hi> janvier 1905. — Henri Ghéon. <hi rend="i"
              >Chronique</hi>. L’Ermitage, août 1905. — Pierre Messian. <hi rend="i">Un grand
              poète</hi>, Revue Forézienne, octobre 1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Photographies</hi>, — Otto, Henri Manuel.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Périlhou</hi> (François), né à Lavelanet (Ariège).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Andrée</hi>, comédie en 1 acte en prose,
            jouée au Théâtre du Capitole à Toulouse le 22 et 23 juillet 1900, Biblioth. de l’Effort,
            Paris, in-8, 1900. — <hi rend="i">Les Jeunes</hi>, Conférences, Biblioth. de l’Effort,
            Paris, in-18, 1901.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Âme Latine, Le Midi Fédéral,
              L’Effort, La Petite République</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Payen</hi> (Albert-Liénart dit Louis), né à Alais (Gard), le
            13 décembre 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Vers la Vie</hi>, 1 acte en prose,
            Montpellier, La Coupe, 1898. — <hi rend="i">Tiphaine</hi>, épisode dramatique, musique
            de Neuville, Vienne, Breistcliof, 1898, in-4. — <hi rend="i">À l’Ombre du Portique</hi>,
            poèmes, chez Ed. Girard, in-16, Soleil, 1900. 1900. — <hi rend="i">L’Âme des
            Choses</hi>, 1 acte en vers (Théâtre des Poètes, 1903) (non publié). — <hi rend="i"
              >L’Amour vole</hi>, 1 acte en vers joué au Théâtre Victor Hugo, Librairie Molière,
            1904, in-18. — <hi rend="i">La Souillure</hi>, roman, Émile Petit, 1905, in-18 — <hi
              rend="i">Les Voiles blanches</hi>, poésies, Soc. du Mercure de France, 1905,
            in-18.</p>
          <p><pb n="296"/>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Ernest Gaubert et Georges Casella : La
              <hi rend="i">Jeune Littérature</hi>, Revue Illustrée, 15 avril 1905 (avec un
            portrait). — Ernest Gaubert : <hi rend="i">La Souillure</hi>, La Plume, 1<hi rend="sup"
              >er</hi> août 1905. — Louis Lumet : <hi rend="i">Chronique Littéraire</hi>, La Petite
            République, 18 déc. 1900. — Stuart Merril, <hi rend="i">Les Poètes</hi>, La Plume,
            15 février 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Philippe</hi> (Charles-Louis), né en 1876.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Quatre histoires de Pauvre Amour</hi>, bibl.
            de l’Association 1897. — <hi rend="i">La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie</hi>, La
            Plume, 1898. — <hi rend="i">La Mère et l’Enfant</hi>, La Plume, 1900, in-16. — <hi
              rend="i">Bubu de Montparnasse</hi>, roman, La Revue Blanche, 1901, in-16. — <hi
              rend="i">Le Père Perdrix</hi>, roman. La Revue Blanche, 1903. E. Fasquelle, 1903,
            in-18. — <hi rend="i">Marie Donadieu</hi>, roman, Eug. Fasquelle, 1904, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Enclos, L’Ermitage, La Revue
              Blanche, Le Canard sauvage, La Renaissance Latine</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Pilon</hi> (Edmond-Louis), né à Paris le 19 novembre 1874.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Poèmes de mes soirs</hi>, Vanier, 1896,
            in-8º. — <hi rend="i">La maison d’Exil</hi>, poésies, Mercure de France, 1898, pet.
            in-18. — <hi rend="i">Octave Mirbeau</hi> : Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1903,
            in-18. — <hi rend="i">Portraits Français</hi>, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>,
            1904-1906, 2 vol. in-18. — <hi rend="i">Paul et Victor Margueritte</hi>, essai et
            critique, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>·, 1905. — (Édition avec notes et notices du
              <hi rend="i">Centaure</hi> de M. de Guérin et des <hi rend="i">Reliquiæ</hi> d’Eugénie
            de Guérin, 2 pet. in-12, 1905, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Volonté, L’Écho de Paris. Le
              Mercure de France, Nouvelle Revue, Revue Bleue, Ermitage, Courrier Français, Revue
              dorée</hi>, etc.-</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — C. Mendès, <hi rend="i">Rapport sur le mouvement
              poétique Français</hi>, Fasquelle, 1902 (Μ. E. Pilon a collaboré avec M. Payen au
            dictionnaire qui termine ce rapport).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Pioch</hi> (Georges-Jules-Charles), né à Paris le 10 octobre 1874.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Légende blasphémée</hi>, poème, Mercure de
            France, 1897, in-12. — <hi rend="i">Toi</hi>, poème, Mercure de France, 1897, pet.
            in-12. — <hi rend="i">Le Jour qu’on aime</hi>, poème, Mercure de <pb n="297"/>France,
            1898, in-18. — <hi rend="i">Instants de Ville</hi>, poésie. Mercure de France, 1808,
            in-18. — <hi rend="i">Le Saint</hi>, 1 acte en prose, Revue d’Art dramatique, 1902,
            in-8º. — <hi rend="i">La Médaille Militaire</hi>, 1 acte en prose, Le Libertaire, 1903.
              — <hi rend="i">L’Impuissance d’Hercule</hi>, roman, Léon Vanier-Messein, 1904,
            in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Coq Rouge, Le Livre d’Art, Le
              Mercure de France, La Revue dorée, La Plume, Musica, Le Libertaire</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Henri de Régnier : <hi rend="i">Les Poèmes</hi>,
            Mercure de France, avril 1897. — Camille de Sainte-Croix : <hi rend="i">La Bataille
              Littéraire</hi>. Petite République, 19 juillet 1898. — Ernest Gaubert : <hi rend="i"
              >Chronique</hi>, L’Aube Méridionale, 25 mars 1899. — Louis Lumet : <hi rend="i">La
              Semaine Littéraire</hi>, Petite République, 6 février 1905. — Catulle Mendès : <hi
              rend="i">Rapport sur le mouvement poétique</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Polti</hi> (Georges), né à Providence (Rhode Island, U. S. A).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Théorie des Tempéraments</hi>, Carré,
            1889. —  <hi rend="i">Notations de Gestes</hi>, Savine, 1892. — <hi rend="i">Les
              36 Situations dramatiques</hi>, Mercure de France, 1895. — <hi rend="i">Les Cuirs de
              Bœufs</hi>, miracle en XII vitraux, Mercure de France, grand, in-16 carré. — <hi
              rend="i">Timidité de Shakespeare</hi>, Humanité Nouvelle, 1900.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Humanité Nouvelle.
              La Plume, Revue Indépendante, Revue Italienne</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — F. Sarcey : <hi rend="i">Chronique</hi>, La France,
            28 mai 1892. — P. Ginisty : <hi rend="i">Les 36 situations dramatiques</hi>, Gil Blas,
            23 nov. Nombreux articles dans journaux étrangers : A. B. W. Speaker, 29 déc. 1894.
            — Daily Télegraph, 11 déc. 1894. — Kölnischen Zeitung, 23 sep. 1894. — New-York Herald,
              1<hi rend="sup">er</hi> janvier 1895, etc.). — H. Barbusse : <hi rend="i"
            >Article</hi>, Grande Revue, 1<hi rend="sup">er</hi> mai 1895. — L. Dumur : <hi rend="i"
              >Littérature dramatique.</hi> Mercure de France, juin 1897.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Puaux</hi> (René), né le 18 août 1878 à Montivilliers
            (Seine-Inférieure).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Cyrano de Bergerac</hi> (prologue en vers),
            plaquette non mise dans le commerce, 1898. — <hi rend="i">La Finlande</hi>, <pb n="298"
            />avec une préface d’A. France. Stock, in-18, 1901. — <hi rend="i">La Grille du
              jardin</hi> (poèmes), Plon-Nourrit, 1903, in-16. — <hi rend="i">Pour ma Finlande</hi>,
            traduit de Juhani Aho avec une introduction sur la littérature finlandaise. Fischbacher,
            1903, in-18. — <hi rend="i">Guérison</hi>, roman de Siegfried Trebitsch, traduit de
            l’allemand (la Plume), 1905, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Querlon</hi> (Pierre-Marie-Armand Peyrot des Gachons dit Pierre de), né à
            Valençay (Indre) le 10 avril 1880.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Activité artistique.</hi> —<hi rend="i"> La
              Campagne et le Berry</hi>, petits tirages à part de la revue l’<hi rend="i"
              >Hémicycle</hi> (1900-1901). — <hi rend="i">La Liaison fâcheuse</hi>, roman (1902,
            Mercure de France). — <hi rend="i">Les Tablettes romaines</hi>, — <hi rend="i">Odes
              vernales</hi> (1902, Ermitage). — <hi rend="i">Le Bandeau</hi>, un acte (1903, Revue
            d’art dram.). — <hi rend="i">Les Joues d’Hélène</hi>, roman (Mercure, 1903). — <hi
              rend="i">La Princesse à l’aventure</hi>, conte (avec Ch. Verrier), Ermitage, 1903.
              — <hi rend="i">Les Amours de Leucippe et de Clitophon</hi>, roman (avec Ch. Verrier),
            Mercure, 1903.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres posthumes</hi>. — <hi rend="i">La Maison de la petite Livia</hi>,
            roman, suivi des <hi rend="i">Tablettes romaines</hi> (Mercure 1904). <hi rend="i"
              >Céline, fille des champs</hi>, roman (Mercure, 1904).</p>
          <p>À <hi rend="sc">paraître</hi> : <hi rend="i">La Boule de vermeil</hi>, nouvelles et
            fragments (Mercure).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France, Ermitage,
              Hémicycle, Revue dorée, Revue de Paris, Renaissance Latine, Beffroi, Âme Latine,
              Weekly Review, Chronique des Livres, Le Magasin pittoresque.</hi></p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — <hi rend="i">La Boule de vermeil</hi> (en préface,
            étude générale de son frère Jacques des Gachons). — Edmond Pilon, <hi rend="i">Pierre de
              Querlon</hi>, Anthologie-Revue, 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Reboux</hi> (Paul), né à Paris le 21 mai 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Matinales</hi>, poésies, Lemerre, 1897,
            in-18. — <hi rend="i">Les Iris Noirs</hi>, poésies, Lemerre, 1898, in-18. — <hi rend="i"
              >Missel d’Amitié</hi>, poésies. Floury, 1900, in-8º. — <hi rend="i">Josette</hi>,
            roman, Ollendorff, 1903, in-18. — <hi rend="i">La Maison de Danses</hi>, roman (Prix de
            la Critique), Calmann-Lévy, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — Critique littéraire au <hi rend="i">Soir, Europe
              Coloniale, Le Journal, Les Lettres</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><pb n="299"/><hi rend="b">Régismanset</hi> (Charles), né à Paris le
            22 juillet 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Sensations coloniales</hi> J. André, in-12,
            1899. — <hi rend="i">La Femme à l’Enfant</hi>, roman, Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>,
            1904, in-18. — <hi rend="i">Reflets, Réflexions, Paysages</hi>, poésies, Vanier,
            1904.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Mercure de France</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — J. Ernest-Charles, <hi rend="i">La Vie
              Littéraire</hi>, Revue Bleue, 5 novembre 1904. — Ernest Gaubert, <hi rend="i"
              >Médaillon</hi> : Gil Blas, 10 juillet 1904. — René Ghil. <hi rend="i">Article</hi>,
            La Balance, Moscou, 1<hi rend="sup">er</hi> novembre 1904.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Des Rieux</hi> (Lionel), né à Neufchâteau (Vosges), le 20
            novembre 1870.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Chante-Pleure</hi>, poésies, Vanier 1892.
              — <hi rend="i">Espoir dans l’Ombre</hi>, poésies, 1893. — <hi rend="i">Les Prestiges
              de l’Onde</hi>, poésies, Mercure de France, 1894, in-18. — <hi rend="i">Les Amours de
              Lyristès</hi>, Mercure de France, 1895. — <hi rend="i">La Toison d’or</hi>, Mercure de
            France, 1896. — <hi rend="i">Les Colombes d’Aphrodite</hi>, Mercure de France, 1897.
              — <hi rend="i">Le Choeur des Muses</hi>, Mercure de France, 1895. — <hi rend="i">La
              Belle Saison</hi>, 1905. Fontemoing. — <hi rend="i">L’Amour au masque</hi>, roman
            (Juven), 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Ermitage, La Plume, l’Action
              Française</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Charles Maurras. <hi rend="i">Articles</hi>, Revue
            Encyclopédique, 15 novembre 1895, 14 août 1897, 5 août 1899. — <hi rend="i">Enquête sur
              la Monarchie</hi>, Figaro, septembre 1900.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Rigal</hi> (Henri), né à St-Chinian (Hérault), le 15 février 1883.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Une Syrinx aux lèvres</hi>, poésies, Béziers,
            1902. — <hi rend="i">Sur le Mode Sapphique</hi>, poésies, Béziers, 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Ermitage, Le Titan</hi> (fondateur),
              <hi rend="i">La Revue Provinciale, La Revue dorée, La Revue Forézienne</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Henry Bauquier : <hi rend="i">Quelques Poètes de
              l’Hérault</hi>, 1 vol., Béziers, J. Fabre, 1903, in-18.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Rivoire</hi> (André-Paul), né à Vienne (Isère), le 5 mai 1873.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Les Vierges</hi>, poésies, A. Lemerre, 1895,
            in-18. <pb n="300"/>— <hi rend="i">Berthe aux grands pieds</hi> (conte en vers),
            A. Lemerre, 1899. — <hi rend="i">Le Songe de l’Amour, id.</hi> 1900. — <hi rend="i">La
              Peur de Souffrir</hi>, 1 acte en prose (Th. Antoine, déc. 1899), A. Lemerre, 1900.
              — <hi rend="i">Le Chemin de l’oubli</hi>, A. Lemerre, 1904. — <hi rend="i">Il était
              une bergère…</hi>, conte en vers (Comédie Française), A. Lemerre, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Paris</hi> (secrétariat et
            critique), <hi rend="i">L’Art et la Vie, Renaissance Latine, Revue de l’Art ancien et
              moderne</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — J. Ernest-Charles : <hi rend="i">La Vie
              littéraire</hi>, Revue Bleue, 31 déc. 1904. — J. de Foville : <hi rend="i">M. André
              Rivoire</hi>, Les Essais, janvier 1905, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Saint-Point</hi> (Valentine de).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Poèmes de la Mer et du Soleil</hi>, Paris,
            Vanier-Messein, 1905, in 18. — <hi rend="i">Un Amour</hi>, roman, Vanier, 1905,
            in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Le Siècle, La Plume, La Nouvelle
              Revue</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A. Tudesq. <hi rend="i">Les Poèmes de V. de
              S.-P.</hi>, La Plume. — Otto Hausser. <hi rend="i">Chronique</hi>, Neue Freie Presse
            (Vienne), 2 septembre 1906. — Antonio Beltramelli. <hi rend="i">Article</hi>, La Patria
            (Rome), 6 décembre 1905. — Cajon. Romanul Litterar (Bucarest), août 1905. — René Ghil.
              <hi rend="i">Les Poèmes</hi>, Écrits pour l’Art, juillet 1905. — Henri Hertz. <hi
              rend="i">Les Poètes</hi>, La Chronique, août 1905. — Ricciotto Canudo. <hi rend="i"
              >Article</hi>. Il Campo, juillet 1905. — Léo Claretie. <hi rend="i">Chronique</hi>, Le
            Bon Sens, mai 1906.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Scheffer</hi> (Robert-Édouard), né à Colmar (Alsace), le
            6 février 1865.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Sommeil</hi>, poésies Jouaust, 1891. — <hi
              rend="i">Aubes et Mirages</hi>, Nouvelle Revue, 1892. — <hi rend="i">Misère
              Royale</hi>, roman, A. Lemerre, 1893, in-18. — <hi rend="i">L’Idylle d’un Prince</hi>,
            A. Lemerre, 1894, in-18. — <hi rend="i">Le Chemin Nuptial, id.</hi>, 1895. — <hi
              rend="i">Le Prince Narcisse</hi>, A. Lemerre, 1897. — <hi rend="i">Grève d’Amour.</hi>
            Revue Blanche, 1898. — <hi rend="i">Herméros</hi>, poèmes, Mercure de France, 1899.
              — <hi rend="i">L’Ile aux Baisers</hi>, roman, illust. de Foache. Borel, 1900, petit
            in-8º. — <hi rend="i">Le Palais de Proserpine</hi>, <pb n="301"/>Revue Blanche, 1902,
            in-18, — <hi rend="i">Le Péché Mutuel</hi>, Mercure de France, 1904, in-18. — <hi
              rend="i">Les Frissonnantes</hi>, Mercure de France, 1905, in-18. — <hi rend="i">Les
              Loisirs de Berthe Livoire</hi>, Mercure de France, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Nouvelle Revue, Figaro, Le Journal,
              Mercure de France, La Plume</hi>. — <hi rend="i">Le Damier</hi> (fond).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Séché</hi> (Alphonse), né à Nantes en 1876.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Art Dramatique, et Musical au <num>xx<hi
                  rend="sup">e</hi></num> siècle</hi>, Annuaire (3<hi rend="sup">e</hi> année), Éd.
            de la Revue d’Art dramatique, 1903, in-18. — <hi rend="i">Émile Faguet</hi>, essai,
            E. Sansot et C<hi rend="sup">ie</hi>, 1904, in-18, — <hi rend="i">Les Contes des Yeux
              Fermés</hi>, couverture de Barrère, in-18, Sansot, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Bleue, Nouvelle Revue, le
              Mercure de France, La Revue Illustrée, L’Art du Theâtre</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Segard</hi> (Achille), né à Roubaix le 4 avril 1872.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Symbolistes et Décadents</hi>, Lille,
            Taffin-Lefort, 1892. — <hi rend="i">Georges Rodenbach</hi>, Lille, Ducoulombier, 1893.
              — <hi rend="i">Hymnes profanes</hi>, Paris, Bibl. de la Plume, 1894. — <hi rend="i"
              >Des tentatives faites pour prévenir et éviter la Révolution Française</hi>, Lille,
            Taffin-Lefort, 1895. — <hi rend="i">Edmond Picard</hi>, Lille, Taffin-Lelort, 1896.
              — <hi rend="i">Le Départ à l’Aventure</hi>, Paris, Bibl. artistique et littéraire,
            1897. — <hi rend="i">Edmond Picard</hi>, nouv. édition, Paris, La Nouvelle Revue
            Parisienne, 1898. — <hi rend="i">Itinéraire Fantaisiste</hi>, Paris. Ollendorff, 1893,
              — <hi rend="i">Voluptueux et Hommes d’Action</hi>, Paris, Ollendorff, 1900. — <hi
              rend="i">L’Envie</hi>, roman, Paris, Bernard, 1901, ill. — <hi rend="i">L’Infinie
              Tendresse</hi>, poésies, Paris, Ollendorff, 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Illustrée, Revue dorée, La
              Plume, La Vie de Paris, Revue Bleue, l’Écho du Nord</hi>, etc…</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — A.-M. Gossez, <hi rend="i">Les Poètes du Nord</hi>,
            morceaux choisis et bibliographies, Ollendorff, 1902.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Souchon</hi> (Paul), né le 15 janvier 1874 à Laudun (Gard).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Élévations Poétiques</hi>, poésies, Paris,
            Edmond Girard, 1898, in-18. — <hi rend="i">Nouvelles Élévations Poétiques</hi> La Plume,
            1901, in-18. — <hi rend="i">Élégies Parisiennes</hi>, poèmes, Bibliothèque <pb n="302"
            />de l’Effort, 1902, in-18. — <hi rend="i">La Beauté de Paris</hi>, poésies, Soc. du
            Mercure de France, 1904, in-18. — <hi rend="i">Phyllis</hi>, tragédie en cinq actes et
            en vers (jouée le 30 mars 1905 aux Bouffes-Parisiens) Société du Mercure de France,
            1905, in-18. — <hi rend="i">Le Dieu nouveau</hi>, tragédie jouée le 3 juillet à,
            Champigny. Mercure de France, in-18, 1906.</p>
          <p>En outre M. Souchon a traduit du Provençal de Valère Bernard, <hi rend="i"
              >Bagatouni</hi>, roman, La Plume, in-18, 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Presse, La Plume, L’Effort, Le
              Mercure de France</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Toulet</hi> (Paul-Jean, dit P.-J.), né à Pau le 5 juin 1867.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">M. du Paur, homme public</hi>, roman, Simonis
            Empis, 1898, in-18. — <hi rend="i">Le Grand Dieu Pan</hi> (roman traduit de l’anglais de
            A. Machen), La Plume, 1901, in-18. — <hi rend="i">Le Mariage de Don Quichotte</hi>,
            Juven, 1902, in-18. — <hi rend="i">Les Tendres ménages</hi>, Mercure de France, 1904,
            in-18. — <hi rend="i">Mon Amie Nane</hi>, Mercure de France, 1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Vie Parisienne, Le Soleil, La
              Renaissance latine, La Revue Illustrée</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Tudesq</hi> (André), né à Alais le 28 janvier 1883.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Vie</hi>, poésie, Librairie française,
            1905, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume, Revue Hebdomadaire, Revue
              Littéraire de Paris et Champagne, Mercure de France</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Valmy-Baysse</hi> (Jean), né à St-Médard-en-Jalle (Gironde), le
            3 juillet 1874.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Temple</hi>, poèmes, 1903, édition de la
            Nouvelle Revue Moderne, in-16. — <hi rend="i">La Poésie française chez les Noirs
              d’Haïti</hi>, conférence. Nouvelle Revue Moderne, 1903, in-8º. — <hi rend="i"
              >Impéria</hi>, 4 actes en vers joués au Théâtre des Poètes (salle du Nouveau Théâtre),
            le 17 mars 1903.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Nouvelle Revue, La Plume, Le Réveil de
              Gand</hi>, fondateur de la <hi rend="i">Nouvelle Revue Moderne</hi> et de <hi rend="i"
              >La Vie</hi> 1904.</p>
          <p><pb n="303"/>À <hi rend="sc">Consulter</hi>. — Émile Faguet, <hi rend="i">La Semaine
              dramatique</hi>, Le Journal des Débats, 23 mars 1905. — Émile Magne : <hi rend="i"
              >J. Valmy-Baysse</hi>. Nouvelle Revue Moderne, février 1903.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Varenne</hi> (Marc), né le 4 septembre 1877 à Nérac (Lot-et-Garonne).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Nouvelle Revue, l’Anthologie Revue,
              L’Aube Méridionale</hi> (fond), <hi rend="i">La Vie, La Revue de Bordeaux et du
              Sud-Ouest, Le Petit Méridional, La Revue Illustrée</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Vernon</hi> (Yvonne), née le 25 octobre 1883 à Paris.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Terres de Lumière</hi>, (impressions de
            voyage), Ollendorff, in-18, 1904. — <hi rend="i">Claire Maret</hi>, roman, Ollendorff,
            in-18, 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue Blanche, Mercure de France, La
              Vie Parisienne, La Renaissance Latine, Le Temps</hi>, etc.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — E. Gaubert et G. Casella : <hi rend="i">La Jeune
              Littérature</hi> (avec 1 portrait de M<hi rend="sup">lle</hi> Vernon), 1<hi rend="sup"
              >er</hi> mai 1905. — E. Gaubert, <hi rend="i">Histoire et Voyages</hi>, La Plume, 1<hi
              rend="sup">er</hi> août 1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Vernon</hi> (Louis-Chouart, dit Pierre), né à Vernon (Saône-et-Loire), le
            17 décembre 1866.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Choix d’une Maîtresse</hi>, Bibliothèque
            indépendante, in-18, 1906.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Journal, Petit Journal, Petit
              Parisien, Le Soir, L’Indiscret, Lectures Modernes, Vie Populaire</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Vignaud</hi> (Jean), né à Saintes le 26 septembre 1875.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">L’Accueil</hi>, poème, Ollendorff, 1901,
            in-18. — <hi rend="i">Les Amis du Peuple</hi>, roman, E. Fasquelle, 1903, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue d’Art dramatique, L’Effort,
              Revue de Paris, L’Aurore, Petit Parisien</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Viollis</hi> (Henri d’Ardennes de Tizac, dit Jean).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Guirlande des Jours</hi>, poésies,
            Bibliothèque <pb n="304"/>de l’Effort, Toulouse, 1837. — <hi rend="i">L’Émoi</hi>,
            roman, Bibl. de l’Effort, Toulouse, 1898 et Paris, Borel, illustrations de A. Calbet,
            1898, in-32. — <hi rend="i">La Récompense</hi>, roman, Paris, Borel, illustrations de
            F. Schmid, 1901, in-16. — <hi rend="i">Petit-Cœur</hi>, roman, Société de Mercure de
            France, pet. in-18, 1902.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">L’Effort</hi> (fondateur), <hi
              rend="i">Revue de Paris, Revue des Revues, Mercure de France, la Grande France, la
              Petite République</hi>. (Sous le pseudonyme de Giraut, notes d’actualité, politiques
            et sociales, (1901-1902) dans l’<hi rend="i">Effort</hi>.)</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — François Périlhou : <hi rend="i">Les Jeunes</hi>,
            conférence, Bibl. de l’effort, Paris, 1901.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Visan</hi> (Tancrède de), né à Lyon le 16 décembre 1868.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Paysages Introspectifs</hi>, poésies,
            précédées d’un essai sur le Symbolisme Jeune, 1904, in-8º.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Revue de Philosophie, Chronique des
              Livres, La Plume, Vers et Prose, Écrits pour l’Art</hi>.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Vivien</hi> (Renée), née en 1877.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Études et Préludes</hi>, poèmes, A. Lemerre,
            in-18, 1900. — <hi rend="i">Cendres et Poussières, id.</hi>, 1902. — <hi rend="i">Brumes
              des Fjords</hi>, proses, id, 1902. — <hi rend="i">Évocations</hi>, poèmes, <hi
              rend="i">id.</hi>, 1903. — <hi rend="i">Sapho</hi>, traduction, <hi rend="i">id.</hi>,
            1903. — <hi rend="i">Du Vert au Violet</hi>, proses, <hi rend="i">id.</hi>, 1905. — <hi
              rend="i">La Vénus des Aveugles, id.</hi>, 1901, — <hi rend="i">Les Khitarèdes</hi>,
            traduc., <hi rend="i">id.</hi>, 1904. — <hi rend="i">La Dame à la Loure</hi>, nouvelles,
              <hi rend="i">id.</hi>, 1904. — <hi rend="i">Une Femme m’apparut</hi>, roman, <hi
              rend="i">id.</hi> 1905.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Charles Maurras. — <hi rend="i">L’Avenir de
              l’intelligence</hi>, Fontemoing, 1905, in-16. — J. Ernest-Charles. <hi rend="i">Les
              Samedis littéraires</hi> (2<hi rend="sup">e</hi> et 3<hi rend="sup">e</hi> série),
            Perrin et Sansot, éd., 1904-1905.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Willy</hi> (Colette-Claudine-Colette, M<hi rend="sup">me</hi> Henry
            Gauthier Villars), née à St-Sauveur-en-Puisaye (Yonne).</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Dialogues de Bêtes</hi>, Mercure de France,
            1904, in-16, carré. — <hi rend="i">Sept Dialogues de Bêtes</hi> (préface de Francis
            Jammes), Soc. du Mercure de France, 1905, in-18.</p>
          <p><pb n="305"/><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Gil Blas, Recue
              Illustrée, Renaissance Latine, Mercure de France</hi>.</p>
          <p>À <hi rend="sc">consulter</hi>. — Francis Jammes, <hi rend="i">Préface pour les
              Dialogues de Bêtes</hi>, Mercure de France, 15 mars 1905. — Jean de la Hire, <hi
              rend="i">Willy</hi> et <hi rend="i">Colette</hi>, Bibliothèque indépendante, 1895,
            in-18 (illustrations).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Yaki</hi> (Paul), né à Toulouse le 4 mars 1883.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">La Belle Paule</hi> (en coll. avec Gh.
            Gallié), 1 acte en vers, Toulouse, Petite Revue Méridionale, 1904, in-18.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Flamme, La Vie Toulousaine, La
              Revue d’Égypte</hi>, etc.</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Zuylen de Nyevelt</hi> (Hélène de Rotschild, baronne de), née à Paris en
            1868.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Effeuillements</hi>, poèmes, A. Lemerre,
            in-18, 1903. — <hi rend="i">Copeaux</hi>, nouvelles, <hi rend="i">id.</hi>, 1904. — <hi
              rend="i">L’Impossible sincérité</hi>, roman, Calmann-Lévy, 1905, in-18. — <hi rend="i"
              >La Mascarade interrompue</hi>, 1 acte (adapté de E. Poë), Grand Guignol,
            juillet 1905.</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">Je sais tout</hi>, août 1905.</p>
          <label type="head">APPENDICE</label>
          <p><hi rend="b">Gide</hi> (Paul-André), né à Paris en novembre 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — Cf. Bibliographie à la suite du <hi rend="i">I<hi
                rend="sup">er</hi> Livre des Masques</hi> de Remy de Gourmont, Mercure de France,
            in-18. — <hi rend="i">Les Nourritures terrestres</hi>, Mercure de France, in-18, 1897.
              — <hi rend="i">Philoctète</hi>, Mercure de France, 1899. — <hi rend="i">Prométhée mal
              enchaîné, id.</hi> 1899. — <hi rend="i">Le Roi Candaule, id.</hi> 1901. — <hi rend="i"
              >L’Immoraliste, id.</hi> 1902. — <hi rend="i">Prétextes</hi> (critique), <hi rend="i"
              >id.</hi> 1903, in-8º. — <hi rend="i">Saül suivi du Roi Candaule, id.</hi> 1904,
            in-18.</p>
          <p><pb n="306"/><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Plume, Mercure de
              France, L’Ermitage</hi>, etc…</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Hauser</hi> (Fernand), né à Toulon (Var), le 18 décembre 1869.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. <hi rend="i">— Les Pauvres Gens</hi>, poésies, 1890. — <hi
              rend="i">Le Château des Rêves</hi>, poésies, 1890. — <hi rend="i">La Maison des
              Souvenirs</hi>, poésies, 1906. — <hi rend="i">La Vieillesse de Pierrot</hi>, un acte
            en vers, 1892. — <hi rend="i">L’Amoureuse Chasteté</hi>, roman, 1897. — <hi rend="i">Le
              Ressuscité</hi>, tragédie, 1901. — <hi rend="i">Victor Gelu et son Œuvre</hi>,
            critique, 1899. — <hi rend="i">L’affaire Syveton</hi>, ouvrage documentaire, 1905. — <hi
              rend="i">La Comédienne</hi>, un acte en prose, 1895. — <hi rend="i">Inceste
              d’âmes</hi>, cinq actes en collaboration avec Jean Laurenty (Théâtre Libre, 1896).</p>
          <p/>
          <p><hi rend="b">Hervier</hi> (Paul-Louis), né à Limoges, le 21 juin 1882.</p>
          <p><hi rend="sc">Œuvres</hi>. — <hi rend="i">Le Mort qui renaît</hi> (<hi rend="i">La
              Presse</hi>, juin-juillet 1905). — <hi rend="i">L’Apparition ou le Trésor de
              M. Carcasse</hi>, (le Bon Journal, Flammarion, éd. 1905).</p>
          <p><hi rend="sc">Collaboration</hi>. — <hi rend="i">La Presse</hi>, de 1900 à 1905 — La
              <hi rend="i">Patrie</hi>, 1900 à 1902. — <hi rend="i">Cosmopolis</hi>, 1902. — <hi
              rend="i">Le Petit Bleu</hi>, 1902. — <hi rend="i">Le Soir</hi>, 1904. <hi rend="i"
              >— La Revue Illustrée</hi>, 1905. — <hi rend="i">Le Mois littéraire et
              pittoresque</hi>, 1905. — <hi rend="i">La Petite Revue du Midi</hi>, 1902-1905. — <hi
              rend="i">L’Auto</hi> (Lovely Rogue), 1904-1905. — <hi rend="i">Le Monde Moderne</hi>,
            1905.</p>
          <p/>
          <p>N. B. — <hi rend="i">Il nous a été impossible d’utiliser certains renseignements
              envoyés par tes auteurs eux-mêmes, ces notes étant incomplètes ou trop
            vagues</hi>.</p>
          <trailer>FIN</trailer>
        </div>
      </div>
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  </text>
</TEI>